Rathlands

Chapitre 2 : Chapitre 2 (Tourmaline POV)

5338 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/10/2017 19:42

-        Non ! Cela ne va pas ! Enlevez-moi ça immédiatement ! rugit pour la énième fois consécutive la Rathian aux pointes rouges.

-        Oui maîtresse … soupirèrent les chambellans en s’exécutant, exaspérés par le perfectionnisme de la princesse aînée.

-        Vous n’avez donc rien de correct à me proposer ?! s’irrita-t-elle.

-        Je crains que nous soyons à court d’idées, miaula l’un des Felynes.

-        QUOI ?! Je ne peux pas me présenter ainsi aux invités ! C’est tout bonnement impensable !

-        Mais … Nous avons épuisé toute votre garde-robe, ma dame ! gémit un autre serviteur.

-        Ce n’est pas mon problème ! Trouvez-moi quelque chose de beau à porter, par Teostra ! Allez voir dans celle de Blister ! gronda la wyverne volante verte.

-        Bien, dame Tourmaline ! obéirent les Felynes, effrayés.

La Rathian aux pointes vermillon foudroya du regard ses serviteurs tandis qu’ils se hâtèrent vers la chambre de Blister.

« Grrr … Pourvu qu’ils réussissent à me trouver une tenue ! Mince alors, c’est mon mariage ! » pensa Tourmaline.

Elle baissa la tête, soudainement songeuse.

« Mon mariage … Je le voulais, je l’attendais tellement, mais je ne suis pas vraiment sûre de vouloir me lier à Rakuraï … Bah. Comme si j’avais le choix de toute façon … »

Elle était anxieuse. Depuis ses 17 ans, soit sa majorité, elle rêvait de se marier à un de ces princes étrangers, galants et courtois, comme ils étaient décrits dans les contes pour dragonnets. Lorsqu’on lui avait annoncé son mariage prochain, elle avait été d’abord folle de joie, puis sceptique quand elle avait appris que son amant n’était autre que Rakuraï II, de l’empire du même nom. Elle savait que le royaume était en guerre contre eux depuis 10 ans, mais qu’il avait signé récemment un armistice, à la grande surprise de tous, car aucun accord territorial n’avait été conclu. Plus tard, elle apprit de Zénith, secrètement, que son mariage n’était qu’un déguisement pour masquer la livraison de la princesse aînée tel un tribut de guerre à l’empereur Feu-du-Ciel. Elle voulut se révolter au départ, mais réalisa qu’il était trop tard. De plus, elle avait compris qu’il s’agissait de l’unique moyen de mettre fin à cette guerre qui épuisait les Rathlands depuis une décennie. Tourmaline avait donc accepté son rôle dans le projet d’une paix nouvelle. Cela n’empêchait pas la Rathian de ruminer souvent lorsqu’elle méditait sur sa future vie à Voltarr, la capitale de l’empire Rakuraï, loin de ses frères et sœurs qu’elle aimait tant …

-        Maîtresse ! Nous avons peut-être ce qu’il vous faut ! s’écrièrent les Felynes en apportant un coffre débordant de parures.

La wyverne volante s’extirpa brutalement de ses pensées.

-        Ah ? Montrez-moi ça, répondit-elle en explorant le contenu de celui-ci, grâce à ses griffes d’ailes.

Elle remarqua alors un pendentif argenté en forme de flamme. Celui qu’elle avait offert à Blister à son huitième anniversaire.

-        Celui-ci est parfait ! s’enchanta la Rathian en le donnant à l’un des Felynes afin qu’il puisse le lui attacher autour du cou. Et maintenant, un couvre-queue … Voyons, un argenté si possible …  Ah, voilà ! Si on m’avait dit que je trouverais mon bonheur dans les affaires de Blister, je ne l’aurais pas cru ! Hihi !

Elle se pavana quelques minutes devant le miroir avant de constater l’heure.

-        OH FLÛTE ! Il est déjà l’heure ! s’écria la mariée avant de se dépêcher de rejoindre la salle des fêtes.



 

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Ses parents, le roi et la reine Khryselios et Chryselene, l’attendaient devant la porte d’entrée. Les deux Raths royaux portaient des parures de la même teinte et du même éclat que leur robe, soit argentées pour le Rathalos d’argent et dorées pour la Rathian d’or. Ils accueillirent leur fille promise avec bienveillance.

-        Comme tu es ravissante, ma fille, dit la reine avec douceur.

-        Oui, tu es splendide, ajouta le roi.

-        Merci Mère et Père ! J’espère que ce sera le plus beau jour de ma vie, déclara la Rathian avec sincérité, dissimulant son appréhension.

-        Cela le sera, je te le promets, sourit son noble père.

-        Les invités sont déjà tous présents, que dirais-tu de te présenter à messire Rakuraï avant que le festin ne débute ? proposa sa tendre mère.

-        D’accord, accepta Tourmaline avec une légère amertume.

A ces mots, la mère et la fille entrèrent dans la salle.

La jeune Rathian s’émerveilla de voir autant de monde et d’animation. Il y avait un nombre incalculable de tables à amuse-bouche, des décorations de cristal, des guirlandes de rubis et d’émeraudes, ainsi que d’innombrables invités.

-        Je n’ai jamais vu autant de personnes auparavant, dit la princesse aînée avec stupeur, combien sont-ils, en tout ?

-        300 invités. Dont 120 aristocrates Rakuriens, 170 Rathiens, et quelques courtisans Ecumiens, répondit Chryselene.

-        Je dois bien avouer être intimidée devant tant de gens … dit la Rathian aux pointes rouges.

-        Ne t’inquiète pas, ils ne vont pas te dévorer toute crue !

-        J’en doutes … murmura Tourmaline.

Elles traversèrent la foule en exécutant une dizaine de révérences, ainsi qu’autant de présentations de la mariée aux Rakuriens, qui l’observaient comme ce qu’elle était, un trésor vivant.

« Ils ont un des yeux perçants et calculateurs. On croirait qu’ils me considèrent déjà comme leur chose … » soupira la princesse dans ses pensées, frissonnant à chaque regard lui étant destiné.

-        Voici Son Excellence Rakuraï II, annonça la reine des Rathlands, en désignant discrètement un Zinogre de grande taille et aux couleurs inhabituelles.

La jeune wyverne volante verte se figea devant la carrure presque menaçante de l’empereur Feu-du-Ciel.

-        Il est …

-        Imposant oui. Personne ne sait d’où il tient cette couleur émeraude si particulière. Ainsi que sa fourrure ambrée. Et sa corne droite développée … Allons te présenter à lui, ajouta la Rathian d’or.

-        Oui … acquiesça la princesse, intimidée.

« Mon dieu, il est énorme. Il doit pouvoir terrasser une dizaine d’Aptonoth d’un seul coup de griffe. J’espère qu’il n’est pas aussi effrayant qu’il ne le laisse paraître » songea-t-elle avec inquiétude.

-        Messire Rakuraï, salua la reine en s’inclinant.

L’immense Zinogre Feu-du-Ciel se retourna pour faire face à son interlocuteur, un amuse-bouche au Popo embroché sur une de ses griffes.

-        Oh, bien le bonsoir, Reine Chryselene, dit l’empereur d’une voix se voulant agréable. Et … Serait-ce ma promise, Dame Tourmaline ?

L’intéressée se balança d’un pied à l’autre d’un air malaisé.

-        Oui c’est bien moi, Votre Excellence …

La wyverne à crocs émeraude eut un sourire en coin.

-        Vous êtes bien timide, à ce que je vois …

-        Disons que … Je n’ai pas vraiment l’habitude d’être aussi entourée, répondit la Rathian aux pointes rouges en détournant le regard un instant, rougissant.

-        Oh ! Vous vous y ferez, ma belle. J’organiserai de somptueuses fêtes en votre honneur, là-bas, à Voltarr, articula mielleusement le Zinogre, vous vous y plairez encore plus qu’ici, à Ignis.

La princesse aînée frissonna.

-        Je … Cela doit être magnifique, là-bas … mentit la wyverne volante verte.

-        Ça l’est. Mon palais est l’un des plus majestueux de tout Solhatar, vous savez … se vanta le loup empereur en gobant son apéritif.

-        Oh que oui. Tu verras ma chérie, le palais de Messire Rakuraï est impressionnant, tu t’y sentiras comme chez toi, approuva Chryselene.

Elle regarda un instant sa propre mère comme une traîtresse.

« Elle ne fait que respecter l’usage … Mais c’est si frustrant de la voir se comporter ainsi ... » grinça mentalement des dents la Rathian aux pointes pourpres.

Elle ne savait plus quoi dire. Soudain, le silence se fit dans la salle, et Trumpet prit la parole devant les invités, qui se retournèrent pour l’écouter.

-        Chers invités, merci de nous honorer de votre présence à ce grand banquet, en l’honneur du mariage entre Dame Tourmaline, la fille aînée de Sa Majesté Khryselios, et Son Excellence Rakuraï II, empereur de l’empire Rakuraï. Vous pouvez à présent vous diriger vers la salle de réception, car le repas va débuter, annonça la Qurupeco.

L’assemblée commença alors à se disperser pour rejoindre la salle mentionnée.

-        Ah, enfin ! Je commençais à avoir les crocs … Me feriez-vous le plaisir de m’accompagner, Damoiselle Tourmaline ? s’enquit le loup empereur en effleurant de sa griffe la gorge et le menton de la dragonne aux pointes vermillon.

Tourmaline déglutit en frissonnant une nouvelle fois.

« Par Teostra, cet homme est indécent et terrifiant ! Dans quoi me suis-je donc engagée ? » songea-t-elle avec horreur.

-        O-oui … Avec joie, lâcha-t-elle d’une voix étranglée, avant de se mettre à le suivre.

-        A tout à l’heure, ma fille ! la salua sa mère, qui s’en retournait déjà retrouver son mari.

-        A tout à l’heure, Mère … dit-elle une voix si faible qu’elle douta qu’elle l’eut entendu.



 

 

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Lorsque le futur couple pénétra dans la salle de réception, la majorité des invités avaient déjà pris place autour des différentes tables. Rakuraï et elle passèrent devant de nombreux aristocrates Rakuriens qu’elle se força à saluer poliment, après que l’empereur l’eut présenté. Il parlait d’elle d’une manière si dithyrambique qu’il empestait l’hypocrisie, mais elle le laissa faire, n’ayant pas le droit à la parole dans ce type de situation. Elle se contenta de mimer une gêne timide en réponse à ses éloges. Les Rakuriens étaient encore plus pointilleux que les Rathiens en ce qui concernait le rôle des femmes, dociles et soumises, et mieux valait ne pas les contrarier. Encore moins l’empereur.

Elle aperçut alors l’un de ses frères, Zénith, qu’elle salua discrètement de la tête. Il lui répondit par un signe similaire, et ajouta une légère grimace en désignant Rakuraï du menton. Elle sourit distraitement.

« Il avait raison, depuis le début. Ça m’a l’air d’être un sale type. Mais c’est trop tard, maintenant … » pensa-t-elle avec un pincement au cœur.

-        Vous m’avez l’air songeuse, dame Tourmaline, à quoi pensiez-vous, à l’instant ? demanda Rakuraï, d’un ton qui dissimulait habilement sa curiosité.

-        Oh rien, dit-elle en rougissant, voir autant de gens me rappelle mon 17ème anniversaire, c’est tout …

Le Zinogre Feu-du-Ciel fit mine d’accepter cette justification, mais la princesse sentit qu’il avait été comme alerté par son comportement quelque peu anormal. Elle fallait qu’elle soit plus discrète si elle voulait communiquer avec ses frères et sœurs en sa présence, pour ne pas éveiller davantage de soupçons.

Il avait bien évidemment menti sur le fait qu’il était affamé, car la séance de présentation s’éternisa, et elle fut grandement soulagée lorsque son amant se décida à rejoindre la table royale aux côtés de son père et de sa mère, ainsi que des trois fils de l’empereur, afin de laisser le repas débuter.

-        Mes amis, que le festin commence ! déclara Rakuraï en portant un toast, s’adressant à son peuple.

Après une approbation bruyante typique des Nordiques, chacun but sa coupe de Mandragore fermentée, et les cuisiniers commencèrent à apporter les entrées, un carpaccio de Popo agrémenté d’épices des régions froides telles que des brumiacées, des herbes des neiges, ou encore des racines crépuscule. Le tout possédait un goût léger et frais, qui plût beaucoup aux Rakuriens.

-        Ce plat est exquis. Votre peuple sait vraiment bien recevoir, dit le loup empereur à sa promise.

-        C’est grâce à Knart, expliqua timidement Tourmaline. Il fait de l’excellent travail. C’est le chef cuisinier du roi depuis maintenant douze ans.

Rakuraï hocha la tête.

-        Du très bon travail, renchérit-il. Qu’en pensez-vous, mes fils ? ajouta-t-il en se tournant vers ses trois héritiers.

-        Parfait, affirma le premier, presque entièrement couleur de givre, exceptées ses cornes d’un vert lumineux, et ses griffes saphir.

-        Ils ont le mérite d’avoir adapté leur menu à leurs invités, poursuivit le second, à la cuirasse ébène et à la fourrure blanche.

-        Pas mal, pas mal, acquiesça le dernier, le plus effrayant des trois. Mais nos cuisiniers ont plus d’expérience dans la découpe de la viande, soutint le Zinogre d’un gris lunaire aux cornes et griffes proéminentes.

L’empereur se retourna pour refaire face à la princesse.

-        Voyez ? Même mes honorables descendants soutiennent mon avis.

-        Effectivement. Merci, dit-elle en s’inclinant légèrement, toujours autant prise de malaise par la simple présence du Feu-du-Ciel.

Une demi-heure plus tard, les plats de résistances arrivèrent, et Knart vint saluer les invités en personne, après que toutes les assiettes fussent acheminées vers les trente tables. Le plat principal se composait d’une pièce de viande grillée d’Aptonoth avec quelques herbes épicées, ainsi que d’une tranche de jambon -lui aussi grillé- de Bullfango. Il fallut cette fois-ci plus d’une heure aux invités pour vider leur assiette. Heure que Rakuraï combla en discutant avec sa promise de sa future vie dans les terres Nordiques, de tous les cadeaux qu’il lui offrirait, tandis qu’elle l’écoutait d’une oreille distraite.

-        Je ferai peindre un portrait de vous, chuchota la voix pâteuse de l’empereur à l’oreille de Tourmaline, qui n’osait le repousser de peur de le contrarier, et se contenta de l’ignorer, lui et son haleine fleurant l’alcool.

« Il est répugnant. Vraiment répugnant. Et de plus en plus ivre. » songea la princesse en constatant le verre de Mandragore à nouveau plein de l’empereur avec inquiétude.

-        Je vous ai déjà dit que vous étiez d’une beauté saisissante ? susurra le loup électrique.

-        Oui, de nombreuses fois, répondit le plus poliment possible Tourmaline.

-        Je crois ne pas l’avoir encore assez dit. Il faut dire que votre grâce n’a d’égale que celle de votre tendre mère … Nos courtisanes Nordiques ne peuvent pas se vanter d’une taille si ravissante, vous savez …

Il disait presque ces mots en bavant.

-        C’est trop d’éloges que vous me faîtes, messire.

-        Je n’exagère rien ! Que Kirin me foudroie si je mens ! s’insurgea faussement le Feu-du-Ciel.

« Et que Lunastra me réduise en cendres si ce Zinogre n’est pas l’homme le plus hypocrite qu’il m’a été donné de voir de toute mon existence. » soupira mentalement la Rathian.

-        Je vous vois soucieuse, mais ne me craignez point, je serais le plus respectable des maris, sourit Rakuraï en un sourire plus carnassier que rassurant.

« Oh mon dieu, pourquoi dois-je subir un tel châtiment alors que je n’ai jamais offensé Notre Seigneur de toute ma vie ? Je dois être maudite … » pensa Tourmaline.

Le reste du repas se déroula plus calmement. Knart vint en effet se présenter à la table royale, et après avoir reçu les félicitations du couple royal Rathien, il conversa pendant un long moment avec l’empereur Rakurien sur les meilleures manières d’assaisonner la viande. La discussion dériva ensuite sur la meilleure cuisson possible pour une poire de Popo, puis sur la température idéale pour forger un plastron de cuivre, à la demande de Rakuraï. L’Agnaktor, lui, était ravi de trouver quelqu’un partageant sa passion pour l’artisanat gustatif et guerrier, et fut enchanté de dialoguer avec le Zinogre des heures durant. Tourmaline elle, profita de ces heures de répit pour sortir discrètement de table pour aller retrouver ses frères et sœurs, le Feu-du-Ciel l’ayant temporairement oubliée. La princesse aînée les rejoignit alors à leur table, réservée aux héritiers Rathiens.

-        Eh, mais c’est Tourmaline ! s’exclama Blister.

-        Alors, pas trop collant, ce Rakuraï ? ironisa Phénix.

-        Laisse tomber, de loin, il paraissait encore plus ivre, rit Zénith.

-        Dire qu’il a englouti tous les apéritifs au Popo … grogna Blast.

Les voir tous ainsi, à la taquiner, la réconforta un peu après ce repas passé en compagnie de l’empereur. Elle s’assit près d’eux et leur fit part de son désarroi envers le Zinogre, tout en répondant à leurs questions. Seule Arsenic demeurait silencieuse, mais elle avait un sourire esquissé sur son visage, trahissant son contentement.

-        C’est vrai qu’il est un peu bizarre ? demanda discrètement Phénix.

Elle rit.

-        Ça, pour être bizarre, il l’est. Il a passé le repas à me complimenter et à boire. Un parfait hypocrite.

-        Ils sont particuliers, ces Nordiques, quand même … Toujours à parler fort et à s’enivrer … médita Blast en se grattant le menton.

-        Et vulgaires, surtout, cracha Zénith.

-        Dis pas ça, Zénith. Ils ont juste des coutumes différentes, fit remarquer Arsenic, prenant la parole pour la première fois depuis le début du banquet.

La conversation se poursuivit un temps, puis Tourmaline jugea raisonnable de retourner auprès de son amant.

-        Bon … Je vais devoir y aller. Je viendrais vous dire au revoir tout à l’heure, annonça tristement la Rathian aux pointes rouges.

-        Oh non, pas déjà ! dit le frère cadet en faisant la moue.

-        Reviens vite, soeurette, lâcha Zénith.

-        Oui, acquiescèrent d’une même voix Blister et Blast.

Arsenic se contenta d’hocher la tête en signe de compréhension.

Tourmaline quitta donc la table des héritiers pour se rediriger vers celle des invités royaux.

-        Oh, Dame Tourmaline ! Je dois vous dire quelque chose, la héla Rakuraï.

-        Plait-il ? demanda-t-elle, ignorant pourquoi il la demandait.

-        On vient de m’annoncer une affaire très importante à Puolorag … Je crains que ça ne puisse attendre demain … Je vais donc partir cette nuit pour m’y rendre le plus tôt possible. Par conséquent, vous me rejoindrez à Voltarr demain dans la matinée … Votre père m’a affirmé qu’il pouvait envoyer un carrosse pour effectuer le trajet, donc tout est réglé, annonça le Zinogre. Vous pouvez donc rester au château jusque demain matin. Profitez-en pour vous reposer, ma belle.

-        Oh, c’est appréciable, je craignais de manquer de temps pour préparer mes affaires … Rien de grave chez vous, j’espère ? s’enquit par politesse la dragonne verte.

-        Disons que cela demande ma présence dans les plus brefs délais. Mais rien qui ne compromette la paix entre nos deux nations, je vous le garantis, affirma l’empereur.

-        D’accord, sourit la princesse. A demain alors, Votre Excellence.

Elle effectua une révérence, puis quitta la salle de réception, et se retira quelques temps après dans sa chambre.

« Demain risque d’être une longue journée » songea-t-elle tandis que ses serviteurs lui ôtaient ses parures.



 

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Le lendemain, la princesse se pressa de rassembler ses affaires, afin de partir peu après l’aube, heure fixée par son amant la veille. Elle prit soin de saluer avant son départ les serviteurs, Knart, ainsi que chacun des membres de sa famille, qui l’attendaient dans le hall principal.

-        Au revoir, grande sœur, dirent ses frères et sœurs, larmoyants, tout en l’étreignant chacun leur tour.

-        Vous allez terriblement me manquer … soupira la Rathian aux pointes vermillon.

-        Bon voyage, souffla Zénith.

-        J’espère que tu seras heureuse, là-bas, ajouta Arsenic.

-        Tu reviendras hein ? lui demanda Phénix.

Elle les rassura tous comme elle le pouvait. Elle-même ne savait pas quand Rakuraï lui laisserait l’occasion de revenir voir sa famille. Ses parents vinrent ensuite lui porter leur bénédiction.

-        Que Teostra te protège, ma fille, lui souhaita Khryselios.

-        Que Lunastra te préserve des malheurs, dit doucement Chryselene en lui touchant les épaules de ses ailes dans un geste protecteur.

Après avoir fait ses presque adieux, le carrosse tiré par des Aptonoths quitta le château, et fit cap vers Voltarr. Le convoi qui l’accompagnait était constitué de quatre gardes Rathalos, au cas où celui-ci serait attaqué par des parias, encore présents dans le climat de lendemain de guerre dans lesquels les états se trouvaient.

Vers le milieu de la journée, le convoi avait déjà effectué la moitié du trajet, et la frontière Rakurienne était proche. Tourmaline, commençant déjà à se lasser, regardait le paysage forestier avec un intérêt réduit.

-        Brrr … Il doit faire une température glaciale, là-bas, à Voltarr, se murmura-t-elle à elle-même. Pourvu que je ne gèle pas sur place …

Elle rêva un moment.

« Je me demande à quoi peut bien ressembler le « majestueux » palais de Messire Rakuraï … » songea-t-elle.

Soudain, la voix d’un des Rathalos garde retentit avant d’être réduite au silence.

-        ALERTE ! NOUS SOMMES ATT…

Il semblait avoir été atteint par un projectile.

-        Que se passe-t-il ? demanda-t-elle au cocher.

-        Je n’en ai aucune idée, mais en tout cas c’est pas bon signe, répondit-il avec une angoisse masquée.

Tout-à-coup, le corps du Rathalos garde s’écrasa comme une pierre au sol. Mort.

-        PAR TEOSTRA ! Il est mort ! rugit d’horreur la Rathian.

-        Ne paniquez pas ma dame, les autres vont se charger de cet … AAAAAHH !

Le cocher Felyne venait d’être saisi par une énorme serre et d’être éjecté hors du véhicule.

-        Monsieur ! Vous allez bien ?! cria-t-elle.

Pas de réponse.

« Par Lunastra, mais qu’est-ce qu’il se passe ?! »

Elle descendit alors du carrosse, pour constater que le cocher venait d’être décapité sur place. La princesse rugit de terreur en remarquant les corps sans vie des trois autres gardes, également lacérés.

-        Mais .. M-mais … Qu-Qu … bafouilla-t-elle, en larmes.

-        Désolé, lady. Ce n’est pas contre vous, mais je crains que vous ne deviez mourir, siffla une voix menaçante.

La dragonne se retourna, prête à se battre.

-        QUI ETES VOUS ? POURQUOI VOULEZ-VOUS ME TUER ?

« Ce n’est pas possible. Ce doit juste être un paria … Personne ne peut vouloir ma mort !» pensa-t-elle rapidement, dépassée par les évènements.

-        Ah ça, désolé, je ne peux pas le dire. Mais assez parlé, je dois m’assurer de votre assassinat, si vous voyez ce que je veux dire.

Soudain, l’agresseur émergea de la forêt. Rapide comme l’éclair, il fondit sur la dragonne qui ne sut le bloquer avec ses ailes, mais qui réussit à échapper à sa prise.

-        Vous ne pouvez pas me tuer ! Je suis l’espoir de paix entre l’empire Rakuraï et le royaume des Rathlands ! Pourquoi ?! s’étrangla-t-elle.

L’assassin eut un rire sardonique.

-        Parce que certains y gagneraient, si la guerre ne prenait pas fin.

« Mais qui peut vouloir une chose pareille ?! » paniqua la princesse ainée.

-        Vous ne m’aurez pas ! Je ne vous laisserai pas compromettre cette paix ! grogna la Rathian.

-        Désolé, mais je crois que vous n’avez pas compris. Vous allez mourir.

-        Pas tant que je pourrais me battre ! rugit Tourmaline en faisant racler sa queue contre le sol, provoquant des gerbes de flammes qui touchèrent son adversaire, qui ne cilla pas.

Sans répondre, le meurtrier se jeta sur elle, tentant de l’emprisonner entre ses griffes. Elle l’évita de justesse, s’envola et en profita pour cracher une boule de feu à bout portant. Son agresseur contra le jet avec l’une de ses ailes, puis répliqua par un coup de queue, décollant à son tour.

« Ouch … Je ne pourrais jamais le vaincre ! Vais-je vraiment mourir … Comme ça ? » songea la Rathian en se remettant du choc.

Sans crier gare, la wyverne volante inconnue fondit à nouveau sur elle, et lacéra son flanc gauche d’un coup de griffe alaires, la déséquilibrant. Furieuse, elle voulut le saisir pour le projeter au loin, mais l’assassin saisit l’opportunité de la renverser, la faisant chuter à sa place.

La princesse rugit de douleur, brisant son aile droite dans sa rencontre avec le sol. Elle tenta de se relever, mais s’effondra.

-        C’est fini, siffla le meurtrier, qui se posa et vint l’immobiliser d’une serre sur son aile valide, et l’autre sur sa gorge.

Tourmaline se débattit pour se défaire de l’emprise sur sa jugulaire, en vain.

« C’est la fin. La paix à laquelle aspirait tous les Rathiens va être assassinée. »

-        Une dernière parole ? demanda sarcastiquement la wyverne volante.

La dragonne fut prise d’une rage désespérée.

-        Ce que mes parents ont tenté de faire pendant deux ans, tu vas le ruiner en deux secondes, lui cracha-t-elle au visage avec toute la haine qu’elle put exprimer.

Et l’assassin lui trancha la gorge.


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