La Marque du Héros

Chapitre 1 : Chapitre 1 : Grand Conquérant

1979 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/10/2017 19:17

 

Prologue

 

On racontait autrefois une vieille légende sur la forêt Moga. On prétendait que, chaque nuit de pleine lune, un individu très spécial naissait chez les Lagiacrus : un Lagiacrus Ivoire.

Ces spécimens étaient terriblement puissants. Ils pouvaient stocker jusqu’à 3 fois plus d’électricité et en produisait naturellement beaucoup plus qu’un Lagiacrus ordinaire, et l’on ne comptait plus les hommes dévorés par ces tyrans à la fois terrestres et aquatiques mais également nocturnes la plupart du temps. Par crainte de cette légende vivante, on ne sortait jamais la nuit dans la forêt Moga. Seuls quelques chasseurs expérimentés osaient s’y aventurer, au risque de croiser la terrible sous-espèce laiteuse du léviathan destructeur de pêche. C’était l’un des rares monstres que l’arène de Tanzia ne pouvait se permettre d’élever, car l’élevage n’en serait que très peu rentable, ces lézards aquatiques ne pouvant donner naissance à une progéniture identiques à eux. Ainsi, tous les 3 mois était organisée une battue pour d’une part capturer ces fameux Lagiacrus Ivoire, et d’autre part pour réguler la population de Lagiacrus normaux.

                                   

La Marque du héros : Chapitre 1 : Grand Conquérant

 


Un coup de feu. Un cri. Puis, le silence.

Je relevai ma tête blanche et écailleuse et orientai mes petits yeux rubis vers la source probable des bruits ayant osés me déranger. Je grognai. Ces bruits inhabituels ne voulaient signifier qu’une chose : ce jour-ci était un jour maudit.

Un de ces jours où nous étions traqués tous, jusqu’au dernier, par ces infâmes humains.

Je me levai en baillant. Moi, c’est Aibori, un Lagiacrus Ivoire. J’ai toujours vécu ici, au fin fond de cette Ile Déserte qui m’a vu naître. Au cours du temps, j’ai appris à mes dépens que nous, léviathans blancs, faisions parti des créatures les plus recherchées par les humains. Pourquoi ? Pour nous tuer, j’imagine. Mais là n’est pas le sujet. Après m’être étiré, je me dirigeai vers la zone d’où venaient les bruits, quittant la zone 7 de l’Ile Déserte.

 

Arrivé en zone 5, je constatai l’inévitable : la battue avait déjà commencée. Les chasseurs avaient déjà rassemblés une vingtaine de Lagiacrus, normaux et ivoires mélangés, et étaient en train d’être repoussés vers la zone 9 afin de les emmener vers leur piège.

Les léviathans se serraient les uns contre les autres, et certains essayaient de s’enfuir du cercle où ils étaient cloitrés. D’autres attaquaient leurs assaillants, le tout dans une mêlée bruyante et désordonnée.

Je n’eus pas le temps de faire demi-tour que deux chasseurs m’aperçurent et vinrent m’empêcher de battre en retraite, m’emmenant contre mon gré vers le groupe déjà rassemblé. Je tentai de les mordre, mais l’un deux lança une bombe flash, m’éblouissant au point de ne plus rien voir. Apeuré, je lançai des morsures un peu partout, à donner des coups de queue (non non, pas celle là OwO) et me mis malgré moi à reculer par instinct pour éviter des coups potentiels des chasseurs. Je sentis alors un autre Lagiacrus derrière moi, tout en retrouvant peu à peu ma vue, mais beaucoup trop tard, car j’étais pris au piège.

Je tentai de m’échapper du cercle mortel, mais les autres rois des mers s’agitaient tellement qu’ils me firent perdre l’équilibre et m’écraser près de l’un d’entre eux. Celui-ci, dans la panique, me mordit cruellement le dos. J’hurlai, répliquai par un coup de queue, puis essayai de m’éloigner pour ne pas subir d’autres représailles.

Les chasseurs commencèrent alors à nous rabattre vers la zone 9, et je commençai à perdre mon sang-froid comme les autres, pressé par la peur d’être capturé, ou pire, d’être tué.

Les léviathans se mirent à fuir dans le couloir à sens unique qu’était la zone 9, provoquant une cohue monumentale. Je tentai de rebrousser chemin, étant en fin de cortège, mais les humains me forcèrent à suivre les autres d’un coup de marteau qui m’abîma la tête. Je rugis de douleur, voulus mordre le malotru qui avait osé me frapper, mais il recommença et lança une bombe sonique pour me dissuader de continuer sur cette voie.

Effrayé, je cédai entièrement à la panique et rejoignis les autres à vive allure. Ils nous infligèrent des blessures pendant notre passage vers la zone suivante, histoire de nous faire accélérer encore plus.

Nous arrivâmes en trombe en zone 10, frontière entre la terre et la mer, affaiblis par cette course effrénée et les coups des chasseurs.

Les Lagiacrus stoppèrent cette fuite dépourvue de sens en refusant d’entrer dans l’eau. Et ils avaient raison. Si l’eau était notre élément favori et nous avantageait lorsque nous étions en bonne santé, elle se retournait fatalement contre nous lorsque nous sommes proches de la mort, épuisés et par conséquent incapables de nager correctement.

Mais les chasseurs le savaient, et c’est pour cela qu’ils nous tailladèrent les membres pour que nous nous jetions à l’eau. Je fus parmi les derniers à lutter. J’avais des  coupures un peu partout sur le corps qui saignaient abondamment, rendant l’eau dans laquelle je pataugeais rouge. Je ne parvenais plus à tenir en respect les chasseurs qui me faisaient perdre de plus en plus de terrain. Soudain, je constatai que je n’étais plus qu’à quelques centimètres du rebord menant à l’eau. Je tentai une dernière morsure, et, ratant ma cible, un artilleur me tira une munition enflammée dans le torse, et, surprit par la douleur cuisante, je reculai, tombant dans la mer.

L’eau de mer sur mes blessures provoqua une sensation atroce, mais je ne devais pas cesser de garder ma tête à la surface et de nager comme je pouvais afin de ne pas me noyer.

Alors, je vis les chasseurs poser des pièges électrochocs et des pièges à fosse au bord de l’eau. Et je compris. Ils nous mettaient en position défavorable pour placer tranquillement leurs pièges puis venir tuer les spécimens de Lagiacrus trop affaiblis pour être emmenés, et rabattre le reste vers ces pièges pour nous capturer. Les ignobles braconniers plongèrent dans l’eau, et, passant derrière nous, commencèrent le tri des léviathans, exterminant les individus banals.

Je fonçais vers l’un deux, et, fou de rage d’avoir compris leur traquenard, lui broyai la cage thoracique d’un puissant coup de mâchoire. Son sang se mélangea au notre qui souillait déjà l’étendue salée à cause de nos multiples blessures. Je recrachai son cadavre sanguinolent qui dériva au gré du courant.

Les autres chasseurs continuaient d’abattre les Lagiacrus ne valant pas le coup d’être capturés. Leurs cris d’agonie étaient étouffés par l’élément liquide, et leur sang rendait de plus en plus la mer rouge.

Je me hissai avec peine vers la berge, lança une boule de foudre en balayant la zone pour provoquer ces maudits humains. Les chasseurs qui étaient restés là reculèrent, ne m’ayant pas remarqué avant que je ne lance mon offensive. Ceux qui possédaient un bouclier le sortirent et, d’un même geste, dégainèrent les armes allant avec, soit des lances, ou leur version hybride, les lanceflingues.

Les épines d’acier se pointèrent vers moi. Elles se rapprochèrent lentement, de peur de faire un mouvement brusque et de déclencher une réaction imprévue de ma part. Je grognai, dévoilant mes crocs acérés d’un blanc laiteux. Ils ne furent guère impressionnés et continuèrent leur avancée.

Sentant l’étau se resserrer autour de moi, je commençai à charger de l’électricité grâce à ma carapace recouverte de pics saphir. Lorsque je sentis qu’ils étaient suffisamment proches, je balançai la sauce en envoyant de multiples éclairs un peu partout. La plupart des chasseurs réussirent à parer la fulgurante attaque, mais certains furent projetés violemment à terre, voire tout bonnement foudroyés. Les lances vinrent me piquer, me perforer le dos, la nuque, le torse.

Commençant à être galvanisé par la violence du combat, je rugis. Claquant ma puissante mâchoire en guise d’intimidation, je commençai à donner des coups sans de but vraiment précis pour me dégager de l’étreinte des piques. Grossière erreur. Les chasseurs armés de lanceflingues avaient encore leur Feu de Wyvern chargé, et ceux-ci n’hésitèrent pas à m’en tirer 4 à la suite pendant que j’avais la tête tournée ailleurs. La douleur fut si brutale que je choppai un des hommes et, pour éponger ma souffrance, lui brisai la colonne vertébrale d’un coup de crocs, le flanquai par terre, me dressai de toute ma hauteur avec un sourire sadique. Le type me regarda d’un regard terrifié, connaissant la suite. Je me laissai retomber de tout mon poids sur lui, l’achevant.

Les chasseurs s’énervèrent à leur tour : qui étais-je pour exterminer l’un des leurs de cette façon ? Un gars siffla, appelant les chasseurs qui s’occupaient déjà de capturer les Lagiacrus ivoires remontés sur la rive avec la ferme intention de s’éclipser pendant ma diversion. Ceux-ci étaient tombés dans les pièges, et pratiquement les trois quarts du groupe étaient déjà dans les vapes, achevés par les tranquilisants. J’étais le prochain. Luttant pour ma survie, je donnai des coups de griffes, de mâchoire, de queue pour repousser mes agresseurs, mais ceux-ci n’en finissaient plus de m’entailler le torse et les pattes, et je commençai à fatiguer. L’un des chasseurs sembla le remarquer, et fit signe à ses acolytes de me rabattre vers les pièges encore vides. Je réussi à blesser sérieusement un épéiste qui s’était dangereusement rapproché avec son katana d’un coup de griffe en plein torse. Celui-ci s’effondra à terre en hurlant. Je voulus l’achever, mais une lance rencontra violemment ma tête, qui se stria d’une longue estafilade sanglante. Gueulant à l’affront, je perdis le contrôle de moi-même en broyant toute tête passant trop près de moi.

Sans m’en rendre compte, je les suivais, et me dirigeai droit dans leur piège. Soudain, je bondis pour attraper un salopiot d’artilleur m’ayant tiré une balle dans l’œil, qui n’avait rien par miracle, mais atterris dans une fosse piégée. Je me mis à me débattre comme un diable, rugissant de désespoir, sentant la fin des haricots à plein nez. Mes membres se mouvaient dans le vide, et ne m’aidaient pas vraiment à me sortir de ce pétrin. On commença à me bombarder de tranquilisants et à me ligoter à l’aide de cordes solides. Je réussis à broyer quelques jambes, mais avant d’en entamer une cinquième, les tranquilisants firent leur effet, m’assommant et me plongeant dans un profond sommeil.




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