La Marque du Héros

Chapitre 2 : Chapitre 2 : Jouer avec le feu

3227 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/10/2017 19:18

Je me sentais atrocement lourd et fatigué, comme comateux. J’entendis alors des voix. Pas clairement, juste comme un fond sonore. Je sentais aussi des mains qui m’effleuraient et me tâtaient régulièrement. Petit à petit, je reconnus quelques bribes phrases :

-        Celui-ci est remarquablement puissant, je pense pouvoir affirmer qu’il est possible de le classer comme étant de rang G.

-        Certes, mais sa tête et son torse sont endommagés …

-        Oui, nous avons dû user de la force pour le capturer, il était véritablement coriace.

-        Un spécimen avec du cran … Intéressant. Je vous propose 195 000 zennys.

-        Voyons, arrondissez la facture, 200 000 zennys et il est à vous.

-        C’est d’accord, je ne suis plus à ça près. Je le prends.

-        Ce fut un plaisir de faire affaire avec vous.

Incapable de résister plus longtemps au sommeil qui me taraudait, je me rendormis.


 

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Je repris peu à peu connaissance. Je me trouvai dans une pièce dont les murs étaient composés de carbalite, soit du plus puissant métal existant sur cette Terre. Cette prison sombre possédait pourtant une source de lumière : une grille, qui s’étendait le long de ma cage. Si la lumière était faible, c’était parce qu’il faisait – déjà – nuit. « Voilà ce qui arrive à tous les monstres s’étant fait capturés… » pensai-je. On m’avait attrapé, enlevé loin de chez moi, puis séquestré ici ! Mon instinct me gueula de sortir le plus vite possible de cet endroit lugubre et à l’ambiance malsaine. Je chargeai alors l’unique issue d’une superbe charge glissée. En vain. Je tentai alors de mordre les barreaux, mais, à mon grand étonnement, ceux-ci étaient brûlants ! Je retirai vite mes crocs qui commençaient déjà à me faire souffrir, étant relativement sensible au feu et à la chaleur.

-        Ce n’est pas la peine d’essayer, tu finiras comme les autres, fit une voix grave et mélancolique.

-        Qui parle ? demandai-je.

Je cherchai de où pouvait provenir la voix avant de me rendre compte que je n’étais pas seul. Ils étaient quarante, cinquante, soixante à être enfermés ici, tous d’espèces et de sous-espèce différentes, et tous endormis. Des Rathalos, des Plesioths verts, des Agnaktors, des Rathians, des Ludroths Royaux … Et notamment un Qurupeco vermillon éveillé qui me fixait droit dans les yeux.

-        Tu as beau être un représentant d’une espèce réputée rare et féroce, tu n’arriveras pas à t’enfuir de l’Arène.

-        L’Arène ? Quelle arène ? De quoi parles-tu, fis-je en m’approchant de l’interstice des barreaux en plissant mes yeux pourpre.

-        Les humains nomment cet endroit l’Arène. Ceux-ci demandent à venir affronter des monstres rares et puissants dans ce cercle mortel que tu peux apercevoir là-bas – il désigna une espèce de rond de pierre non loin d’ici -. Peu d’entre nous en reviennent vivants. Il te faudra lutter pour ta survie, où tu mourras, comme beaucoup d’autres  avant toi, dit-il.

-        Il n’y a aucun moyen d’en réchapper ? lançai-je.

-        Pas que je sache. Tu peux toujours essayer, mais nul n’a jamais réussi à s’évader, prononça dans un souffle l’oiseau rouge.

Notre discussion fut soudainement interrompue par l’arrivée de deux « employés » de l’arène munis de cordes qui vinrent ouvrir la porte d’un Rathalos et d’une Rathian tous les deux profondément endormis. Ils les ligotèrent solidement, puis un troisième type se ramena avec deux Aptonoths et un fouet pour les traîner jusqu’à la prison circulaire. Ceux-ci ne devaient pas avoir beaucoup d’expérience dans le domaine, car ils étaient effrayés d’être si près de leurs prédateurs naturels, et par conséquent refusaient de se laisser atteler aux cordes les reliant aux féroces wyvernes volantes. Ils furent châtiés d’un vilain coup de fouet, forçant les paisibles herbivores à se rendre. Ils partirent en emmenant les deux monstres, les Aptonoths toujours sur leurs gardes.

Un peu plus tard, un quatrième employé vint avec un Gargwa –beaucoup plus docile- chercher un Ludroth pourpre.

Au bout de quelques heures, il fit jour, et d’autres employés vinrent avec cette fois des viandes crues. La plupart avait une teinte étrange, un peu bleue ou violette, et n’inspiraient pas confiance. Ils ne venaient pas chercher des monstres comme lors de cette nuit. Les gugusses déposèrent des viandes saines à certaines cages, et des bizarres à d’autre.

Ce qui fut mon cas. Lorsque le malheureux larbin passa son bras munis d’un gant métallique –il n’était pas fou tout de même- à travers les barreaux de mon antre pour déposer le colis suspect, je bondis sur ledit bras pour lui couper toute retraite. Je tirai mon butin en arrière, plaquant tout le corps du gars contre les barreaux –rappelons-le brûlants- qui hurla pour prévenir les autres et manifester vivement sa douleur. Les employés accoururent, et l’un d’eux armé d’une lance me contraint à lâcher prise en enfonçant son arme dans mon torse. Celle-ci libéra une substance bleu clair qui s’infiltra dans ma blessure. Ayant un mauvais pressentiment, je me jetai sur les barreaux, ignorant le fait qu’ils brûlaient au moindre contact pour passer ma large mâchoire au travers.

Je tentai de chopper une de ses mains. Il para de son bouclier. Alors je choisis une autre cible, arrachai un bras passant trop près, le brisa une seconde fois dans ma gueule en émettant un grognement de satisfaction et d’intimidation. L’épine de fer vint me punir d’un coup bien placé dans le menton, suintant encore de cette substance étrange dont la teinte évoquait vaguement celle des viandes bizarres. Furieux, je brisai un barreau sous l’impulsion de mon courroux, arrivant à passer entièrement ma tête à l’air libre. Je libérai une forte décharge électrique afin de les faire reculer ou mieux, de les tuer. Trois succombèrent, deux furent éjectés, et les rescapés ne se privèrent pas de donner l’alerte, soufflant dans une corne de brume sortie de nulle part, poussant le long beuglement d’alarme. Le lancier vint enchaîner les coups, me perçant la peau, maculant mon corps d’ivoire de sang. Fou de rage, je rugis d’un cri tonitruant qui fit trembler la terre. Le seigneur blanc que j’étais les fit flipper au point de s’éloigner à une dizaine de mètres. Passant une de mes pattes avant par le trou où le barreau brisé siégeait quelques minutes plus tôt, je tentai de défoncer un second barreau afin de permettre le passage de ma deuxième patte avant. On ne m’en laissa pas le temps, j’entendis le bruit d’une détonation, sentis quelque chose se loger dans ma patte libre. Je voulus hurler ma douleur, mais lorsque j’ouvris la gueule pour libérer ma plainte, rien n’en sorti. Surpris, j’essayai de comprendre ce qu’il se tramait alors que mes forces me quittaient soudainement. Je tournai ma tête vers ma patte meurtrie, découvrant une munition enduite de la substance bleue suspecte. J’eus une sueur froide en relevant ma tête droit vers celui qui l’avait tiré, un artilleur muni d’un fusarbalète léger, qui avait du accourir en entendant l’appel au secours des employés. Je plissai alors mes petits yeux rouges furieux, ouvris grand la gueule, et tirai une balle d’électricité avant de retomber sur le sol, vidé de mes forces, incapable de rester debout, sombrant dans un profond sommeil.



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Ma reprise de conscience me parut plus tardive que la première fois, et fut beaucoup plus difficile.

-        Attention, il se réveille !

-        Gardez-le au sol ! Il ne doit surtout pas se relever !

     J’ouvris les yeux. On m’avait ramené dans ma cellule. J’étais plaqué à     terre par d’épaisses chaînes d’acier qui m’empêchaient de faire le moindre mouvement. Je tentai de me débattre, mais le poids des chaînes et des nombreux employés appuyés sur moi me bloquaient. Il y en avait d’autres qui remplaçaient le barreau brisé et ceux trop amochés par ma tentative d’évasion. D’autres me tournaient autour, examinaient mes plaies. Mécontent, j’émis un grondement venant des profondeurs de ma gorge pour les intimider. Ils n’en furent pas angoissés le moins du monde, ce qui m’énerva. Je voulus tenter un coup de queue latéral, mais les chaînes se resserrèrent autour de mes membres et de mon corps. Je vis alors un type s’approcher avec une aiguille à la main, ce qui poussa à me débattre de plus en plus, en vain. L’épine se figea dans ma peau, ce qui ne causa, contrairement à mes prédictions, aucune douleur. Je ressentis cependant une grande puissance s’infiltrer dans mes veines. Ce qui était louche. Je leur en faisais voir de toutes les couleurs, et ils en redemandaient ? Pas normal ça. Ou alors ils sont sacrément masochistes. Je grondai. Aucune réaction.

-        Gardez-le encore ainsi, au cas-où il y aurait des effets secondaires avec le sérum de guérison, fit le type en rangeant son instrument.

-        Pas de problème chef ! répondit l’un des heureux abrutis qui me maintenaient au sol.

Une vingtaine de minutes plus tard, les barreaux réparés, on me « relâcha ». Je ne tentai pas de les mordre, étant donné que des lanceflingues étaient pointés sur moi pendant qu’on me retirait les chaînes. Quand ils furent partis, j’entendis une voix familière :

-        Belle tentative.

-        Tu parles, grognai-je sans daigner tourner la tête, sachant qui parlait, je n’ai même pas réussi à sortir de cette foutue cage.

-        Certes. Mais c’était bien joué quand même.

-        Sinon, j’pourrais peut être avoir ton nom ? demandai-je.

-        Supaku, répondit l’oiseau rouge. Et toi ?

-        Aibori, fis-je.

-        Maintenant qu’on se connait, déclara le Qurupeco flamboyant en esquissant un petit pas de danse, je vais t’apprendre deux ou trois trucs. Déjà, les viandes à la teinte bizarre, elles sont droguées. Tous ces monstres endormis en ont ingérés une il y a moins d’une heure, précisa-t-il en désignant les wyvernes avec une de ses magnifiques ailes dotées de silex brillants. Les employés viennent ensuite les chercher pour les emmener dans l’Arène proprement dite. Là, on y lâche des chasseurs avides de sang … ou serait-ce l’inverse ? Ici, tous les rôles s’échangent … Bref, ceux qui dorment ou qui ont une viande bleue sont ceux qui ne vont pas tarder à combattre. Ce qui signifie par extension que tu es dans les prochains, conclut-t-il en regardant mon morceau de viande azur.

-        Et si je ne la mange pas ?

-        Tu finiras pas avoir tellement faim que tu ne pourras résister longtemps. J’ai déjà essayé. C’est l’unique source de nourriture.

-        Soit. Je n’ai pas peur.

-        Si ça peut te rassurer, j’en ai une aussi, ce qui peut signifier que l’on soit dans une même tournée.

-        Tournée ? fis-je.

-        Que l’on soit plusieurs dans l’arène et que je fasse parti de tes camarades du jour, dit-il. Ce qui ne pourrait pas être désavantageux.

-        Tu es puissant ? interrogeai-je en regardant son corps plutôt fin et léger d’un regard mi-moqueur mi-amusé.

-        Pas en terme de force brute. Mon point fort est le soutien. Je peux augmenter votre attaque, votre défense, et même vous restaurer de la vie.

-        C’est intéressant, en effet.

-        Nous verrons bien ce qu’il en sera, déclara t-il en commençant à picorer sa viande.

Il plongea au doux pays des rêves quelques minutes plus tard. J’engloutis la mienne d’un coup mâchoire, puis le rejoignis.



 

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Je me réveillai dans le fameux cercle de la mort au sol de sable. Les murs de pierres gigantesques me donnèrent le vertige rien qu’en les regardant. Je vis alors –Jaggi Jésus soit béni- Supaku juste à côté de moi qui somnolait encore. Il se leva encore un peu dans le cake.

-        Prêt à te battre ?

-        Bien sûr, dis-je, dévoilant mes crocs laiteux en un fin sourire.

-        Et de l’autre côté, c’est bon aussi ? demanda Supaku.

-        Yep, prêt à défoncey du kohnard ! fit une joie drôlement forte et enjouée.

-        Quelle question … soupira une autre voix derrière.

Je me penchai pour voir ce qui se tramait à la gauche de Supaku, et découvrit que la voix vachement grave appartenait à un Deviljho et le soupir dépressif à un Lagiacrus normal.

-        Oh … On ne devrait pas trop avoir d’emmerdes à ce stade, hum ? fis-je.

-        Pas du tout, même ! ricana Supaku.

-        Bon les gens, moi c’est Joe, après moi ça m’intéresserai bien de savoir avec qui je vais tapey du chasseur, dit le dénommé Joe.

-        Aibori, déclarai-je.

-        Supaku, pour vous servir.

-        Jack, souffla le Lagiacrus blazé.

-        Bon, les gars, moi j’propose un truc, c’est que monsieur Supaku là, il nous boost la tronche, pendant ce temps je tape tout ce qui bouge et les lézards de flotte, vous finissez le boulot, comme ça, c’est du travail d’équipe, proposa Joe.

-        Perso ça me va, fit Jack, un peu moins blazé de la vie.

-        No problem, fis-je.

-        Ce ne serait qu’un honneur de vous soutenir, dit Supaku en s’inclinant respectueusement devant nous.

-        Tiens, on dirait que les boulets du jour sont arrivés, annonça la wyverne brute.

-        Préparez-vous, on ne nous envoie pas d’la merde, siffla Jack.

En effet, trois chasseurs aux armures scintillantes entrèrent dans l’Arène, un air d’assurance peint sur leur visage.


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