Un espoir à éliminer

Chapitre 2 : Intrusion [Part. 1]

1934 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 15:18

" Chun ? "

J'entendai une voix. Elle m'était familière, et pourtant, impossible de savoir qui c'est. Je suis où déjà ?

" Oh Chun ! "

Cette voix si douce... Je suis sûre de la connaître... 

" T'es morte ou quoi ? "

Cette phrase me fit ouvrir mes yeux. Juste en face de moi, je voyais l'origine de cette voix. Je me relevai et sortis du caisson. Une grande bouffée de chaleur me réveilla. Devant moi, une belle femme aux cheveux roux. Elle me regardait avec un petit sourire

" Fi... Finola ? " 

" Eh oui. Pas trop dur ce réveil ? "

" Un peu... "

Je me rappelai de tout maintenant. Daedalus, Mush, Immunisée. Si on voulait résumer la mission qui m'était confiée, ces trois morts suffiraient. Si ma mémoire est bonne, nous étions dix-huit. Pas deux. Accablée d'un mal de crâne, je m'assis et continuai le dialogue.

" Où sont les autres ? "

" Ils sont tous au Pont, ils n'attendent que toi. Le commandant Jin Su va commencer son speech."

Elle me montrait la porte: visiblement, j'avais joué la marmotte. Nous nous dirigeâmes vers le Pont, où tout le monde me fixait attentivement. Un homme assez corpulent, environ la quarantaine était sur une estrade. Il tapota sur le micro, puis prit la parole

" Bien, merci Finola d'avoir réveillé Chun. Nous pouvons commencer. Je vais vous épargner la partie où je dis que nous sommes les seuls espoirs et que nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer, je pense que vous le savez déjà. Je veux que chacun d'entre vous soit au maximum de votre efficacité. Chacun sait ce qu'il doit faire ici, je veux un rapport général au quatrième cycle de cette journée. Sur ce, je vous libère. On se revoit plus tard. "

La salle se vidait peu à peu. Je me retrouvai bientôt seule, avec le commandant, Paola, et Frieda. Il me fixait bizarrement.

" Chun, je dois vous parler en privé. Vous voulez bien me suivre dans le couloir ? "

Son visage restait neutre, dénué d'émotions. Le ton sur lequel il avait prononcé cette phrase ne disait absolument rien de bon... Comme demandé, je le suivis jusqu'au couloir. Il vérifia qu'il n'y avait personne. Inquiète, je pris la parole.

" C'est à quel sujet ? "

" Tenez, lisez ça. "

Il me remettait son discours, et continua.

" Je n'ai pas eu la force d'annoncer ça en public. Je ne savais pas comment m'y prendre pour ne pas semer la panique... Lisez la dernière phrase. "

Je lisais dans ma tête " Malheureusement, le voyage pourrait tourner au drame. Je dois vous annoncer, qu'il y a certaines personnes ici... Probablement infectées. " Je lâchai le papier, et m'écroula au sol.

" C'est... C'est... Sûr ? " Demandais-je en sanglotant.

" Malheureusement oui. J'ai été le premier à me réveiller. Quand j'ai regardé mon ITrackie, j'ai remarqué un message d'alerte datant de seize ans. Il disait que la présence de personnes infectées était confirmée. Je me suis rendu au Nexus et j'ai demandé à Néron de supprimer ce message. Actuellement une recherche est en cours pour déterminer le nombre d'intrus à bord. Néron aura les résultats au Cycle 4. Je voulais savoir comment vous vouliez que je procède, sachant que vous êtes la principale menacée. "

Je reprenais peu à peu mon souffle. Sans réfléchir, je donnai ma réponse.

" Il faut leur dire, sinon, ils proliféreront de façon discrète. Si nous ne sommes que deux, l'enquête sera impossible. "

" D'accord, j'annoncerai cela au briefing général. D'une certaine façon, j'ai une bonne nouvelle. Vous vous rappelez de la technicienne Eleesha Williams ? "

Je hochai la tête. J'avais fait connaissance avec elle très rapidement lors de l'organisation du départ. Elle était assez sympathique, nous avions blablaté très souvent de tout et de rien; elle me parlait de choses de techniciens, et moi... De choses d'espoir de l'humanité qui est exposée aux dangers à chaque seconde. La seule chose chez elle qui me déplaisait, c'était cette sensation de connaître quelqu'un, sans savoir comment. D'avoir ce visage en mémoire, mais dans une situation antérieure. Souvent je lui avais dit que je pensai la connaître d'avant, et toujours elle me répondait qu'elle se rappellerait m'avoir croisé.

" En réalité, c'est une journaliste, ou enquêtrice si vous préférez. Enfin bref. Un atout pour la traque au Mush. Elle vous a eu interrogé par le passé, mais c'était il y a dix ans... C'est entre autres grâce à ça qu'elle a pu avoir cette couverture au sein de l'équipage. "

Je me souvins enfin d'elle, enfin, la vraie elle. Ce fut la première journaliste à venir me questionner. Dix ans après, et une centaine de journaliste passés, je ne suis même pas surprise de l'avoir oubliée. Maintenant qu'il en parle, je me rappelle que contrairement aux autres, elle s'intéressait surtout à Tamina, et pas à ce qui en découlait. 

Et dire que son père fut le premier tué par le Mush. Pauvre Daryn, quand je pense que je n'ai même pas été capable de faire le lien entre la journaliste Williams, et le pilote. C'était un des rares sujets de conversation qui sortait de la routine de nos anciennes discussions. Sur Xyloph, elle m'en avait rapidement parlé quand elle me raccompagnait à mon dortoir sécurisé. Elle m'avait demandé si je me souvenais de Daryn Williams. Sur le coup, j'avais poussé un cri d'effroi. Ne pas avoir fait le lien m'avait mise si mal à l'aise. Par la suite elle m'avait demandé de ne pas m'en inquiéter, et d'en parler le moins possible.

Après d'autres discussions de formalité, je m'apprêtai à rejoindre le Laboratoire. Jin Su m'attrapa soudain par l'épaule.

" Surtout, pas un mot aux autres avant la réunion. L'annonce sera dure à entendre, alors si la rumeur se répand, ça va devenir l'enfer. En cas de doute, ou de suspicions, vous m'appelez. Nous avons ces deux gaillards de Chao et Hogan. Ils sauront vous défendre. "

Je hochai une nouvelle fois de la tête, puis entra au Laboratoire. Nous étions quatre, Ian, Andie, Finola parlaient ensemble de biologie. Ian m'étonne assez. Il est censé être là pour ses compétences en botanique, et pourtant, il semble tenir la discussion comme si c'était sa passion première. Andie elle aussi est surprenante, de ce que j'ai lu, elle est pilote, biologiste, botaniste, diplomate. Y-a-t-il une chose qu'elle ne sache pas faire ? Quant à Finola, elle est radieuse, elle parle de biologie comme un enfant raconte son conte de fée favori. Je crois ne pas me tromper si j'avance quelle est en partie notre seul espoir. Le plus horrible, c'est qu'ils n'ont pas l'air stressé de se mettre au travail. Leur travail était de créer des recherches anti-Mush pour le retour sur Terre, mais là, on doit les appliquer au Daedalus, et plus on traînera, plus le nombre d'infectés augmentera rapidement. 

" Euh, dîtes. On pourrait commencer les recherches dès maintenant ? "

Ils me regardèrent tous avec une tête surprise. "Comment passer pour la rabat-joie de service, par Zhong Chun". Finola me répondit.

" C'est pas l'envie qui manque, loin de là. Mais on a pas la souche de test Mush. On a demandé au cuisinier de faire le tour. Il devrait pas tarder à la trouver. "

Angoissée et stressée, je sortis à la hâte du labo et fit frénétiquement le tour du vaisseau. Après plus d'une demie-heure de fouille inutile, je m'assis en stockage central. Assise sur un bord de l'étagère, je m'imaginais le nombre de Mush à bord. 1 ? 2 ? 3 ? 5 ? 8 ? Plus ? Et qui surtout ? Eux, ils ont tous une personne en qui avoir confiance : moi. Mais je peux avoir confiance en qui ? Une fois ma pause finie, j'allai pour repartir, mais la porte était verrouillée... De l'autre côté de la porte, j'entendis une respiration, faisant monter mon angoisse.

" Ou... Ouvrez la porte ! "

La respiration devint un rire. Une feuille glissa sous la porte avec un "2" dessiné en rouge. Ce qui faisait office d'encre semblait-être du sang. En larme, je tambourinai à la porte en hurlant. Soudain, la personne qui se jouait de moi donna un coup de poing dans la porte. Sous la peur, je reculai et tombai sur l'étagère. Tout son contenu était déversé au sol. Mon regard s'illumina. La souche était là, tombée entre un couteau et une armure faite en plastenite. Je m'équipai de l'armure, posai la souche dans ma poche et le couteau dans les mains. Je courrai en direction de la porte, couteau en avant. A ma grande surprise, la porte s'ouvrit, tout comme le ventre de Stephen sous l'impulsion de la lame. Il était choqué, il ne semblait pas comprendre ce qu'il venait de se passer. Il regardait son ventre; le sang se déversait sur sa tunique créant une tâche rouge d'une trentaine de centimètres. Avant de s'écroula il murmura brièvement :

" Il est parti... Vers le couloir... "

En effet, je me rendai compte que la porte du couloir venait de se refermer, j'avais fait une victime innocente.

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