Recueil d'OS BNHA

Chapitre 2 : Une oreille attentive à un douloureux passé

4304 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/10/2019 11:42

Cela allait faire plus d'un an qu'il connaissait ce blond au caractère explosif. Ce garçon dont il admirait la virilité et la détermination qu'il avait dans tout ce qu'il faisait.

Il avait bien vu qu'il se démenait pour être le meilleur, qu'il se démenait pour surpasser ses camarade. Ils ont beau n'être qu'au lycée en filière générale, Bakugo voulait absolument "défoncer tout le monde". Dans tous les domaines. Et se montrait particulièrement exécrable envers les autres.


Kirishima se souvenait bien du calvaire que ce fut pour gagner ne serait-ce que son respect, puis son amitié. Il s'était durement accroché, se focalisant sur ce qu'il voyait de bon en lui, mettant de côté son agressivité et son ego surdimensionné. C'est ce qui lui avait permis d'avoir une relation aussi soudée avec celui qui aujourd'hui était son meilleur ami. Il avait su être patient, assez pour que le garçon explosif se montre moins méchant, voire presque agréable, avec lui.


Leur amitié était puissante. Eijiro en était d'ailleurs très fier, il avait pu prouver que son ami n'était pas une horrible personne comme tous le monde disait. Que sous ses grands airs, il pouvait être gentil. Après tout, il ne le cognait pas. Ses insultes envers lui faisaient plus office de surnoms plus ou moins affectif. Et surtout, il s'emportait jamais réellement contre lui.


Mais depuis quelques mois, le rouge sentait qu'il y avait quelque chose. Plus il passait du temps avec lui, plus il avait l'impression que son pote mentait. Constamment. Qu'il se cachait même. Derrière ses insultes, sa colère, si ce n'est pas sa rage. Derrière ses actes et ses mots qui depuis un moment semblaient juste être là pour mettre un mur entre Katsuki et les autres.


Kirishima avait commencé à le remarquer quand il avait décelé au fond de ses yeux rouges une lueur triste.

Puis aujourd'hui, alors qu'ils étaient seuls dans le bus de ville, et que le blond semblait penser que le rouge lui prêtait pas attention, son visage affichait un air las, maussade. Son regard semblait se perdre au loin dans le paysage pluvieux du jour, ses traits habituellement tendus par sa colère se détendaient avec ce qui semblait être... une profonde mélancolie. Il avait l'air... d'un adolescent triste et perdu. Sa bouille avait l'air douce, en rien agressive, c'était... perturbant.


Eijiro s'en inquiéta tout de même. Ce qu'il voyait était si éloigné de ce qu'il avait l'habitude... Cela le poussa à poser sa main sur son épaule, le secouant doucement pour lui faire quitter ses pensées.


- Hey Katsu'... T'as l'air tout triste d'un coup, ça va ?

- Hm ?


La surprise du blond en remarquant qu'il avait été vu comme ça fut vite remplacée par cette colère habituelle qui déformait son visage, faisant grimacer le rouge quand il se mit à crier.


- Qu'est-ce que tu racontes bordel !? J'vais très bien, alors fais pas chier !

- Calme, pas besoin de m'agresser... je m'inquiète pour toi moi, c'est tout...

- Eh bien arrête ! Mêle toi de ton cul un peu !

- Ah donc il y a bien quelque chose !

- Tu fais chier tête d'ortie, va crever.


Il lui avait tourné le dos -comme il pouvait, ils sont dans un bus tout de même-, lâchant un "Tch." comme pour le dissuader d'insister. Sauf que le fait qu'il ne l'ait pas contredit avait fait entré dans la tête de celui aux dents pointues qu'il y avait quelque chose. Et vu comment il s'était braqué, puis avait arrêté vite fait la discussion, ça devait être important. Alors il allait le faire parler.


Après plusieurs arrêts, les deux garçons sortirent du bus. Le cendré avait embarqué son (seul) ami chez lui pour la semaine, jugeant qu'il se devait de forcer ce dernier a bosser un minimum pendant ces vacances. Il faisait ça déjà en temps de cours, l'emmenant toutes les deux semaines depuis quatre mois chez lui le week-end, et ça aidait considérablement le rouge. Déjà qu'à l'internat ils bossaient ensemble, Kirishima avait presque l'impression d'avoir un professeur particulier avec lui vu comment s'impliquait son ami dans ses études en plus des siennes. A croire que sa réussite lui importait autant que la sienne... difficile à croire hein ?



- Dis Katsu'... On pourrait grignoter un truc en arrivant ? J'ai faim...

- T'es pas possible... T'as TOUJOURS faim ma parole !

- Meh ! C'est pas ma faute ! Aller s'te plaît Baku' !

- Ah non ! Tu vas quand même pas me sortir tes surnoms à la con pour me faire céder j'espère !

- Oh aller Tsuki'... juste un petit truc...

- Non !

- Please...

- Non.

- Katsuuuuuuuuu...

- Non.

- Alleeeeeeeer...

- Non !

- S'te plaît petit hérisson... je meurs de faim !

Eijiro remarqua qu'il n'optint aucun "Non" cette fois. Il crut même voir un léger voile rouge se poser sur les pommettes de son camarade avant que celui ci n'accélère le pas, l'empêchant de voir ça plus longtemps.

- Bouge ton cul alors, avant que je ne change d'avis.

- C'est un oui alors ?!

- A ton avis tête d'ortie !?

- Yes !

Celui aux dents pointues ne se fit pas prier pour aller plus vite, allant jusqu'à dépasser son ami pour arriver. Au vu de l'air assez tranquille du blond, il devait se dire que le rouge n'allait pas insister pour savoir la cause de son air maussade de plus tôt. Mais ce dernier n'avait pas oublié, certainement pas. Mais il allait attendre d'avoir mangé d'abord. Bakugo serait capable d'utiliser la nourriture comme otage afin de ne pas repondre à ses questions.

Ils arrivèrent devant une maison de taille plutôt moyenne entouré de barrières blanches, comme pour toutes les maisons de ce quartier. Le cendré ouvrit la porte d'entrée sans douceur, comme à son habitude, hurlant un "J'suis rentré !" avant de filer dans la cuisine. Eijiro prit un peu son temps, saluant poliment le père de son ami qu'il apercevait dans le salon tout en se déchaussant et posant son manteau sur le porte manteau, gardant son sac sur l'épaule. Il sursauta quand son pote lui hurla de se grouiller, le faisant grimacer, bien qu'il se dirigea tout de même dans la cuisine à son tour.

Il put voir celui au caractère explosif assit à table, un gâteau au chocolat posé sur la table. Il s'était prit une part... assez conséquente - qui résisterait à l'appel du chocolat ?- et s'apprêtait à en couper une autre.

- Tu comptes rester planter là comme un con ?

- Hein ? Ah ! Non non !

Le rouge s'assit aussitôt, acceptant sans protester la part (énorme) que lui servit le blond. Kirishima savait parfaitement que critiquer les quantités qu'il lui donnait signerait son arrêt de mort. Surtout quand il s'agissait des pâtisseries de la maison. Etant donné que c'était souvent lui, ou son père, qui en faisait, il ne voulait pas risquer de passer par la fenêtre en se plaignant.

Et ce fut après un bon quart d'heure à tenter de manger sa part que le rouge finit son assiette, intérieurement fier de lui de ne pas avoir mal au ventre. Il n'aurait par contre pas été contre une petite sieste après ce qu'il venait de manger, mais son ami lui fit bien comprendre que c'est un non, lui faisant sortir ses cahiers pour entamer des révisions.

- Dis Katsu'... Demanda Eijiro après une demi heure, impressionné par la vitesse à laquelle son pote venait de finir ses révision. Comment tu fais ça ? T'as un truc ? Tu vas toujours hyper vite, à croire que tu comprends tous d'un seul coup...

- J'ai un truc, et ça s'appelle le TRAVAIL. Alors bosse un peu !

Comme toujours, le blond expédiait vite fait la conversation dès que son ami abordait le sujet de son apprentissage. Avait-il quelque chose à cacher ? Après tout... le rouge ne faisait que ça, bosser, depuis que le cendré avait décrété d'être sur son dos. Pourtant il n'allait pas si vite que ça, et faisait toujours des erreurs...

- Mais je bosse tu sais ! Et tu m'aides beaucoup d'ailleurs ! Mais toi... tu n'as pas besoin de tant travailler que ça, on dirait que tu apprends super vite... c'est impressionnant !

- Y'a rien d'impressionnant...

- Bah si ! On croirait un surdoué !

- LA FERME ! J'SUIS PAS UN PUTAIN DE NERD BORDEL !

Cette soudaine agression auditive fit sursauter celui aux dents pointues, qui regarda avec des yeux ronds son ami.

- Hey, calme toi... J'ai jamais dis ça... Un surdoué n'est pas forcément un nerd...

- Bien sûr que si !

- Mais non voyons ! C'est pas parce que quelqu'un a des capacités intellectuelles plus élevées que les gens "normaux" qu'ils sont des nerds ! Comme les nerds ne sont pas forcément surdoués, voire même intelligents ! C'est pas la même chose ! Puis je ne vois pas pourquoi tu t'énerves, j'pensais juste te faire un compliment moi...

A sa grande surprise, le cendré ne répliqua pas. Il ne fit même pas une petite explosion pour lui faire comprendre qu'il ne tolérait pas qu'on lui réponde comme il faisait si souvent. Il avait simplement... baissé la tête.

Ce fut silencieux jusqu'à ce que le père de Katsuki n'entre dans la cuisine, ayant sûrement entendu le pétage de plomb de son fils puis son silence qui devenait inquiétant. Mais il n'eut pas le temps de poser la moindre question que ce dernier s'était levé et avait quitter la pièce. On pouvait entendre ses pas, plutôt légers étonnamment, monter les escaliers et se diriger vers sa chambre. Puis plus un son.

Masaru finit par soupirer, venant ranger les affaires que son fils avait laissé sur la table.

- Hum... monsieur ? Finit par demander Kirishima.

- Oui ? Qu'y a-t-il ?

- Je... je m'inquiète un peu pour Katsuki en ce moment... est-ce qu'il va bien ? Ça fait plusieurs semaines que je le sens bizarre... puis dans le bus alors que nous rentrions, il avait même l'air... plutôt triste...

L'homme aux cheveux bruns poussa un nouveau soupir, tout en refermant le sac de son fils.

- Katsuki ne nous parle jamais quand il a un soucis... il a toujours voulu régler ses problèmes seul à cause de sa trop grande fierté... Mais ça m'inquiète aussi de le voir ainsi...

- J'essaierai de le faire parler alors ! Pour pouvoir l'aider !

- Tu es bien gentil Eijiro... Ça fait plaisir de voir que mon fils peut avoir une oreille attentive autre que la nôtre...

- Bah c'est normal aussi ! C'est mon meilleur ami ! Et je sais qu'il aurait fait pareil pour moi !

- Tu penses ?

- Bien sûr ! Il a peut être un caractère explosif, se montre très souvent exécrable, mais... je sais qu'il est gentil.

Le rouge fut surpris de voir le père de son ami venir tapoter son épaule gentiment.

- Katsuki a vraiment de la chance d'avoir trouver un ami comme toi. Ça me rassure de savoir qu'il n'est pas seul...

Puis l'homme retourna vers le salon, un air un peu plus apaisé qu'en entrant dans la cuisine.

Quant à celui aux dents pointues, il se mit à ranger ses affaires, et attrapa son sac ainsi que celui de son meilleur ami afin de le lui monter. Il grimpa à l'étage, toquant à la porte afin d'entrer. Il fut, encore une fois, surpris de ne pas avoir de réponse, ce qui le poussa à entrer.

Il était installé en tailleur sur son lit, ne regardant pas dans sa direction lorsqu'il entra. Ce fut une nouvelle chose qui alarma Kirishima. Katsuki lui aurait hurlé dessus d'être entré sans sa permission normalement...

Posant doucement les sacs près du bureau de son ami après avoir fermé la porte, il vint s'asseoir aux côtés du cendré dont le crâne était bas. Puis sans vraiment expliquer son geste, il passa sa mains dans ses cheveux blonds, les caressant comme s'il cherchait à peut être l'apaiser. Il ne disait rien, alors le rouge continua, restant tout de même attentif pour arrêter au moindre signe lui faisant comprendre qu'il le devait. Mais toujours rien après plusieurs secondes, Bakugo restait silencieux et le laissait faire, semblant même légèrement s'appuyer contre sa main, faisant qu'il avait légèrement redressé la tête. Il avait à nouveau ce regard lointain et mélancolique, cet air las qui attristait juste son meilleur ami.

Ça brûlait la langue de ce dernier de lui poser des questions. De lui demander ce qui n'allait pas, de le faire parler. Mais s'il ne l'avait pas déjà fait, c'est que ça devait le peser. Que sa fierté devait en dépendre. Il se braquerait de nouveau, alors il fallait qu'il se montre patient, qu'il attende qu'il veuille parler de lui même. Il avait la semaine pour ça s'il ne voulait pas parler ce soir. Alors il resta juste ainsi, ne parlant pas. Se contentant de juste voir si sa présence pouvait le convaincre de se livrer. Jusqu'à ce que...

- Pourquoi...

Un simple mot venait de résonner dans la pièce. D'une voix légèrement rauque, presque retenue. Comme s'il avait dû se forcer pour parler.

- Pourquoi tu continues de me coller les basques..!?

Cette fois le rouge le vit serrer les poings, serrer les dents. Sa voix, bien qu'encore rauque, s'était faite tremblante, bien qu'on sentait clairement la tentative qu'avait fait Katsuki pour se montrer agressif.

- Car je tiens à toi, tout simplement. Lui répondit Kirishima calmement.

Il vit son ami légèrement se crisper et serrer davantage ses poings.

- Tu es... illogique. Ou complètement maso...

- Non, je sais juste que tu es quelqu'un de bien. C'est une image que tu te donnes, le grand méchant Katsuki, rien de plus. Même si tu es plutôt explosif, tu as bon fond. Même si tu es agressif, tu ne ferais pas réellement de mal à quelqu'un qui ne t'a rien fait.

- Je ne comprends pas comment tu fais pour voir ça. Je ne suis pas quelqu'un de bien.

- Tu as tords. Tu es quelqu'un de bien, tu fais juste en sorte de paraître mauvais pour qu'on ne t'approche pas et qu'on te laisse tranquille.

- Alors pourquoi tu ne m'as pas laissé tranquille !?

- Car tu étais seul. Et tu ne méritais pas d'être seul.

- Qu'est ce qui te fais dire ça ?!

- Je le sentais, c'est tout. Et j'ai bien fait, tu es quelqu'un d'exceptionnel ! Même si je sens que tu restes encore caché sous ta carapace, ce que je connais de toi suffit pour que je ne te lâche plus !

Eijiro fut surpris en voyant l'air de Katsuki sembler las, attristé même.

- Tu ne connais rien de moi. Je n'ai rien d'exceptionnel.

- Bien sûr que si ! Tu es-

- Une pourriture.

Le rouge ne s'attendait pas à se faire couper, et encore moins pour entendre son ami s'insulter comme ça gratuitement.

- Je te demande pardon ?! Tu n'es pas une pourriture ! Qui t'as dis ça !?

- Personne. Je le sais, c'est tout.

Le blond finit par s'écarter de sa main, finissant par lui tourner le dos. Celui aux dents pointues sentait qu'il était pas loin de craquer, mais il ne pouvait s'empêcher d'hésiter un peu au fait d'insister. Ça semblait... être douloureux...

Inspirant pour se reprendre, il finit par agripper le cendré pour le ramener contre lui. Il enroula juste ses bras à sa taille, tentant de le câliner malgré la légère agitation que manifestait son ami.

- Qu'est ce que tu fait !?

- Un câlin. J'veux juste te faire comprendre que qu'importe ce que tu dis je serais là pour toi. C'est tout.

- Tu dis ça maintenant, sur le coup, car tu ne sais rien.

- Effectivement je ne sais rien. Mais je me connais assez pour savoir que je te lâcherai pas. Quoi qu'il arrive.

Katsuki ne répliqua pas. Il cessa aussi de s'agiter, laissant donc au rouge le loisir de le câliner sans qu'il ne rouspète. Cela devait lui faire du bien, Kirishima sentait ses muscles se détendre doucement sous son étreinte. La pièce plongea de nouveau dans un long silence, bien moins pesant que les autres, presque doux, durant plusieurs minutes. Avant que le cendré ne finisse par légèrement se décaler, assez pour quitter le câlin, mais pas assez pour être hors de portée, se trouvant juste à côté du plus petit, ses yeux rouges semblant scruter son ami comme pour l'analyser. Puis un soupir lui échappa tandis qu'il détournait son regard, fixant ses poings.

- Quoi qu'il arrive... est-ce toujours valable si j'te dis que j'ai tué quelqu'un ?

Il avait dit ça d'une voix qui semblait vide. Sa posture lâche faisait comprendre qu'il ne plaisantait pas, qu'il s'était résigné à peut être lui parler. Faisant donc que celui aux dents pointues ne put sur le coup que cligner des yeux, le temps que l'information tourne dans son esprit. Puis après avoir fait ce qui semblait être une intense réflexion, il souffla.

- Je suis sûr que c'est plus complexe que ça et que tu n'as tué personne.

- Directement je n'ai "tué personne" comme tu dis. Indirectement oui.

- Arrête d'être aussi évasif Katsu'...

- Quelqu'un est venu faire la crêpe sous mon nez en sautant de six étages il y a quatre ans. Ça te vas comme ça où tu veux des détails sur la tronche du gars une fois au sol ?!

Il s'était énervé, sa voix s'était faite cinglante. Mais en même temps... Eijiro pouvait voir l'abattement dans son regard qui fuyait le sien.

- Tu... tu n'y es pour rien... Si cette personne à décider d'en finir, ce n'est pas-

- Pas de ma faute ? Mais bien sûr ! C'est comme si je l'avais poussé de ce foutu toit ce que j'ai fait !

Son ton s'était élevé, faisant taire le rouge. Sauf que le cendré voyait bien dans ses yeux qu'il n'était pas d'accord, et cela sembla l'énerver davantage.

- Au collège, j'avais pas de pote vu que je faisais peur à tous le monde. Puis je traînais parfois avec les délinquants du campus, alors on me considérait comme eux. Plus d'une fois j'les ai vu harceler et raquetter d'autres élèves. Mais j'ai rien dit ! J'suis qu'un putain de faible qui pensais qu'à ma putain de gueule ! J'aurai du bouger mon cul, c'était quand même pas sorcier, je faisais ça tout le temps de me battre avec les autres ! Mais non, j'ai pas bougé parce que...

Il ne termina pas, se mordant la lèvre et croisant les bras. Cela poussa le rouge à venir entourer ses épaules d'un bras, afin d'à nouveau se montrer présent.

- Car tu avais peur que ça ne te retombe dessus ? Tenta-t-il d'un ton doux, l'incitant à continuer.

Il le vit hocher honteusement la tête, détournant davantage le regard.

- Je savais que si je montrais le moindre signe de faiblesse, ils me sauteraient dessus à la moindre occasion. Ces fichus délinquants avaient un certain respect pour moi, et moi je me faisais chier alors je traînais avec eux. Mais la moindre faiblesse que je pouvais avoir se retournerait forcément contre moi.

- C'est... pour ça que tu te montres si agressif ? Depuis tout ça ?

- Non, ça remonte à plus loin ça. Si tu es faible ou différent, les autres n'hésitent pas à te pourrir. Au moins je suis tranquille...

- Tu n'y es pour rien pour ce suicide. Ça arrive à tout le monde d'avoir peur pour soi, de ne pas agir, de faire les mauvais choix, même aux plus forts. C'est malheureux ce qui est arrivé, oui peut être que si tu étais intervenu il aurait pu être sauvé. Mais on ne saura jamais, ce n'est qu'une supposition. Ton intervention aurait pu ne servir à rien, voire, comme tu le craignais, te retomber dessus. On ne peut jamais prévoir ce qui arrive, ce ne sont que des "et si" auxquels on n'aura jamais de réponse. Tout comme tu n'es pas quelqu'un de faible Bakugo.

- Bien sûr que si je suis faible. J'ai même pas été foutu de m'assumer, comme tu l'as dis, j'me cache sous une foutue carapace !

- De t'assumer ? Qu'est ce que...?

- Je continue sur ma lancée, vu que tu sembles tenir parole avec ton "quoi qu'il arrive".

Le blond se redressa un peu, semblant comme un peu plus léger. Se livrer ainsi à dû lui faire du bien, retirer un poids sur ses épaules, peut-être même le rassurer pour ce qui est de cette histoire, bien que le rouge ne se faisait pas d'illusion. Si Katsuki s'est senti si longtemps coupable, ce n'est pas en quelques secondes qu'il allait se défaire de cette idée.

- Tu te souviens de ce que tu m'as sorti avant que je ne pète un plomb dans la cuisine ? Repris le cendré.

- Quoi ? Que tu travailles hyper vite comme les surdoués ou un truc comme ça ?

- Ouai. Bah c'est pas "comme" les surdoués. Je SUIS surdoué. Enfin c'est ce qu'on m'a sorti.

- Ooooooh... Et pour toi être surdoué c'est être un nerd ? Vu ta réaction...

- C'était. Car avec ton fichu monologue, tu m'as exposé en gros plan mes conneries ! Tch.

- Pardon, c'était pas volontaire...

- Mais pourquoi tu t'excuses abruti ?! Tu va pas t'excuser pour rien maintenant !

- Nan mais je croyais que ça t'avais blessé moi ! Enfin bon... bref passons, ça t'as fait du bien d'en parler ? Enfin de tout ça...

Il n'optint pas une réponse immédiate. Il put voir celui aux yeux rubis réfléchir un instant, avant de grommeler.

- Moui, j'dirais.

- C'est déjà une avancée ! Puis j'suis content !

- Hein ? Qu'est ce que tu racontes tête d'ortie ?!

- Bah c'est que tu dois me faire super confiance pour m'avoir confier ça !

- Pff. J'avais juste besoin de causer, rien de plus.

- Puis tu te laisse câliner aussi, c'est cool.

- Wow ! J'me laisse pas câliner ! J'avais juste la flemme de t'envoyer bouler !

- Mais oui mais oui !

Pour l'emmerder, Kirishima prit de nouveau le blond contre lui, le serrant dans ses bras en ignorant les grondements sourds de l'autre. Pourtant il ne se débattait pas tant que ça, finissant par juste grommeler en se laissant faire, marmonnant qu'il le faisait chier à être aussi collant. Ce qui fit juste sourire celui aux dents pointues qui se contenta de reposer son menton contre son épaule, décidant de profiter de cette proximité qui lui plaisait bien.

Bakugo avait retrouvé son mordant, mais un mordant qui sonnait plus vrai aux oreilles du rouge. C'était naturel, en rien forcé, et plutôt amusant d'ailleurs. Fallait toujours qu'il rouspète pour rien...

- Hep ! Mais c'est que t'as pas finit de réviser toi ! Gronda soudainement le cendré en lui donnant un coup sur le crâne. T'as cru que tu allais y échapper !?

- Oh non Katsu'... On peut faire une pause dis ? J'suis crevé...

- Ah non ! T'as rien bossé ! Alors tu me lâches, tu ressors ton cahier et tu vas BÛCHER !

- J'ai faim aussi...

- Tu te fiches de moi !? Tu ne penses qu'à bouffer ou quoi ?!

- Mais c'est presque l'heure du dîner... pas ma faute...

Soufflant du nez, le blond siffla tout en regardant l'heure sur son réveil.

- Bouge tes fesses, on descend.

- On descend où ?

- ON VA BOUFFER PUTAIN ! T'ES VRAIMENT STUPIDE !

- OH COOL !

Le rouge ne se fit pas prier plus que ça pour se lever du lit, s'apprêtant à sortir avant que la voix de l'autre adolescent ne le stoppe.

- Si tu parles à qui que se soit de ce que je t'ai dis, t'es mort. C'est clair ?

Eijiro soupira, se retournant vers son ami en croisant les bras.

- T'as pas forcément besoin de me menacer pour que je tienne ma langue hein.

- Tch.

Le bousculant un peu pour sortir avant lui de sa chambre, le cendré s'avança dans le couloir pour atteindre l'escalier... avant de se retourner vers le rouge, lui adressant un léger sourire. Un sourire qu'il n'avait encore jamais montré, tout simplement doux, reconnaissant même.

- Eh. Merci de m'avoir écouté.

Puis il fila au rez de chaussée sans attendre, sans laisser à son ami le temps de pouvoir peut être lui répondre, semblant pas vouloir laisser traîner cet instant plus longtemps. Après tout, ce n'était pas dans ses habitudes de remercier quelqu'un volontairement. Et encore moins avec le sourire. Mais cela faisait plaisir à Kirishima, d'avoir pu apercevoir une partie de son ami que ce dernier semblait cacher, une part de douceur bien enfouit sous son sale caractère.

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