Jardin de cendres

Chapitre 2 : Comme si j'étais dans le camps des vilains.

1515 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/04/2022 13:49

Et voici le deuxième chapitre. J'ai jugé utile de poster les deux premiers en même temps pour donner une meilleure idée de l'histoire. Je posterais environ deux chapitres par semaine, jusqu'à ce que je sois au bout de mon stock. Merci d'avance pour vos retours !


Chapitre 2 : Comme si j'étais dans le camp des vilains.


— J’ai réfléchi à beaucoup de choses, depuis la dernière fois que je vous ais vue.

— Ah ?

— J’ai pensé à la manière dont les gens se touchent continuellement entre eux. Il y a quelque chose que je veux vous raconter.

— Très bien, je vous écoute.


Shoto s’en tirait bien à la suite de l’affrontement. Mieux qu’Izuku qui comme souvent qui avait poussé trop loin les capacités de son alter et qui gisait dans un coin, un grand sourire sur les lèvres, en attendant les secours. Lui s’était mis en devoir avec quelques autres de chercher des victimes tout en s’étonnant de ne pas se sentir vraiment joyeux alors qu’ils venaient de triompher d’une menace qui pesait sur eux depuis des mois. Ils n’étaient pas assez nombreux pour couvrir le gigantesque secteur sur lequel s’étendaient les dégâts causés par Shigaraki et son pouvoir de désintégration. Dans la tourmente, des civils avaient été tués et les héros évoluaient à présent dans un champ de ruines où mêmes les routes étaient indiscernables. Dans son esprit, Shoto se repassait les détails des combats avec calme. Encore une fois, il avait été piégé par son habitude de commencer par la glace. Il s’était entêté trop longtemps à vouloir tenir tête à son père et il en payait le prix.

Un petit gémissement faible sur la gauche attira son attention. Lorsqu’il se tourna, il aperçut une petite main, dont les doigts terreux s’agitaient en sursauts réguliers.

— Tout va bien, je vais vous aider, déclara-t-il surpris par la fatigue dans sa voix.

Cela ne fut pas une mince affaire de caler ce gros débris avec de la glace, assez pour que la victime puisse être dégagée. La petite main semblait avoir disparu dans un trou dans le sol. Shoto se coucha et tendit sa main droite.

— Où êtes-vous ?

La joue calée contre un bloc de béton, il n’y voyait pas grand chose. Il resta un moment dans cette position avec le sentiment d’être un stupide avant d’avoir l’idée d’utiliser son autre main, qui aurait le mérite de pouvoir faire un peu de lumière. À genoux, il éclaira l’orifice. La victime portait d’interminables cheveux blonds et l’observait sous son indomptable touffe avec deux vastes yeux bleus. Elle ne portait qu’un reste de T-shirt qui ne dissimulait ni son ventre ni ses cuisses ainsi qu’un sous-vêtement crasseux. En temps normal, cela aurait mis Shoto quelque peu mal à l’aise mais ce qui le frappa, ce fut surtout la terreur sur son visage.


— C’est assez normal, pour une victime de catastrophe d’avoir peur non ?

— Oui, mais là c’était différent. Elle avait reculé, sinon j’aurais pu la tirer de là beaucoup plus vite. Elle me regardait, comme si j’étais dans le camp des vilains.

— Alors qu’est-ce que vous avez fait ?

— Je suis allé chercher Ochako. Elle pouvait m’aider à mieux soulever le débris et puis elle est bien meilleure que moi pour rassurer les victimes.


— Alors, dis-moi, quel est ton nom ? demanda la jeune héroïne à travers le trou.

Seul un petit gémissement plaintif lui répondit.

— Écoute, reprit la jeune femme, je vais soulever le débris, j’ai besoin que tu mettes tes mains devant ton visage d’accord ? Tu peux faire ça pour moi ?

Il y eut simplement un silence.

— Shoto, reprit Ochako, je ne vais pas pouvoir soulever ça et l’envoyer au loin je suis trop fatiguée, alors tu vas descendre, aller la chercher, et je rouvrirais pour que tu puisses la sortir d’accord ?


— Elle avait raison, c’était la manière la plus logique de procéder mais je ne sais pas pourquoi je n’avais aucune envie de descendre dans cette petite grotte avec elle.

— Vous avez peur du noir ou des espaces réduits ?

— Non pas du tout, mais bon…


La jeune femme utilisait visiblement ses dernières forces pour ce sauvetage, alors ça n’était pas vraiment le moment de flancher. Elle souleva le gravas et Shoto descendit, éclairant à nouveau les lieux avec ses flammes. La victime était recroquevillée, la tête dans les genoux, au point le plus éloigné possible. Shoto s’avança lentement, une anxiété indescriptible fichée dans le ventre.

— Parle-lui, Shoto, conseilla l’héroïne restée à l’air libre.

Il décida de suivre ce conseil, même s’il ne savait pas quoi dire.

— Écoute, tout va bien aller, on va te sortir de là et après on va te soigner et…


— J’étais là comme devant une pelote de laine emmêlée… j’ai mis longtemps à m’y résoudre.

— Vous résoudre à quoi ?

— La toucher. Je l’ai pris son épaule avec ma main droite.


Immédiatement, un concert de cris sauvages inonda la caverne. Shoto éteignit sa main pour la ceinturer de ses bras, non sans avoir reçu plusieurs coups au visage. Ensemble, victime et héros titubèrent misérablement jusqu’à l’ouverture. Le temps qu’il soit parvenu à la pousser presque contre son gré, elle lui avait mordu la main et arraché une épaisse poignée de ses cheveux rouges. Aussi, la surprise fut totale lorsque Shoto la vit prendre la main qu’Ochako lui tendait. Shoto se hissa à son tour pour les voir toutes les deux enlacées alors que l’héroïne caressait ses cheveux fous. À ce moment précis, il eut le sentiment d’avaler du plomb.


— Je crois que comprends comment tout cela a pu heurter vos sentiments.

— Ce n’est pas ça. Ce sont ces choses que je ne sais pas faire. Je ne sais pas parler aux gens, je ne sais pas toucher les gens. Quel genre de héros je suis, si les victimes ont peur de moi ?

— Cela arrive avec toutes les victimes ?

— Non, seulement celles qui n’ont pas toute leur tête.

— Et cette jeune femme, qu’est-elle devenue ?

— Il s’avère que c’était une des otages de Shigaraki, une des seuls à avoir survécu, sûrement parce qu’elle avait cherché à s’enfuir dès le début de l’assaut. Il collectionnait les alters qui attiraient son attention et enfermait leurs porteurs. On ne sait pas encore quel est le sien, la police cherche les informations dans les décombres. Pour le moment, elle reste avec Mirio et Eri. Elle ne parle pas, elle nne bouge que pour répondre à ses besoins vitaux… comme je disais elle n’a pas toute sa tête.

— Dites-moi, Shoto, est-ce que cela vous arrive parfois de vous sentir dans le camp des vilains ?

— Pourquoi dites-vous une chose pareille ?

— Parce que… je pense que la société des héros voudrait que les choses soient simples, il y a d’un côté les méchants et de l’autre les gentils… et c’est bien de s’attacher à disons… une certaine idée du bien… mais dans la vie de tous les jours, chacun de nos choix nous entraînent d’un côté ou de l’autre… Je vois que vous essayez de faire beaucoup d’efforts pour rester du côté des gentils, alors que pour d’autres, cela semble naturel, comme lorsque vous parlez de vos amis du lycée.

— Qu’est-ce que vous sous-entendez ?

Shoto semble hésiter à se lever, mais il ne le fait pas. Au lieu de cela, il croise ses bras sur sa poitrine.

— Je ne suis pas en train de dire qu’au fond vous êtes un méchant, Shoto, pas du tout. Je dis simplement qu’il y a quelque chose en vous qui pense ça. Vous pensez qu’il y a quelque chose de mauvais en vous. Je pense que c’est ça qui cause une grande partie de vos difficultés.

— Vous dites n’importe quoi  ! Je veux devenir un héros, je respecte les règles, enfin… la plupart du temps, je ne veux pas utiliser mon alter à des fins personnelles.

— Je ne dis pas le contraire Shoto…Je ne dis pas le contraire… Il y a peut-être une partie de vous, qui croit des choses irrationnelles…

— C’est l’heure non ?

— Non, mais vous pouvez y aller, on reparlera de tout ça la prochaine fois. Je vois bien que je vous ai bouleversé.

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