My Lost Hero

Chapitre 1 : Une rentrée mouvementée

1243 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/09/2024 19:55

Le dernier élève termina de lancer la balle. Son alter de contrôle de vent lui permettait d'atteindre une distance de presque un kilomètre. Fier de lui, il se pavanait déjà avant de rejoindre le joyeux groupe qui l'avait bruyamment applaudi. Loin d'être impressionné, Shota Aizawa glissa son outil dans sa poche et fit signe aux Secondes A de le rejoindre. Dés lors, les visages de fierté et de joie laissèrent place à un stress mal dissimulé. Qui allait être renvoyé ? Qui était le dernier élève ?

Comme d'habitude, le professeur leur avait raconté qu'il virerait le dernier de la classe à la suite des épreuves. Si le stress s'était installé chez eux au début, la détente et la joie d'utiliser leur alter lui avait vite fait oublier la menace. Mais à présent, la réalité les frappait de plein fouet. Aizawa savoura, avec sadisme, ces quelques secondes durant lesquelles il avait le contrôle, avant d'annoncer le résultat fatidique.

- Aiko Zanumi.

Pendant que la plupart soupiraient de soulagement, la pauvre Aiko, une gamine timide, semblait au bord des larmes. Elle avait eu un résultat médiocre aux tests de sport, seul son niveau de contrôle d'alter lui avait permis de remonter un peu le niveau, mais ce n'était rien comparé à ses camarades.

- Allez vous changer. Zanumi, reste avec moi. Nous devons aller voir le directeur pour ton renvoi.

Quelques-uns essayaient de la consoler, mais sous les yeux froids du professeur, ils n'insistèrent pas et partirent dans les vestiaires. Aizawa attendit quelques secondes et se dirigea vers le bâtiment, en songeant d'avance à son sac de couchage qui lui faisait envie.

La pauvre Aiko s'était mise à pleurer et imaginait déjà la réaction de sa famille. Eux qui comptaient tant sur elle pour qu'elle sauve la dignité de la lignée ! En entendant ses reniflements, le professeur ne ralentit pas et attendit de se retrouver devant la salle de classe des Secondes A pour s'arrêter et la dévisager. La gamine ne cachait plus sa détresse.

D'habitude, il leur laissait la nuit à stresser et à s'inquiéter pour les rappeler le lendemain. Ça leur permettait de donner le meilleur d'eux-mêmes par la suite, car ils savaient que Aizawa pouvait revenir sur sa décision et les renvoyer s'il considérait qu'ils ne faisaient pas assez d'effort.

Mais dans le cas des gamins déjà terrifiés, il ne voyait pas l'intérêt de les faire s'inquiéter davantage que quelques minutes, car ils connaissaient déjà la peur. Ces "déceptions rationnelles", comme il les appelait, avait toujours permis à ses classes de s'améliorer.

- Arrête de pleurer et va dans les vestiaires te changer.

Surprise, Aiko releva les yeux vers lui. Elle était tellement expressive que sa perplexité se lisait sur son visage.

- Allez, dépêche-toi avant que je ne change d'avis.

Elle voulut bredouiller un remerciement ou autre chose, mais elle se contenta de filer. Le professeur avait déjà songé à leur expliquer la vérité, mais il se disait qu'il avait une réputation à tenir. Plus il était exigeant, plus les élèves s'amélioreront. S'il leur disait qu'il comptait les virer pour les reprendre, ses "déceptions rationnelles" ne marcheront plus.

Il attrapa une compote dans l'un des tiroirs de son bureau et quitta Yuei. Plus précisément, il s'arrêta au portail pour avaler son précieux en quelques secondes tout en jetant un coup d'œil blasé à l'établissement. Hizashi Yamada était probablement en train de draguer la nouvelle prof des Secondes C. Il commençait déjà quand il l'avait quitté pour retrouver sa classe. Plusieurs élèves sortirent et lui souhaitèrent une bonne soirée, auquel il répondit à peine. Il pensait sérieusement à rentrer quand son meilleur ami apparut enfin.

- Shotaaaaaaaa ! Alors, tes pupiiiiils ?

Oui, il aurait mieux fait de rentrer aussitôt, finalement. Avec un soupir, il se contenta de répondre que c'étaient simplement des élèves et commença à s'éloigner. Yamada le suivit aussitôt.

- Ooooooh, un peu plus d'enthousiasme quand même ! J'ai regardé les dossiers, certains ont vraiment des alters intéressaaaaaaaaants !

Aizawa allait rétorquer qu'un alter était un alter et qu'il dépendait souvent de celui des parents quand il l'aperçut. Une gamine aux cheveux incroyablement bouclés vêtue d'un t-shirt et d'un pantalon, rien de plus banal. Sauf que la position dans laquelle elle était - accoudée contre une façade de magasin - et ses yeux qui se posaient naturellement sur lui laissaient entendre qu'elle les attendait. Le professeur d'anglais, trop concentré sur son exposé sur les alters, ne l'avait pas encore aperçu. Ils durent passer devant elle pour rejoindre le métro, et il se contenta de l'ignorer en continuant de marcher, mais, comme il le pressentait, elle les arrêta d'une voix :

- Excusez-moi ?

Il se retourna, déjà fatigué d'avance. Il décela un fort accent français dans sa voix. Au moins, son meilleur ami avait enfin fini de jacasser pour dévisager la nouvelle venue.

- Tu n'es pas à Yuei, toi.

Sans qu'il ne l'explique pourquoi, AIzawa se sentait mal à l'aise face à ses yeux d'une intensité rare, sans qu'il ne sache pourquoi. Il ne laissa rien paraître. C'était sans doute une collégienne qui n'avait pas réussi ses tests d'entrée et qui allait les supplier de l'accepter. Ou alors une fan de Eraser Head ou Present Mic qui souhaiterait avoir une autographe. Ce n'était pas courant, mais ce ne serait pas la première fois. Pourtant, elle ne paraissait ni impressionnée ni suppliante. Au contraire.

- Je ne suis pas à Yuei, confirma-t-elle. Mais j'y étais avant.

- Et donc ?

- J'aimerais parler à Nezu.

Son assurance et sa gravité fit froncer les sourcils au héros. Plus que tout, elle utilisait le nom du directeur. Pour qui se prenait-elle ? Il se contenta de soupirer, déjà agacé.

- Il n'en est pas question.

Visiblement, elle s'attendait à ce refus.

- M. Watanabe.

Ce nom lui disait quelque chose. Elle confirma ses pensées.

- C'était l'ancien professeur principal des Secondes A, tout le monde l'adorait. Il est mort à cause de vilains. Je suis sa fille.

Ah, oui. Nemuri lui en avait parlé.

- Ça ne change rien. On ne te connait pas.

- Je veux juste accéder aux archives de Yuei. Pour ça, il faut que je parle au directeur.

Yamada s'esclaffa.

- Yes, of course ! Écoute, on est désolé pour ton père, mais on ne peut rien faire.

- Je vous demande simplement de parler à Nezu de ma part.

Franchement énervé à présent, Aizawa se détourna d'elle et reprit son chemin.

- On a dit non. On ne reviendra pas sur notre décision.

- Je viendrai ici tous les jours. Un jour ou un autre, j'aurais accès aux archives.

Son ton lui déplut, mais il décida de laisser couler. S'il l'embêtait de trop, il l'emmènera au commissariat pour faire venir ses parents, avant de se rappeler que, selon ses dires, elle était majeure. Il s'efforça d'oublier cette gamine, quand il comprit soudainement pourquoi ses yeux l'avaient tant mis mal à l'aise.

Elle avait les yeux d'un adulte ayant côtoyé la mort.

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