Galaz

Chapitre 2 : Galaz

1666 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/07/2019 09:08

Makana s'en alla trouver son amant Sowaz. Celui-ci, voyant sa détresse, la réconforta en lui murmurant de douces paroles au creux de l'oreille, lui caressant les épaules pour la détendre, et il lui promit de retrouver son précieux trésor. Makana en fut rassérénée, car Sowaz était l'incarnation de la détermination, de la volonté de chercher la vérité. Il était associé aux énergies du Soleil et du Feu, et était constamment baigné d'une aura lumineuse. On l'appelait d'ailleurs Sowaz « Qui met en lumière ». C'était un puissant guerrier qui faisait partie de l'Héritage, cette nouvelle génération de Runholts.

Il partit à la recherche des boucles de sa belle, et deux jours plus tard, revint en lui annonçant fièrement qu'il les avait retrouvées. Lorsqu'il les lui présenta, Makana ne put retenir sa déception.

« Sowaz, tu t'es trompé, lui dit-elle. Ces boucles ne sont pas de bois, mais de glace ! »

« Vraiment ? Fit celui-ci. J'aurais pourtant juré t'avoir vue avec. »

« Tu fais erreur. » Affirma Makana.

« La prochaine fois, je reviendrais avec les bonnes ! En attendant, garde cette paire, elle te siéra à merveille. »

La jeune femme regarda les stalactites accrochées aux pendants d'un air dubitatif.

« C'est pour te faire savoir que mon amour pour toi est figé à tout jamais. » Lui assura Sowaz en l'embrassant tendrement.

Quelques jours passèrent encore et Makana se languissait de plus en plus de son bien. Alors Sowaz revint, victorieux.

« Cette fois, ce sont les bonnes, affirma-t-il. » Rayonnant.

Il lui présenta deux anneaux resplendissants, contenant chacun une scène du cycle de Vie-Mort-Vie, si cher à Makana. Exception faite qu'elles étaient en ambre.

« Hé bien ? Demanda Sowaz devant le silence de la jeune femme. N'es-tu pas heureuse ? »

« Elles sont merveilleuses, mais ce ne sont pas celles que je recherche. » Finie par répondre Makana.

« En es-tu sûre ? » Répliqua Sowaz, sceptique.

« Naturellement, j'en suis certaine ! S'écria Makana, perdant brusquement patience. Pardonne-moi. » Fit-elle en se calmant aussi soudainement qu'elle s'était emportée.

Makana était ce genre de personne qui tente constamment de réprimer ses accès d’humeurs négatifs.

« Allons, ce n'est rien, répondit Sowaz, magnanime. Je n'aime pas te voir si triste. Je trouverais tes boucles, promit-il de nouveau en l'attirant à lui. Garde néanmoins celles-ci pour preuve de ma dévotion envers toi. »

Des jours passèrent encore, et par deux fois Sowaz revint, mais il n'apportait toujours pas ce que Makana l'avait chargé de retrouver. Quand il finit par lui ramener un bracelet, elle en fut si contrariée qu'elle le renvoya hors de chez elle.


 

Galaz était attablé dans une taverne miteuse, entouré de ce qu'il considérait être une fort bonne compagnie : de l'alcool, des joueurs à plumer en tout genre, et des femmes. Une belle assise sur sa cuisse, il jetait les osselets avec enthousiasme, quand brusquement, les conversations baissèrent.

Il aperçut avec surprise Makana, qui fouillait la taverne embrumée du regard. Ses yeux vifs et perçants croisèrent ceux de Galaz.

« Toi ! » S’exclama-t-elle. « C’est toi que je cherche ! »

Aussitôt Galaz renvoya la femme assise sur ses genoux.

 « Déguerpissez ! » Souffla-t-il à ses acolytes.

Le temps qu'elle traverse la salle, il ne restait plus une pièce ni un osselet sur la table. Il adopta une attitude désinvolte et détendue.

« Prend un siège. » L'invita-t-il lorsqu'elle l'eut rejoint.

Elle s'assit. Une serveuse vint à leur rencontre. Galaz haussa les sourcils, attendant que la jeune femme passe commande.

« Une bière. » Demanda Makana à la surprise du jeune homme.

« La même chose pour moi. Je ne m'attendais pas à te voir ici. » Fit-il quand la serveuse fut repartie.

« Moi je m'y attendais. » Répliqua Makana.

Galaz accueillit la remarque d'un éclat de rire.

« Je suppose que tu n'es pas venue seulement pour boire un verre en si bonne compagnie. »

« En effet. » Avoua Makana qui n'avait plus l'air tant à son aise à présent.

« Alors que veux-tu ? »

« Il semble qu'il soit plus difficile que prévu de remettre la main sur mes boucles d'oreilles. » Fit la jeune femme d'un air embarrassé. Je sais que tu possèdes de bonnes affinités avec les Vents, et que presque rien ne leur échappe. »

« Tu veux que je t'aide. » Devina Galaz, savourant chaque miette de la situation.

« Je ne doute pas que Sowaz finisse par les retrouver, se justifia-t-elle. Mais simplement, cela irait peut-être plus vite si tu m'aidais toi aussi. »

Galaz resta coi, tout en arborant un petit sourire remplit d'une satisfaction qui fit enrager Makana.

« Naturellement, je suis prête à te rétribuer pour tes services, proposa-t-elle. J'accepte d'accélérer la gestation de ton dragon, mais pas avant que tu ne m'aies ramené mon artefact. »

« Voilà qui est un bon début. » Approuva Galaz.

« Un début ? » Releva Makana. « L'autre fois... »

« L'autre fois, coupa celui-ci, c'est moi qui t'ai proposé mon aide et tu m'as renvoyé comme le dernier des manants. Aujourd'hui, le tarif est plus élevé. »

« Et que veux-tu d'autre ? » Demanda Makana, tentant de contenir son exaspération. Galaz avait le don de lui porter sur les nerfs avec la rapidité liée à son élément. 

« Je ne sais pas encore. Répondit Galaz. Disons que tu me devras un service, qu'il te faudra me rendre sans rechigner quand je viendrais te le réclamer. »

« A certaines conditions seulement, objecta Makana. Tant que cela ne nuit pas à mon intégrité physique, ni à l'autorité des lois célestes. »

Galaz fit une petite grimace.

« Je m’en contenterais, céda-t-il. Trinquons, pour sceller cette nouvelle amitié ! »

 « Nous ne sommes pas amis. » Fit Makana en levant pourtant sa chopine.

« Dommage. Belles boucles d'oreilles au passage. » fit-il en désignant les anneaux d'ambre.



Galaz quitta Makana, et grimpa sur Rimgr. Le temps lui étant compté, il décida de sortir d'emblée les grands moyens.

« Porte moi sur la plus haute cime des Crocs Cinglants. » Demanda-t-il.

L'animal s'éleva d'un puissant coup d'ailes et s'éloigna. Bientôt, le royaume de Vindàr ne fut plus qu'une minuscule tête d'épingle pour Galaz. Rimgr le déposa au bord d'une saillie rocheuse qui surplombait les mondes. C'était un endroit désolé, battu par des vents furieux et frappé par de cinglantes rafales de grêles.

« L'accueil est toujours aussi chaleureux. » Remarqua Galaz.

Une faille se dessinait dans la roche, juste assez grande pour laisser passer un homme de front.

« On rentre chez toi. » Dit-il à l'adresse du griffon.

Celui-là eut un caquètement qui pouvait passer pour une exclamation de joie, et il disparut l'instant suivant. Car Rimgr n'était pas n'importe quel griffon. C'était le Prince des Vents, et il pouvait devenir aussi inconsistant qu'un souffle d'air. Galaz passa à travers la faille, un tout autre spectacle l'attendant au-delà. Il se retrouva dans un jardin baigné par le soleil. Les vents furieux s'étaient tus. Au centre du jardin, il y avait un trône sur lequel une femme était assise. Ses longs cheveux flottaient doucement autours d'un visage pourvu d'une beauté surhumaine.

Rimgr était déjà près d'elle. Il volait en cercle autour du siège, et semblait lui raconter mille choses, incompréhensibles aux oreilles humaines.

Cyclaste, déesse et Mère des Vents, l'écoutait, un sourire accroché aux lèvres. Puis, elle tourna un regard d'une profondeur insondable sur Galaz.

« Jeune Galaz, je vois que mon fils est toujours aussi heureux de partager ta compagnie. » Constata-t-elle.

« C'est un plaisir partagé, Mère des Airs. » Assura Galaz en s'inclinant avec grâce et respect. « Rimgr est une compagnie amicale et agréable. »

« Ce qui te change de tes rapports avec tes semblables. » Se moqua gentiment Cyclaste.

« Il est vrai que lui ne me juge pas ou peu. Parfois, il est plus simple de nouer des amitiés avec des êtres qui ne nous ressemblent pas autant que ceux de notre propre race. »

La déesse eut un sourire que Galaz ne put interpréter. Puis son visage se marqua à nouveau d’une profonde gravité.

« N'oublie pas cependant qu'il est important de garder des alliés parmi son propre peuple. La solitude de l'âme peut devenir un mortel poison. »

« C'est précisément pour cela que je suis là. Enjoliva Galaz. Une de mes bonnes amies a égaré un bien qui lui est fort précieux. Elle s'est enquise de mon aide et c'est la raison de ma présence ici. Je lui ai fait la promesse de retrouver au plus vite son trésor. »

« Parles-tu de cette pauvre Makana ? » Demanda Cyclaste. « Une fois encore, rien ne vous échappe. »

Cyclaste eut un soupir las.

« Certaines choses resteront à tout jamais incompréhensibles pour moi. Voilà des jours qu'elle verse des larmes pour ces babioles. »

« C'est un cadeau de sa mère qui compte beaucoup pour elle. Elle en tire une partie de ses pouvoirs. »

« L'attachement matériel est un concept qui m'est étranger, mais la « Va-nu-pieds » a gagné mon estime il y a longtemps, tout comme ton père. C'est pourquoi je veux bien te dire une partie de ce que je sais. C'est la jalousie qui à amener ton amie à perdre son précieux bien.

« Quelqu'un jalouserait à Makana ? » S'étonna Galaz.

La déesse acquiesça.

« C’est un vol de vengeance. »

Galaz passa de la perplexité à la surprise. Il s'estima déjà heureux que Cyclaste ait bien voulue partager si facilement un peu de ses informations. Il savait qu'il ne devait pas pousser sa chance. Un sourire finaud étira ses lèvres.

« Je n'imagine pas que Makana puisse susciter jalousie et vengeance. Voilà qui commence à devenir amusant ! »

« Vous autres Runholts, avez des distractions que j'ai du mal à saisir. Mais si cela te satisfait, tu peux prendre congé. »

Galaz remercia la déesse et s'en fut avec Rimgr.

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