L'histoire d'amour de Kakashi Hatake [En réécriture]
Chapitre 56 : Renaissance
Point de vue de Kakashi
Mon cœur est fracassé en milliers de morceaux. La pluie cesse enfin.
Les yeux fermés, prostré dans la boue, j’ai l’impression de sentir leurs chakra qui m’enveloppent. Ils me libèrent je le sais. Je pleure doucement cette fois, mes sanglots ont cessé et je m’apaise. Je laisse défiler devant mes yeux tous mes souvenirs avec eux, toutes les images les plus fortes de leurs vies que j’ai gravées dans ma tête. S’ils sont là avec moi, j’espère qu’ils les voient jouer dans mon esprit.
Je reste ainsi, trempé et à même le sol pendant des heures. Petit à petit mes larmes s’assèchent et mon cœur commence sa longue reconstruction dans un monde où je ne reverrai plus jamais Rin et Obito.
Lorsque le soleil se lève, je rentre chez moi.
*
J’enlève simplement mes habits dans un état pitoyable, pour me glisser dans mon lit. Je me roule en boule, caché sous ma couette et je ferme les yeux. Mon cerveau est complétement vide, je suis vide, je suis exténué d’avoir tant pleuré alors je m’endors rapidement.
*
Je ne bouge pas de mon lit pendant deux jours. Alternant entre le sommeil, des périodes d’absence où je ne pense à rien et des périodes où je pense à eux.
Le troisième jour, je me réveille en fin de journée et je me sens apaisé. Comme libéré d’un énorme poids, je ne pense plus à eux avec souffrance mais avec bonheur, il était temps. Je pense à nos souvenirs et je souris, je les retrouverai un jour, dans la mort et je leur raconterai la vie heureuse que j’ai eu. C’est ce qu’ils voudraient, j’en suis désormais convaincu, j’ai toujours été celui qui pouvait me libérer moi-même, c’est moi qui n’arrivais pas à les libérer et ils m’en ont donné la force ces derniers jours.
J’espère qu’ils le sont eux-mêmes maintenant, qu’ils ont compris que je m’en sortirai sans qu’ils veillent sur moi. Je laisse Hanako reprendre doucement la quasi-totalité de la place dans mon cœur, sans culpabilité et sans souffrance. Je pense à tout ce que j’aime chez elle, et je pense surtout à ses sourires et ses rires lumineux. Elle est le soleil qui a su réchauffer mon cœur si froid… J’aurais tellement aimé qu’elle les rencontre, mais elle les rencontrera ailleurs, dans longtemps j’espère.
Je pense à son contact chaleureux et réconfortant et je trouve l’impulsion de me lever pour changer mes draps où j’ai mis de la boue puis je vais me doucher. C’est thérapeutique, je me lave de mes souffrances, je laisse couler avec l’eau la tristesse qui m’habitait.
Je prends un sac à dos dans lequel je glisse des tee-shirt, un ou deux shorts et quelques tenues de travail. J’y mets pas mal de livres également et je pars chez elle.
*
Lorsque je passe la porte, elle se retourne vivement et en lâche sa tasse, heureusement vide. Je bondis et la rattrape avant qu’elle ne se casse au sol – je sais qu’elle y tient, elle l’utilise tout le temps. Je la pose sur son plan de travail, et je la prends dans mes bras alors que ses yeux sont toujours écarquillés. Elle pleure doucement et je la serre fort, je laisse son aura m’envahir des pieds à la tête, son odeur me réconforter et elle s’agrippe à moi comme si sa vie en dépendait.
Je l’ai vraiment laissé tomber, sans aucune nouvelle depuis trois jours en partant au milieu de la nuit… Je lui avais dit que je ne le ferais plus jamais, je lui avais promis bon sang.
Je tombe à genoux devant elle :
- Je suis tellement désolé de t’avoir laissé comme ça mais…, commence-je d’une voix cassée.
Elle tombe à genoux devant moi et me prends dans ses bras en me coupant :
- Chut… ça n’avait rien à voir, je n’ai rien à te pardonner, j’espère juste que tu vas bien, chuchote-t-elle.
Elle serre ma tête contre sa poitrine, presque maternellement, alors je ferme les yeux et elle me berce tout doucement. Ça me fait un bien fou, je me sens enveloppé dans sa chaleur, en sécurité, apaisé par les battements réguliers de son cœur, je pourrais rester ainsi toute ma vie.
Je n’ai aucun souvenir de ma mère, pourtant alors qu’Hanako me berce contre elle, j’ai l’impression d’être un petit garçon dans les bras de sa maman et une larme roule sur ma joue.
Nous restons ainsi un long moment, j’ai l’impression qu’elle cimente le cœur que j’ai reconstruit difficilement ces derniers jours. Elle absorbe toutes les traces de tristesse qui restaient au fond de moi et elle m’enveloppe de son amour inconditionnel…
J’ai brisé mon armure froide et rigide il y a trois jours, et depuis je me sens tellement vulnérable au creux de mon lit... Mais à cet instant, je peux presque sentir sur ma peau se déposer comme une nouvelle armure faite de tout l’amour et le soutient qu’elle me témoigne depuis que je la connais. Je sens que je ne serai plus jamais seul et que je pourrai toujours compter sur elle. Si j’avais une bague avec moi, je la demanderais en mariage maintenant. Ce ne serait probablement pas le moment le plus opportun ceci dit, je n’en sais rien.
Je profite encore de sa douceur, jusqu’à ce que je sourie de bien-être contre sa peau chaude et que je reprenne ma place d’adulte. Je me redresse et je l’attrape pour la glisser sur mes cuisses, puis je passe mes bras autour de son dos pour la câliner en posant mon front contre le sien :
- Est-ce que je peux mettre des affaires chez toi ? demande-je doucement.
- Rien ne me rendrait plus heureuse.
Elle m’embrasse tendrement et mon cœur s’envole. J’ai l’impression que je ne l’ai pas embrassé depuis des mois, comme si je redécouvrais cette sensation sans la culpabilité qui allait toujours avec et c’est encore meilleur.
- Je t’aime plus que tout au monde, lui murmure-je.
- Et moi je t’aime plus encore que ça, répond-elle en souriant.
Après un long câlin supplémentaire, nous nous levons et elle prend mon sac pour regarder ce que j’ai emmené, elle est toute contente de voir que j’ai pris autant d’affaires et nous faisons une petite place dans sa commode pour moi ainsi que dans sa bibliothèque pour les livres que j’ai pris.
- Est-ce que tu sais quand nous partons en mission ? demande-je alors.
Ça fait des jours que je suis complétement déconnecté de la réalité, ils auraient pu partir sans moi.
- Hé bien… Minato … en fait il passe me voir tous les jours et il t’attendait plus ou moins, dit-elle.
- Quoi ? m’étonne-je.
J’avais même oublié qu’il était là le soir où je suis parti. J’ai l’impression d’avoir vécu une vie tout entière pendant ces trois jours.
- Il est resté avec moi la nuit où tu es parti, m’explique-t-elle. Je pleurais et il est resté dormir pour ne pas me laisser toute seule. Depuis, il passe tous les soirs pour voir si je vais bien et si tu es revenu, il m’a dit qu’il fallait que je te laisse, que c’était très important, c’est pour ça que je ne suis pas venue... Il m’a aussi assuré que tu reviendrais quand tu serais prêt… et il refuse de partir sans toi au pays des fougères alors la mission est un peu suspendue depuis.
Une émotion violente me serre la gorge, de l’amour en fait. J’aime profondément Minato. J’ai l’impression que je pourrais pleurer encore, visiblement je suis toujours à fleur de peau… Je n’en reviens pas qu’il ait pris soin d’elle ainsi pour me laisser le temps de me remettre, il est toujours là pour moi :
- Il avait raison, j’avais besoin de faire ce chemin depuis longtemps, seul, confirme-je d’une voix cassée.
Elle me regarde avec compréhension et je me noie dans ses yeux réconfortants. Elle ne sait peut-être même pas ce que j’ai fait, même si je me doute que Minato le sait lui, mais je préfère être honnête :
- Je les ai laissé partir Hanako, j’ai laissé partir Rin et Obito. Je suis libre, je leur ai dit au revoir…, murmure-je faiblement.
- Je sais mon amour, et je suis tellement fière de toi, répond-elle en se levant sur la pointe des pieds pour m’embrasser en attrapant mes joues.
*
Elle m’installe sur le canapé avec un plaid et un livre, me bordant maternellement avant d’aller me préparer mon plat préféré pour le diner et j’adore qu’elle s’occupe de moi comme ça.
Je lis un peu mais je la regarde surtout, je la regarde juste être elle. Quelle mère formidable elle ferait, elle est l’âme d’un foyer à elle toute seule… Je l’imagine avec un ventre arrondi et je souris jusqu’aux oreilles, si je devais avoir des enfants un jour, je serais si fier qu’elle soit leur mère…
Après avoir toqué rapidement, Minato entre avec un petit air triste jusqu’à ce qu’il me voie dans le canapé et qu’un sourire naisse sur son visage. Je me lève sans un mot et ses yeux s’arrondissent lorsqu’il me voit tendre les bras dans sa direction en approchant.
Je sens qu’il échange des regards interloqués avec Hanako alors que je le prends dans mes bras mais je m’en fiche. Je ne risque pas de me permettre de refaire une chose pareille alors je tiens juste à profiter, il est le dernier maillon de la chaîne de ma reconstruction. Il est le senseï de l’équipe que j’ai perdue, le père que j’ai perdu, il est mon modèle en ce bas monde, mon unique référence stable dans le temps.
Il me serre contre lui comme Hanako tout à l’heure, paternellement, et je me laisse aller à son étreinte en profitant au maximum :
- Merci pour tout senseï, pour tout. Je vous aime comme un père, dis-je.
Il resserre son étreinte autour de moi et je sens qu’il est touché au plus profond de son cœur :
- Et je t’aime comme un fils Kakashi. Je suis tellement fier de toi, tu ne peux même pas imaginer. Il était temps que tu leurs dises au revoir, ils doivent être très fiers de toi et très heureux.
Je suis encore ému lorsque je lâche Minato et j’ai quelques larmes dans les yeux qui menacent de tomber. Nous nous regardons quelques instants dans l’émotion puis Hanako lui propose de rester manger avec nous, ce qu’il accepte.
Nous sommes dans la même disposition qu’il y a trois jours, pourtant tout est différent pour moi. Je me sens heureux, profondément heureux, quel bonheur d’avoir lâché toute cette peine que je traînais constamment avec moi. J’ai l’impression de revivre, que tout m’est possible, je tiens Hanako contre moi sans gêne et je ris aux éclats sans culpabilité lorsqu’ils plaisantent.
- Nous partirons sûrement après-demain à l’aube si c’est bon pour toi Kakashi, je voulais t’attendre, m’apprend Minato.
- Evidemment senseï, je ne vous ferai pas perdre plus de temps, confirme-je.
- Je sais que tu aimes la protéger, alors nous n’allions pas partir sans toi, dit-il gentiment.
J’ai un petit rire presque hystérique et il m’interroge du regard.
- Oh vous savez… je m’inquiète plus pour la santé de nos ennemis que pour la sienne maintenant, vous ne pouvez pas imaginer les progrès qu’elle a fait je crois, dis-je en la regardant avec fierté.
Elle me regarde avec un beau sourire lumineux et j’embrasse sa main, la faisant rougir automatiquement.
- Ah bon ? demande Minato avec curiosité en la regardant.
- Kakashi exagère senseï, tempère-t-elle.
- Non, je vous assure que je n’exagère pas, confirme-je.
J’arbore un grand sourire, toujours fier comme un paon en la dévorant des yeux.
- Ça me fait plaisir de te voir rayonner Kakashi, commente Minato.
*
Minato est parti et je débarrasse nos affaires pendant qu’elle prend une douche. Lorsqu’elle sort, elle porte sa petite robe de soie blanche et a les cheveux attaché au-dessus de la tête. Je l’admire une seconde et je fonce sur elle pour la prendre contre moi par derrière, posant ma joue contre la sienne :
- Tu es magnifique, je ne sais pas si tu le sais mais c’est comme ça que je te préfère, à la maison, dans cette robe, avec cette coiffure… La première fois que je t’ai vu comme ça, c’est la première nuit où j’ai dormi ici. C’est immédiatement devenu ma vision préférée au monde et ça n’a pas changé depuis, murmure-je.
Je sens la peau de sa joue qui chauffe et je la câline une seconde avant de la laisser rejoindre la chambre. Je me cale dans l’encadrement de la porte et je pense à la première fois où je suis venu ici dormir avec elle, j’étais timide à l’idée de dormir dans son lit que je considère désormais comme le mien… c’est dingue.
- Tu es bien rêveur ce soir, commente-t-elle gentiment.
- Je ne rêve que de toi, réponds-je, séducteur, ce qui déclenche son rire.
Elle s’installe sous les draps et je la rejoins dans notre position favorite pour discuter le soir :
- Je me sens vraiment très heureux, commente-je.
Elle a un petit rire :
- Ça me rend très heureuse aussi, dit-elle en caressant mes abdos tendrement.
Je repense à notre soirée et je me mets à rire, à rire franchement, presque de façon incontrôlable :
- J’ai fait un câlin à notre Hokage ! m’exclame-je sans m’arrêter.
- C’est vrai que tu n’as pas fait les choses à moitié, il a ouvert et tu lui as sauté dessus sans autre forme de procès ! glousse-t-elle.
Nous rions un moment puis le silence retombe et elle pose ses yeux hésitants sur moi :
- Kakashi je peux te poser une question ?
- Bien sûr.
- Pourquoi as-tu été si gêné quand Minato a cru que nous habitions ensemble ? Tu trouves que tu passes trop de temps ici ? demande-t-elle timidement.
- Non ! Comment peux-tu penser ça ? Je viens d’emmener des affaires ! me récrie-je.
- Justement, je ne comprends pas… Même si j’en suis ravie.
Je réfléchis et me remémore notre soirée d’il y a quelques jours, perdant mon sourire :
- Tu vas te moquer si je te le dis, marmonne-je.
- Tu sais très bien que non, réplique-t-elle.
- Je n’apprécie pas que… non je ne peux pas te le dire, c’est trop vieille école.
- Kakashi ! dit-elle en se redressant.
Je plonge mes yeux dans les siens et comme chaque fois que je le fais je retombe amoureux d’elle encore et encore, me poussant à être honnête :
- Je n’apprécie pas que les gens, et particulièrement mon senseï, pensent que nous habitons sous le même toit sans être mariés. Je sais que c’est très vieux jeu comme façon de penser et qu’on a largement franchi les stades qui exigent le mariage dans la tradition mais je ne sais pas…
Elle devient toute rouge et m’embrasse dans la foulée. Je sens sa peau brûler contre la mienne alors je détache mes lèvres des siennes :
- Pourquoi tu rougis à ce point ? Tu me trouves ridicule ? demande-je en plissant les yeux.
- Non non, je comprends, dit-elle simplement.
- C’est vrai … ? m’étonne-je.
- Embrasse-moi Kakashi, demande-t-elle en rougissant de plus belle.
Je plisse encore les yeux pour tâcher de comprendre son comportement.
- Ça fait trois jours que je ne t’ai pas vu, embrasse-moi tout de suite ! ordonne-t-elle.
J’obéis immédiatement à son ordre, je ne vais pas la contrarier après ça. Mais alors que je l’embrasse passionnément, un lien se crée tout seul dans ma tête et je me redresse brusquement :
- C’est l’idée du mariage qui te trouble ainsi ?! Parce que si tu es contre le mariage…, commence-je.
- Non ! Non ! Je suis pour le mariage, se récrie-t-elle l’air affolée en saisissant mon visage dans ses mains.
Je me détends, cette nouvelle me soulage honnêtement et elle reprend :
- C’est toi qui me troubles Kakashi, il n’y a que toi qui me troubles constamment, parce que je suis profondément folle de toi, alors arrête de te poser des questions et embrasse-moi, continue-t-elle.
Je l’embrasse donc, heureux comme un paon de notre discussion. Lorsque je m’endors contre elle, c’est avec le sourire, des images plein la tête de Madame Hatake.