Kiri no Kodomo

« Allez les jeunes, prouvez-moi que vous n’êtes pas aussi naze que vous ne le paraissez » les provoque Anko-sensei avant de disparaître dans la forêt.

Les trois aspirants se regardent, perplexes. La voix de leur sensei émane alors de la forêt, semblant provenir de partout à la fois :

« Il va vous falloir récupérer le parchemin que j’ai caché au cœur de la forêt. Mais, attention, j’y ai placé des pièges. Vous avez 24 h, amusez-vous bien ! »

L’objectif devient clair et, sans se concerter, l’équipe 1 se plonge sans hésiter dans la forêt. Avec leurs capacités de perception, les jumeaux repèrent assez vite Anko qui se tient à bonne distance, tout en restant assez proche pour les observer. D’un regard, ils confirment ce que l’autre pense : la mission n’est pas ce qu’elle paraît.

Hiroki est anormalement silencieux. Aux aguets, il sait être le plus faible du groupe, mais n’a pas l’intention de les laisser avoir le beau rôle pour autant. En gardant tous ses sens en alerte, il bouge moins vite et ralentit le groupe. Les jumeaux s’adaptent à leur camarade sans lui en tenir rigueur, conscients qu’il n’est pas habitué à la pression d’une mission. Pour eux, c’est plutôt familier. Ils ne sont pas partis en mission depuis plus d’un an, mais reprennent leurs marques rapidement.

Après quelques minutes à voltiger d’arbre en arbre, Kazuto arrête le groupe. Il a repéré le premier piège. Un fil relié à des parchemins explosifs.

« Elle ne rigole pas avec les pièges, la sensei », ironise Kazuto.

« Elle est complètement folle, oui ! rétorque Hiroki. On aurait pu se tuer.

— C’est tout le principe d’une épreuve de survie, intervient Kotsuki. Tes ennemis chercheront à te tuer dehors.

— Oui, mais on n’est pas encore dehors. »

La voix d’Hiroki trahit sa peur.

« Ne t’inquiète pas, personne ne va mourir. On est habitué, à Kiri, c’était toujours comme ça. Tu vas t’y habituer, toi aussi. »

Kazuto se voulait rassurant. Hiroki réalise à quel point le niveau qui le sépare des jumeaux va être compliqué à combler. Ils sont trop à l’aise.

« Allez, on continue et on reste ensemble. Je prends la tête avec Kotsuki, pour repérer les pièges. Hiroki, tu seras l’arrière-garde. Fais en sorte qu’aucun ennemi ne nous prenne à revers. »

Le groupe reprend sa route, à l’affût du prochain piège. Kazuto n’a pas besoin d’arrière-garde, ses sens étant largement suffisants. Mais il fallait donner un rôle à Hiroki, qu’il ait l’impression d’être utile, mais sans risquer de tomber dans un piège. D’autres parchemins explosifs sont d’ailleurs disséminés sur leur trajet, accompagnés de bombes lance kunaï ou encore de troncs d’arbre au bout d’une liane. Mais tous ces pièges tracent le chemin à suivre pour trouver le rouleau qui mettrait fin à la mission.

Ils avancent lentement, Hiroki légèrement derrière. Kotsuki s’arrête à chaque piège, montrant à Hiroki comment les repérer. S’ils sont amenés à faire toutes leurs missions ensemble, autant lui apprendre ce qu’elle sait pour qu’il puisse se rendre utile à l’avenir.

D’abord nauséeux, Hiroki se détend peu à peu grâce à ses camarades qui font preuve de patience et de pédagogie.

Kazuto continue de traquer la présence de leur sensei. Elle les observe toujours. Mais il ne sait pas qu’elle est très satisfaite de ce qu’elle voit.

Le groupe continue d’avancer assez facilement. Hiroki est même passé devant, soutenu par Kotsuki pour détecter les pièges. Ils pensaient avoir compris la logique de leur sensei… Jusqu’à ce qu’une ombre gigantesque surgisse devant eux.

Évidemment, c’est quand on met Hiroki devant que le schéma de pièges change. Cette fois, c’est un serpent géant qui fait face au groupe. Le sang d’Hiroki se glace. Les jumeaux, eux, réagissent au quart de tour. Kotsuki attrape Hiroki et esquive la morsure du serpent. Kazuto, quant à lui, utilise une permutation, ne voulant pas se déplacer pour que le serpent se concentre sur lui, augmentant les chances de fuite du reste du groupe.

Là, s’en est trop pour Hiroki. Il est hors de question qu’il soit un poids plus longtemps. Il se dégage de l’étreinte de la kunoichi et s’élance pour affronter le reptile. Kazuto, grâce à ses capacités sensorielles, comprend ce que fait Hiroki. Ne pouvant l’en empêcher, il décide de détourner l’attention de la créature :

« Hey, le sac à main ! Je vais pouvoir ouvrir une boutique avec ton cadavre. »

Le serpent repère le ninja aux cheveux rouges et s’apprête à lui sauter dessus, mais, au même moment, Hiroki le frappe de son juken, le poing souple. L’intérêt du reptile se porte immédiatement sur le jeune Hyuga. Avec sa queue, il l’enlace fermement et part se cacher dans la forêt, les jumeaux à sa poursuite.

Après quelques secondes de course-poursuite, deux autres serpents s’interposent devant les deux ninja poursuivants. Cette fois, Hiroki n’étant plus là pour les observer, ils peuvent se lâcher complètement. Ne souhaitant pas dévoiler leur force réelle à leur camarade, ils ont sciemment bridé leurs capacités et limité leurs techniques. Mais cette fois…

« Hyōton, Hyōjin no Mai (La danse de la Lame de Glace) »

Un katana de glace se forme dans la main de Kazuto qui découpe la tête du serpent ayant osé lui faire face.

« Shikotsumyaku, Tsubaki no Mai (La danse du camélia) »

Un katana osseux, façonné à partir de l’humérus du bras de la kunoichi, trancha la tête du second reptile.

De leurs regards n’émanent aucune émotion. En cet instant, ils ne sont plus que des armes. Redoutables. Efficaces.

La traque reprend, le serpent fuyard n’a pas eu le temps de les distancer.

Devant la puissance de ses élèves, si elle veut que l’équipe soit bel et bien séparée, il faut qu’elle intervienne et coupe elle-même la route aux jumeaux. Ils la repèrent en un instant et sont prêts quand elle apparait devant eux.

« Vous êtes très fort. J’ai lu votre dossier avant de vous prendre comme élève. Je n’en attendais pas moins de vous. »

Comme à son habitude, lorsqu’il est en mission, Kazuto ne discute pas.

« Ninpo, Kirigakure no Jutsu (Camouflage dans la brume) »

Une brume épaisse se forme en quelques instants, cachant les jumeaux aux yeux de leur sensei. Silencieuse comme une ombre, Kotsuki attaque Anko sans tarder. La jônin se défend avec un kunaï qui se brise au contact du katana osseux de son élève, l’obligeant à esquiver de justesse le coup qui aurait pu la blesser gravement.

« Vous attaquez pour tuer. C’est bien ! »

Kazuto attaque à son tour, d’un coup de katana qui l’aurait coupée en deux dans le sens de la hauteur. Mais Anko anticipe l’attaque. La brume ne sert à rien contre elle. Elle ressent le chakra par les pores de sa peau, tel un serpent. Elle stoppe l’attaque facilement en joignant ses deux mains sur la lame de glace.

« Tss », lâche Kazuto, vexé.

Elle poursuit son mouvement :

« Sen'ei Jashu (La poigne du serpent spectral) »

Quatre serpents sortent alors de sous sa manche, s’enroulent autour du bras du jeune garçon, remontent jusqu’au cou et mordent.

Kazuto éclate. C’était un clone aqueux. Un sourire carnassier aux lèvres, elle est fière de son élève. Il a réussi à la duper. Le vrai Kazuto est derrière elle.

« Suiton, Suiro no Jutsu (La prison aqueuse) »

Le jeune ninja enferme son sensei dans une sphère d’eau. Ayant retenu la leçon lors de son combat contre Asuma, il enchaîne :

« Hyōton, Mizu no Sekka (Pétrification de l’Eau) »

La sphère d’eau gèle instantanément, emprisonnant la jônin.

« Mizu Bunshin no Jutsu (Clone aqueux) »

« Mon clone va rester avec vous en maintenant ma technique. Quand nous serons hors de portée, il s’évaporera, comme la prison aqueuse. Vous serez alors libre », explique Kazuto à son sensei, toujours vivante malgré la glace. Il n’avait évidemment pas l’intention de la tuer.

Les jumeaux reprennent la route sans tarder. Laissant Anko derrière eux, souriante et fière.

Après une centaine de mètres, Kazuto s’arrête. Il veut continuer vers le centre de la forêt, vers leur objectif. Mais Kotsuki semble vouloir aller ailleurs.

« Tu vas où, là ? demande Kazuto.

— Chercher Hiroki, il est par là.

— Attends, on s’en fout d’Hiroki. La mission d’abord, on s’occupera de ce boulet plus tard.

— T’es vache là. Il apprend vite en plus.

— Ça ne l’a pas empêché de se jeter sur le serpent alors que tu l’avais sauvé, répond Kazuto amer.

— Oui, mais je pense que le sauver est le vrai objectif de la mission.

— Ah bon ?!

— Oui. À tous les coups, on réussit l’examen même sans le rouleau si on le sauve.

— Ok, je te suis. »

La fratrie s’engage alors à la poursuite du jeune Hyuga.

« Qu’est-ce qui te fait croire que sauver Hiroki est le véritable objectif de l’examen ?

– Les serpents étaient là pour nous séparer. Et quand ils ont échoué, Anko-sensei est intervenue. En plus, on l’a vaincue trop facilement alors qu’elle connait toutes les techniques qu’on a utilisées contre elle.

— Tu as sans doute raison… Je n’y avais pas pensé. »

C’est évident maintenant qu’il y pense. C’est pour ça qu’ils sont groupés par équipe, pour développer un esprit d’équipe. L’ANBU aussi fonctionne en équipe, raison pour laquelle ils surpassent les forces spéciales de Kiri qui misaient sur les individualités. C’est aussi pour ça que lui et sa sœur sont si efficaces : ils travaillent toujours en équipe.

Pendant ce temps, Hiroki se débat avec son ravisseur. Ses mains étant bloquées par l’étreinte du reptile, il tente d’employer le jûken par tous les pores de sa peau pour le blesser. Malheureusement, il n’y parvint pas suffisamment pour lui faire lâcher prise. Émaner du chakra par le bout des doigts ou la paume de sa main, ce n’est pas évident, mais ce n’est rien comparé à la difficulté de le faire par tous les pores de sa peau. Ce n’est pas pour rien que cette technique est réservée à l’élite des Hyuga.

Malgré les assauts répétés d’Hiroki, le serpent continue sa course, inlassablement. La fatigue et la douleur se font vite ressentir et la peur prend place dans le cœur du jeune ninja : comment vais-je m’en sortir ? se demande-t-il désespéré. Respirer devient de plus en plus compliqué, la panique gonflant sa poitrine, laissant moins d’espace pour respirer dans cette prison d’écailles rugueux. Il se demande si Kazuto ou encore Anko-sensei viendront le sauver. Kotsuki, elle, viendrait sûrement. Elle s’est montrée d’une grande gentillesse dernièrement. Il ressent de la honte en repensant à son comportement passé à son égard. Mais son frère pourrait facilement la convaincre de l’abandonner. Il se sent très seul.

Pourtant, c’est bel et bien le visage de Kazuto qu’il voit lorsqu’enfin l’étreinte du serpent se desserre. Il ne le regarde pas, il est concentré sur son adversaire. Son regard est déterminé, implacable. Hiroki ne l’oubliera jamais. La tête du serpent tombe pendant que Kotsuki délivre son camarade.

« Est-ce que tu vas bien ? demande-t-elle, l’inquiétude perlant dans sa voix.

— Euh… Oui, ça va, répond-il, malgré ses muscles congestionnés, pendant que la kunoichi l’examine.

— C’est toi qui as fait ça ? demande Kazuto.

— Fait quoi ?

— Ça ! dit Kazuto en montrant la queue du serpent, brûlée par du chakra. »

Choqué par les brûlures qu’il a infligées, Hiroki reste muet, fixant ses mains comme si elles ne lui appartenaient plus. L’aîné de la fratrie Yuki, quant à lui, a bien compris ce que son camarade a essayé, s’étant renseigné sur les pouvoirs des Hyuga. Ce qu’il a fait est loin d’être anodin. Lorsqu’il débloquera son byakugan, son potentiel sera incroyable.

Kotsuki finit d’effectuer les premiers soins sur les blessures d’Hiroki et le groupe se remet en route : il est temps de récupérer le parchemin et de sortir de cette forêt. Une fois arrivés à destination, Anko les y attend. On ne voyait aucune trace de son combat contre les jumeaux sur elle.

Le groupe se regarde, satisfait d’être arrivé ensemble jusqu’ici.

« Félicitations les jeunes, vous avez réussi. Vous êtes désormais, officiellement, des genin de Konoha ! »