La tentation : Sakura Haruno
Chapitre quatrième
Assise dans le cockpit du petit monomoteur particulier de Mogami Haruno, Sakura n’était guère rassurée.
Devant elle, attentif aux instructions émises par la radio de bord, Sasuke n’attendait plus que l’autorisation de la tour de contrôle pour décoller. Et pendant ce temps, Sakura sentait le malaise monter en elle. Craignait-elle seulement la perspective de prendre l’air dans un avion aussi petit, ou bien appréhendait-elle ses prochaines retrouvailles avec son oncle ? La présence si proche de Sasuke devant elle n’était peut-être pas non plus étrangère à sa nervosité. Il lui aurait suffi d’un geste pour toucher son épaule.
Enfin, il se retourna vers elle et lui fit signe d’enfiler son casque. Elle obtempéra et, aussitôt après, une voix métallique résonna à ses oreilles.
- Nous allons décoller, Saku. Gardez désormais votre casque sur la tête. Nous ne nous parlerons plus que par radio pendant le reste du voyage.
« Charmant moyen de communication ! » se dit Sakura en opinant.
Sasuke amena l’avion en bout de piste et l’immobilisa. Puis l’appareil se mit à vrombir avec une intensité accrue, comme un cheval de course rongeant son frein avant le départ. Tout à coup, la radio lâcha un signal que Sakura ne comprit pas, et l’avion se mit à rouler à une vitesse qui devint vite vertigineuse.
Jusqu’alors, elle n’avait jamais emprunté que les gros porteurs des compagnies aériennes. Le souffle coupé, elle se sentit collée au dossier de son siège, alors que le bitume défilait sous elle à toute allure.
Son angoisse atteignit son comble lorsqu’elle aperçut au loin l’autre extrémité de la piste. L’avion parviendrait-il à décoller à temps ? Elle ferma les yeux et formula une fervente prière.
Et cette prière fut sans doute exaucée, car elle entendit crépiter dans son casque la voix sèche de Sasuke.
- Tout va bien, rassurez-vous. Vous pouvez ouvrir les yeux, maintenant.
Elle obéit à regret, humiliée de s’être laissé surprendre en flagrant délit de couardise. Mais Sasuke semblait déjà penser à autre chose. Penché sur une carte, il étudiait son itinéraire.
- Le vol s’annonce sans problème, continua-t-il. Nous bénéficierons d’un ciel clément. Le beau temps de ce matin tiendra au moins jusqu’à midi. Seuls les sommets des montagnes les plus élevées se perdent dans les nuages.
Par la vitre du cockpit, Sakura lança un regard vers le sol, et ses yeux s’écarquillèrent. En quelques minutes à peine, l’avion avait pris une altitude considérable. Les champs en contrebas formaient une sorte de puzzle aux pièces multicolores.
- Comme la campagne mexicaine est belle, vue d’ici !
- Alors, cela vous plaît, finalement ?
- On profite bien mieux du paysage dans un petit avion que dans un gros. Je l’ignorais.
Sasuke se tourna vers elle de trois quarts et sourit.
- L’aventure a aussi ses bons côtés, vous voyez.
- Pardonnez-moi mes appréhensions. Je suis tout à fait rassurée, maintenant.
- Inutile de vous excusez. J’ai tellement volé dans ce genre d’appareil que j’en oublie parfois à quel point c’est impressionnant la première fois.
- Depuis combien de temps pilotez-vous ?
- Si longtemps que je ne me souviens plus.
- Vous aimez cela ?
- En tout cas, c’est la méthode la plus rapide que je connaisse pour voyager.
- Où avez-vous passé votre brevet de pilotage ?
Face à cette avalanche de questions, Sasuke se rendit compte que la nervosité de Sakura subsistait encore. Il ne brûlait guère de lui révéler tous les détails de sa vie mais, se dit-il, quelques anecdotes ennuyeuses parviendraient peut-être à endormir sa charmante passagère. Ainsi, il serait tranquille pendant le reste du voyage…
- J’ai appris à piloter lorsque je servais dans l’aviation japonaise.
- Vous travailliez dans l’armée ?
- Je me suis engagé dès la fin de mes études à l’université. Cela me paraissait une bonne idée, à l’époque.
- Combien d’années avez-vous passées sous les drapeaux ?
- Six. Puis je me suis aperçu que je gagnerais plus d’argent en monnayant mes talents dans le civil.
- À quoi faire ?
- À piloter de petits avions de ligne. J’ai volé pour une compagnie privée en Espagne. Et me voilà au Mexique.
Sakura se tut un instant, et Sasuke espéra qu’elle s’assoupirait. Au lieu de quoi, la jeune femme semblait tout à fait éveillée.
- Votre famille ne voit pas d’inconvénient à ce que vous viviez en permanence à l’étranger ?
- Ma famille ? Je suis le fils cadet. Ma mère et mon grand frère sont morts dans un accident de la route, alors que j’achevais mes études au lycée. Je ne m’entendais déjà pas très bien avec mon père, alors. Il s’est remarié depuis, et il a trois autres enfants à élever. Je ne lui rends visite qu’une ou deux fois par an.
- Voyez-vous plus souvent vos demi-frères ou sœurs ?
- Non. Je pense que je ne les reconnaîtrais même pas si je les croisais dans la rue.
- C’est triste.
- Quoi ?
- Que vous vous sentiez si éloigné de votre famille, expliqua Sakura. En ce qui me concerne, cela m’a beaucoup manqué de ne pas avoir de parents, de frères ou de sœurs. En tout cas, mon oncle s’est comporté merveilleusement bien avec moi. Je l’aime comme un père et je ne lui reproche rien, au contraire. Mais un orphelin reste un orphelin. Enfant, il m’est arrivé de me sentir très seule, parfois.
D’instinct, le regard de Sasuke balaya les multiples cadrans du tableau de bord. Simple réflexe professionnel. Ses yeux s’arrêtèrent sur une jauge. La pression d’huile diminuait rapidement. Il n’aimait pas cela.
- Mogami m’a élevé comme sa fille, reprit Sakura. Petite, il m’emmenait quand il partait en voyage d’affaires. Nous inspections des usines, mon oncle discutait du cours des matières premières avec les gérants, parlait avec les ouvriers de leurs conditions de travail. Il ne m’a jamais fait sentir que je constituais un fardeau pour lui. Il…
- Saku, je ne voudrais pas vous interrompre, mais…
- Que se passe-t-il ? Quelque chose ne va pas ?
Même si Sasuke s’efforçait de conserver un ton rassurant, Sakura avait aussitôt perçu une inquiétude dans sa voix.
- Je le crains. Nous devrons nous poser avant d’arriver à Hanawa.
À travers la vitre du cockpit, Sakura jeta un coup d’œil au paysage qu’ils survolaient. Une chaîne de montagnes s’étendait à perte de vue.
- Aucun aéroport ne se trouve à proximité, n’est-ce pas ?
Sans prendre la peine de répondre, Sasuke lança dans son micro des signaux de détresse à l’intention d’autres avions qui se situeraient alentour.
Pas une réponse ne lui parvint.
Il étouffa un juron que Sakura préféra ne pas entendre.
- Sommes-nous à court d’essence ? demanda-t-elle.
- Non, mais nous perdons de l’huile… Beaucoup d’huile. Il faut atterrir. Dès que j’aurai repéré une route. Vous apercevez quelque chose ?
Ils se turent et, pendant un long moment, se mirent tous deux à scruter chaque recoin de la chaîne montagneuse.
- Là-bas ! cria soudain Sakura.
Elle désigna du doigt, à droite de l’appareil, un sentier serpentant à flanc de montagne.
- Vous le voyez ?
Sasuke acquiesça de la tête et piqua aussitôt dans la direction indiquée.
- Affreusement sinueux, n’est-ce pas ? lui demanda Sakura dans un souffle.
- Mon ange, je crains que nous n’ayons plus guère le choix. Accrochez-vous. Je promets de vous ramener en bas en un seul morceau. Et je ne lance jamais de promesse impossible à tenir.
Sakura se sentait étrangement calme. Elle faisait confiance à Sasuke. S’il existait un moyen pour eux de se sortir de ce mauvais pas, cet homme le trouverait.
Bientôt, elle vit les pentes boisées se rapprocher d’eux à toute vitesse alors que l’avion perdait de l’altitude. Mais elle restait toujours étonnamment sereine. En fait, elle observait tout ce qui arrivait de l’extérieur, comme une spectatrice plutôt qu’une actrice du drame qui se nouait peut-être. L’issue de cet atterrissage improvisé ne la concernait pas vraiment.
Tandis que l’avion s’approchait du sol, Sakura commença à distinguer quelques détails. Des arbres isolés se détachaient de ce tapis vert, lequel se déroulait sous elle à une vitesse vertigineuse. Puis elle vit la route, heureusement beaucoup plus large de près qu’elle ne l’avait cru de prime abord. Les rochers, cependant, prenaient eux aussi une dimension impressionnante.
Sasuke, pour sa part, concentrait toute son attention sur la manœuvre. Une ligne droite d’une certaine longueur était nécessaire pour atterrir. Il fallait aussi que la piste de fortune soit suffisamment large pour que les ailes de l’avion ne heurtent pas les rochers ou les arbres qui la bordaient. Pour ne rien arranger, le moteur donnait déjà des signes de faiblesse.
Le temps pressait. Il devenait urgent de choisir.
Sasuke avait connu bien des situations délicates dans sa vie, mais jamais en avion. Méticuleux, il vérifiait toujours l’état du moteur avant le départ. Il avait fait de même la veille, sans constater aucune défaillance. D’ailleurs, lorsqu’il avait inspecté les instruments de bord une heure auparavant, le voyant d’huile indiquait un niveau tout à fait normal.
Tout cela importait peu, maintenant. Il s’agissait de regagner le sol avec aussi peu de dommages que possible pour l’avion… et pour ses occupants.
Le moteur se mit à tousser, et Sasuke se résolut à atterrir, malgré l’étroitesse de la piste qui se présentait devant lui.
- Penchez-vous et plaquez votre visage contre vos genoux, cria-t-il.
Sans vérifier si Sakura avait suivi ses instructions, il poussa alors le manche et sortit les volets.
L’avion entra brutalement en contact avec la surface mal asphaltée de la route. L’appareil se cabra comme un cheval rétif peu accoutumé à la bride.
Tout à coup, un arbre surgit, très près de la route. Trop près. Sasuke vira à droite, espérant ainsi l’éviter, mais ce soudain écart déséquilibra l’avion.
Il lutta pour conserver le contrôle de l’appareil. Trop tard. L’extrémité de l’aile heurta le tronc, ce qui dévia aussitôt leur trajectoire.
Sasuke eut encore le réflexe de couper le moteur avant que la forêt n’emplisse tout son champ de vision. Puis un rideau noir s’abattit devant ses yeux.
***
Ce fut le silence qui surprit le plus Sakura lorsque l’avion s’immobilisa enfin. Tremblante, elle s’extirpa du cockpit fracassé et regarda autour d’elle.
L’avion avait arrêté sa course à quelques mètres à peine d’un énorme rocher. Elle se tourna vers Sasuke, affaissé sur le manche, et toucha son épaule.
- Ça va ?
Comme il ne répondait pas, Sakura fut saisie tout à coup d’une angoisse comme elle n’en avait jamais éprouvé jusque-là. Ne devait-elle pas le sortir de l’avion ? Une fuite d’essence ne risquait-elle pas de provoquer l’explosion de l’appareil dans les secondes à venir ?
- Sasuke !
Elle poussa un soupir de soulagement lorsqu’il grogna et releva la tête. Il s’efforça de se lever, mais un rictus de souffrance se peignit sur son visage tandis qu’il portait la main à son épaule. Du sang coulait aussi d’une blessure située à la naissance du cuir chevelu. Maladroitement, Sakura lui épongea le front à l’aide d’un mouchoir.
- Vous n’êtes pas blessée ? demanda-t-il en la regardant.
Sakura secoua la tête.
- Il ne s’agit pas de moi mais de vous, dit-elle d’une voix tremblante. Vous saignez !
- Prenez la trousse de première urgence qui se trouve derrière vous. Elle contient sûrement des pansements.
La jeune femme saisit la trousse et en tira de quoi soigner la blessure de Sasuke.
Ce n’est qu’après avoir achevé cette tâche que son regard s’arrêta sur l’épaule du blessé.
- Quelque chose ne va pas, avec votre épaule ?
- Je crains qu’elle ne soit déboîtée. En tout cas, cela fait horriblement mal.
Avec d’infinies précautions, Sakura aida Sasuke à se dégager de son siège et à s’extraire du cockpit.
Une fois sur la terre ferme, Sasuke évalua les dégâts. L’aile gauche de l’appareil était complètement détruite, mais le fuselage et la queue semblaient intacts.
Il vérifia le réservoir d’essence afin de s’assurer qu’aucune fuite ne risquait de provoquer une explosion, puis il se tourna vers Sakura.
- Aidez-moi à retirer ma chemise, s’il vous plaît, et confectionnez avec le tissu une écharpe pour mon bras. Cela soulagera mon épaule.
Après une légère hésitation, la jeune femme déboutonna la chemise de Sasuke et la lui ôta, un peu gênée quand même. C’était la première fois qu’elle déshabillait ainsi un homme ! Elle découvrit un torse musclé, dépourvu de poiles.
Avec la chemise, elle confectionna une écharpe qu’elle glissa sous le bras de Sasuke. Celui-ci grimaça de douleur.
- Pardon, murmura-t-elle. Tournez-vous un peu, je vais vous l’attacher dans le dos.
Le premier choc passé, Sasuke ressentait plus cruellement encore ses blessures. Pris d’un soudain accès de faiblesse, il s’appuya contre l’aile de l’avion tandis que Sakura nouait l’écharpe.
- Cela devrait tenir, déclara-t-elle.
Sasuke se tourna alors vers elle et croisa son regard troublé. Ils se trouvaient si près l’un de l’autre…
- Merci, dit-il.
- Cela fait terriblement mal, n’est-ce pas ?
Il soupira.
- Au moins, sommes-nous tous les deux entiers…
- Oui, vous vous êtes débrouillé comme un chef.
Sasuke se dirigea en boitant légèrement vers le capot de l’avion.
- Je suis curieux de savoir ce qui a provoqué cette fuite d’huile.
- Vous devriez peut-être vous reposer un instant…
Un peu agacé, il se retourna vivement vers elle.
- Si je me sens défaillir, je vous appellerai, d’accord ?
Sakura jugea préférable de ne pas répondre et l’observa en silence tandis qu’il soulevait le capot pour explorer les profondeurs mystérieuses du moteur.
Jetant un regard autour d’elle, elle ne vit rien d’autre que des arbres, des rochers et la route déserte.
- Si des gens vivaient à proximité, ils auraient sûrement entendu notre atterrissage, remarqua-t-elle.
- Sûrement, répéta Sasuke sans détourner les yeux du moteur.
Au bout de quelques minutes, il leva la tête et étouffa un juron.
- Un problème ?
- Quelqu’un a intentionnellement coupé la Durit d’huile.
Sakura sentit un frisson lui parcourir le dos.
- Vous en êtes sûr ?
- Certain. On a ensuite raccordé les deux morceaux du tuyau avec de la cire, de façon à ce que la fuite ne se déclare qu’une fois en vol, lorsque l’huile devenue chaude ferait fondre le raccord.
- Qui aurait intérêt à nous causer de tels ennuis de moteur ?
- Je l’ignore, mais celui qui a coupé la Durit voulait notre peau. Nous avons failli nous écraser.
Sakura pâlit.
- Vous connaissez-vous des ennemis ? demanda-t-elle.
Il lui lança un regard las.
- Je m’apprêtais à vous poser la même question.
En voyant le visage de la jeune femme se décomposer, Sasuke regretta aussitôt ses paroles. Les faits, pourtant, restaient les mêmes. On avait saboté l’avion pour se débarrasser d’eux. Déjouant la vigilance des gardiens, quelqu’un avait pénétré la veille dans le hangar pour y effectuer sa sale besogne. À moins que les gardiens eux-mêmes… Dans un pays aussi pauvre que le Mexique, on obtient ce que l’on désire avec un peu d’argent.
Mais qui était ce commanditaire de cet attentat ?
- En tout cas, conclut-il à haute voix, ils ont raté leur coup.
Sasuke s’essuya les doigts à un chiffon, puis referma le capot en grimaçant de douleur. Son épaule le rappelait à l’ordre dès qu’il esquissait un mouvement.
Il observa un instant la route, puis leva les yeux vers le ciel. Il faisait encore très chaud. Pourtant, lorsque la nuit tomberait, la fraîcheur descendait sur la montagne. Prévoyant, Sasuke remonta donc dans le cockpit et en sortit deux vestes de sauvetage, ainsi qu’un sac et une carte de la région.
- Avez-vous remarqué un village ou une maison, de là-haut ? demanda-t-il en rejoignant Sakura.
- Non.
- Moi non plus. Il faut dire que je cherchais plutôt un terrain vague qu’une zone urbanisé, tout à l’heure.
Il étudia la carte en silence pendant un instant. Ils s’étaient posés en pleine forêt, à mi-distance environ entre Mexico et Hanawa. Et la carte n’indiquait aucune trace de civilisation de ce côté des montagnes. Quelle direction prendre pour trouver rapidement de l’aide ?
Sasuke lança un coup d’œil à Sakura. Le soleil lui avait redonné quelques couleurs, et ses cheveux défaits se répandaient librement sur ses épaules.
Avec son petit tailleur et son chemisier léger, presque transparent, elle ne possédait vraiment pas la tenue idéale pour une randonnée en montagne. Mais avaient-ils le choix ?
- Cette route doit bien mener quelque part, remarqua-t-il en s’épongeant le front. Je vais chercher de l’aide. Voulez-vous m’accompagner ou préférez-vous m’attendre ici ?
Sakura ouvrit des yeux ronds.
- Comptez-vous laisser l’avion comme ça, en travers de la route ?
- Vous craignez que nous provoquions un embouteillage ?
La jeune femme considéra la route déserte. Elle s’imaginait déjà passer la nuit seule dans la forêt, à la merci des animaux sauvages. Elle n’hésita pas longtemps.
- Je viens avec vous.
- Très bien. Désirez-vous prendre quelque chose dans vos bagages avant notre départ ? Je fermerai le coffre, mais je ne garantis pas que vous retrouviez ce que vous y laisserez.
Sakura escalada l’avion et préleva dans ses bagages un pull et un pantalon, plus appropriés à la marche. Elle mit le tout dans un grand sac à main, avec quelques effets personnels.
- Nous prendrons cette direction, déclara Sasuke en désignant le nord. Nous venons du sud et nous n’avons vu aucune habitation. Espérons que ce côté-là est plus peuplé.
Sasuke ferma le coffre, et ils se mirent en marche. Sakura l’observa à la dérobée, inquiète. Avec sa tête bandée et son bras en écharpe, il ressemblait à un soldat d’une armée en déroute.
***
Lorsque le soleil disparut à l’horizon plus tard, l’angoisse de la jeune femme crût encore. Ils n’avaient aperçu aucun signe de vie, et la démarche de Sasuke était de plus en plus hésitante. Il n’avait pas ouvert la bouche depuis un long moment, mobilisant sans doute toute son énergie pour ne pas tomber. Son épaule le faisait à l’évidence beaucoup souffrir.
Il leur faudrait trouver un endroit pour la nuit avant que l’obscurité ne fût totale… De nouveau, Sakura fouilla l’horizon du regard comme elle l’avait fait si souvent. Et cette fois, elle fut récompensée.
Elle aperçut, au loin, un filet de fumée.