Chat noir

Chapitre 1 : L'équipe n°4

1524 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 09:53

Première partie:

LA VOIE DU NINJA

 

« Equipe n° 4 : Itachi Uchiwa, Shisui Uchiwa et Kiku Hojo ! »

Un long murmure traversa la salle de classe.

Kiku redressa la tête, tirée brutalement de sa torpeur par les regards rivés sur elle. La petite fille posa les mains sur son pupitre, poussa sa chaise sur le côté et rejoignit en titubant l'estrade où se tenaient déjà ses deux compagnons. Elle entendit les rires étouffés de ses camarades de classe. On ne savait si l'on devait l'envier ou la plaindre : deux Uchiwa dans une même équipe, elle avait été manifestement choisie pour équilibrer la formation.

Elle reçut son bandeau frontal et se posta entre les deux garçons qu'elle scruta du coin de l’œil. Itachi était le fils aîné du chef du clan Uchiwa craint et respecté de tous. Il alignait parfaitement les shurikens contre les troncs d'arbre alors qu'il était plus jeune qu'eux. Shisui, un peu moins strict que son ami, avait les yeux rouges comme lui.

Les Uchiwa assuraient la sécurité de Konoha. Kiku n'en savait pas plus, si ce n'est qu'ils intimidaient les voleurs à l'étalage.

Ils n'étaient pas du même monde. Elle, n'avait pas de shinobis dans sa famille : maman et papa tenaient un atelier de poterie dans un coin du village et les sépultures de ses aïeux ne se trouvaient pas parmi celles des martyrs des grandes guerres shinobi mais dans le cimetière civil. C'était papa qui avait eu, à la fin de la troisième grande guerre shinobi, l'idée saugrenue d'inscrire Kiku à l'Académie :

« Tu seras kunoichi, ma fille ! »

Mais Kiku n'avait à l'évidence montré jusque là aucune aptitude au jutsu. Elle n'avait pas baigné, comme la plupart de ses camarades, dans cette perspective. Elle en était devenue paresseuse, fuyait les exercices de plein air et retombait lamentablement des branchages, pleurnichait chez maman quand elle se faisait gronder par ses professeurs puis courrait jouer à chat avec les autres enfants. Elle aimait pétrir l'argile froide et faisait soupirer papa qui lui avait finit par promettre qu'il ferait d'elle son apprentie lorsqu'elle serait recalée à l'examen genin.

Elle avait pourtant été reçue.

Un des jônins chargés d'accueillir les diplômés s'approcha d'eux :

« Mon nom est Akisada Watanabe. Je serais votre sensei à partir d'aujourd'hui. »

Kiku écarquilla les yeux. Son bandeau pesait étonnement lourd sur ses tempes.

 

Akisada sensei les avait maintenus à l'écart et leur avait calmement expliqué ce qu'ils allaient faire avant de leur permettre de rentrer chez eux.

«  J'attends de vous un travail d'équipe assidu. Si vous êtes ici, ensemble, c'est que vous avez tous les trois les capacités nécessaires pour vous dépasser et devenir de bons shibonis. Nous nous retrouverons dans quelques jours pour votre première mission. »

Watanabe avait un peu menti, certes. La petite Hojo tombait comme un cheveu sur la soupe.

Fugaku avait insisté pour que son fils et son cousin soient dans la même équipe. Le troisième hokage, qui suivait aussi de près l'évolution du prodige, avait estimé que ce privilège devait être contrebalancé et avait suggéré de compléter la composition avec un enfant de civils.

« Donnons-leur une chance de progression. » Avait-il répondu aux protestations des examinateurs.

En attendant, elle allait ralentir celle de ses coéquipiers...

Watanabe la regarda s'éloigner des deux garçons et descendre avec précaution l'allée escarpée qui menait au marché.

Il s'était porté volontaire pour s'occuper des Uchiwa. Il avait mené des missions avec certains d'entre eux et était donc familiarisé à leurs compétences. Par ailleurs, Fukagu lui faisait confiance pour poursuivre l'entraînement de son fils.

Et il valait mieux ne pas contrarier le patriarche Uchiwa...

 

[…]

 

A onze ans, Kiku avait encore le visage poupin des toutes petites filles. Elle se hissait sur la pointe des pieds pour atteindre l'étagère du haut et posait les mains sur les tâches de rousseur qui parsemaient ses joues accablées par un soleil de plomb. Maman était beaucoup plus élégante dans ses rondeurs et brossait ses longs cheveux blonds à son chevet avant de la border.

Elle avait d'ailleurs ouvert de grands yeux lorsqu'elle était rentrée ce jour-là. Papa, lui, avait faillit tomber de son escabeau en apercevant son bandeau. Il l'avait serrée très fort dans ses bras et s'était mouché à plusieurs reprises dans les pans de son tablier. Il s'en était ensuite débarrassé pour courir annoncer la nouvelle au voisinnage :

« Mon bébé est genin ! »

Kiku étouffa tant bien que mal ses ressentiments : il était tellement fier de sa petite fille ; elle crut en revanche mourir de honte lorsqu'il s'inclina un jour de parade devant le chef des Uchiwas :

« Je suis honoré d'avoir ma fille dans vos rangs. Elle ne vous décevra pas, vous avez ma parole. Je suis votre serviteur, monsieur. »

Elle avait ensuite entendu maman lui reprocher en serrant les dents :

« Mon dieu Kinfusa, tu ne fais pas allégeance, un peu de retenue... »

Au regard plein de mépris que les membres du clan avaient déposé sur son père, Kiku avait compris qu'il s'était montré non seulement très maladroit mais que cela lui portait aussi préjudice à elle.

L'escorte s'était éloignée en remerciant vaguement ses hommages. Kiku avait passé le reste des festivités cloîtrée dans l'arrière-boutique.

 

« Je ne veux pas être ninja. C'est bon pour les Uchiwas. » Confia-t-elle au chat des voisins qui sommeillait derrière les barreaux du soupirail.

Elle tira un tabouret et s'assit derrière un bol en terre cuite que maman avait commencé à peindre. Il était orné de nervures vertes qui se rejoignaient en constellations compliquées.

«  C'est joli. » Constata-t-elle amèrement.

Elle jeta un coup d’œil en haut des escaliers pour s'assurer que personne ne venait et se servit dans le pot de pinceaux.

Au bout d'un certain temps, la porte de l'atelier s'entrouvrit et maman passa la tête à l’entrebâillement :

« Tu ne viens pas danser, Kiku ? »

Kiku se raidit et déposa discrètement le pinceau qu'elle tenait.

« Je n'en n'ai pas très envie. »

« Pourquoi ? » S'étonna maman en descendant les escaliers.

« Je n'en n'ai pas envie c'est tout... »

« Mais tu as toujours été la première à rejoindre les rondes. »

Kiku fronça les sourcils.

« Ils n'ont qu'à danser, eux. »

Maman prit place à ses côtés :

« Qui donc ? »

« Les Uchiwa. »

Maman gloussa :

« Les Uchiwa ne dansent pas. Je ne crois pas que ce soit inclus dans leur code d'honneur mais ça pourrait être rigolo à l'occasion. »

Kiku hocha la tête sans enthousiasme.

« Qu'est-ce qui te tracasses ? Reprit maman avant d'ajouter face à son silence : quoi qu'il en soit, ton père et moi seront toujours fiers de toi. »

Kiku redressa la tête et esquissa un faible sourire dans l'obscurité. Elle se laissa enfin prendre dans ses bras.

Maman sentait bon le rosier du jardin.

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