Chat noir

Chapitre 2 : Première mission

1472 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:27

«  Comme convenu, vous vous contenterez de proposer votre aide aux locaux. »

Shisui haussa les sourcils :

« C'est tout ? »

Akisada sensei s'éloigna à pas lents :

« C'est tout ce qui est demandé d'un genin. »

Kiku avait entendu parlé des premières tâches confiées aux diplômés. Rien de très ardu, le plus souvent des missions de rang D, mais cela dépendait aussi du sensei en charge. Il paraissait que l'équipe n°1 se soit vue confiée une mission d'escorte de rang C pour commencer...

 

Le soleil tapait, ce jour là encore, fort sur les têtes.

Les voyageurs et les commerçants défilaient par le portail sud, une immense porte en bois peinte en verte qui fermait l'enceinte de Konoha. Deux ninjas de niveau supérieur gardaient l'entrée et recensaient les allées et venues. Ce serait leur zone d'action.

Kiku considéra patiemment ses deux coéquipiers. Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de faire véritablement connaissance. Elle ne savait pas trop comment les aborder, elle ne les avait plus revu depuis leur promotion.

Un peu plus loin, un vieux marchand peinait à pousser sa carriole.

Elle aurait voulut essayer de leur proposer d'aller lui donner un coup de main mais l'air peu convaincu de Shisui l'en avait dissuadé.

Itachi choisit ce moment pour se diriger vers la carriole.

« Bon, j'imagine que l'on n'a pas vraiment le choix. » Fit Shisui en lui emboîtant le pas.

Kiku resserra ses doigts autour de son bandeau frontal. Il glissait sur ses yeux lorsqu'elle le portait.

Itachi et Shisui firent rouler de concert le lourd chargement. Elle aurait voulu les rejoindre, elle attendait seulement le moment propice.

Mais la montagne de marchandises en équilibre ne vacilla même pas : ils s'en sortaient très bien à deux.

 

[…]

 

Kiku finit de nouer les cordes autour de la cargaison et s'essuya le front. La lumière du jour déclinait lentement et le chant des grillons se mêlait à la rumeur de la foule.

Ils avaient finit par se répartir les tâches : Itachi abreuvait les voyageurs éprouvés par de longs jours de marche, Shisui, qui n'avait pas peur de passer de l'autre côté du portail, retraçait les sillons creusés par les roues des charrettes dans la terre et Kiku aidait les derniers négociants à remballer leur marchandise.

Quand elle rentrerait, elle raconterait sa journée à papa et maman et leur expliquerait que les Uchiwas étaient des gentils garçons. Itachi n'était pas très bavard mais il souriait avec bienveillance aux passants et Shisui avait même accepté de danser à la prochaine fête du village.

« Je t'apprendrai. » Lui avait-elle répondu lorsqu'il lui avait affirmé en riant qu'il ne savait pas danser.

« Et puis je t'emprunterai une de mes tenues traditionnelles. » Lui avait-elle promis.

Itachi jeta un coup d’œil amusé à son cousin qui s'empressa de décliner l'offre avant de regagner sa position.

Kiku Hojo ne portait ni son bandeau frontal ni de tenue adéquate pour le combat. Elle retenait ses cheveux à l'aide d'un peigne fin et avait relevé sa tunique bariolée au-dessus des genoux pour libérer ses mouvements. Itachi était un peu surpris qu'Akisada sensei ne le lui ait pas fait remarqué. Elle oscillait dans ses sandales tressées et ne dégageait qu'une infime quantité de chakra. Il ne lui connaissait aucun renom et son père avait craché de dépit en apprenant qu'elle complétait leur unité :

« J'espère que Watanabe sait ce qu'il fait. »

 

[...]

« Vous avez fait du bon travail. Kiku, tu peux disposer. Shisui et Itachi, vous restez avec moi. »

Kiku se tourna vers leur mentor, l'air décontenancé. Shisui et Itachi se rangèrent à ses côtés sans protester.

La nuit était tombée depuis un bon moment. Que leur voulait-il ? Elle les perdit bientôt de vue.

D'une certaine manière, elle n'avait plus rien à raconter à ses parents.

Les jours qui suivirent, Akisada sensei les convoquait à l'aube pour les entraîner ou leur assigner une nouvelle mission de difficulté négligeable, puis la congédiait à la fin de la journée pour repartir avec ses coéquipiers.

Kiku voyait un gouffre se creuser progressivement entre elle et les deux garçons. Elle les retrouvait le lendemain, parfois nettement mal en point mais toujours prêts à accomplir les tâches qu'on leur assignait. Une cohésion et une solide amitié se nouaient entre eux, alors qu'elle, restait en retrait et peinait encore avec les techniques de base.

 

Un soir, Akisada sensei les libéra exceptionnellement tous les trois.

Kiku serra les poings et prit son courage à deux mains.

« Vous rentrez, les garçons ? » Les interpella-t-elle en les rattrapant.

Itachi et Shisui se retournèrent.

« Je me suis dit qu'on pourrait peut-être en profiter pour jouer ! »

Shisui secoua la tête, l'air désolé :

« Aujourd'hui est un jour important pour le clan Uchiwa. Nous ne pourrons pas rester. »

« Ah ? »

Shisui esquissa un triste sourire.

« Nous ferions mieux de nous dépêcher. Une prochaine fois peut-être, Hojo-san. »

Kiku haussa les épaules et les devança.

Uchiwa par-ci, Uchiwa par-là... n'y avait-il pas moyen de changer d'équipe ? Ces garçons ne savaient-ils donc pas s'amuser ? Que leur apprenait-on mis à part le jutsu ? Et Akisada sensei la prenait-il pour une idiote ? Tout le village était au courant pour l'entraînement spécial qu'il assurait la nuit venue et si elle avait d'abord remercié les cieux de ne pas être invitée à y prendre part, elle commençait à sentir une colère sourde l'envahir. Certes, elle était faible, n'avait aucun talent et ne faisait pas d'efforts pour combler leur écart mais pourquoi ne le lui reprochait-on pas clairement ? Akisada sensei avait donc renoncé à l'épauler pour se consacrer pleinement aux Uchiwa à moins que son origine ne soufrât pas l'espoir de la voir s'améliorer.

Tout le mérite revenait aux shinobis, avait-on déjà oublié toutes les morts civiles de la guerre ? Qu'en était-il de ceux qui s'étaient mobilisés pour reconstruire la nation ? Les Uchiwa n'avaient pas levé un seul petit doigt.

Kiku ravala ses larmes. Elle se détestait. Elle répétait le discours des adultes pour nourrir son indignation. Papa lui avait pourtant déjà expliqué que ceux qui tenaient ces propos étaient jaloux et voulaient se faire des ennemis :

« Ils exacerbent un ressentiment général pour ostraciser une pauvre famille. »

Alors qu'elle pensait n'avoir rien à prouver à personne, elle rechercha tout ce temps, leur reconnaissance en rechignant à se plier aux exigences de la vocation de shinobi. En acceptant de s'entraîner nuit et jour et de répondre présent à toutes les injonctions de leur sensei, Itashi et Shisui s'étaient montré bien largement plus humbles.

Kiku s'essuya le nez avec les manches de son chaperon. Elle avait des lacunes à combler et elle ne voyait plus d'inconvénients à se coucher tard aussi de son côté.

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