Complémentaires

Chapitre 2 : chapitre 1

2075 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/05/2018 23:12


Chapitre 1


Je vois comme tous les matins le même arrêt de bus, de cette petite ville pourrie où je vis. Heureusement, dans quelques semaines je m'en vais en Guadeloupe, mais voilà quelqu'un qui va me manquer : ma meilleure amie.

«-Salut Manon.

-Salut Zoé.»

Comme d'habitude elle s'assoit à côté de moi et comme d'habitude aussi à mon grand regret Jules s'installe derrière nous. Il m'énerve mais j'ai aussi pitié de lui: pour être heureux il se sent toujours obligé de se vanter et de rabaisser les autres, éternel premier de la classe n'ayant pour "amis" que les cinquièmes ou les sixièmes avec qui il joue au ping-pong. Et encore, même eux parfois en ont marre de l'entendre se pavaner et de se faire rabaisser tout le temps. Pauvre garçons persuadé d'être admiré pour sa soi-disant "intelligence", Tous les jours, il me sort toujours la même vanne et ce matin n'a pas fait exception.

« Ca va, Manon des Sources ? »

Zoé me regarde d'un air compatissant et me prête un écouteur, elle écoute la chanson de ce film qu'on aime tant toutes les deux. Voyant qu'on ne s'intéresse plus à lui, Jules essaye de nous couper les cheveux. Au bout de dix minutes et après s'être pris quelques bonnes gifles, il finit par abandonner. Je regarde le paysage. La vitre renvoyant mon reflet, j'eus l'impression de dévisager une inconnue à l'air vaguement familier. Elle avait mes yeux, au reflet doré qui sont derrières mes lunettes marron au reflet rouille; mes cheveux châtain coupé en un carré au niveau de mes épaules sont raides, hormis certains endroit où ils se relèvent légèrement au bout; mes pommettes hautes qui sur mon visage ovale avec mes joues passent presque inaperçue ; mon nez fin et ma bouche légèrement courbée. Je n'ai hérité d'aucun trait des membres de ma famille. Cependant j'ai hérité du teint mat de mon père. J'ai un physique assez atypique même si ma mère n'arrête pas de dire que je suis la plus belle, mais bon c'est normal pour une mère de penser que son enfant est le plus beau.

Malheureusement, si Jules est dans mon lycée, Zoé descend un arrêt avant moi. On se donne rendez-vous dans le bus de seize heure. Tiens, voilà l'horoscope, toujours à l'heure,

« - Sagittaire, avec la lune en balance il vous faut gardez espoir et vous préparer à affronter l'avenir».

Je ne crois pas vraiment en l'astrologie, disons plutôt que s'il est bon, je me dis que si ça se trouve c'est vrai, et s'il est mauvais, je me dis que ce n'est pas vrai, comme les trois quarts des gens. Je récupère mon horrible sac à cœur rose, qu'est-ce que j'avais dans la tête quand je l'ai choisi ? J'ai ce sac depuis la sixième.

En me relevant, je manque de me faire écraser par Théo, un garçon de ma classe. Je marche un peu de travers à cause du poids de mon sac, on dirait que je suis saoule. Je passe la grille du lycée et rejoins Léonie, une de mes meilleures amies dans la classe, ce n'est pas une très bonne élève même si depuis qu'elle me fréquente sa moyenne a monté, c'est pas encore ça. On monte difficilement, quelle idée aussi de faire grimper les élèves dès le matin avec tous nos livres. On arrive dans la cours où on rejoint Martine. Cette dernière n'est plus dans ma classe mais je l'adore toujours autant. Un peu folle, je l'admets. Je l'aborde,

« - Alors ma blonde ?

- Ferme-la. »

Elle m'attaque à coups de coude et je le lui rends bien. Martine a des cheveux blonds très clairs virant, de très beaux yeux bleus. Léonie et elle ont les mêmes: ils ressemblent à un ciel d'été. Soudain je le vois. Léonie comprend de suite et comme elle le déteste, elle me prévient :

« - Si tu vas le voir, je te fais la gueule.

- T'inquiète »

Avec Léonie on est plutôt opposées, surtout niveau garçons : elle aime les garçons macho avec beaucoup de muscles, moi je préfère les garçons gentils, les muscles n'étant pas vraiment ce à quoi j'accorde le plus d'importance. Tristan a mon age. Il a des cheveux qui sont un mélange de blond et de châtain avec des reflet roux, ils lui arrivent au niveau du menton, des yeux bleus noirs comme le ciel à minuit et un sourire craquant. Plutôt sympa, un humour un peu étrange voire pourri mais ça me fait rire, il est intelligent pas intello mais pas homme de Cro-Magnon.

Je lui ai déjà demandé s'il voulait sortir avec moi, mais il a dit qu'il préférait qu'on reste amis, Léonie est persuadée que je l'aime encore, mais c'est bon je gère. Oui, car même si Tristan me fait encore un peu d'effet, il a le don de m'énerver. Il est imprécis, il adore me faire poiroter : une fois, il m'a fait attendre une demi heure avant de daigner arriver. Je ne suis pas patiente et je déteste les surprises. Et le pire du pire c'est quand il m'ignore ou qu'il m'esquive. Là, j'ai envie d'aller le voir et de lui en coller une : il me regarde, il tourne la tête et il s'en va. Des jours, il me dit bonjour ou des fois il ne me voit même pas. De toute manière, j'ai laissé tomber, j'en ai marre de toujours faire le premier pas. Et puis, je m'en vais bientôt en Guadeloupe, des garçons, je vais en rencontrer plein.


Ensuite, les cours commencent. Je m'imagine des histoires pleines d'aventures et de romances, avec des mystères que je pourrais découvrir. Je déteste les surprises, mais j'adore faire des découvertes. Pour cette raison, je voudrais devenir océanologue car je suis passionnée de plongée. Mon modèle est Sylvia Earle, cette femme est époustouflante, elle mène une grande carrière et voyage.

La récréation passe en un éclair et les cours reprennent. Enfin arrive la pause de midi : j'adore ce moment car je peux aller jouer du piano à l'amphithéâtre avec Gwendoline, la sœur de Tristan. Elle est super sympa : elle et son frère se ressemblent beaucoup. Elle a essayé de m'aider avec Tristan, je crois qu'elle m'aime bien. Je rentre dans cette grande salle ; elle est quasiment vide, il y a juste quelques lycéens qui déjeunent en paix et Gwendoline assise au piano. Elle joue beaucoup mieux que moi, je ne joue que le morceaux de "Ghost" mais je l'accompagne aussi en chantant. On se salue:

« - Bonjour.

- Coucou !

- Ça avance avec mon frère ?

- Non, c'est toujours au même point, mais c'est pas important. On commence ?

- OK, on y va. »


*

* *


« - Oh ! non elle est encore là cette humaine.

- Qu'est ce qu'il y a ? Ah d'accord, c'est la fille qui t'a demandé de sortir avec elle.

- Oui. Elle m'énerve à toujours sourire comme ça, pour qui elle se prend, cette humaine ? Je lui ai dit non et elle continue à rester avec ma sœur comme si de rien n'était... franchement !

- Aller c'est bon, je sais que tu détestes les humains, mais elle ne t'a rien fait de plus que les autres filles qui t'ont courtisé.

- Les autres filles s'étaient mises à pleurer, elles me suppliaient, mais elle, non, elle continue à sourire et à s'amuser avec Gwendoline comme si de rien n'était et pour je ne sais quelle raison ça m'énerve.

- Ne me dis pas que tu es jaloux ? Elle te plait la petite humaine, Tristan le grand loup-garou aurait le béguin pour une petite humaine !

- Beurk ! Ne parle pas de choses aussi dégoûtantes juste après le déjeuner. En plus tu l'as regardée, franchement j'ai plein de jolies vampires et métamorphes qui veulent sortir avec moi, même certaines humaines qui étaient plus belles qu'elle. Pourquoi j'irai m'enticher d'une fille idiote au physique plus que commun comme elle ?

- Euh... Tristan ?

- Quoi Guillaume ?!

- Retourne toi. »

Qu'est-ce qu'il ce passe encore?! Oh non c'est pas vrai, elle est juste derrière, elle a entendu, mais depuis quand elle est là ?

« - Attends !»

Je m'attendais à ce qu'elle se mette à pleurer mais non, au lieu de ça elle s'est énervée !

« - C'est bon la petite idiote, elle en a assez entendu. »

Et elle est partie les poings serrés. Guillaume me dit de derrière :

« - Tu connais la théorie de l'âme sœur ?

- La théorie selon laquelle on aurai tous une personne qui nous est destinée ?

- Ce n'est qu'une légende !

- Salut Gwen. »

C'est ça, Guillaume, prends ton air détaché, mais ton visage rouge comme une pivoine trahit le fait que tu l'aimes depuis deux ans …

« - Guillaume, pars, je dois parler à mon frère quelques instants.

-Mais je veux rester moi !

- Ce n'était pas une proposition.

- D'accord. À plus tard Tristan. »

Sale traitre ! Il m'abandonne avec elle.

« - Tu l'as fait exprès, tu as entendu notre conversation et l'a fait venir !»

C'est tout à fait du genre de Gwendoline, ces petits coups montés. En tant que loup-garou, elle a une ouïe particulièrement développée et en profite souvent pour arriver à ses fins.

«- Au moins on est débarrassé de ce pot de colle ; de toute manière tu t'en fiches d'elle, répondit-elle.

- Oui je m'en fiche..., mais ça va faire baisser ma popularité si elle le dit à ses amis.

- Tu as hésité !

- Non !

- Ne me dis pas que tu es tombé amoureux d'elle ?! ajouta-t-elle d'un air soupçonneux.

- Tu as écouté notre conversation, tu sais bien que non ! En plus, c'est interdit.

- Il y a intérêt, fais attention, je te surveille. Et, surtout, je la surveille elle …»


*

* *


Qu'est-ce que je peux être bête ! Je pensais qu'il était gentil mais en vérité, il est comme les autres : c'est un crétin. Comment j'ai pu tomber amoureuse d'un gars comme ça ?! J'ai envie de pleurer de rage, de honte à cause de cet abruti ! Je vais aller avec Léonie pour me calmer.

«- Manon, ça va ? Tu as les yeux rouges...

- Oui oui ça va …

- Je connais cette petite voix, c'est encore sa faute ?! Il va voir, il va le regretter !

En disant cela, Léonie n'est pas dupe ; elle me connaît trop bien.

- Calme toi, c'est moi qui suis en colère, il ne t'a rien fait.

Quelqu'un s'approche de moi :

- Euh... Manon ?

- Quoi ?! Désolée, Guillaume, qu'est-ce qu'il y a ? répondis-je, encore énervée par ce qui s'est passé.

- Je voulais te parler de Tristan.

- Il a autre chose à ajouter que ¨idiote au physique plus que commun¨ ?!

Je me sens prête à exploser.

- Non… je comprends que tu sois énervée mais est-ce que je peux te parler en privé ?

- Tu vas pas m'emmener le voir ?

- Promis. »

On marche calmement jusqu'à être sûrs que personne ne puisse nous entendre. Il prit la parole :

« - Tu sais, Tristan est un peu dur à comprendre mais il a un bon fond.

- C'est pas une raison pour dire des choses aussi affreuses !

- Je suis d'accord avec toi, il n'aurai pas du aller aussi loin, mais il est différent des autres et je pense que ça l'effraie un peu, qu'il a peur de faire mal aux gens et que c'est pour cette raison qu'il est comme ça.

- Mais c'est comme ça qu'il m'a fait du mal. Je veux apprendre à connaître le vrai Tristan ! »

Il rigole nerveusement et me dit :

« - Ca , c'est impossible…

- Hé ! Je croyais que tu était de mon coté ?!

- Oui, je suis de ton coté, mais je ne peux pas faire ça ; crois moi c'est ce qu'il y a de mieux pour vous deux.

- D'accord… »


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