Eight Travelers - EN PAUSE

Chapitre 2 : Chasse dans les bois

5109 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/03/2019 00:04

Bonne lecture à tous !

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La chasseuse et la panthère traversent le village, et arrivent bientôt devant la demeure du chef. Il est devant chez lui, et semble inquiet... Ce qui ne rassure pas les deux amies.

-Chef... Vous souhaitiez me voir ? Demande H’aanit

Le chef se retourne vers elle. Il lui explique sans attendre la situation.

-En effet. Nous avons reçu une requête de la part du seigneur Ciaran. Il semblerait qu’une bête se soit introduite dans sa forêt domaniale.

-Et il veut en être débarrassé. Coupe H’aanit

-Exactement ! Et il exige notre meilleur chasseur. Affirme le chef 

Il sourit.

-En l’absence de maître Z’aanta, cette mission te revient donc. Nous comptons sur toi, H’aanit. Souviens-toi que notre village était autrefois peuplé de grands chasseurs.

H’aanit regarde Linde. (Il est reparti...) pensa-t-elle.

-Oui, bien au-delà de l’orée de Sombresylve, notre foyer... Continu le chef

-« Les bardes chantaient nos exploits, et le royaume entier considérait notre humble village comme le vivier des vrais chasseurs... » Repris H’aanit

Elle sourit à son chef.

-Ai-je bien entendu votre récit ?

-Ho ho... L’ai-je donc raconté si souvent que cela ? Les histoires interminables, ma chère enfant... Commence le chef

-...sont les vices des vieilles gens, je sais. Coupe H’aanit. Quant à la chasse, je suis prête à partir dès qu’il le faudra.

Le chef laisse s’échapper un petit rire, puis redevient sérieux. Il précise à H’aanit :

-Excellent. Le messager du seigneur Ciaran attend à l’intérieur, il t’expliquera la situation.

-Je vais lui parler dans l’instant. Affirme H’aanit

Elle s’apprête à rentrer mais la main du chef retient son épaule. H’aanit se tourne.

-H’aanit... Ne fais rien que t’interdirait maître Z’aanta s’il était là.

H’aanit lâche un sourire.

-Je n’en ai pas l’intention. Merci.

Le chef la lâche, et la laisse entrer dans sa demeure.

-Ah, vous voilà.

H’aanit tourne la tête, et voit un jeune homme sur le côté, habillé plus luxueusement qu’elle. Il semble impatient, et se tient à la gauche d’une énorme table rectangulaire, trônant au centre de la demeure du chef.

La demeure est chaleureuse. Une flamme crépite dans une cheminée de bois et de roche. H’aanit va à droite de la table. Linde, elle, s’allonge près de la cheminée, paressant devant le feu.

-Mes excuses pour cette demande urgente, mais les monstres n’ont guère de considération pour les convenances des hommes. Affirme le héraut du seigneur Ciaran

-Je me tiens à votre service. Parlez-moi donc de cette bête. Demande H’aanit

Le héraut sort une petite feuille de sa poche. Elle est froissée. L’homme la défroisse le mieux qu’il peut, puis commence à relire.

-Votre proie est une créature féroce qui s’est aventurée dans le Bois bruissant.

H’aanit croise les bras. Le Bois bruissant est un endroit très tranquille. Elle y est déjà allée deux ou trois fois, pour chasser.

-Ce montre semble avoir erré bien loin de son territoire...

-Oui. Ce matin même, un marchand est arrivé en ville avec son compagnon blessé. Apparemment, sa caravane a été attaquée par la bête.

Le héraut pose sa feuille sur la table.

-Nous avons envoyé des secours sur place, mais il semblerait que ces deux hommes soient les seuls survivants.

-Et comment avez-vous identifié la créature responsable ? Demande H’aanit

-Nous avons fait appel aux érudits du seigneur Ciaran pour mener l’enquête. En s’appuyant sur le témoignage du marchand et d’autres bribes d’informations, ils ont déterminé que les hommes avaient été victimes d’une ghisarma.

H’aanit a un petit mouvement de recul. Les ghisarmas sont des créatures rares et dangereuses, habitant à l’autre bout du continent. H’aanit n’en avais jamais vu. Mais son maître, lui, en avait plusieurs fois chassé. H’aanit laisse s’échapper de sa bouche :

-Il va sans dire que nous ne pouvons laisser une créature aussi dangereuse rôder dans les futaies paisibles du saigneur Ciaran.

-Notre seigneur est très soucieux de protéger les sujets de son domaine. Affirme le héraut. Il cherche l’aide du chasseur le plus capable de ce village. Ainsi, en l’absence de maître Z’aanta, c’est vers vous que nous nous tournons.

Il soupire profondément.

-Voulez-vous bien débarrasser notre région de cette menace ? Il demande

H’aanit hoche la tête.

-Dites à votre seigneur qu’il peut compter sur moi.

Le héraut laisse s’échapper un petit rire devant la réaction si spontanée de la chasseuse.

-Vous avez une certaine dignité qui fait défaut à Z’aanta, mais je vois que vous partagez la même passion pour votre vocation. J’espère qu’il continuera à vous transmettre ses qualités, et qu’il vous épargnera ses... imperfections, dirons-nous.

-Mon maître est un bon professeur. Il enseigne par l’exemple ce qu’un chasseur doit et ne doit pas faire. Rétorque H’aanit

-Ha ha ha ! Bien dit ! Rit le héraut. Il semblerait que nous soyons entre de bonnes mains.

-Soyez-en certain. Répond H’aanit

Elle fait un petit signe à Linde, qui s’étire et se lève.

-Je pars sans tarder. Affirme H’aanit

Sur ces mots, H’aanit quitte la demeure. Elle ne voit pas le chef, et se dirige rapidement vers la boutique la plus proche.

Elle doit absolument acheter quelques plantes médicinales... Une ghisarma n’est absolument pas à prendre à la légère. H’aanit ne sait pas à quoi s’attendre... Et le peu qu’elle sait de son maitre, c’est que ces créatures sont bien plus grandes que le reste des créatures de la forêt.

Elle achète alors des plantes. Quelques olives vitales pour échapper à l’inconscience, quelques prunes stimulantes pour retrouver de l’énergie, et du raisin curatif qui soigne les coupures.

Avec les 200 feuilles gagnées précédemment, acheter une dizaine de chaque plante était facile.

-Bien, allons dans la forêt, maintenant. Lance H’aanit à Linde

Cette dernière laisse échapper un petit grondement pour acquiescer, et elles partent toutes les deux vers le Bois bruissant. Celui-ci se trouve vers l’ouest du village, mais n’est pas très loin.

H’aanit marche un peu dans la forêt à l’ouest du village. Le Bois bruissant n’est plus qu’à quelques mètres. La demeure du seigneur le plus puissant de Sombresylve se doit d’être plus loin des terrains de chasse des experts de S’warkii.

-Nous voilà enfin. Souffle H’aanit

L’entrée du Bois bruissant est devant elle. Il y a une petite barrière... Est-elle sensée arrêter la ghisarma ?

(Ridicule...) Pensa H’aanit

Elle passe en dessous, Linde fait de même. Les deux amies arrivent dans le Bois bruissant. Elles prennent un petit chemin de terre battue...

Mais, au bout de seulement quelques mètres, H’aanit se fige, son sac s’échappe lui-même de sa main. Linde laisse s’échapper un petit couinement surpris.

-Par les esprits... Souffle H’aanit

Le sol est jonché de morts. Loups, et humains. Des dizaines de corps, étalés dans leurs mares de sang.

Soudain, un des cadavres semble bouger. H’aanit court voir cet homme. Elle s’agenouille, tente de prendre son pou...

Mais ce n’était qu’un mensonge. Une hallucination. Peut-être quelque chose planté dans le système nerveux... Ou pire, un abus d’espoir qui fait voir de fausses informations à la chasseuse. H’aanit soupire profondément.

(Ce carnage n’est pas dû à l’envie de survivre.) Pense-t-elle. (Elle ne cherchait pas à se nourrir. Elle voulait tuer pour le plaisir... massacrer gratuitement.)

H’aanit serre les poings.

(Ces gens et ces animaux ont été réduis en charpie pour une simple démonstration de puissance.)

Soudain, H’aanit entend un bruit. Elle relève la tête, et voit une meute de loup. Des loups gris. Ils se regardent tous, pendant de longues secondes.

(Je te vois trembler, mon petit. La peur étreint ton cœur.) Pense H’aanit. (Tu as vu ce que cette créature a fait... Elle t’a obligé à en être témoin.)

H’aanit se relève, époussette ses vêtements, et se retourne vers les loups. Linde s’approche d’eux, et les câlines un peu, pour les rassurer.

-Patience. Je reviendrai sous peu m’occuper des morts. Affirme H’aanit

H’aanit va au pied d’un soldat. Un homme jeune, il avait encore de nombreux jours à vivres... H’aanit serre les dents.

-Mais d’abord, je dois les venger.

Un loup approche de H’aanit, toujours aussi terrorisé. Linde, elle, rassure toujours la meute. H’aanit s’adresse au loup.

-Veux-tu bien les protéger jusqu’à mon retour, mon ami ?

Le loup parait soudain déterminé. Une flamme nouvelle brule dans son regard.

-Merci. Sourit H’aanit

Elle baisse la tête, pour le remercier d’un geste, puis relève la tête.

-Ce ne sera pas long.

Les loups arrêtent enfin de trembler complètement. Ils partent derrière H’aanit, pour rejoindre les cadavres de leurs congénères. H’aanit les regarde faire un petit moment, puis pense malgré elle :

(Manger et être mangé... Tel est le destin, et le privilège, de tout animal de la forêt. Une vie pour une vie. Il en est ainsi depuis la nuit des temps. Mais tuer par plaisir ou par avidité revient à trahir les lois de la nature. Chaque fois qu’une créature prend plus que nécessaire, une partie de la forêt se meurt.)

Elle ferme les yeux.

(Il n’est plus simplement question de protéger le peuple du seigneur Ciaran.)

-Le sort de la forêt elle-même est en jeu. Sort finalement H’aanit en ouvrant les yeux

Elle se tourne vers Linde, et d’un mouvement de tête, cette dernière la rejoint. Elles partent toutes les deux plus loin dans la forêt. Remarquant que, contrairement aux rares fois où elles allaient dans le Bois bruissant, le gibier était rare. Très rare. Bien trop rare. Il n’y avait à peine que quelques menus marmottes, et des petits rats. Rien d’autre.

(Cela ne présage rien de bon...) Pense H’aanit

Plus loin dans la forêt.

Une meute de loup se tient devant un amas de roche. Ils sont tous, jeunes comme âgés, terrorisés. Une immense bête, deux ou trois fois plus grande que le plus grand d’entre eux, se tient devant eux.

Cette bête bavante les regardait de ses yeux jaunes exorbités. Elle se tenait à quatre pattes entre les roches, sa queue longue et noire fouettait l’air derrière elle. Ses quatre pattes dépourvus de fourrure présentait une peau violacée, finissant sur des mains aux doigts immenses. De la fourrure noire partait de sa tête pour rejoindre le bas du dos, lui créant une crinière aussi inquiétante que ses crocs aiguisés.

https://vignette.wikia.nocookie.net/octopath-traveler/images/3/3f/Ghisarma.gif/revision/latest?cb=20181126193206

Ces pauvres loups étaient en face d’une ghisarma.

Les loups tremblaient. Reculaient.

-GAAAAAAAAAAAR !

Mais rien n’y faisait, la ghisarma s’approchait d’eux de plus en plus. Ils savaient qu’ils étaient fichus, ils le savaient... Deux de leurs camarades jonchaient déjà le sol...

-GAAAAAAAAAAAR !

Le loup devant les autres ferma les yeux... Mais les rouvrit.

Une flèche vient d’atterrir devant la ghisarma.

-Assez.

H’aanit arrive enfin. Linde grogne à ses côtés. Furieuse.

Mais H’aanit, elle, devient une créature vengeresse. Une flamme brûle dans son regard si puissamment que n’importe qui se retrouverait calciné. Elle regarde la ghisarma dans les yeux. Même devant ses yeux immondes, H’aanit ne lâchera pas le regard.

Soudain, H’aanit senti à nouveau de la fourrure chatouiller ses narines. Elle se retourna. Les loups étaient terrifiés, et même les câlins de la panthère des neiges ne changeaient rien.

Le premier loup et la chasseuse se regardèrent. De longues secondes. Jusqu’à ce que le loup laisse s’échapper un gémissement. H’aanit lui fait alors un mouvement de tête.

-GAAAAAAAAAAAR ! Hurla la ghisarma

Les loups s’en vont rapidement. H’aanit ne regarde même pas la bête bavante derrière elle, elle regarde à sa droite. Et ferme les yeux.

-Je ne te crains pas, bête. Affirme H’aanit

Elle soupire et se tourne vers la ghisarma. La défiant du regard. Elle lui lance alors d’un ton cinglant :

-J’ai raison, n’est-ce pas ? On t’a chassée de ton territoire.

La ghisarma crache, comme pour acquiescer ses dires involontairement. Pour ne pas faire paraitre une faiblesse.

-Vaincue par une bête plus puissante, tu as pris la fuite et tu t’es retrouvée ici.

H’aanit laisse s’échapper un sourire.

-Je comprends mieux.

H’aanit fronce les sourcils et serre les poings. Repensant soudain aux cadavres à l’entrée de la forêt.

-Mais en déchaînant ton chagrin et ta colère sur plus faible que toi, tu as commis un pêché humain.

Elle soupire.

-Il en allait de ton devoir de t’adapter à la forêt, de la laisser te trouver une place... Mais au lieu de t’en accommoder, tu as voulu lui arracher le cœur et te l’approprier.

-GAAAAAAAAAAAR !!! Hurle la ghisarma

H’aanit sort son arme. Un arc de bois, son fidèle arc. Elle seule est capable de le manier correctement.

-Tu es une intruse en ces lieux, bête. Affirme H’aanit

H’aanit fait un pas en avant, et bande son arc, prenant une flèche.

-Et je me ferai l’instrument du jugement de la forêt ! Hurle H’aanit

Elle hurle, et fonce vers la créature bavante. Celle-ci fait de même. Les deux rivales se confrontent enfin.

H’aanit décoche une flèche. Elle atterrie dans les rochers. H’aanit peste, mais ne voit pas le premier coup de la créature. Elle lance sa terrible patte en avant.

Mais le coup n’arrive jamais à destination. Les crocs de Linde sont solidement plantés dans la patte de la ghisarma.

La ghisarma s’agite. Mais Linde ne lâche pas. Elle perce la chair.

-Linde !

Linde lâche alors la patte. La ghisarma repart attaquer H’aanit. Mais elle ne la rate pas. Une patte se fait toucher par la flèche de la chasseuse.

La ghisarma gémit. H’aanit sourit.

-Je crois que je viens de trouver son point faible...

Linde en profite, et court vers la créature. Elle sort l’entièreté de ses griffes avant, et vise les yeux. La ghisarma évite les griffes, mais se prend au lieu de ses yeux, c’est son dos qui se fait lacéré.

Elle crie, mais se redresse rapidement. Elle flanque un magnifique coup à Linde, qui s’effondre plus loin.

-LINDE !!!

H’aanit rejoint son amie. Linde se relève douloureusement... Mais lâche un cri de surprise. H’aanit se retourne. La ghisarma tente de lui mordre le visage.

H’aanit roule sur le côté. Mais un des crocs atteint tout de même la joue de H’aanit. Une coupure nette.

H’aanit pousse un gémissement. Mais cela ne la rend que plus furieuse et déterminée.

Elle se relève brusquement, prend son arc, et arme une flèche. La ghisarma se trouve près de Linde. H’aanit n’attend pas.

Elle tire une flèche. Puis une autre. Encore une autre. La ghisarma n’évite pas la première, ni la deuxième. Mais la troisième part plus loin.

H’aanit lance une autre flèche. Encore, et encore... La ghisarma en évite certaine, et en prend d’autres... Mais lorsque la cinquième flèche perce la peau de la créature, celle-ci tombe, soudain affaiblie.

-Elle...

H’aanit sourit, et Linde n’attend pas, elle lui saute dessus. La griffant de tous les côtés. H’aanit s’approche elle aussi, et se concentre.

Elle va utiliser une force... Qu’elle n’utilise jamais normalement. Une puissance qu’elle a nommée « l’exaltation ».

Elle ferme les yeux, et se concentre. Elle sent son arme ne faire plus qu’un avec elle. Elle sent une puissance couler dans ses veines. Elle ouvre soudain les yeux.

Une aura jaune apparait autour d’elle. Elle arme sa flèche... Le plus loin possible...

Elle tire. Une flèche entourée d’une aura jaunâtre atteint la créature assommée. Lui laissant un énorme trou dans le ventre. H’aanit respire à nouveau.

Mais la ghisarma se réveille. Elle semble encore plus furieuse.

-GAAAAAAAAAR !!!

Elle sort soudain des griffes de ses pattes. Elle se dirige vers H’aanit. Celle-ci esquive par miracle la plus grande partie des griffes. Mais une arrive tout de même à atteindre le ventre d’H’aanit.

H’aanit se tient le ventre. Du sang en coule en grande quantité. Avant de tomber dans les pommes, H’aanit empoigne de sa sacoche un raisin curatif. Elle le mort d’un coup, faisant s’échapper du jus partout sur le sol.

Mais la douleur se calme un peu. H’aanit arrive à se relever. Elle prend une dernière bouchée, et jette le cadavre du raisin plus loin.

Linde se bat au corps à corps avec le monstre. Elle grogne. La ghisarma attaque avec ses griffes. Linde fait de même. Cependant, Linde semble être en désavantage... Comme si, à chaque fois qu’elle attaquait, la ghisarma répliquait en pire.

H’aanit ne reste pas sans bouger. Elle tire une flèche vers l’œil de la créature. La flèche atteint sa cible.

La ghisarma hurle de douleur. Linde s’approche de sa maitresse. Elles s’échangent un regard, pour se rassurer mutuellement. Elles se retournent vers la ghisarma, désormais borgne.

Soudain, une aura violette apparait. Inquiétante. Volant autour de la créature. La créature bave de plus en plus, et semble prendre appui sur un rocher.

-Oh, c’est comme ça...

H’aanit sourit, et arme sa flèche. Linde, elle, sort ses griffes.

-GAAAAAAAAAAAR !!!

-HYAAAAAAAAAAA !!!

-ROAAAAAAAAAAR !!!

Les trois ennemies se jettent les unes sur les autres. Linde sort ses griffes. La flèche de H’aanit brille. Les crocs de la ghisarma semblent s’amincir pour devenir plus tranchant.

Un seul coup atteint sa cible.

Chacun retombe. Linde aux côtés de H’aanit, la ghisarma en face d’elles.

-Gaaa... aaa... rrraggghhh... Souffle la ghisarma

La ghisarma tombe. La flèche profondément enfoncée dans son crâne laisse s’échapper un mince filet de sang.

H’aanit respire fortement, soudainement épuisée. Linde vient à ses côtés. Elles se sourient toutes les deux, satisfaites.

-Tu n’as pas perdu ta vie en vain, car ta dépouille nourrira d’autres créatures. Souffle H’aanit pour la ghisarma.

Elle range son arme.

-Tu fais désormais partie de la forêt, et en elle, rien n’est gâché. Reprend H’aanit

Soudain, un petit bruit vient de derrière H’aanit. Elle se retourne. Les loups réapparaissent. Ils la regardent quelques secondes, jusqu’à ce qu’un loup, le meneur de tout à l’heure, approche de la créature morte, pour commencer à la dévorer. H’aanit tourne le dos, pour le laisser savourer tranquillement. Voyant que l’ignoble créature était morte, les loups décidèrent de s’approcher à leur tour.

-Approchez, mes amis. Cette vie vous appartient à tous. Affirme H’aanit

Elle entend les loups se régaler derrière elle, ce qui la fait sourire. Elle s’essuie la joue, dont la coupure continuait de saigner. Elle respire enfin.

-Les animaux qui broutent l’herbe finissent par nourrir les animaux qui se repaissent de viande. Les mangeurs de viande, à leur tour, nourrissent les prédateurs les plus puissants. Et quand le plus puissant d’entre tous vient à mourir, sa vie est rendue à la forêt. Sa chair alimente la terre, l’herbe... Son sang devient sève, ses os branches... Il finit par nourrir les herbivores, et le cycle recommence...

Linde s’assoit à côté de son amie, écoutant ses mots si justes.

-Ces vies entremêlées forment une tapisserie qui se tisse et se retisse jour après jour, chaque fil indispensable à l’ensemble.

H’aanit respire bruyamment, en entendant soudain une voix reconnaissable dans sa tête.

Ecoute-moi, jeune fille. Pour être chasseur, il faut accepter d’ôter la vie. Mais nous le faisons que pour survivre.

N’oublie jamais que tu as le devoir sacré de continuer à vivre...

-De poursuivre ta vie en hommage, à ceux qui sont tombés sous tes flèches... Termine H’aanit

Elle reste en silence une petite seconde, avant de laisser s’échapper un rire.

-Tant qu’il parle de chasse, il est la sagesse incarnée... Elle souffle

H’aanit regarde Linde, toujours assise à ses côtés.

-Si seulement il ne s’intéressait à rien d’autre...

Elles se sourient mutuellement.

-La chasse est terminée. Il est temps de s’occuper des victimes.

Linde acquiesce d’un petit miaulement de panthère, et elles se mettent en route vers l’orée de la forêt. H’aanit déguste un raisin sur le chemin. Elle aimerait en donner à Linde, qui elle aussi s’est bien battue, mais...

La jeune panthère hait les raisins.

Elles marchent dans le silence. H’aanit est très satisfaite. Elle a vaincu sa toute première ghisarma.

Son maître sera fier d’elle.

Elles arrivent enfin à l’orée de la forêt. Mais H’aanit remarque immédiatement que, si les cadavres des loups sont toujours là, il n’y a plus aucun cadavre d’humain.

En avançant un peu plus, H’aanit remarque alors le héraut du seigneur Ciaran, tenant une pelle, et devant plusieurs petits tas de terres fraichement battue. Chaque petit tas à un bâton solidement planté.

-Avez-vous réussi ? Demande le héraut

H’aanit hoche la tête.

-La bête n’est plus. Ces tombes...

-J’ai pris la liberté de les creuser en attendant votre retour. Répond le héraut

Le héraut blêmit soudainement. H’aanit se retourne, et retrouve la meute. Elle leur sourit, puis se retourne vers le héraut.

-Merci, mais je dois vous demander une chose. Elle commence

Elle jette un regard en arrière vers les loups. Le héraut retrouve des couleurs en voyant que les loups ne leur feront pas de mal. 

-N’enterrez pas les animaux. Laissez la forêt les reprendre. Ce sont les funérailles qui leur conviennent.

-Comme il vous plaira. Soupire le héraut

H’aanit et le héraut repartent alors dans le village. N’ayant rien à se dire, aucun mot n’est sorti de tout le trajet.

A part peut être les « merci » et les « je suis vraiment heureux que vous ayez réussi » répété du héraut.

Ils arrivent enfin au tranquille village de S’warkii. Le héraut s’en va, non sans avoir une énième fois remercié H’aanit de son geste, pour rejoindre le chef. H’aanit, elle, reste sans bouger quelques secondes.

Elle s’apprête à rentrer chez elle, mais... Elle entend un bruissement de feuille.

-... ?

Soudain, devant elle, un énorme loup gris apparait. Il semble âgé, il a une cicatrice sur l’œil gauche... Et son apparition fait sauter de joie à la fois Linde et H’aanit.

-Hägen ! Tu es de retour ! S’écrie cette dernière

Après un an, une longue année d’absence, le loup de son maître était enfin revenu. Son ami était enfin revenu.

Linde approche, pour saluer, mais Hägen recule subitement.

-Ahouuuuu ! Grogna Hägen lourdement

-... ! Fait H’aanit

H’aanit approche de son ami.

-Où est maître Z’aanta ? Lui est-il arrivé quelque chose ?! Demande H’aanit

-Ahouuuuu !

-Il semble affolé... et mort de peur. Souffle H’aanit

H’aanit avance encore d’un pas, morte d’inquiétude. Linde approche, et tente de rassurer Hägen. Mais celui-ci semble toujours aussi apeuré.

-Tu as couru jusqu’ici, n’est-ce-pas ? Seul... Maître Z’aanta a-t-il besoin de mon aide ? Demande H’aanit

-Hou, hou, ahouuuuu ! Grogne Hägen

Mais il laisse finalement Linde l’approcher, ce qui la permet de le rassurer en le câlinant tendrement. Hägen semble se calmer un peu, ce qui permet à H’aanit de le caresser doucement au niveau de la tête.

-Du calme, mon grand. Tout va bien. Souffle H’aanit

-Houhou... Gémit Hägen

-Là, là... C’est bien.

(Maître Z’aanta a des ennuis, cela ne fait aucun doute. Je dois le rejoindre au plus vite. S’il lui arrivait malheur...)

H’aanit relève la tête pour s’adresser à son ami.

-Hägen, peux-tu me mener à lui ?

Hägen répondit par un grognement. H’aanit sourit, comprenant que c’est une réponse positive.

-Quoi qu’il ait pu se passer, nous le sauverons... ensemble.

H’aanit n’attend alors pas. Elle ne prend même pas le temps d’acheter de nouvelles prunes et de nouveaux raisins. Elle rentre chez elle, empoigne une carte, un sac, et toutes ses économies (soit 1000 feuilles), et sort de chez elle.

Equipée sobrement, elle est bien trop inquiète pour rester plus longtemps. Elle se dirige vers la sortie nord du village. Mais elle entend soudain une voix.

-Alors, il parait que tu pars à la recherche de Z’aanta.

C’est la voix de son chef. H’aanit se retourne, le village entier est derrière eux, pour la regarder partir.

-Hägen est venu m’appeler à l’aide. Répond H’aanit

Hägen acquiesce par un grognement.

-Dans sa lettre, maître Z’aanta disait être en route pour Guet-des-rocs.

H’aanit se tourne vers ses amis bêtes.

-C’est donc là-bas que nous commencerons nos recherches.

-Avec un peu de chance, c’est simplement qu’il n’a plus les moyens de payer l’aubergiste après un autre pari malavisé... Affirme un chasseur. Mais si Hägen a fait tout ce chemin seul... je ne peux pas m’empêcher de craindre le pire.

Ce chasseur regarde H’aanit dans les yeux.

-Fais très attention, H’aanit.

-Bien sûr.

-Et ne prends pas de risques inconsidérés. Suis les enseignements de Z’aanta, mon enfant... pas son exemple. Demande le chef

-Merci, Chef. N’ayez aucune inquiétude. Nous serons de retour avec maître Z’aanta avant la prochaine lune.

Elle se retourne vers la sortie de son village. Village qu’elle n’a jamais réellement quitté.

(Tenez bon, Maître Z’aanta. Nous arrivons.)

Elle prend une grande inspiration, et se dirige dans la forêt qui s’ouvre devant elle. Elle avance en silence...

-Me voilà partie pour un long voyage.

Elle sourit à ses deux amis.

-Je suis heureuse de commencer ce voyage avec vous... Mais j’espère que maître Z’aanta va bien.

-Hey ! Vous, la voyageuse !

H’aanit s’arrête soudain. Elle n’a pas rêvée, une voix d’homme vient de lui parvenir...

Et en effet, c’est un jeune homme qu’elle voit, adossé à un panneau d’affichage, se tenant la jambe. Il est blond, avec des cheveux attachés, et il porte un vêtement bleu.

-Hum ?

-Un monstre m’a attaqué et m’a blessé à la jambe... Ça m’embête de vous demander ça mais vous n’auriez pas du raisin curatif pour soigner ma blessure ?

Il regarde H’aanit d’un air suppliant. H’aanit n’hésite pas une seconde, et lui tend un de ses raisins curatifs. Le jeune homme le prend sans hésiter, et le mange goulûment. Il se relève au bout de quelques secondes.

-Merci beaucoup, noble voyageuse ! Puis-je savoir votre nom ?

-Je suis H’aanit. Et vous ?

-Kit !

Il sourit à H’aanit.

-Je vous remercie de m’avoir aidé ! Affirme Kit

-Entre voyageurs, c’est normal. Répond H’aanit

-Je suis vraiment heureux de vous avoir rencontré !

Il sourit encore. Il semble si insouciant... Par rapport à H’aanit, il est comme un enfant.

-Pourquoi voyagez-vous ? Demande H’aanit               

Kit perd son sourire le temps d’une demi-seconde.

-Je vais être honnête. Je recherche mon père, il a disparu depuis bien trop longtemps...

-Oh, je vois. Souffle H’aanit

Les deux se regardent quelques secondes. Un petit silence s’installe, que Kit brise au bout d’un moment :

-Sur ce, je vais repartir dans mon voyage. Merci encore, et j’espère vous revoir !

-Je l’espère aussi. Au revoir. Répond H’aanit

-Au revoir !

Et il partit, sans plus de mots.

-Bien.

H’aanit déplie sa carte.

-Profitons de ce panneau pour savoir quelle est notre destination...

H’aanit regarde la carte avec attention.

-Guet des rocs se trouve dans les Hautes Terres... Le chemin le plus court se fait par les Terres de givres, puis les Basses Plaines, et le Littoral...

Elle regarde les deux bêtes à ses côtés.

-Eh bien, notre destination est toute choisie.

Elle regarde le panneau d’affichage. Les Terres de givres étaient marquées vers l’est.

-Allons aux Terres de Givres !

 

 

C’est ainsi que la chasseuse H’aanit entama son voyage.

Son maitre ayant disparu en traquant le redoutable « Œil-rouge », c’était désormais à elle de le retrouver et le ramener au village.

Que lui réservait le destin sur la route qu’elle avait décidé de suivre ?

Seuls les Dieux le savaient...

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