Eight Travelers - EN PAUSE

Chapitre 15 : Tressa la marchande

4115 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/06/2019 13:26

Bonne lecture à tous !

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Ce monde regorge de trésors.

Et je sais que celui que je cherche m’attend quelque part.

Alors, je mettrai le cap vers l’horizon et le vaste monde qui s’étend au-delà...

La jeune fille se réveille dans sa chambre. Une chambre sobre, mais non moins chaleureuse. De brun, éclairée par la lumière du soleil.

Elle se frotte les yeux, et s’habille directement. Elle troque sa nuisette blanche pour une robe longue aux manches courtes et bouffantes de la même couleur. Elle enfile au-dessus d’elle un petit gilet marron en cuir.

Elle enfile des bottines marron, et met son immense sac beige contenant nombre de poches sur le dos.

Enfin, comme touche finale, elle pose sur ses cheveux courts et bruns un chapeau noir plutôt gros surmonté d’une grande plume jaune. Elle prend un sourire, faisant briller ses petits yeux noirs de malice.

-Bon, la boutique ne va pas s’approvisionner toute seule !

Elle sort sans attendre de sa chambre, et arrive dans la salle principale de sa maison, la boutique.

Oui, cette jeune fille est une jeune marchande, vivant dans une famille de marchands. La boutique est petite, et hélas, ne rencontre pas un énorme succès. La famille de la jeune fille gagnent assez pour vivre, rien de plus, rien de moins.

La mère de la petite, Marina, commence à sortir les articles, alors que le père, Olnéo, fait les comptes. La jeune fille lance alors :

-Bonjour, M’man ! Bonjour, P’pa !

Les deux parents se retournent vers leur fille.

-Bonjour, Tressa ! Affirme Olnéo. Notre meilleure employée a l’air prêt à se mettre au travail !

Ladite Tressa, l’une des plus jeunes filles du village, l’une des personnes les plus insouciantes et souriantes du continent, et la plus grande marchande en devenir, sourit.

-Pour sûr ! Je vais commencer par aller faire les courses pour remplir les rayons !

Elle se dirige vers la porte de sortie.

-Minute, papillon de mer. Lance Olnéo

Tressa se tourne vers lui.

-Dis-moi : quelles sont les trois choses indispensables à un marchand ?

Tressa sourit, et récite :

-Un marchand a besoin... d’être souriant, poli et matinal ! Tu croyais m’avoir, hein ?

-Tu es trop maline pour moi, Tressa. Allez, au boulot ! Répond Olnéo

-Compte sur moi, P’pa !

-Sois prudente, Tressa. Souffle Marina

Tressa se tourne à présent vers elle, qui pose le stock de prune sur le comptoir.

-Ces maudits pirates font du grabuge près de la taverne ces derniers temps. Si tu les aperçois, tâche de les éviter, c’est bien compris ?

Tressa hoche la tête.

-Compris, M’man ! Je serai de retour plus vite que la marée montante !

Tressa sort sans plus de cérémonies. Son père soupire.

-Et la voilà partie. Elle me fait penser au garçon que j’étais à son âge. Toujours à courir par monts et par vaux pour prouver que j’étais un marchand digne de ce nom.

-Tu es bien présomptueux, mon cher. Notre Tressa n’est pas une jeune fille comme les autres.

Olnéo a un mouvement de surprise, et il se met à rire.

-Ca, je ne te le fais pas dire.

Les deux parents rient alors de cœur.

-C’est une belle journée, aujourd’hui !

Tressa sort, et arrive dans son petit village, Raz de Remous.

Ce village de pêcheur est le plus petit du Littoral. Un village simple, pittoresque, ou il fait bon vivre. Les maisons et sentiers sont en pierres, les toits de bois, et les marchés de toiles fines.

Oui, si ce village est un tant soit peu touristique, c’est en très grande partie pour son port marchand. Un véritable port de transfert entre les terres d’Orsterra de l’ouest, et celles de l’est, ou entre tout simplement la mer et la terre.

Sans oublier le nombre de pêcheur très important : Raz de Remous étant le seul village à la ronde, la concurrence en terme de pêche est bien faible, comparés à d’autres grandes villes du Littoral.

Tressa se dirige immédiatement vers le port. Les pontons de bois s’enchainent sur plusieurs mètres, et les bateaux ont juste assez de places pour s’arrimer.

Elle voit les bateaux encore au loin.

-Mon fournisseur favori n’est pas encore arrivé...

Elle soupire, et se dirige vers un ponton, tourné vers la mer. Elle regarde cette étendue d’eau salée.

Elle ne me remarque pas tous de suite, mais un homme, plus âgé, blond avec des vêtements verts regarde la mer aussi.

Tressa tourne enfin la tête.

-Tiens, bonjour... Vous semblez bien pensif.

L’homme se tourne vers elle.

-Oh pardon, je ne vous avais pas vus...

Elle sourit.

-Je suis Tressa. Et vous ?

-Lemann.

Il se retourne vers la mer, Tressa fait de même.

-... J’ai un rêve depuis tout petit. Murmure Lemann

-Ah oui ?

Lemann hoche la tête.

-J’ai toujours voulu faire de nouvelles découvertes. Partir par-delà les mers...

Tressa sourit.

-Et qu’est ce qui t’empêche de réaliser ce rêve ? Hein ?

-... J’ai trop peur. J’ai toujours été un froussard.

Il soupire, et serre les poings.

-Mais je sens que je vais le faire... Il me manque cependant un kit d’aventurier ; une carte, une boussole...

-Je vois.

Elle se tourne vers lui.

-Si j’en obtenais un, vous l’achèteriez ?

Il se tourne vers elle.

-Evidemment ! Mais je n’en trouve nulle part, ça me semblerait étrange que vous en trouviez un...

-J’accepte le défi !

Tressa part sans attendre dans la ville.

-Bien, essayons de trouver ce kit...

Elle part vers le marché. Il est encore tôt, il n’y a pas grand monde... Cependant, un marchand est là.

-Tiens tiens...

Elle s’approche de l’étal.

-Bonjour ! Lance le marchand

-Bonjour ! Je regarde votre étal ! Se permet Tressa

Tressa se penche un peu en avant. Regardant dans l’étal. Regardant partout, minutieusement. Elle a toujours eu l’œil, et elle le savait, le sentait, il y a quelque chose ici.

-Hum hum...

(Je sens qu’il y a quelque chose dans cet étal... Je le sens...)

Elle soulève alors quelques tissus et des fourrures pour voir en dessous. Elle sourit.

-Excusez-moi, c’est à vendre ? Elle demande

Le marchand se tourne vers Tressa.

-Quoi, ça ? Cette vieille boite ?

Tressa prend la boite, et l’ouvre. Une boite simple, en bois.

-Oui, c’est exactement ce que je cherchais !

A l’intérieur se trouvent de nombreux objets : carte, boussole, compas...

-Combien pour l’intégrale ? Insiste Tressa

Le marchand semble légèrement confus.

-Eh bien... C’est-à-dire que... Je ne comprends pas pourquoi on voudrait acheter une vieille boite comme celle-ci... Et moi-même, à vrai dire, je l’ai complètement oublié.

-50 feuilles ?

Le marchand soupire.

-Si vous insistez... Va pour 50 feuilles.

Tressa sourit, et lui tend les 50 feuilles.

-Merci !

-De rien...

Tressa part alors plus loin, en direction des pontons. Souriante, et la boite en main.

Elle arrive au ponton, ou se tient Lemann.

-Lemann !

-Oui, Tressa ? Lance Lemann

Il se retourne, et pousse un cri de surprise en voyant la boite que Tressa tient.

-C’est impossible !

-Impossible n’est pas Tressa ! Mais je vous comprends, lorsque vous dites que vous n’en avez pas trouvé. Les marchands eux-mêmes ont oubliés son existence !

Lemann balance son bras en avant, pour tenter d’attraper la boite. Mais Tressa l’esquive.

-Y’a pas de petit profit, mon ami ! 100 feuilles, et cette boite est à vous !

-Oh oui, c’est vrai, tenez !

Il sort un sac, et le tend à Tressa. Elle le prend. Voyant qu’il semble assez rempli, elle lègue la boite à Lemann. Celui-ci saute presque de joie.

-Merci infiniment, Tressa ! Et sur ce, je pars à l’aventure !

Il court plus loin.

-Attends, je dois compter...

Elle soupire.

-Il est déjà trop loin.

Elle compte alors les feuilles dans le sac qu’elle vient de prendre, et s’étouffe presque.

-Mi... MILLE CINQ CENT FEUILLES !!!

Elle recule brusquement.

-C’est pas vrai, je lui ai demandé 15 fois moins ! Je crois qu’il vient de me donner toutes ces économies !

Elle prend une grande inspiration.

-Bon... Je suppose que je vais garder ça...

(Mais si je le retrouve un jour, je lui rends ce que je lui dois... Je suis une marchande, pas une voleuse !) Pense cependant Tressa

Elle soupire, et remarque un bateau sur le port.

-Ah ! Enfin !

Elle court vers le port, plus précisément vers un étal du marché près du port qui vient tout juste de s’installer.

Elle voit alors un pêcheur, qui commence à déballer ses poissons. Celui-ci se retourne, et sourit en voyant Tressa.

-Tiens, si c’est pas la marchande la plus bosseuse du coin ! Il lance

Il fait un signe dans sa direction.

-T’es même arrivée au port avant certains pêcheurs.

Il rit un peu.

-Hé hé ! Ca ne devrait pas vous surprendre ! Affirme Tressa. Vous savez aussi bien que moi que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Enfin, le poisson, dans notre cas !

Le pêcheur hoche la tête.

-T’as bien raison. D’ailleurs, v’là la prise de ce matin.

Il cherche un peu, et prend un énorme poisson bleu pour le montrer à Tressa. Celle-ci l’examine.

-Ah, un marlin bleu.

Elle sourit.

-Un beau spécimen, à la chair épaisse et ferme...

Tressa réfléchit.

-Voilà ce que je peux vous offrir en échange.

Tressa sort quelques feuilles. Le pêcheur semble mécontent.

-Ça vaut un peu plus, quand même. C’est un sacré morceau, ce bestiau !

-Bon, tant pis, je vais aller voir ailleurs alors... Soupire Tressa

Elle fait mine de s’en aller. Mais elle aborde un sourire narquois, et lance :

-Votre hameçon lui a déchiré les tripes. J’allais le prendre quand même, mais là...

Le pêcheur baisse la tête.

-Bon, d’accord... Marché conclu, Mam’zelle. Capitule le pêcheur

Tressa sourit et se retourne.

-C’est toujours un plaisir de me fournir chez vous !

Elle achète le marlin pour quelques feuilles. Le pêcheur soupire.

-T’es dure en affaires, toi. La négociation, t’as ça dans le sang. J’ai eu tort de te sous-estimer.

-Ca, c’est sûr ! Répond Tressa. Je n’en ai peut-être pas l’air, mais je sais marchander comme personne !

-Et je risque pas de l’oublier. Allez, reviens quand tu veux !

-A bientôt ! Et encore merci !

Tressa repart alors vers le marché.

-Bien, continuons comme ça !

Une petite heure plus tard

-J’enchaîne les bonnes affaires !

Tressa regarde dans son sac, plein de nombreux articles et de feuilles. Elle regarde d’un œil brillant un lot de prunes venues de la région de Sombresylve. Du vin irisé, très rare dans la région. Ou encore des fourrures, venues de marmottes des glaces de Sourdeneige. Elle prend une fourrure dans les mains, elle est incroyablement douce.

-A ce prix-là, c’était pratiquement donné ! Voilà qui devrait attirer la clientèle dans notre petit commerce !

Tressa baisse la tête.

(Notre petit commerce... Maman et papa n’ont personne d’autre que moi... Qui prendra la relève si je ne le fais pas ?)

Tressa regarde l’horizon en silence. La mer s’étend à perte de vue.

(L’océan est si vaste...)

 

Je me demande toujours...

Qu’est-ce que je veux vraiment ?

Qu’est-ce que je veux faire de ma vie ?

Et la question qui me vient ensuite, c’est...

 

(Qu’est-ce qu’il y a au-delà de l’horizon ?)

-Larguez les amarres !

Tressa se retourne. Un bateau vient d’arriver au port. Un immense navire, en bois, doté de multiples voiles.

(C’est la première fois que je vois ce navire. Je me demande d’où il vient.) Pense Tressa

Tressa va voir le bateau, elle le regarde avec envie. Jalousant les distances que cet immense navire a du parcourir.

Un homme descend du navire. Il est vêtu d’un grand manteau gris, de vêtements de la même couleur, et d’une écharpe d’un bleu marin.

Il a de longs cheveux blonds, dont une mèche couvre l’un de ses yeux. Sans oublier ses yeux aussi bleus que la mer.

(Cette ville à l’air d’un ennui...)

Il avance un peu, et se retourne vers le marché.

(Ah, mais un délicieux fumet me chatouille les narines. La cuisine locale semble prometteuse.)

Il rit un peu.

Il avance, et voit une petite fille regardant son bateau.

-Qu’y a-t-il, petiote ? Que regardes-tu avec ces yeux de merlan frit ?

Tressa montre le bateau d’un regard.

-C’est un navire marchand ? Elle demande

L’homme s’avance.

-En effet, et je suis son capitaine.

-Bonjour, Capitaine, je m’appelle Tressa. Je suis une marchande de cette ville.

-Enchanté.

Tressa se retourne vers le bateau.

-Je parie que vous avez un tas de marchandises intéressantes à bord.

Tressa se retourne à nouveau vers le capitaine.

-Vous croyez que je pourrais y jeter un coup d’œil ? J’aimerais vraiment voir ce que vous avez apporté d’outre-mer.

-Tu as bien l’œil d’une commerçante, petite. Tu lorgnes un simple navire marchand comme s’il était en or massif. Malheureusement, seuls ceux qui ont mérité ma confiance peuvent monter à bord.

-Oh...

Tressa baisse la tête. Mais soudain, un cri se fait entendre, en directoon du marché. Tressa à un mouvement de surprise.

-Qu’est-ce que c’était ?

Tressa fait un pas.

-Je vais aller voir !

Tressa part en courant.

-Glissante comme une anguille, cette jeunette...

Pendant ce temps, devant la taverne

Deux hommes renversent une marchandise. Riant.

Le premier est plutôt maigre. Il porte un pantalon et un gilet de cuir brun, ainsi qu’une sorte d’écharpe blanche enroulée à sa taille. Sur son crâne repose un bandana beige et uni. Son visage est fin, barbu, avec d’immenses sourcils noirs. Son sourire respire le sadisme.

Le second est plus gros, et très légèrement plus petit. Il porte un pantalon de toile bleu, une chemise blanche, et un bandana assorti à son camarade. Lui n’a pas de barbe, mais une moustache sombre proéminente. Enfin, lui ne respire pas le sadisme, mais plutôt la force brute, voir l’idiotie pour certains.

Ils ne renversent pas n’importe quelles marchandises non plus ; ils s’amusent à torturer un simple vendeur de rue. Cependant, le vendeur de rue est âgé ; il ne peut ni se défendre ni défendre sa marchandise.

-Non, je vous en supplie ! C’est tout ce qu’il me reste... Supplie le vendeur

-Mordious, on est dans la même galère, mon vieux. Lance le premier

Il frappe alors sans ménagement le vieil homme.

-Nous aussi, on est complétement à sec. Pas vrai, Makk ?

Ledit Makk s’approche en ricanant.

-Tu l’as dit, Mikk. Alors, quand on a b’soin d’un truc, on l’prend. On est pas pirates pour rien, parbleu !

-Ayez pitié...

Les deux rient.

Un autre homme sort de la taverne, tenant un immense tonneau dans les mains.

-Capitaine ! J’ai chopé ce qu’y fallait dans c’magasin !

Mikk et Makk se regardent en silence.

-Peut y avoir qu’un seul capitaine... Et c’est moi. Affirme Mikk

Makk secoue la tête.

-Ha ! Tout l’monde sait que c’est moi, l’capitaine. Toi, t’es l’second.

-C’est ce qu’on va voir, Makk, sale chien galeux !

-Ouais, on va régler ça, Mikk, pauv’raclure de fond d’cale !

L’autre homme avance.

-Vous pouvez pas être capitaines tous les deux ?

Les deux se tournent vers leur larbin.

-Bon, d’accord... Et toi, fais voir l’reste d’ton butin ! Ordonne Mikk

Tressa arrive finalement en courant. Elle voit ce qu’il se passe.

(Les pirates dont parlait Maman !) Elle pense immédiatement

-Hé ! Arrêtez tout de suite ! Elle s’écrie

-Qui a dit ça ?! Demande Mikk

Les deux se retournent. Ils voient devant eux une jeune fille survoltée et courageuse, et leur lance :

-Moi ! Les gens de cette ville sont des marchands et des pêcheurs honnêtes, qui travaillent d’arrache-pied pour gagner leur pain. Vous n’avez donc pas de cœur ? Ne leur volez pas le peu qu’ils ont !

-Du cœur, j’en manque pas ! J’te laisse une chance de mettre les voiles, gamine. Lance Mikk

Il s’avance vers elle. Il sort un sabre, qu’il s’empresse de prendre pour menacer la petite marchande. Cette dernière recule d’un pas.

-Mais je... Elle souffle

-T’as intérêt à décamper, mouflette. Provoque Makk. Viens pas fourrer ton nez dans les affaires des grands.

-Je n’irai nulle part... Provoque encore Tressa

Mikk remarque alors le sac de la jeune marchande.

-Tiens, tiens. Qu’est-ce que j’vois là ? Lance Mikk

-Du vin irisé ! Si c’est pas gentil d’nous faire un cadeau ! Reprend Makk

Makk s’approche de Tressa. Elle recule d’un pas. Mais en un mouvement, elle se retrouve presque à terre. Bousculée, elle ne peut empêcher Makk de s’emparer du vin irisé.

-Non ! S’écrie Tressa

-C’est pas une morveuse comme toi qui l’apprécierait, de toute façon. Affirme Mikk

-On t’rend service en t’en débarrassant. Tu devrais nous dire merci. Renchérit Makk

Tressa se relève, en colère.

-Rendez-moi ça !

-Ça suffit, petite.

Tressa se retourne. C’est le capitaine du navire marchand qui arrive, d’un air grave.

-Mais, Capitaine ! Proteste Tressa

-Tu as du cran, il faut bien le reconnaitre. Mais ces messieurs ne semblent pas être du genre à entendre raison, tu vois ?

Makk hoche la tête.

-C’marin d’eau douce sait d’quoi il cause, gamine. Tu f’rais mieux d’l’écouter. Dans c’bas monde, les forts saisissent et les faibles frémissent.

Les pirates rient. Le capitaine reste en silence, ainsi que Tressa. Les pirates rient, et prennent encore des articles aux pauvres vendeurs de rue.

(Je ne peux rien faire... Je me sens si... Impuissante...)

-Merci pour l’butin, bande de pétoncles pétochards ! Affirme Mikk

-Ouais, au plaisir de vous r’voir. Reprend Makk

Les pirates partent alors, riant, les poches pleines d’articles ne leur appartenant pas. Tressa sert les poings. Le capitaine se tourne vers elle.

-Je vois tes jambes trembler, petiote. Inutile de le cacher. Souffle le capitaine

-J-j’ai juste une crampe... c’est tout. Affirme Tressa

-Le meilleur marchand du monde ne peut racheter sa vie une fois qu’on la lui a prise.

-Je sais, mais...

Le pauvre vendeur de rue avance, et peste.

-Ils ne peuvent pas nous ficher la paix ? Ils devraient être en mer, ces requins ! Au lieu de ça, ils se terrent dans la caverne de Maiya, à l’ouest de la ville. Qu’est-ce que je vais faire, moi ?

Le capitaine tourne le dos, et retourne vers son bateau.

(Qu’est-ce que je vais faire, maintenant... Je ne peux pas rester là, les bras croisés !) Pense Tressa

Elle hoche la tête.

-Direction la caverne de Maiya !

Elle y court. Elle n’est jamais partie dans cette caverne, mais si ce vendeur disait qu’elle se trouvait à l’ouest, alors elle savait où aller ! Et de toute manière, une caverne, c’est visible !

-Et ou vas-tu comme ça, petiote ?

Tressa se retourne.

-Capitaine...

Caché derrière un étal de marchandises fraichement sorties, il semble mécontent de voir Tressa se diriger à l’ouest.

-J’espère me tromper, mais tu m’as tout l’air de mettre le cap sur le repaire des pirates. Ce serait bien imprudent, tu ne crois pas ?

Tressa baisse la tête.

-Je sais, mais...

-Tu comptes y aller malgré tout.

Il s’approche d’elle.

-Tu dois donc avoir un plan d’attaque à toute épreuve. Et une arme, bien sûr. Tu n’oserais tout de même pas t’aventurer là-bas les mains vides, si ?

Il sourit.

-Il faudrait être bien irréfléchi pour croire que l’on peut marchander avec des pirates sans foi ni loi.

Tressa hoche la tête, et sort une lance de son immense sac.

-Je sais en utiliser une à peu près... Mais...

Elle semble déterminée.

-Ces pauvres gens risquent de mourir de faim s’ils ne récupèrent pas leurs biens ! Sur mon honneur de marchande, je ne peux pas laisser ces maudits pirates s’en tirer comme ça !

-Des mots bien choisis, petiote. Affirme le capitaine

-V-vous trouvez ?

-Oui. Puisque tu es déterminée, je ne te retiendrai pas... à condition que tu me permettes de t’aider.

Tressa semble interloquée.

-Comment ça ?

-Je suis prêt à mettre certaines de mes marchandises à ta disposition, si elles peuvent t’être utiles. Si tu vois quelque chose qui t’intéresse, sers-toi... moyennant paiement, bien sûr.

-Marché conclu !

Tressa s’approche de l’étal, et inspecte les articles. Elle finit par choisir une herbe. Elle tend quelques feuilles au capitaine.

-A quoi pourrait bien te servir de l’ivraie-de-nuit ? Demande ce dernier

Tressa sourit.

-Ces pauvres pirates doivent être épuisés après tous ces pillages. Donc je me disais que je pourrais les aider à se détendre en glissant cette herbe dans leur vin.

Le capitaine semble surpris, mais il se met finalement à rire.

-Ha ha ha ! Je vois que tu as plus d’un tour dans ton sac ! Eh bien, file. Et fais attention à toi, petiote.

-Merci !

Tressa est fière de son plan. En effet, l’ivraie-de-nuit est bien connue des apothicaires pour ses vertus en tant que somnifère de grande qualité.

-Au fait, Capitaine... Pourquoi est-ce que vous m’aidez ? Demande Tressa

Le capitaine sourit.

-Parce que mes yeux me le dictent. Etant toi aussi une marchande, tu comprends certainement. Nous évaluons tout avec nos yeux. Et les miens me disent que tu n’as rien d’une jeune fille ordinaire.

-Hé hé. Je vois... Merci, Capitaine.

Tressa se dirige en courant vers la taverne. Son plan prend forme ! Là-bas, elle s’adresse au tavernier.

-Excusez-moi, je peux vous demander un service ?

Le tavernier baisse la tête.

-Tu tombes bien mal, ma petite... Ces maudits pirates ne nous ont rien laissés...

-Justement, j’ai une idée...

Elle lui explique alors le plan. Le tavernier sourit.

-Allons à la cave. Il propose. Je devrais vous trouver ça.

Quelques minutes plus tard

-Ça devrait faire l’affaire.

Tressa sourit en voyant le tonneau rempli de vin devant elle. Elle y a déjà mis l’ivraie-de-nuit.

-Il ne me reste plus qu’à faire ma livraison spéciale !

Elle s’empare du vin, et le range dans son sac démesuré. Elle sort de la taverne, et se dirige vers l’ouest.

Cependant, elle remarque un groupe devant elle, qui se dirige aussi vers l’ouest. Un groupe plutôt nombreux. Elle avance.

-Dites, vous allez vers la caverne de Maiya ? Demande Tressa

Les sept membres du groupe se tournent vers elle. Une prêtresse vêtue de blanc semble très en colère.

-Ce n’est pas un coin très touristique, hein ! Insiste la marchande

-Nous ne sommes pas des touristes... Et ces pirates de pacotilles vont me le payer ! Lance la prêtresse

-Ophilia, je t’en prie... Murmure un érudit près d’elle

La prêtresse se tourne vers Tressa.

-Petite, vraiment, nous allons nous occuper de ces pirates. Tu peux rentrer chez toi.

-Ah, sauf qu’en fait, j’ai déjà un plan pour m’en débarrasser ! Lance Tressa

Elles se regardent longuement. Aucune ne faiblit. Finalement, une main se place sur l’épaule de la prêtresse. Une jeune femme armée d’un arc s’approche de Tressa.

-Je suppose que tu iras, même si on ne le voulait pas.

-Non, en effet.

La jeune femme sourit.

-Alors si tu venais avec nous, nous expliquer ce plan ?

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