Eight Travelers - EN PAUSE

Chapitre 31 : Le manoir d'Orlick

5222 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/11/2019 18:05

Thérion joue avec la clé dans ses mains. La fait tourner, l’observe, pensif. Il n’a pipé mot depuis que les autres l’ont rejoint. Il se contente de regarder cette clé.

Cyrus essaie de l’approcher. Les autres parlent à l’arrière, sans s’intéresser au voleur. Lorsque l’érudit est à son niveau, Thérion sourit, et lance :

-Je vous jure, plus têtu qu'un érudit, on ne fait pas.

-Tu n'as pas entièrement t...

Cyrus se coupe immédiatement.

-Non, tu m'excuseras, mais je dois te contredire.

Thérion roule des yeux, mais sait qu’il ne pourra arrêter l’érudit.

-Il faut que tu saches que les érudits ne sont pas tous comme Orlick. J'admets que certains sont plus entêtés que d'autres, tellement captivés par leurs recherches que je reste leur passé au-dessus de la tête…

Cyrus sourit.

-Mais il existe aussi des penseurs à l'esprit ouvert, q un cherchent librement la sagesse et la vérité sous toutes leurs formes. J'en fais partie.

Thérion soupire.

-Je vois... permet moi de reformuler, alors.

-Volontiers, mon ami !

Le voleur regarde l’érudit dans les yeux.

-Les érudits sont parmi les gens les plus pompeux et les plus pédants que je connaisse.

Cyrus se fige. Heureusement pour lui, il n’entend pas le petit rire de Tressa derrière lui.

-Ce n'est guère mieux ! Permets-moi de réfuter cette affirmation... Commence Cyrus

Thérion pousse un énorme soupire.

-La preuve... Sur ce, si vous voulez bien m'excuser...

Il part plus loin, d’un pas rapide. Esquivant un Cyrus relativement confus. Les autres le rejoigne.

-Bien tenté. Souffle Alfyn

Cyrus reste en silence. Puis soupire :

-Quel irrécupérable têtu…

Thérion marche en silence quelques instants. Le groupe le suit. Linde s’approche de Thérion, ronronne près du voleur.

-Tu peux dire à ta panthère de me lâcher les basques ? Demande Thérion

-Non. Je suppose qu’elle veut te détendre. Répond H’aanit

-Mais je suis très détendu !

Ophilia soupire profondément.

-Tu t’es enfui en courant, puis nous t’avons trouvé figé sur la place. Et enfin tu as disputé Cyrus. Ce n’est pas vraiment la définition de détendu.

-Si tu le dis. Concède Thérion

Le voleur continue à marcher, mais finit par s’arrêter. Il regarde la panthère dans les yeux.

-Tu veux vraiment pas me lâcher ?

-Graou !

-Je prend ça pour un non.

Thérion soupire, et tapote la tête de la panthère.

-Brave bête.

Linde ronronne un peu, et ils se remettent à marcher.

-Il est toujours antipathique avec nous, mais il a l’air de mieux s’entendre avec Linde. Souffle H’aanit

-Peut être qu’il se sent plus à l’aise avec les animaux. Propose Ophilia

-Non, je ne pense pas. C’est Thérion, après tout. Affirme Olberic

-Oui. C’est Thérion. Continu Tressa

Alfyn et Tressa rient un peu.

-Dites, au lieu de vous moquer de moi, regardez, on est arrivé. Affirme Thérion

Le groupe lève les yeux. L’immense manoir se dresse devant eux.

-Donc, je résume. Je prononce le mot de passe, on entre, on arrive dans la salle, vous faites le guet, je vole la pierre, on part. Fin.

-C’est clair net et précis. Je suis d’accord. Souffle H’aanit

-Grraou ! Grogne Linde

-Si tout le monde est d’accord, allons y.

-Nous pourrons explorer le centre historique de la ville juste après. Souffle Primrose

Primrose ferme les yeux, et serre sa dague contre elle.

-Nous pourrons passer… Devant mon ancienne maison.

-Je suis désolé, Primrose. Murmure Olberic

Il pose sa main sur l’épaule de la danseuse. Alfyn et Tressa lui offrent un regard compatissant. Ophilia lui sourit.

-Désolée, je ne devrais pas vous ennuyer avec ça. Reprend Primrose

-Ce n’est rien. Affirme Olberic

Le groupe arrive juste devant le manoir.

-Laissez faire le pro. Lance Thérion

-Tu veux dire la pro. Provoque Primrose

Ils s’échangent un regard complice. Sans même remarquer que les deux gardes arrivent vers eux.

-Halte là ! Que venez-vous faire ici ?

Thérion se tourne vers eux, et sourit.

(Je n’ai plus besoin de faire profil bas maintenant que j’ai le mot de passe. Si je me débrouille bien, je devrais pouvoir entrer directement...) Il pense

Le voleur s’éclaircit la gorge.

-Nous sommes un groupe de marchands itinérants. Nous avons un colis pour Orlick, des composants pour son expérience.

-Des marchands ? Lance un premier garde

Les deux portiers se regardent.

-Tu savais qu’on avait une livraison de prévue, toi ? Demande le premier

L’autre secoue la tête.

-Bah non.

-Bizarre... Il y a peut-être eu un problème de communication. En tout cas, il a dit que c’était urgent, donc je suis venu dès que j’ai pu. Renchérit Thérion

-Je vois. Quel est le mot de passe ? Demande le premier

-« La vérité absolue ». Souffle Thérion

-C’est bon, vous pouvez y aller. Affirme le second garde

-Merci. Fait le voleur

Il s’incline. Le reste du groupe fait de même. Tous entrent dans le manoir.

(Mais que ferions-nous sans gardes ?) Pense Thérion

La porte se referme derrière eux, Cyrus soupire profondément.

-Qu’ils sont naïfs…

-… Personnellement, je ne me sens pas très à l’aise de voler. Murmure Tressa

Elle triture ses doigts, comme pour penser à autre chose. H’aanit lui sourit.

-Ne t’inquiète pas. Le seul voleur ici, c’est Thérion. Qui plus est, si j’ai bien compris, nous ne faisons que voler un voler.

-Et tout le monde sait que ça s’annule. Affirme Alfyn

Alfyn étouffe un bruit entre le soupir et le rire, et avance. Le manoir est recouvert de draperies rouges et pourpres, et le manque de fenêtre rend l’endroit étrangement malsain.

-Dépêchons nous de sortir d’ici… Je n’aime pas beaucoup cet endroit. Affirme Ophilia

-Qu’est-ce qu’on recherche ? Demande Olberic

-D’après Barham, une grande porte avec une serrure particulière. Rappelle Thérion

-Ma foi, c’est tout à fait précis. Ironise Ophilia

Thérion lève les yeux au ciel, et s’avance.

-Je me demande à quoi ressemble cette pierre. Souffle H’aanit

-Sans doute quelque chose de relativement rond et brillant. Souffle Thérion

-Et pour la couleur ? Cordélia n’a pas mentionnée un… Rubis Draconique ? Demande Ophilia

-Si, alors cette pierre doit être rouge. Lance Thérion

-Quelle belle déduction… Soupire Ophilia

-Merci, ça me va droit au cœur.

Ophilia soupire profondément, et tourne la tête. Elle remarque alors un escalier, menant à une immense porte en bois, dotées de plusieurs gravures dorées abstraites.

-Thérion, je pense avoir trouver.

Le voleur se tourne. C’est Olberic qui part en avant.

-Bien. Tu sais quoi faire. Nous restons ici pour monter la garde. Dès que tu entends toquer trois fois, tu sors, et nous nous retrouvons dehors. Affirme le guerrier

-Compris, chef. Reprend Thérion

Il monte rapidement l’escalier. Les autres sortent leurs armes. Thérion s’arrête devant l’immense porte, pour la contempler une seconde.

-Voici la porte dont parlait Barham. C’est sûr qu’on n’n voit pas des comme ça tous les jours.

Il sort la clé.

-Mais cette clé de cristal devrait faire l’affaire...

Un clic, et l’immense porte s’ouvre, laissant le voleur entrer.

Thérion entre dans une immense salle. Rouge, dorée, remplie de statues… Une salle de noble riche, plus qu’une salle d’érudit, c’est certain. Sans oublier, évidemment, les immenses fenêtres en haut de la salle, qui fournissent à peine assez de lumière, tant la salle est vaste.

Le rubis draconique repose sur une petite table couverte d’une nappe blanche. Le rubis est sur un socle en or. Ce n’est qu’une petite pierre, parfaitement ronde, d’un rouge magnifique.

-Le rubis draconique... Murmure Thérion

Il sourit.

-Allez, plus que deux à trouver !

Thérion avance d’un pas.

-Plus un geste, canaille !

Un homme arrive, accompagné de deux soldats. Thérion sort sa dague. Il entend alors du bruit derrière lui.

Toc, toc, toc.

(Mince…) Il pense

L’homme est plutôt conséquent. Un visage rond. Une coupe au bol approximative. Des petits yeux. Il semble avoir la tête de l’emploi…

Il porte aussi des vêtements plutôt huppés ; un manteau vert, une tunique de cuir, un petit pantalon marron, un chapeau à plume…

Bref, il était ridicule.

Mais surtout, il semble vraiment, vraiment mécontent.

-Vous devez être Orlick. Souffle Thérion

-Je présume que tu as entendu les rumeurs et décidé de venir voler ma pierre draconique. Réplique Orlick

Orlick sourit.

-Mais les infames voleurs de ton espèce ne seront jamais capables d’appréhender sa véritable valeur.

Thérion ne dit rien. Orlick aborde alors un air aussi surpris que soudain.

-Attends... C’est Barham qui t’envoie, n’est-ce pas ?

Orlick tape du pied.

-Ce vieux froussard grincheux et condescendant de Barham ! « Tes recherches ne mèneront à rien, Orlick. » « Assez avec la pierre draconique, Orlick. » C’est à moi de décider quand il en sera assez !

Orlick s’approche du rubis.

-Rentre toi bien ça dans le crâne, gamin : cette pierre m’appartient et du ne l’auras jamais.

-Permettez-moi d’en douter. Je me fiche de sa « véritable valeur » ... Commence Thérion

Il se concentre.

-Mais je dois la remettre à sa propriétaire légitime. Elle ne vous appartient pas.

-Cette pierre mérite d’être entre les mains d’un individu intelligent, qui sait apprécier ses mystères.

-Quelqu’un comme vous ? Lance Thérion

-Précisément ! Répond Orlick. Ce magnifique rubis doit faire l’objet d’une étude approfondie, et je suis le seul à pouvoir m’en charger.

Thérion soupire profondément.

-On dirait que vous ne faites confiance à personne d’autre pour y arriver. Il souffle

-Et pourquoi le devrais-je ? Demande Orlick

-Ce n’était pas un reproche. Je sais ce que c’est...

-Ne faites pas semblant de me comprendre !

Orlick s’empare d’une dague, et s’approche de Thérion. Les gardes prennent une épée.

-Assez jacassés ! Je dois me remettre au travail !

Quelques minutes plus tôt, bas de l’escalier

-J’espère qu’il ne va pas prendre son temps, je ne me sens pas sereine… Murmure Tressa

-Moi non plus. J’ai l’impression d’être observée. Souffle Primrose

-Hey ! Vous, là !

Olberic se tourne vers les nouveaux arrivants. Des soldats.

-Nous ne sommes qu’un groupe de marchands. Nous… Tente Olberic

-Pas de mensonge ! Hurle un garde. Orlick a vu votre compère entrer dans la salle du rubis draconique !

Olberic se fige.

-Ophilia.

-J’y cours ! Répond Ophilia

La prêtresse cours vers l’escalier.

-La laissez pas entrer ! A l’attaque ! Crie un soldat

Linde grogne, et saute la première sur les gardes. Ophilia arrive devant la porte. Un garde essaie de l’approcher. Mais d’un coup de bâton, il est à terre. Elle toque à la porte. Trois fois.

-Bien, maintenant que Thérion à le message…

Elle se retourne vers le groupe.

-Combattons.

Pendant ce temps

Thérion place sa dague devant lui. Recule d’un pas.

Les deux gardes du corps d’Orlick l’empêche d’approcher de l’érudit. Et la dague est parfaitement inefficace…

Les gardes foncent vers lui. Thérion range sa dague précipitamment. Et attrape son épée. Il se protège. Les deux épées des gardes sont contre la sienne.

Un mouvement. Thérion fait s’envoler les épées. Un mouvement. L’épée transperce les deux gardes.

L’un recule. L’autre insiste. Lève son épée, et tente de l’abattre sur Thérion.

Thérion esquive. Un pas, et l’épée du voleur arrivent dans le torse du garde. Il tombe au sol. Il n’est pas mort. Mais évanoui. Son collègue arrive à nouveau. Il veut viser les jambes.

Thérion écrase l’épée sur le sol. Le garde tombe. Thérion abat son épée sur le dos.

Il part en avant. Rejoignant Orlick.

-Tu es prêt, l’érudit ?

Orlick sort une dague.

-Tu vas me le payer.

Il court vers Thérion. Le voleur range son épée, et attrape sa dague. Le choc est inévitable.

Les deux dagues s’entrechoquent. Des éclats de métaux volent. Thérion essaie de prendre l’avantage. Mais de l’énergie apparait dans la paume droite de l’érudit.

Thérion la voit. Il recule d’un coup. Une boule de feu jaillit. Elle part s’écraser sur le mur. Thérion tente un coup de dague. Orlick invoque de la magie autour de sa dague. Il la plante dans le flanc de Thérion.

Le voleur recule. Son flanc saigne. Orlick sourit, rit même. Et alors, il prend un tome. De la magie apparait.

Soudain, quelque chose apparait sur le sol. La lumière autour du tome est plus intense. Thérion aimerait prendre une olive, mais il est trop concentré à maintenir la pression sur sa blessure.

(Tsss… Une dague empoisonnée…)

Il peste contre lui-même.

(Comment j’ai pu me faire avoir comme ça… Stupide Thérion…)

Il se fige en voyant une forme se lever du sol. Grise. Comme en pierre.

Puis, cette forme devient humanoïde. Ressemblant à un homme en armure. Il porte une immense hache de fer. Il n’a pas de visage, ce n’est même pas un casque, personne ne sait ce que c’est… Et surement pas Thérion.

-Admire mon Golem !

Thérion cligne des yeux.

-Oh p*****…

Pendant ce temps

Les gardes sont nombreux. H’aanit envoie des flèches, Les blessant à peine à cause de leurs armures. Linde protège son dos de ses crocs, qui sont eux plus efficaces.

Ophilia aurait aimée frapper avec de la lumière. Hélas, l’endroit est trop exiguë. Elle risque de blesser ses amis. Alors, elle donne des coups de bâtons. Derrière un Cyrus qui parvient à invoquer certains pics de glace.

-Combien sont-ils !

-Je n’en sais… Humph ! Rien !

Ophilia tente un coup de bâton. Mais le garde la bloque. Elle reste immobile une seconde. Un autre arrive derrière.

Mais un poignard sombre le traverse, l’achevant. Le garde bloquant Ophilia est surpris. Ophilia en profite. Un coup, et il voit les étoiles.

Elle se retourne une seconde.

-Merci, Primrose !

La danseuse fait un clin d’œil, et part rejoindre Alfyn. Elle danse. Invoquant de l’ombre. Alfyn protège Tressa. La marchande essaie de combattre à la lance. Mais elle n’a jamais été très douée. Elle rate beaucoup de coups.

Alfyn déteste ça. C’est un apothicaire. Il ne se fera jamais aux combats. Mais sa hache s’abat puissamment. Il est fort.

Olberic n’est pas non plus en difficulté. Il est rapide. Un coup arrive sur lui. Il le bloque. Il lève son épée. Un garde essaie de l’attaquer derrière. Olberic se tourne. Un coup. Le garde tombe.

Un coup arrive derrière lui. Olberic le bloque. Sans même se retourner. Il fait un pas de côté. Prépare son épée. Une lueur jaune apparait.  

D’un mouvement précis, il fait tournoyer son épée. Le choc abat une dizaine de gardes autour de lui. Olberic reprend son souffle. Mais dix autres gardes apparaissent.

Tressa court vers lui.

-Tressa ?

-Tiens, cadeau !

Une boule dorée apparait dans la paume de la marchande. Elle l’envoie à Olberic. Il l’attrape. Sourit.

Il fait un nouveau un pas. Cette fois, une aura rouge est autour de lui. De son épée. Les dix gardes se figent.

-Mon épée est inflexible.

Un coup, les gardes tombent. Une onde de choc traverse leur ventre. Olberic se tourne. Tressa est en train de se battre. Il court vers elle. Pour l’aider à son tour.

H’aanit abandonne son arc. Le range dans son dos. Elle attrape alors son épée. Court en avant. Des gardes sont surpris. H’aanit sourit devant la facilité de son attaque.

Elle se tourne vers la porte.

-Thérion. Dépêche-toi…

Dans la salle

Thérion esquive un coup de hache du golem. Une roulade à gauche. Puis une à droite. Il est étrangement rapide.

Mais il ne peut pas attaquer. Il n’a pas trouvé la faiblesse. Ce golem semble invincible…

Il veut bien prendre le temps de réfléchir. Le problème, c’est qu’il ne l’a pas, ce temps. Le golem attaque. Encore et encore.

Soudain, la hache du golem se plante dans le sol. Il n’arrive pas à l’enlever. L’occasion est trop belle. Thérion saute sur la hache. Court dessus. Arrive rapidement devant la « tête » du golem.

Là, il a une idée. Il imprègne sa dague de feu. Et la plante dans la « tête ». Cette dernière semble presque fondre sous la chaleur. Le golem faiblit. Lâche sa hache.

Et rapidement, Thérion est obligé de sauter plus loin. Le golem vient de s’effondrer. Redevenant une flaque sur le sol.

-C… Comment…

Thérion se tourne vers Orlick. Sans le vouloir, une aura bleue apparait autour de lui.

-Alors celle-là tu vas me le payer.

La blessure n’existe même plus pour Thérion. Il l’ignore. Orlick essaie de préparer un sort. Une aura violette apparait autour de lui.

Mais Thérion est plus rapide.

Il arrive immédiatement devant Orlick. Et le bombarde de coups. Un en haut. Un à gauche. A droite. Vers le bas. Vers les bras. Les épaules. Le visage. Le ventre. Orlick a de plus en plus de mal à se tenir debout.

Thérion offre à Orlick un ultime coup de dague. Ne le tuant pas. Mais les jambes de l’érudit sont trop touchées pour qu’il puisse tenir debout. Il tombe au sol…

-Battu par un vulgaire voleur... Quelle infamie !

… Avant de s’évanouir.

Thérion s’approche du rubis.

-Je vais vous débarrasser de ça, puisque vous n’en aurez plus besoin pour vos recherches.

Il le prend, et le range immédiatement dans sa poche.

-Sur ce, retournons à Graben. Je parie que Heathcote a de nouvelles instructions à me donner. Chouette...

Sans se retourner, il sort de la pièce, laissant Orlick évanoui.

Une fois dehors, il se fait immédiatement happé par une panthère trop câline.

-Mraou !

-Wow, calme-toi ! Lande Thérion

Thérion recule d’un pas. La chasseuse suit juste derrière.

-Alors, as-tu le rubis ?

Thérion le sort pour le montrer. La pierre ronde brille de milles feux. Alors que les autres membres du groupe arrivent, H’aanit ne peut détourner ses yeux de la pierre.

-C'est donc à ça que ressemble une pierre draconique. Elle est magnifique... Murmure Ophilia

Thérion laisse s’échapper un petit sourire.

-Tiens tiens... Je ne pensais pas que les gens d'églises s'intéressaient aux gemmes.

-Je n'ai que faire des richesses matérielles, si c'est ce que tu veux dire. Mais ces pierres semblent renfermer un étrange pouvoir.

-Je ressens exactement la même chose. Souffle Cyrus

-Je te crois sur parole. Je n'y connais pas grand-chose dans ce domaine. Réplique Thérion

Il range la pierre.

-Mais quelle qu'en soit la raison, il n'y a pas honte à aimer les jolies pierres, surtout pour quelqu'un comme toi.

-Qu'entends-tu par la ?

-Eh bien, la plupart des filles de ton âge aiment porter des broches et des bracelets, pas vrai ? Si tu veux mon avis, ces pierres seraient bien mieux mises en valeur au poignet d'une jolie jeune femme comme toi.

Ophilia rougit légèrement.

-J-je...

Elle secoue la tête.

-Tu dis ça pour me taquiner, n'est-ce pas ? Puisqu'il en est ainsi, la conversation est terminée !

-Hé… Ricane Thérion

Ophilia recule un peu. Les autres membres du groupe approchent.

-Sortons d’ici, d’accord ?

Thérion acquiesce, et se dirige vers la sortie.

-Quelle pierre magnifique… Murmure Primrose

-Parfaitement d’accord. Reprend Alfyn

-Combien pourrions nous gagner avec une telle beauté ! Lance Tressa

Thérion laisse s’échapper un sourire.

-Ma liberté. C’est déjà pas mal, non ?

-Est-ce que tu l’as vraiment mérité ? Demande Olberic

-Vous me devez la vie, je dois vous le rappeler ? Reprend Thérion

Tressa soupire profondément.

-Le pire, c’est qu’il a raison…

-Nous lui devons au moins cela. Souffle Cyrus

Primrose est la première à se diriger vers la sortie.

-N’attendons plus. Il nous reste quelque chose à faire, dans cette ville.

-Je te suis. Fait H’aanit

Le groupe hoche la tête, et suit la danseuse hors de la bâtisse. Les gardes les regardent, d’un air confus, mais un sourire de Primrose, et ils détournent la tête.

-Primrose, est ce que tu as une idée de l’endroit ou tu dois aller ? Demande Ophilia à l’extérieur

Primrose secoue la tête.

-Pour être parfaitement honnête, je ne sais pas vraiment… Mais puisque l’aile gauche m’a dit de me rendre sur mes terres d’origines… Je suppose que je dois aller… Dans mon ancienne maison.

Tressa sourit.

-Je me demande à quoi elle ressemble. Elle doit être raffinée, magnifique…

-Si j’en crois les récits sur les Azelhart, elle le sera sans doute. Reprend Cyrus

-… Oui, elle l’est.

Primrose sourit.

-Elle est derrière le pont, au centre du centre historique de la ville. Enfin, si elle est encore debout…

-Tu as des doutes ? Demande Olberic

Primrose secoue la tête.

-Pour être parfaitement honnête, oui. Peut être que des voleurs l’ont détruit, ou qu’on a reconstruit au-dessus.

-Tu n’as pas vraiment tort.

-J’espère qu’elle sera intacte. J’adorerais voir cette demeure. Affirme H’aanit

-Mademoiselle Primrose ? Est-ce vraiment vous, mademoiselle ?

Primrose se fige, au beau milieu du pont.

-Je connais cette voix... Elle murmure

Primrose avance d’un pas, un homme apparait de l’autre côté du pont.

-Euh… Primrose ? Fait Thérion

-Venue d’un passé lointain... Ignore Primrose

L’homme arrive à la vue de tous. Il a de longs cheveux couleur argent, tressé jusqu’au bas de son dos. Il porte un manteau de costume noir, une veste marron, et un pantalon de cuir gris. Son visage est pâle. Et ses yeux bleus semblent pouvoir voir à travers une personne.

-Je le savais ! Vous êtes devenue encore plus belle que je n’aurais osé l’imaginer, Mademoiselle Primrose. Il affirme

Primrose sourit.

-Siméon...

Devant son air si heureux, les autres se reculent. Pour la laisser plus ou moins seule avec ce Siméon.

-Ou étais-tu passé pendant toutes ces années ? Demande la danseuse en s’approchant

-Pas ici, ça, c’est certain. Vous savez bien que j’ai toujours voulu partir le plus tôt et le plus loin possible de cette vieille bourgade barbante.

Primrose reste en silence. Siméon continu.

-Alors, je me suis mis en tête de voir du pays. Mais ou que le vent me porte, il m’a toujours été impossible d’échapper à la peine de vous avoir perdue.

Il prend les mains de Primrose. Elle les serre.

-Ces jours-ci, je gagne ma vie en tant que dramaturge. J’écris des pièces de théâtre, des opéras, ce genre de choses.

-C’est vrai que tu as toujours été habile avec les mots.

-Je m’étais juré de ne plus jamais remettre les pieds ici. Et puis, un jour, j’ai senti un étrange désir m’envahir... Et à peine arrivé, voilà que je vous retrouve ! Le destin est bien curieux, vous ne trouvez pas ?

Primrose sourit.

-Mais assez parlé de moi. Ma chère Primrose... où étiez-vous passée pendant toutes ces années ?

Primrose tourne la tête.

(Comment lui répondre ? Il n’y a rien que je puisse lui avouer sans gâcher à jamais ses souvenirs de moi.)

-Excusez-moi… Murmure Primrose

Primrose se tourne vers le reste du groupe, et soupire profondément.

-Est-ce que vous pourriez… Nous laisser, je vous en prie ?

-Oh ? Ils sont avec toi ? Demande Siméon

Primrose hoche la tête.

-Oui. Ils voyagent avec moi. Mais…

-Ce n’est pas grave, Primrose. Souffle H’aanit

Elle s’approche, et dépose sa main sur l’épaule de la danseuse.

-Retrouvons nous à la place de la fontaine qu’a mentionné Thérion. Nous allons visiter un peu la ville, en attendant.

-Merci, H’aanit. Souffle Primrose

Un geste, et tout le groupe traverse le pont. Thérion observe durement Siméon, alors que tous les autres lui sourient poliment. Primrose les remercie en silence. Cela fait bien trop longtemps…

-Alors ils voyagent tous avec vous… Je suis heureux de voir qu’en mon absence, vous…

« En mon absence ». Ces mots sonnent durement dans la tête de Primrose. En son absence, il s’est passé tant de choses, elle a tant vécu…

Elle n’est plus celle qu’il a connu, et ne le sera probablement plus jamais.

Siméon voit la brume dans les yeux de la danseuse, et s’empresse de s’incliner, pour demander pardon.

-Veuillez m’excusez. C’était bien cavalier de ma part. Vous n’êtes pas tenue de répondre.

Primrose relève la tête.

-Je ne peux que trop bien imaginer le calvaire que vous avez dû traverser sans avoir besoin d’entendre le moindre mot... La vie ne vous a pas fait de fleur. Et bien que vous vous soyez épanouie dans l’adversité...

Il arbore un regard profondément compatissant.

-Je suis navré que vous ayez dû traverser ces épreuves.

Primrose reste en silence.

Les paroles de Siméon éveillèrent en Primrose quelque chose qu’elle n’avait pas ressenti depuis des années...

Pour la première fois depuis une éternité, elle retrouva la paix l’espace d’un instant.

(Tu es... bien trop gentil, Siméon...)

Mais ce moment de quiétude est coupé par des pas brusque vers leur direction. Primrose se retourne. Des gardes de la ville arrivent.

-Hé ! Qu’est-ce que vous faites là, tous les deux ?

-Voilà des ennuis que je préfèrerais éviter. Souffle Siméon

Il attrape alors tendrement la main de Primrose.

-Venez, Mademoiselle. Trouvons un endroit où nous pourrons discuter en privé.

-Ah !

En riant, il entraine la danseuse plus loin, dans un endroit ou les gardes ne pourront la retrouver.

Primrose et Siméon arrivent sur un petit balcon, sur le pont. Un vent frais leur arrière sur le visage. C’est un moment de quiétude.

Primrose ferme les yeux, et murmure :

-En te revoyant... tant de souvenirs me reviennent en mémoire. Des souvenirs de mon enfance dans cette ville.

Elle profite du silence pour penser, se remémorer, se souvenir…

-J’étais petite. Toute petite. Souffle Primrose. Je ne comprenais pas pourquoi mon père était si strict envers moi. Je me réfugiais toujours dans les jardins pour pleurer.

-Et c’est là que je vous rejoignais à chaque fois... en trouvant un prétexte pour esquiver mes tâches d’apprenti jardinier. Plus que tout au monde, je souhaitais passer du temps avec vous. Faire partie de votre monde... Murmure Siméon

Siméon sourit.

-Chaque fois… Tu étais là…

-Mademoiselle, pourquoi pleurez-vous donc ainsi ?

-Quoi ?

Primrose sourit à son tour.

-Nous ne pouvions lutter contre cette attirance. Deux abeilles alléchées par le doux nectar de fleurs parfumées... Fais Primrose

Primrose ouvre les yeux, et prend la main de Siméon.

-Tu m’écrivais toujours des poèmes. Tes mots, tes chansons m’apportaient réconfort et soulagement. Dans les jours les plus sombres, après la mort de mon père, tu me les chantais inlassablement...

-A vrai dire, Primrose, j’ai quitté cette ville pour partir à votre recherche. Reprend Siméon

Elle soupire.

-J’ai essayé tant de fois de vous oublier, d’accepter que vous aviez disparu... Mais malgré mes efforts, je me surprenais encore et encore à réciter les poèmes que je vous avais composés. Renchérit Siméon

Il fait un pas en avant.

-Pourrez-vous me pardonner un jour, Primrose ?

-Il n’y a rien à pardonner. C’était il y a si longtemps...

Primrose baisse la tête.

-J’ai moi aussi laissé ces jours derrière moi. J’ai trouvé ma propre raison de vivre.

Siméon reste en silence une seconde, et s’éclaircit la voix, pour dire :

-« Et quand la lune monte, pleine et lumineuse, au firmament, Parmi les étoiles qui étincellent à des lieues de nos accablements. Puisse le sommeil vous envelopper dans un tendre enlacement. Alors mes yeux se fermeront, et mes lèvres une prière murmureront. Car c’est seulement en rêve que nous nous retrouverons. »

-Siméon... Murmure Primrose

 

Et le silence se fit.

En cet instant, il n’y avait rien que les mots puissent exprimer.

 

Au bout d’un silence semblant infini, Siméon murmure :

-Mademoiselle Primrose... je compte rester en ville quelques temps encore. Je ne me suis toujours pas pardonné. Je me sens si coupable de ne pas avoir su vous aider davantage. S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous, Mademoiselle, il suffit de demander.

-Merci, Siméon. Souffle Primrose

Siméon sourit, et tient la main de Primrose, jusqu’à ce qu’il soit parti trop loin pour qu’il puisse la tenir.

Primrose voit cette ombre du passé partir. Elle sourit, avant de détourner la tête.

(Assez de distraction. Je dois trouver les hommes à la marque du corbeau. Retrouvons les autres à la fontaine)

Primrose avance sur le pont. La place de la fontaine n’est pas très loin. Elle la voit même d’ici.

Elle sourit, et accélère. Revoir Siméon lui a fait un bien fou. Elle se sent revigorée, soudainement.

Elle voit H’aanit et Linde en train de respirer aux côtés de la fontaine. Linde se tourne, et voit la danseuse. Elle court vers elle.

-Je suis de retour, Linde ! Sourit Primrose

H’aanit se tourne à son tour. Elle approche de Primrose, et sourit.

-Je suis contente de te voir sourire, Primrose.

Primrose répond par un sourire encore plus rayonnant.

-Les autres sont dans la taverne. Allons les chercher, tu veux ?

-Avec plaisir, chère amie. Répond Primrose

Primrose suit alors H’aanit dans la taverne. Elle a beaucoup d’appréhension, mais voir ce souvenir lui a fait du bien…

Et pour la première fois depuis des années, elle s’est sentie assez bien pour baisser sa garde.

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