Noriko
Chapitre 38 : « Je dois le faire » (1)
3545 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 25/07/2025 13:34
Les mains tremblantes agrippées sur les rebords du lavabo, Noriko se mordait la lèvre inférieure, la tête baissée. Elle prit une grande inspiration et trouva enfin le courage de se regarder dans le miroir. Son reflet n'avait pas changé. Ses longs cheveux blancs légèrement ondulés étaient toujours étincelants et retombaient de manière égale de chaque côté de son visage, jusqu'à atteindre le haut de sa taille. Ses deux anneaux en or massif surplombant son hélix gauche brillaient comme au premier jour, bien que masqués partiellement par une de ses longues mèches blanches. Elle était la même personne que la veille. Pourtant, en s'approchant et en observant ses grands yeux marron, elle avait l'impression que même s'ils étaient toujours aussi débordant d'énergie et que son regard était toujours aussi pétillant, ils dégageaient quelque chose de nouveau et semblaient cacher une contrariété qu'elle seule pouvait déceler. D'un geste saccadé, elle passa une main dans ses cheveux, se dégagea le visage et appuya ses deux paumes de mains contre ses yeux. Elle savait ce qu'elle avait à faire, mais n'en avait pas le courage. Ou peut-être, qu'elle avait seulement peur du résultat et qu'elle n'était pas prête à l'accepter. Elle poussa un profond soupir. La journée avait été plus éprouvante qu'elle ne l'aurait pensé.
Noriko avait dû faire bonne figure pour rassurer ses amis parce qu'ils l'avaient crue morte ou presque et si elle semblait souffrir devant eux, ils s'inquièteraient encore plus. Elle ne pouvait et ne voulait pas leur infliger ça. Pourtant, elle avait eu le sentiment d'avoir mal au dos et au ventre toute la journée, là où la lame de Zoro l'avait transpercée. Ce n'était qu'une illusion, elle le savait, car elle tenait debout, marchait et respirait sans aucune contrainte. Elle s'était même forcée à tousser pour connaître les effets sur son corps. Rien. Ce n'était pas une douleur à proprement parler, mais plutôt une sensation de gêne. Quelque chose qui n'était clairement pas naturel. Elle songeait à son fruit du démon. Bien que peu convaincue, elle ne voyait pas d'autres possibilités. Elle n'avait pas pu se pencher davantage sur le problème. L'apparition d'une inconnue à bord avait fait jaser l'ensemble de l'équipage.
Cette inconnue brune qui portait un chapeau haut de forme blanc était une femme élégante qui savait très bien ce qu'elle faisait. Ses mots et ses gestes avait été soigneusement sélectionnés et étudiés avec parcimonie. Elle n'était pas venue se battre et était restée passive, se contentant de ne pas se montrer menaçante. Vivi l'avait reconnue et avait indiqué qu'elle répondait au surnom de Mrs All Sunday. Noriko ne connaissait pas son vrai nom. Elle avait tenté de se remémorer les avis de recherches qu'elle avait pu voir jusqu'à ce jour, mais son visage ne lui était pas familier. Elle ignorait de qui il s'agissait. Mrs All Sunday avait provoqué la jeune princesse, se ventant d'avoir tué Igaram de sang froid. La colère de Vivi avait été forte, mais elle avait été impuissante face à cette femme, se contentant de lui tenir tête en lui criant qu'elle arriverait à libérer son pays. Noriko en avait eu mal au cœur. Sa nouvelle amie lui avait fait beaucoup de peine et elle l'avait admirée pour son courage et sa volonté. C'est à ce moment-là qu'elle se promit de faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider. Malgré cette provocation, Mrs All Sunday avait tenté d'aider les Chapeaux de Paille en leur proposant un eternal pose qui les mènerait directement à Alabasta. Noriko n'avait pas eu le temps de se demander si c'était un piège que Luffy était déjà en train de le détruire. Ses compagnons avaient hurlé de rage et l'avaient traité d'inconscient. La jeune nièce de Mihawk, quant à elle, y perçut une nouvelle forme de bravoure et n'avait pu qu'avoir un profond respect envers son capitaine. Il voulait suivre sa route tout seul et se débrouiller sans aide, encore moins celle de ses ennemis. Elle ne pouvait qu'être d'accord avec lui. Après ça, Mrs All Sunday était repartie en souriant et en saluant leur témérité, promettant qu'ils se reverraient.
Vivi avait également mentionné que cette femme était le bras droit de celui qui dirigeait le Baroque Works : Crocodile, un des sept grands corsaires. Pendant que Noriko était inconsciente, Vivi avait malencontreusement parlé de lui à Luffy, Nami ainsi qu'à Zoro et les Unluckies avaient tout entendu. Ils étaient partis très vite, emportant avec eux des portraits de la navigatrice et du bretteur à trois sabres, ainsi que l'avis de recherche de Luffy, ce qui avait signé leur arrêt de mort. Désormais, toute l'organisation était à leurs trousses. Durant leur course pour rejoindre le Vogue Merry, Zoro avait rapporté le moindre détail à Noriko. Elle avait choisi de ne pas réagir, stipulant que le mal était fait et qu'il n'était pas nécessaire de se ronger le sang à ce propos.
Pourtant, au fond d'elle-même, Noriko était inquiète. Crocodile était un des sept grands corsaires, c'est-à-dire du même rang que Mihawk. Il ne lui en avait jamais parlé, restant toujours discret sur ses affaires avec la Marine. Si Crocodile était aussi fort que son oncle, les Chapeaux de Paille allaient avoir du fil à retordre. Elle ne se souvenait pas non plus avoir vu un avis de recherche le concernant. Là était le marché entre les grands corsaires et la Marine : ils rentraient à leur service en éliminant les pirates et elle faisait disparaître la prime sur leurs têtes. Noriko savait qu'elle et son équipage avait eu du mal à sauver le village de Nami et combattre les hommes-poissons n'avait pas été une mince affaire, alors s'imaginer sauver un pays tout entier...
Au premier abord, elle s'était demandé dans quoi ils s'étaient embarqués et pourquoi ils devaient absolument aider Vivi. Mais après avoir vu la terreur dans les yeux de la princesse et l'impuissance de celle-ci face à la mort de son ami, Noriko avait compris qu'elle ne pourrait compter que sur eux. La nièce de Mihawk avait toujours été seule et avait toujours eu du mal à faire confiance aux autres. Elle avait eu peur que Vivi ne leur mente et ne finisse par les trahir, que tout ceci n'était qu'un piège grossier visant à les attirer dans les griffes du Baroque Works.
Noriko s'en voulait d'avoir douté d'elle. Au début, elle ne faisait que suivre les ordres de Luffy, mais après avoir observé Miss All Sunday, après avoir observé le désespoir de Vivi, elle comprit qu'elle était sincère et se jura de l'aider.
Noriko retira les mains de ses yeux et soupira de nouveau. Cette journée avait été riche en émotions et son esprit avait tourné dans tous les sens. Elle n'avait pas pu y réfléchir calmement, devant prendre des décisions très rapidement. Il fallait un plan d'attaque et de défense, il leur fallait des informations concernant l'organisation, l'endroit où ils accosteraient une fois arrivés à Alabasta, la façon dont ils rallieraient des alliés afin de faire tomber leurs ennemis, si alliés ils trouvaient, la route qu'ils devraient prendre pour y arriver en un seul morceau, le nombre méconnaissable d'îles qu'ils allaient devoir explorer avant d'arriver à leur destination finale, tant de questions sans réponses. Bien évidemment, Luffy préférait en rire, délirant à propos du fait qu'ils improviseraient en temps voulu et l'équipage en avait débattu toute la journée, si bien que Noriko n'avait pas pu se retrouver seule, ne serait-ce qu'un instant. Elle était d'accord sur ce point avec Luffy, il leur fallait suivre leur destin, mais il fallait tout de même qu'ils soient préparés à l'affronter. La conversation s'était terminée sur un repas convivial, l'unanimité ayant décidé qu'il n'y avait plus rien à rajouter. Vivi leur avait dit tout ce qu'elle savait et mis à part les noms de codes des plus gros agents du Baroque Works, ils n'avaient pas beaucoup d'informations et n'étaient pas plus avancés que ça.
Noriko secoua la tête, elle s'était remémorée les événements majeurs de la journée et s'était de nouveau laissée distraire. Elle pesta intérieurement contre elle. Son regard fixait toujours le miroir, cherchant encore le courage de faire ce qui l'attendait. Elle prit une profonde inspiration, ouvrit un petit placard qui se trouvait à sa gauche, attrapa une boîte et fouilla à l'intérieur. Il lui fallut seulement quelques instants pour trouver ce qu'elle cherchait. Elle serra son poing dessus, puis se dirigea vers la douche et alluma le robinet d'eau froide. Bien sûr, elle pourrait se laver en quelques secondes grâce à ses pouvoirs et elle l'avait déjà fait plusieurs fois lorsqu'elle n'avait nulle part où dormir, mais c'était un besoin pour elle, et pas seulement hygiénique. Sentir l'eau chaude couler sur son corps lui donnait une autre sensation, une sensation d'être réellement propre et d'être en contact avec une eau autre que celle qu'elle pouvait créer.
Elle n'alla pas tout de suite sous l'eau, se contentant de la laisser couler afin de faire le plus de bruit possible. Elle devait cacher à ses amis ce qu'elle avait prévu de faire. Elle s'assit par terre et se rendit compte que sa main droite qui tenait son butin tremblait, faisant s'entrechoquer légèrement les perles rouges de son bracelet. Elle posa sa main gauche dessus afin de se calmer et se força à prendre une grande inspiration.
- Je dois le faire, murmura-t-elle. Je dois savoir. Je sais que tu n'approuverais pas, mais je dois être sûre.
Elle porta sa main devant sa bouche, posa ses lèvres sur son bracelet, ferma les yeux et prit une nouvelle inspiration. Elle l'expira très lentement.
Le bruit de l'eau qui coulait sous la douche assourdissait toute la pièce. Noriko serait tranquille, ses amis devaient même déjà dormir pour la plupart. Par réflexe, elle serra la croix argentée qu'elle portait autour de son cou et se surprit à se demander ce que Mihawk trouverait à lui faire comme remarque dégradante.
Elle jura intérieurement et s'ordonna d'arrêter de penser à autre chose et de se concentrer. Elle croisa ses jambes en tailleur et se focalisa sur ce qu'elle devait faire. Sur son genou droit, elle déposa ce qu'elle tenait en main : une paire de ciseaux. Elle avait d'abord pensé à un couteau de cuisine mais avait eu peur que Sanji s'en aperçoive et s'était donc rabattue sur une autre solution.
Elle tendit son avant-bras gauche devant ses yeux et commença à retirer le ruban orange qui masquait son tatouage. C'était plus fort qu'elle et ne put donc s'empêcher de penser qu'elle détestait cette couleur. Elle se désola pour Nami, mais se promit malgré tout qu'elle le changerait dès que possible. Elle le déposa soigneusement près d'elle et observa son bras. La croix fine qui était incrustée sous sa peau était toujours là, encrée en elle. Noriko leva les yeux au ciel.
« Bien sûr que cette fichue croix est toujours là, idiote, comme si elle pouvait disparaître du jour au lendemain », pensa-t-elle.
Elle passa son doigts sur la fine ligne qui prenait presque tout son avant-bras. Vers son poignet se trouvait une deuxième ligne, plus petite, perpendiculaire à la première. Le tout donnait une croix. Une croix très simple. Sous ses doigts, Noriko ne ressentait aucun relief dû à l'encre. Le tatouage avait été remarquablement bien fait. La jeune fille ne se souvenait pas de la personne qui lui avait fait, ni de son âge lorsque c'était arrivé. C'était comme si elle était née avec.
Elle tourna son poignet et regarda l'extérieur de son avant-bras. C'est ici qu'elle devrait frapper. Le seul endroit de son corps qu'elle serait susceptible de cacher à ses amis, peu importerait les vêtements qu'elle porterait et peu importerait si Nami et Vivi la voyaient à moitié nue lorsqu'elle s'habillerait le matin. Elle récupéra les ciseaux posés sur son genou, les pointa vers le bas et les posa sur son bras, sentant tout de suite la pointe métallique piquer sa peau nue. Elle devait faire vite et ne pas hésiter. Son cœur cognait si fort qu'elle sentait sa poitrine se soulever à chaque battement. Elle regarda de nouveau son bracelet.
« Ensemble », dit-elle.
Noriko souleva les ciseaux, prit une grande inspiration et plongea la pointe acérée dans son bras. La douleur fut si vive qu'elle relâcha son arme ensanglantée sur le sol. Elle se pencha et avant, attrapa son bras meurtri et siffla entre ses dents, tentant de faire le moins de bruit possible. Elle sentit un liquide chaud perler sur sa peau et se glisser entre ses doigts, puis redressa la tête, essayant de maintenir son souffle saccadé et de reprendre une respiration normale. Elle expira lentement. Des larmes apparurent dans le coin de ses yeux,
- Pourquoi ? murmura-t-elle, les lèvres tremblantes. Je ne comprends pas...
Noriko n'avait pas besoin de regarder son bras, elle savait que ce qui coulait sur sa peau n'était pas de l'eau, mais bien du sang. Voilà ce qu'elle devait savoir, ce qu'elle voulait vérifier. Si elle pouvait oui ou non se transformer en eau. Elle ressentit une petite once de soulagement en constatant que ce n'était pas le cas. Elle n'était pas encore prête à l'assumer. Du moins, c'est ce qu'elle croyait, car au fond d'elle-même, elle s'en voulait d'être soulagée. Ses pouvoirs s'étaient développés, elle ne pouvait pas le nier. Alors pourquoi ne pouvait-elle toujours pas se transformer ? Si de l'eau avait coulé de son bras, aurait-elle été contente ? Ou au contraire, morte de peur à l'idée qu'elle devenait plus forte ?
Tout se mélangeait dans tête, tant et si bien qu'elle ne savait même plus ce qu'elle désirait. Cependant, elle savait qu'elle n'avait jamais voulu de ces pouvoirs, de ce fruit, de cette malédiction, ayant toujours refoulé ses capacités, à tel point qu'il lui était même arrivé de ne pas prendre la peine de se défendre lorsqu'elle était en danger.
Un souvenir bref lui revint en mémoire. Les deux soldats qui l'avaient agressée et qu'elle avait peut-être tués sans s'en rendre compte. Leurs corps étaient trempés, elle avait forcément fait appel à ses pouvoirs. Mais pourquoi ne pouvait-elle pas s'en rappeler ? Elle avait beau se concentrer, il y avait comme une tache noire dans son esprit. Quelque chose qui lui bloquait l'accès à ce souvenir. Était-ce à cause de son fruit ? Ou bien se protégeait-elle inconsciemment parce qu'elle avait été traumatisée ?
Elle laissa sa tête tomber sur le mur auquel elle était adossée, ayant une illumination qui fit écarquiller ses yeux. Si elle venait à accepter pleinement ses pouvoirs, si elle était capable de tuer des gens s'en rendre compte, si elle n'arrivait plus à se contrôler et qu'elle en arrivait à blesser des gens qu'elle aime, elle ne pourrait jamais se le pardonner. Elle secoua la tête. Non. Accepter ses pouvoirs la rendrait trop dangereuse. À moins que... à moins qu'elle n'arrive à les maîtriser ?
Elle ferma très fort ses yeux, au point de s'en faire mal et tapa légèrement l'arrière de son crâne contre le mur plusieurs fois, se demandant ce qu'il serait advenu si elle n'avait pas passé son temps à refuser les entraînements de Mihawk. Lui aurait-il permît de contrôler pleinement ses pouvoirs ?
« Arrête de penser à lui! », s'insurgea-t-elle.
Elle frappait de plus en plus fort son crâne, tentant de faire taire la voix qui résonnait dans sa tête, la voix qui posait toutes ces questions en même temps, s'arrêtant quelques secondes plus tard uniquement à cause du bruit qu'elle faisait et qui faisait écho dans la salle de bain.
Jetant un coup d'œil à son bras, Noriko se surprit ironiquement à penser qu'elle avait bien fait de ne pas prendre un couteau : le sang coulait lentement, mais au moins, la blessure était minime. Elle poussa un soupir mélangé de frustration et de soulagement. Sa tête lui faisait mal, elle n'arrivait même plus à avoir les idées claires, repensant sans cesse à ce qu'il s'était passé.
Elle avait eu peur de mourir, de mourir de la main de son ami, même si elle avait toujours pensé qu'elle mourrait jeune. Plusieurs fois auparavant, elle avait dû fuir, se cacher ou se battre comme elle le pouvait. Il lui était même arrivé que quelqu'un lui vienne en aide et lui sauve la vie un soir ou des pirates voulaient l'emmener. Elle avait déjà été blessée, bien sûr, amochée, mettant plusieurs jours à s'en remettre et montrant des signes de combat et de lutte sur son visage et son corps. En revanche, c'était la première fois qu'elle recevait une blessure qui aurait dû être mortelle. Il n'y avait pas de médecin autour d'elle alors qu'elle pensait se vider de son sang. Ses amis auraient été impuissants, incapables d'arrêter l'hémorragie. Son propre esprit l'avait abandonnée à ce moment-là, se contentant de la laisser inconsciente et à l'agonie. Alors son corps s'était débrouillé tout seul, faisant appel à la seule solution qu'il avait : son fruit. Le Mizu Mizu no mi. Le fruit de l'eau. Un fruit de type logia. En se basant sur ses connaissances, l'un des plus rares du monde, n'apparaissant que tous les mille ans sur terre. Les larmes commencèrent lentement à couler sur ses joues.
Personne n'aurait rien pu faire pour l'aider, personne n'aurait pu la sauver. Elle serait morte devant les yeux de ses compagnons, tuée accidentellement par l'un d'entre eux. Zoro ne se le serait jamais pardonné. Luffy non plus. Noriko se rendit compte qu'elle était plus reconnaissante de leur avoir épargné cette culpabilité que le fait d'être encore en vie.
Elle mordit intérieurement ses lèvres, jusqu'à sentir un goût de fer dans sa bouche. Elle serra ses poings si fort que ses jointures devinrent blanches, s'enfonçant les ongles dans sa peau. Elle recourba sa lèvre supérieure et pesta contre elle-même. Ses larmes coulaient toujours, de plus en plus fort. Elle se sentait pathétique, se traitant de faible et de lâche. C'était une pirate désormais, naviguant sur Grand Line, ce qui voulait dire qu'elle serait amenée à se battre. Ses compagnons et elle-même rencontreront des ennemis de plus en plus puissants au fur et à mesure que leur aventure avancerait. Que ferait-elle s'ils étaient tous en danger de mort, si elle était la seule à pouvoir les aider ? Si par exemple, Mihawk décidait de la ramener et de tuer tout son équipage? Ils étaient en route pour combattre un capitaine corsaire, qu'adviendra-t-il s'ils venaient à perdre contre Crocodile ?
Elle se donna de légères gifles afin de remettre ses esprits en place.
- Non ! souffla-t-elle en colère.
Ce fut comme une douche froide. Noriko sentit son sang se glacer dans ses veines, elle était arrivée à un point de sa vie où elle n'avait plus le choix, elle devait devenir forte, elle devait accepter ses pouvoirs. Elle s'en rendait compte à présent. Pas pour elle-même, mais pour protéger les gens qu'elle aimait et qui l'aimaient en retour. Toutes ces questions dans sa tête lui avaient fait changé d'avis.
Elle crispa sa mâchoire, fronça ses sourcils, serra ses dents, puis attrapa les ciseaux au sol, les leva au dessus de son bras déjà ensanglanté, et les planta sans réfléchir. Les larmes ruisselant et inondant son visage, elle poussait des cris étouffés, afin de rester discrète. Elle ne s'arrêta pas face à la douleur, face au sang qui coulait de plus en plus et continua, encore et encore, de se planter cette pointe métallique à travers sa peau.
- Transforme-toi, transforme toi... Transforme-toi ! lâcha-t-elle à travers ses sanglots.