Noriko
Chapitre 39 : « Je dois le faire » (2)
1340 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 25/07/2025 13:39
La douleur était de plus en forte et son bras portait désormais une dizaine d'entailles, faisant couler le sang à flot. A l'aide de sa main droite, elle serra ses blessures avec force contre sa poitrine, tentant d'arrêter l'afflux sanguin qui coulait sur son torse, son ventre et ses jambes.
- Je t'en supplie, je regrette, je... je veux me transformer, chuchota-t-elle à ce qu'elle pensait être son fruit du démon. Je sais que tu es là quelque part. S'il te plaît...
Ses supplications restèrent sans réponse. Elle se recroquevilla et continua de pleurer silencieusement.
Plusieurs minutes s'écoulèrent avant que Noriko ne puisse bouger. Toujours assise, elle attrapa une serviette de bain qui était près d'elle, l'enveloppa autour de son bras endolori, et le garda plaqué contre elle. Elle fit ensuite apparaître de l'eau, et machinalement absorba le sang qui était au sol. L'eau en devint rouge écarlate. Elle fit flotter le tout dans les airs et le jeta dans la douche. Elle nettoya également les ciseaux, réussit tant bien que mal à se lever et alla les ranger en tremblant dans le placard, puis tomba de fatigue à genoux. Sa respiration était lente et douloureuse. Elle prit son temps et se traîna toute habillée sous la douche qui coulait toujours.
Elle tourna le robinet afin d'avoir un jet d'eau chaude et se recroquevilla dessous. Noriko se sentit de nouveau respirer et se détendit enfin. Lentement, elle tendit son bras meurtri et tenta de le bouger. La douleur était toujours présente. En serrant les dents, elle retira ses vêtements un par un, les rinça sous l'eau afin d'enlever les taches de sang et les jeta au milieu de la pièce. D'un geste habile de la main, elle récupéra l'eau infiltrée dedans et ramena les bulles d'eau qui s'en échappèrent afin de les évacuer sous la douche, rendant ses habits parfaitement secs.
Noriko se lava longuement. Le bandage de fortune improvisé sur son bras était trempé et ensanglanté. Une fois propre, elle coupa l'eau et sortit de la douche. Elle passa sa main droite au dessus de sa tête, fit un mouvement circulaire et se sécha en quelques fractions de secondes en absorbant toute l'eau.
Elle fouilla dans un tiroir près de la fenêtre et récupéra une trousse à pharmacie. Elle en sortit une bande, du coton et de l'alcool à désinfecter. Son bras tremblait lorsqu'elle se rapprocha du lavabo afin de retirer la serviette sans mettre du sang partout. Elle serra le poing et tenta de reprendre son calme. Elle déroula lentement la petite serviette, la jeta dans le bac à douche et constata qu'elle saignait toujours. Elle poussa un profond soupir face à la stupidité de son acte qui avait eu lieu un peu plus tôt. Elle leva ses yeux et croisa son propre regard, y voyant désormais de la déception et de la peur. Il fallait se rendre à l'évidence, Noriko venait de se mutiler intentionnellement.
Elle attrapa la bouteille d'alcool, retira le bouchon à l'aide de ses dents et le cracha au sol. Puis, serrant la mâchoire, elle renversa le contenu sur son avant-bras. Noriko s'agrippa au lavabo à l'aide de sa main valide et tomba accroupie, s'affaissant sur elle-même, tout en tenant son bras blessé au dessus de l'évier. Elle jura et siffla entre ses dents, la douleur était très vive et atroce. L'alcool lui piquait littéralement l'intérieur de son bras. Elle souffla bruyamment, tenta de reprendre son souffle et se redressa. Il fallait qu'elle pense à autre chose. Le coton lui servit à éponger le surplus d'alcool et le sang qui coulait toujours de sa plaie. Elle songea qu'elle avait certainement besoin de quelques points de suture et se mordit l'intérieur sa joue. Quand bien même, elle trouvait le courage de le faire, elle ne pourrait jamais se recoudre seule. Pas avec une seule main. Faire appel à un de ses amis pour l'aider était hors de question. Ce n'était pas pour rien qu'elle s'était isolée pour faire ce geste, elle n'avait pas envie d'entendre des reproches ou des inquiétudes. Elle se mordit les lèvres et fut envahie par un nouveau sentiment. Elle avait honte de ce qu'elle venait de s'infliger.
« Ce qui est fait est fait », pensa-t-elle.
Il était inutile de revenir là-dessus. Elle attrapa la bande qu'elle avait sortie et entreprit de l'enrouler autour de bras en partant du coude et en remontant le long de son poignet, prenant soin de cacher son tatouage. A l'aide de ses dents, elle serra le tout très fort en espérant arrêter les saignements et surtout, en espérant qu'elle éviterait une infection. Pour cela, lui faudrait donc nettoyer ses plaies tous les jours.
Lorsqu'elle eut terminé son travail, elle récupéra le bandeau orange qu'elle trouvait toujours aussi laid au sol et l'enroula autour de son bandage. L'effet attendu était là. Il fallait vraiment observer son bras de très près pour constater que le bandeau était plus épais que la veille à cause de l'épaisseur de la bande qui se trouvait dessous. Et à moins de s'attarder dessus, on y voyait que du feu.
Noriko bougea son bras de façon aléatoire, s'entraînant à ne pas grimacer à cause de la douleur et en vérifiant qu'elle pouvait facilement faire des gestes sans éveiller les soupçons. Elle vérifia également que le tout tenait bien en place et qu'aucune goutte de sang ne s'y échappait. Elle avait toujours mal, mais se dit qu'elle passerait outre.
Elle rangea tout ce qu'elle avait sortit et remit le tout en place, exactement comme c'était avant. C'est en voulant récupérer ses vêtements qu'elle constata avec effroi l'erreur qu'elle avait faite. Les taches de sang sur ses vêtements n'étaient pas parties alors qu'elle les avait pourtant savonnées sous la douche. Elle pesta contre elle-même. Elle avait utilisé de l'eau chaude et le sang s'était donc imprégné dans le tissu. Elle les récupéra un par un. Son débardeur, son pantalon marron, même ses sous-vêtements. Tout avait en contact avec son sang, et si ça ne l'avait pas été directement, cela avait dû déteindre sous la douche. Elle se passa une main sur le front, la posa sur sa bouche et ferma les yeux, inspirant très fort. Elle réfléchit, poussa un petit soupir et à contre-cœur, décida qu'elle devait réserver le même sort qu'elle avait prévu pour la petite serviette imbibée de sang. Elle ramassa le tout ainsi que les cotons qui trainaient dans le lavabo et par terre, ouvrit le petit hublot qui donnait sur la mer et balança le tout dans l'océan. Une boule se forma dans sa gorge.
- Je l'aimais bien ce pantalon..., murmura-t-elle. Il faudrait que j'en rachète un comme ça.
Elle secoua la tête afin de reprendre ses esprits, et lâcha un juron, se disant qu'il y avait pire que de perdre un habit. D'un geste agacé, elle referma la fenêtre.
La jeune fille regarda une dernière fois partout autour d'elle et constata qu'il n'y avait plus aucune trace de son passage. Toujours vêtue de sa serviette qui cachait son corps nu, elle entrouvrit la porte de la salle de bain afin de regarder de tous les côtés, s'assurant que personne ne pouvait la voir. Discrètement et rapidement, elle referma la porte derrière elle et se dirigea sur la pointe des pieds vers son lit ainsi que des vêtements propres.