Noriko
Le fracas résonnait dans la jungle. Sans s'arrêter, Noriko continuait de marteler de plus en plus fort la paroi osseuse sous laquelle Luffy était coincé. Elle avait constaté que l'impact du torrent d'eau avait traversé cette fausse montagne et la jungle luxuriante apparaissait de l'autre côté. La puissance avait été phénoménale et l'attaque avait été parfaitement ciblée. En revanche, le trou était beaucoup trop étroit, placé trop haut au-dessus de Luffy, et la paroi trop solide pour pouvoir la briser à l'aide des ses ongles. Ignorant ses douleurs articulaires et le sang qui s'imprégnait sur sa cible, elle continuait de frapper au même endroit. Soudain, une fissure apparut. Elle redoubla d'efforts et enfin, après maintes tentatives, la paroi céda. La jeune fille se s'était pas contentée de faire un trou suffisamment large pour pouvoir extirper son capitaine, la paroi avait littéralement explosé, ce qui provoqua un effondrement.
Noriko se couvrit les yeux et après avoir toussé la poussière qui s'était infiltrée dans sa gorge, se précipita à genoux afin de dégager son ami des décombres.
- Luffy !
Ce dernier emmergea d'un seul bond, lançant des éclats d'os autour de lui et manquant de crever un œil à Noriko.
- AAAAAAH !!! Je vais les massacrer !! Ces enfoirés vont regretter d'avoir gâché le duel des géants !!
- Tu n'as rien ?
- Non. Je me sens mieux que jamais. Merci Nori, merci de m'avoir dégagé de là.
- Je suis désolée te t'avoir enterré vivant, s'excusa-t-elle en époussetant son jean bleu ciel.
Luffy éclata de rire.
- Ne t'en fais, j'en ai vu d'autres. Je le savais que tu en étais capable.
Il lui fit un grand sourire et leva un de ses pouces en sa direction.
- Ussop, continua-t-il en se tournant vers lui. Tu te sens d'attaque ?
Ussop était enfin sorti de son trou, grâce à Kaloo. Ils étaient tous les deux couverts de poussière, mais n'avaient rien d'autre que quelques égratignures.
- Oui, répondit-il. Allons leur montrer de quel bois on se chauffe.
- Coin ! chanta joyeusement le canard.
Luffy tendit une main à Noriko afin de l'aider à se relever, puis sans plus attendre, ils s'élancèrent tous à la rescousse de leurs amis.
Alors qu'ils étaient suffisamment éloignés, un fracas épouvantable se fit entendre, les faisant tous se retourner. Noriko, Ussop et Kaloo en demeurèrent bouchée bée. Luffy, quant à lui, fronça les sourcils et eut un sourire en coin.
- Je t'avais dit que tu en étais capable, Nori...
- Je... La montagne devait être vieille, bégaya-t-elle.
- Elle n'a pourtant pas bougé quand il m'a mis en dessous, argumenta-t-il. Allons-y.
Les amis tournèrent les talons et s'empressèrent de rejoindre leurs compagnons. Le cœur de Noriko bondissait dans sa poitrine alors qu'elle tentait vainement de retrouver son calme. Derrière elle, la montagne osseuse venait de s'effondrer entièrement en centaines de milliers de morceaux.
Lorsqu'ils arrivèrent dans la clairière où étaient retenus leurs amis, le spectacle qui s'offrît à eux les laissa pantois. Leurs ennemis se tenaient là, se contentant de fixer les nouveaux venus. Derrière eux, un immense bloc blanc ressemblant à un gâteau était érigé dans l'herbe. Zoro, Nami et Vivi étaient debout, immobiles, à moitié recouvert de ce qui ressemblait à de la peinture blanche. Plus loin, gisait le deuxième géant, inconscient. Au-dessus d'eux était posée une colonne et sur cette colonne, une énorme coupe avec des bougies enflammées dessus, tournant très rapidement sur elle-même et projetant des éclats blancs sur leurs amis.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Ussop. Un gâteau ?
- On dirait de la neige, mais c'est impossible, pas avec toutes ces bougies, lui répondit Noriko, les sourcils froncés.
- Eh toi, avec ton chapeau de paille, c'est toi qui détient la plus grosse prime de East Blue ? demanda une voix. Je suis déçu, je m'attendais à mieux.
Luffy qui ne sentait pas concerné se contenta de rester immobile et d'ouvrir grand la bouche, les yeux brillants comme des étoiles, fixant le crâne de son interlocuteur.
- Waaaaah ! Trop mortel ! La coupe de cheveux ! Ça fait un 3 ?
- Je suis train de te menacer, je ne te permets pas ! s'énerva Mr 3, qui se sentit vexer qu'il se moque de lui.
- Luffy ! hurla Nami, dépêche-toi de détruire cette colonne, vite !
- Oh, les gars ! Bah, pourquoi vous bougez pas ?
- On ne peut pas, espèce de crétin ! C'est de la cire, on est en train de se transformer en statue vivante !
- Eh Luffy, t'en as mis du temps pour venir! commenta Zoro.
- Salut Zoro ! répondit Luffy avec un grand sourire, sympa ta pose.
- Vous allez arrêter avec ça ! s'emporta Vivi. On ne peut presque plus respirer !
- Comptez sur moi !
- Vous allez vous occuper de nous, oui ? s'agaça Mr 3. Tu crois pouvoir les sauver aussi facilement ? Comme si on allait te laisser faire. Dis-toi que vous allez bientôt les rejoindre.
- Nori, c'est solide la cire ? demanda le capitaine en penchant la tête sur le côté.
- Eh bien, tout dépend de ta force je suppose. Si c'est un fruit du démon, ce doit être plus solide que de la cire ordinaire, songea son amie.
- Vous m'écoutez, oui !? cria Mr 3.
- Mr 3, le Chapeau de Paille est pour vous, nous allons nous occuper des autres.
- Faisons comme ça, répondit son acolyte avec un sourire diabolique.
- Je crois que ça s'adressait à nous, Ussop. Ussop ? suggéra Noriko.
- Merci oui, j'avais compris, répondit ce dernier avec les jambes tremblantes, ayant reculé de plusieurs mètres à la recherche d'un arbre derrière lequel se cacher.
- Ussop ! Mais reviens ici ! J'ai besoin de toi, s'énerva la jeune fille.
- Je te couvre ! T'en fais pas !
- Espèce de lâche, misérable, menteur, grommela-t-elle pour elle-même. Ussop ! reprit-elle suffisamment fort pour qu'il l'entende, si on s'en sort, je te tue !
- Moi aussi ! l'encouragea-t-il depuis l'arbre qu'il venait de trouver.
- Où est Kaloo ?
- Coin ! répondit ce dernier, caché derrière Ussop, voulant probablement l'encourager aussi.
- Mais c'est pas vrai... se lamenta-t-elle en se tapant le front.
- Eh Nori ! l'appela Luffy.
- Quoi encore? grogna-t-elle en redressant la tête.
- Bah, ils nous attendent.
- Oui ! Occupe-toi de détruire cette colonne, je vais éteindre le feu en attendant.
- Quand vous aurez terminé vos gamineries, on pourrait peut-être passer aux choses sérieuses ? les coupa Mr 5. On est censés vous tuer, dit-il froidement en s'approchant de Noriko, tandis que Mrs Valentine allait vers Ussop.
- J'en ai assez entendu, cria Mr 3, je vais tous les capturer et vous transformer en poupées de cire !
À ces mots, il fit apparaître de la cire dans ses mains et s'en servit pour menotter les pieds de Luffy qui s'effondra dans l'herbe.
- Luffy ! Ça va ? demanda Noriko alors que Mr 5 s'approchait d'elle.
Elle devait absolument éteindre ce feu, mais selon les dires de ses amis, l'homme qui lui faisait face maîtrisait un fruit du démon le rendant capable de faire exploser n'importe quelle partie de son corps.
- Je vais bien. Aaah, pile ce qu'il me fallait, commenta Luffy en observant ses pieds.
Sans attendre plus longtemps, il se servit de ses pouvoirs afin de jeter ses menottes de cire contre la colonne dans le but de la détruire.
- C'est bon les gars, vous êtes libres ! Bah ? Vous bougez pas ?
- C'est encore pire ! Luffy ! La colonne n'est plus là, mais il reste la coupe. Le feu est encore plus proche qu'avant et la cire tombe beaucoup plus vite, s'affola Nami.
- Oh, raté. Eh Nori, tu veux pas éteindre le feu ?
- J'arrive !
Noriko se jeta au sol, roula sur le côté afin d'éviter un coup porté par Mr 5 et se précipita vers ses amis.
Des bruits d'explosions se firent entendre, ainsi que des rires stridents.
- Mais elle est malade, celle-là !! Kaloo, vite ! Nous devons fuir pour le moment.
Le cri d'Ussop interpella Noriko. Mrs Valentine flottait au-dessus de lui et le poursuivait en se laissant porter par le vent, aussi légère qu'une plume, riant à gorge déployée. À intervalles réguliers, elle changeait son poids et s'enfonçait dans le sol, tentant d'écraser les deux amis.
- Ussop ! pesta Noriko pour elle-même.
Elle se concentra et fit apparaître un torrent d'eau au bout de sa main, puis le propulsa vers les bougies en lui faisant faire un arc de cercle autour du bloc de cire, les éteignant une par une avant que ses ennemis ne réagissent.
- Enfin ! Ils ne risquent plus rien, souffla-t-elle avec soulagement.
- Tu... tu contrôles l'eau ? lui demanda Mr 3.
- Encore plus intéressant, je veux avoir l'honneur de la tuer, menaça Mr 5.
Noriko se figea. Ils savaient qui elle était.
- Eh, toi ! intervint Luffy, c'est moi ton adversaire !
Ses menottes s'étant brisées contre la colonne, Luffy en profita pour donner un coup de pied à Mr 3 qui l'envoya valser entre les arbres, disparaissant dans la jungle.
- Nori ! Ne te laisse pas impressionner par ses explosions et mets lui une raclée !
Il courut après l'agent qu'il venait de mettre au sol.
- Reviens ici toi, j'ai pas terminé !
- Noriko ! Attention ! cria Vivi.
Noriko avait été déconcentrée. Ses yeux étaient rivés sur l'immense bloc blanc de cire, contente que ses amis soient hors de danger, mais son esprit était focalisé sur Ussop qui venait de s'enfuir, poursuivit par une furie, ainsi que sur Luffy, poursuivant un agent du Baroque Works. Elle n'avait donc pas vu Mr 5 qui s'était rapprochée d'elle et esquiva au dernier moment un coup de pied explosif. Malheureusement, elle ne fut pas assez rapide et un souffle d'air chaud la projeta au sol.
- Noriko ! hurlèrent Nami et Vivi.
- Noriko ! s'emporta Zoro, concentre-toi ! On ne risque plus rien et Luffy et Ussop sont suffisamment grands pour se débrouiller seuls, alors arrête de t'en faire pour nous !
Zoro connaissait bien la jeune fille, car il venait de lire dans ses pensées.
Cette dernière se redressa, le cœur battant à tout rompre, l'explosion l'avait fait sursauter. Zoro avait raison, une fois de plus. Elle devait se ressaisir. Elle se noua rapidement les cheveux afin d'avoir les yeux dégagés et ainsi avoir une meilleure vision périphérique.
- C'est tout ce que tu vaux ? se moqua Mr 5. Tu maitrises l'eau, j'ai entendu parler de toi. Noriko, la nièce d'un des sept grands corsaires.
Cette dernière trembla légèrement. Ses amis l'avaient appelée par son nom devant lui, mais elle était persuadée qu'il l'avait deviné au moment même où elle avait fait apparaître de l'eau. Elle serra un poing, fit apparaître une bulle dessus et la lui envoya de toutes ses forces. Son adversaire l'évita sans problème, se pencha sur le côté et l'attaqua sur le flanc. Noriko entendit à peine ses amis hurler son prénom qu'elle fut propulsée au sol, à plusieurs dizaines de mètres de là, le souffle coupé. Mr 5 n'avait même pas eu besoin d'utiliser son fruit du démon pour la mettre à terre.
La main posée sur ses côtés, elle avait du mal à reprendre sa respiration et savait pertinemment qu'elle devait contre-attaquer. C'est ce moment-là que choisit Ussop pour arriver vers eux en hurlant, chevauchant Kaloo. À y regarder de plus près, il ne criait pas, mais rigolait. Derrière lui, se trouvait Mrs Valentine qui lui courait après, folle de rage.
- Tu vas arrêter de t'enfuir, sale vermine !?
- Tu ne m'auras pas de sitôt, pas vrai, Kaloo ?
- Coin !
Mr 5 ricana à cette scène.
- Vous n'êtes qu'une bande de gamins et vous nous faites perdre notre temps. Je ne devrais même pas faire appel à mes pouvoirs pour vous vaincre, mais j'en ai plus qu'assez de rester sur cette île maudite.
Tout se déroula si vite que Noriko n'eut pas le temps de réagir. Une explosion retentit, jetant Ussop et Kaloo au sol, à moitié inconscient.
- Ussop ! Kaloo !! cria la jeune fille toujours à genoux, les lèvres tremblantes.
- Deux faibles de moins.
- Enfin, soupira Mrs Valentines qui reprenait son souffle.
Mr 5 avait rejoint la jeune fille, tout en marchant lentement. Il avait un revolver en main. Elle avait les yeux écarquillés, et ne l'avait même pas vu s'approcher, se contentant de fixer les corps d'Ussop et Kaloo gisant inconscients au sol. L'herbe autour d'eux avait pris feu et la fumée opaque qui s'en dégageait l'empêchait de voir ses autres amis.
- Co... Comment ? Ce ne sont pas des balles ordinaires...
- En effet, tu es perspicace, se moqua-t-il. Ce sont des balles explosives, faite à partir de mon souffle.
Pour justifier ses dires, il rechargea son revolver en approchant ses lèvres de son arme. Noriko redressa la tête, sentant la colère monter en elle.
- Vous n'êtes qu'une bande de psychopathes, lâcha-t-elle.
- C'est le fait de bientôt mourir qui te fait dire de telles absurdités ?
- « Deux faibles de moins » ? C'est comme ça que vous nous voyez ? Vous attaquez dans un ordre précis et toujours en groupe ? C'est ça votre technique ?
- Bien remarqué. Que ce soit nos ennemis, des criminels ou des innocents, nous faisons toujours en sorte d'anéantir toutes nos cibles, en commençant par les plus faibles, comme tu l'as deviné.
Noriko serra les dents. Si les agents du Baroque Works étaient tous comme eux, prêts à suivre un homme qui asservissait un pays entier, alors il leur faudrait les éliminer, un par un avec l'aide de son équipage.
- C'est vous les criminels.
- Oui, je ne dis pas le contraire. Bon, tu comptes te battre ou tu préfères que je t'achève directement ? demanda-t-il en lui pointant le canon de son arme sur son front.
- Qu'est-ce qu'il se passerait si l'un d'entre vous n'était plus en capacité de se battre ?
Intrigué, Mr 5 baissa son arme.
- De quoi tu parles ?
Noriko se releva, les poings serrés.
- Vous êtes toujours deux, n'est-ce pas ?
- Tu essayes de gagner du temps avec tes questions inutiles ? L'acolyte de Mr 3, Mrs Golden Week, s'est faite tuée la semaine dernière et il s'en sort très bien tout seul. Qu'est-ce que ça change pour toi ?
- Rien, je voulais seulement savoir si quelqu'un d'autre se cachait sur cette île. Luffy a déjà dû faire sa fête à votre copain qui contrôle la cire, ce qui veut dire qu'il ne reste que vous deux.
- Tu es bien confiante.
Noriko prit une inspiration et sans prévenir, propulsa un énorme torrent d'eau en direction de Mrs Valentine qui reprenait toujours son souffle. Elle n'eut pas le temps de réagir et hurla au moment où elle se prit l'eau en plein torse, la faisant s'écraser contre un rocher quelques mètres derrière elle dans un bruit d'os qui craquent. Elle tomba inconsciente, assise au sol. Sa tête s'inclina sur son épaule, ce qui fit couler du sang de bouche. Ses os étaient brisés et Noriko comprit qu'elle ne pourrait plus les ennuyer.
Mr 5 s'était retourné vers elle sans avoir le temps de lui venir en aide.
- Mrs Valentine ! siffla-t-il entre ses dents.
Fou furieux, il fit volte-face vers Noriko et la frappa au visage. Elle n'eut pas le temps d'esquiver et tomba au sol, la lèvre en sang. Par réflexe, elle envoya une bulle d'eau qui atterrit sur le visage de son adversaire. Toujours à terre, couchée sur le flanc, elle était reposée sur son bras droit et son bras gauche était tendu dans les airs. Ses doigts arqués et crispés, elle bougeait sa main légèrement afin de maintenir l'eau collée contre son nez et sa bouche, surmontant la douleur qui lui lancinait le bras. Mr 5 se débattait, essayant d'enlever le liquide qui menaçait d'entrer dans son nez et gorge. Les sourcils froncés, les lèvres retroussées et les dents serrées, Noriko tenait bon. Elle voulait lui faire du mal, elle voulait le noyer, le tuer, elle le sentait au fond d'elle-même et n'avait jamais ressentit ça. Mr 5 ne pouvait plus respirer et manquait de s'étouffer. Il finit par choisir la solution radicale de faire exploser son propre visage, afin de dégager l'eau.
L'explosion créa un souffle d'air chaud qui obligea Noriko à se protéger le visage, la forçant à relâcher sa concentration qui maintenait la bulle d'eau en place. Elle chercha des yeux Mr 5 qui était désormais caché par un nuage de fumée. Il apparut sans prévenir près d'elle.
- Sale peste, j'ai cru... que j'allais y passer ! haleta-t-il.
Il lui donna un coup de poing et Noriko sentit sa tête heurter violemment le sol, la pommette en feu.
- T'as failli me tuer... Tu penses t'en sortir aussi facilement ?
Il n'attendit pas de réponse et lui donna un coup de pied dans le ventre, faisant exploser sa chaussure au contact des vêtements de Noriko. La jeune fille atterrit quelques mètres plus loin dans un cri de douleur. Recroquevillée au sol, elle tenait son ventre endolori d'une main tremblante en gémissant. Son t-shirt beige était déchiré et brûlé là où l'impact avait eu lieu. Elle risqua un regard vers sa blessure afin de constater les dégâts. Sa peau était noircie et de la vapeur s'en dégageait suite à la brûlure qu'elle avait reçue. Noriko ne pouvait plus se relever.
- Je suis brûlée, s'affola-t-elle à voix basse.
Elle sentit la panique monter en elle. Elle savait, elle savait qu'elle ne devait surtout pas entrer en contact avec du feu, elle savait que ça pouvait lui être plus fatal que n'importe qui. Elle ferma les yeux et serra les dents, tentant de retenir un cri. La douleur lui était insupportable. Elle aperçut Mr 5 qui s'approchait d'elle. Elle eut un hoquet de surprise et se força à ne plus penser à la douleur. Elle devait fuir, s'il la touchait encore une fois, elle ne s'en remettrait peut-être pas. Noriko enfonça ses doigts dans l'herbe et la terre en gémissant, tentant de ramper le plus loin et le plus vite possible. Sa tête tournait. La moindre respiration lui soulevait le thorax et lui tendait le ventre, ce qui lui faisait atrocement mal.
Elle fut plaquée au sol et crut que sa peau allait se déchirer lorsque sa blessure fut comprimée sous son propre poids. Mr 5 lui enfonçait son pied entre ses deux omoplates, l'empêchant de bouger.
- Tu croyais que tu allais mourir aussi rapidement ? assena-t-il en rangeant son revolver.
Noriko n'arrivait plus à respirer à cause de la douleur, et ne put lui répondre que dans un cri de rage qui lui venait du fond de la gorge.
- Tu viens vraiment de tuer mon acolyte ? demanda-t-il en enfonçant d'avantage son pied dans le dos de Noriko.
La jeune fille crispa ses poings, enfonçant d'avantage ses ongles dans la terre.
- Je mentirais si je disais que ça m'attristait, elle avait un rire insupportable, continua-t-il en soupirant. Mais à cause de toi, je vais avoir des comptes à rendre à mon boss, et tu n'as pas idée d'à quel point ça m'ennuie de devoir le faire.
Il dégagea son pied et posa un genou à terre afin de se rapprocher d'elle. Noriko sentit ses poumons gonfler d'un seul coup, la laissant échapper un soupir de soulagement intense. Elle cracha un peu de sang, et sans perdre de temps, réussit à faire apparaître une petite bulle d'eau dans sa main gauche qui tremblait. Elle voulut l'envoyer sur son adversaire, ne prenant pas la peine de viser à cause de sa mauvaise posture. Sans faire d'efforts, Mr 5 lui frappa négligemment le bras d'un revers de la main, interrompant l'attaque de Noriko qui se laissa faire à cause de son manque de force et de sa douleur.
- Tu ne m'auras pas une deuxième fois, tu n'as plus les moyens me faire face.
La jeune fille tentait maintenant de se redresser. Toujours un genou un terre, Mr 5 la regardait lutter, puis tourna le regard vers son acolyte, toujours au sol.
- Qu'elle soit morte ou seulement hors d'état de nuire temporairement, je m'en moque. Si elle survit et qu'elle retrouve les moyens de pouvoir se battre à nouveau, elle sera éliminée par l'organisation pour avoir manqué à sa tâche, murmura-t-il.
Il inclina la tête sur le côté.
- Tu as mal ? J'ai fait en sorte de ne pas te tuer tout de suite.
Noriko avait réussit à se mettre à genoux, les coudes posés sur le sol, la respiration haletante. Mr 5 se redressa et lui donna un nouveau coup de pied dans les côtes, sans créer d'explosion cette fois.
La nièce de Mihawk tomba sur le côté, avec la sensation d'avoir les os brisés. Elle se sentait vaciller et avait l'impression qu'elle risquait de s'évanouir à tout moment. Sa brûlure dégageait toujours de la fumée et elle avait grandement besoin de soins. Elle ressentit une poigne se serrer autour de son bras gauche. Mr 5 la souleva dans les airs, la forçant violemment à se mettre debout. Elle mit un bras protecteur devant son ventre, grimaçant de douleur.
- Alors comme ça, tu es dangereuse, paraît-il ? demanda-t-il en lui attrapant la gorge avec sa main libre. Je m'attendais à beaucoup mieux de ta part. J'ai déjà vu ton avis de recherche, tu ne vaux absolument pas la prime qui est sur ta tête. Tu es plus faible que ce que les rumeurs veulent faire croire. Tout le monde te recherche depuis si longtemps, mais malheureusement pour toi, notre boss n'a aucun intérêt à te capturer. Il ne nous a jamais parlé de toi, ce qui veut dire...
Il la rapprocha de son visage.
- Ce qui veut dire, continua-t-il, que je suis libre de me débarrasser de toi.
Noriko avait les larmes aux yeux et son cœur battait à tout rompre. Elle déglutit difficilement, sentant sa trachée se faire écraser et se contentant de fixer son ennemi dans les yeux, frappée par la terreur. Il serrait avec force son bras gauche, comprimant la blessure qu'elle s'était infligée la veille au soir.
- Je vais te tuer le plus lentement possible, tu regretteras bien vite de t'en être pris à moi.
Noriko grimaça de douleur et lui attrapa le poignet afin de se libérer de la tension qui appuyait sur gorge. Elle lui enfonça ses ongles dans la peau, espérant le faire lâcher prise, ce qui le fit ricaner face à son désespoir.
Alors qu'il cherchait une idée de la manière dont il allait pouvoir la torturer et faire durer son calvaire aussi longtemps que possible, Mr 5
fut propulsé à quelques mètres de là. Sous l'effet de surprise, il avait lâché Noriko qui était tombée de tout son long. Elle toussa en se massant la gorge, puis redressa la tête aussi vite que possible, muette d'effroi. Mr 5 gisait à quelques pas d'elle, dans une mare de sang. Elle se redressa un peu plus constata l'horreur qui se trouvait devant elle, la rendant blême. Le corps de Mr 5 était désormais sans vie, mais également sans sa tête. Cette dernière avait roulé encore plus loin, complètement détachée du torse de son ennemi.
- Noriko ! cria une voix.
- Zo... Zoro ? articula-t-elle tant bien que mal en le dévisageant.
Ayant rengainé son sabre, son ami se précipita à ses côtés, ses vêtements tachés d'éclaboussures sanguines.
- Tu peux te lever ?
- Difficilement...
Il lui passa une de ses mains sous ses jambes et une autre derrière les omoplates, puis, sans aucun effort, la souleva délicatement.
- Attends... gémit-elle. Mon ventre, je...
Elle se cramponna à lui, tentant de ne pas laisser paraître qu'elle souffrait.
- Tu as besoin de soin, lui dit-il. Je te ramène tout suite sur le Vogue Merry.
- Les... les autres ?
- Ils vont bien, ne t'en fais pas.
Noriko regarda aux alentours, le bloc blanc avait disparu. Elle reconnut les silhouettes de ses amis, se remettant de leurs peines, et vérifiant que chacun allait bien.
- Ussop et Kaloo ont fait fondre toute la cire, on a pu s'en sortir indemnes. Ils nous rejoindront plus tard après avoir récupéré Luffy, lui expliqua-t-il en l'emportant.
La jeune fille ouvrit la bouche pour protester, puis décida de rester silencieuse, reposant sa tête contre le torse de Zoro. Elle ferma les yeux. Une migraine atroce commençait à se faire une place dans son crâne. Elle soupira de fatigue, sentant le rythme accéléré des pas de son ami dans tout son corps.
À bord du Vogue Merry, Noriko était assise sur le rebord de la baignoire, tentant de reprendre son souffle, les yeux brouillés par les larmes. Son ventre ne dégageait plus de vapeur, mais les brûlures étaient toujours présentes et on distinguait nettement l'endroit où l'impact avait eu lieu. Elle risqua un regard dans le reflet du miroir et constata les nombreux dégâts qui ornaient son visage. Sa gorge était devenue bleue et noire par endroit, là où Mr 5 lui avait comprimé sa trachée. Sa lèvre était légèrement ouverte, mais ne saignait plus et sa pommette commençait à devenir violette. Elle avait malgré tout la sensation d'avoir moins mal, bien que son mal de tête lui cisaillait le crâne.
- Je ne suis pas médecin, mais je peux au moins te faire un bandage pour ton ventre, lui dit Zoro qui fouillait dans une trousse à pharmacie.
Noriko baissa les yeux et tressaillit.
- Tes pieds, lâcha-t-elle. Tu saignes.
Zoro suivit son regard, son pantalon était déchiré au niveau de ses chevilles et sa peau ensanglantée était visible. Il haussa les épaules.
- Ce n'est rien, ce n'est pas profond.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? le questionna son amie.
- J'étais coincé, c'est la seule solution que j'ai trouvé.
Noriko prit un air blasé devant une telle stupidité.
- Tu te moques de moi ?
- Tu voulais que je fasse quoi? se renfrogna-t-il en sortant des bandes.
- Mais enfin ! Tu comptais faire quoi sans tes pieds !?
- C'est bon, je n'ai pas coupé profond de toute manière. Je n'ai pas eu le temps, la cire avait trop solidifié mes bras. Tiens, attrape.
Noriko reçut une bande entre ses mains. Elle ne sût quoi répondre à sa remarque et se contenta de lever les yeux au ciel.
- Tu t'es bien battue, lui dit-il après un silence.
- Tu m'as vue ?
- Non, admit-il. La fumée était trop opaque et on ne savait pas ce qu'il se passait. Mais vu comme il était énervé avant que je ne l'achève, je pense que tu lui avais mis une sacrée raclée.
- Je l'ai presque noyé, avoua-t-elle, mais il a réussi à s'en sortir.
- Tu t'es bien débrouillée.
- Tu m'as sauvée, encore une fois.
- Il allait t'achever si je ne l'avais pas fait.
- Merci...
- Je suis désolé d'avoir mis du temps à intervenir.
- Non, ça va, je... je n'ai presque rien, le rassura-t-elle en passant une main dans ses longs cheveux blancs qu'elle venait de détacher, essayant de les démêler par endroit.
Un nouveau silence s'abattit sur eux. Zoro fouillait toujours la trousse à pharmacie, tentant de mettre la main sur une crème contre les brûlures légères.
- J'ai vu la fille s'écraser sur un rocher.
La jeune femme sursauta et sentit son cœur s'accélérer.
- Je ne sais pas si je l'ai tuée.
- Quelle importance ?
Elle baissa les yeux.
- Aucune, tu as raison.
- Tiens, je pense que si tu mets cette crème, ça te soulagera, lui dit-il en lui tendant un tube blanc orné d'un bouchon jaune qu'il avait enfin trouvé.
- Merci.
Noriko le prit délicatement, dévissa le bouchon, releva le reste de son t-shirt qui lui restait sur le dos et entreprit de s'enduire de crème. Le froid de la substance la fit sursauter, mais la chaleur qui s'en dégagea quelques instants après la fit tout de suite se sentir mieux. Zoro détournait le regard.
- Tu as besoin d'aide pour la bande ? demanda-t-il en regardant par le hublot.
- Je veux bien, s'il te plaît.
Il se retourna vers elle et s'approcha.
- Lève ton t-shirt, ordonna-t-il en lui prenant le bandage des mains et en commençant à la déplier.
La jeune fille obéit et leva son haut afin de laisser apparaître son ventre. Elle resta dans cette position et observa les gestes de Zoro.
Il posa sa main gauche sur la hanche droite de Noriko et maintint la bande en place, puis passa sa main droite derrière son dos afin de l'attraper et tira le pansement pour l'enrouler autour de sa taille. Il entreprit de faire plusieurs tours, prenant garde de ne pas serrer trop fort.
- Ce n'est pas trop serré ?
- Non.
- Comment se fait-il que tu sois autant brûlée ? Il t'a touchée combien de fois ?
- Une seule. Mais il a dit qu'il avait fait en sorte de ne pas me tuer.
Il fronça les sourcils, observant la blessure pendant qu'il tentait de la soigner.
- Tu as beaucoup de cloques et il y a des traces qui ne ressemblent en rien à des brûlures.
- Oui, ça c'est... c'est normal, admit-elle en se mordant l'intérieur de la joue.
- Comment ça ?
- Tu sais que je suis composée à cent pour cent d'eau, n'est-ce pas ?
Zoro prit un air faussement surpris.
- Non, je l'ignorais.
- Très drôle... Enfin bon. Contrairement à vous, le feu ne me brûle pas. Enfin si, mais pas que. Je me transforme en vapeur au moindre contact, c'est ma plus grande faiblesse, confessa-t-elle en tripotant la croix de son collier.
- C'est douloureux ?
Elle releva la tête et eut un sourire triste, le fuyant du regard.
- Très. Plus qu'une brûlure sur une peau normale en tout cas. Tu as la sensation que ta peau fond et se désintègre sans que tu ne puisses rien y faire. C'est pour ça que je n'ai pas pu me relever.
- Ce n'est pas plutôt toi qui devrait être la faiblesse du feu ?
- Oui, je peux l'éteindre bien sûr, mais lorsque que tu mets du feu au-dessus de l'eau ou qu'il y a plus d'eau que de feu, cela fait de la vapeur.
Zoro constata que le menton de son amie tremblait légèrement. Elle s'essuya négligemment les yeux à l'aide du dos de sa main et renifla.
- Il ne pourra plus te faire de mal, lui dit-il. Plus jamais.
- Je sais... souffla-t-elle. J'avais vraiment envie de le tuer. Je n'avais jamais ressenti ça auparavant.
- C'est parce que tu étais en danger de mort. Tu surmonteras cette sensation avec le temps quand tu seras amenée à te battre de nouveau.
- Oui.
Elle expira bruyamment par le nez.
- Tu n'es pas le premier à me le dire, reprit-elle en attrapant son bracelet à perles rouges et en le caressant sous ses doigts.
Zoro avait terminé le bandage et observa le résultat. Il se retourna et lui tendit un de ses propres t-shirt blanc qu'il avait récupéré dans ses affaires.
- Tiens, mets ça. Il sera trop grand, mais au moins, le tissu ne touchera pas ta blessure.
- Ah oui, merci. Le mien est bon à jeter, je crois que je ne suis pas faite pour garder des vêtements en bon état.
Zoro eut un sourire en coin. Il se retourna afin de laisser Noriko se changer tranquillement.
- Tu veux que je soigne tes pieds ? demanda-t-elle une fois changée.
- Non, je vais mettre un pansement, ça fera l'affaire.
- Tu as sûrement besoin de points de suture.
- On essayera de trouver un médecin sur la prochaine île. Tu dois en consulter un toi aussi.
- Oui. Ça attendra, répondit-elle vaguement. Merci beaucoup, je me sens mieux.
- Tu as mal autre part ?
Elle serra le bandeau autour de son bras. La pression que lui avait exercé Mr 5 avait vivement réveillé la douleur dû à ses entailles faites la veille. Elle songea au fait qu'elle devrait les vérifier plus tard, afin de s'assurer que les blessures ne saignaient pas de nouveau.
- Non, mentit-elle. Tout va bien.
- Ta main est gonflée.
Noriko observa ses phalanges, elles étaient couverts d'éraflures. Elle bougea ses doigts, constatant qu'elle n'avait pas mal.
- Ce n'est rien, ne t'en fais pas. J'ai simplement aidé Luffy à sortir d'une montagne.
Un fracas retentit sur le pont du Vogue Merry, ce qui interrompit leur conversation.
- Les autres sont de retour.
- Ils savent que je suis blessée ?
- Non, pas à ce point en tout cas. Ils savent juste que tu t'es battue.
- Ne leur dis rien, je ne veux pas qu'ils s'inquiètent pour moi.
- Comme tu voudras.
Ils quittèrent la salle de bain et rejoignirent le reste de l'équipage.
Beaucoup plus tard, après avoir reçu des tonnes de questions de la part de ses amis. Noriko écoutait avec attention le récit de Sanji qui leur rapportait ce qu'il avait appris concernant Crocodile et comment il s'était débarrassé des Unluckies. Désormais en possession d'un eternal pose pouvant les guider directement à Alabasta, les Chapeaux de Paille prirent de nouveau la mer en direction d'une nouvelle aventure.
En quittant l'île, ils manquèrent de se faire dévorer par un poisson rouge géant. Ils s'en sortirent indemnes grâce à l'intervention des deux guerriers géants qui le tuèrent d'un seul coup. Sur le pont, Noriko s'approcha d'Ussop, les jambes légèrement tremblantes à cause de l'énorme monstre marin qui avait manqué de les tuer.
- Eh bien... Je dois dire que je regrette de ne pas avoir cru à tes histoires. Je suis désolée.
- Il n'y a... il n'y a pas de quoi, balbutia Ussop qui tremblait également.
- Il faut croire que tout ce que tu dis est vrai.
- Je t'avais prévenu que j'étais un grand guerrier, il ne faut pas me prendre pour un débutant, je savais très bien ce que je faisais.
Ussop leva un de ses pouces et lui fit un clin d'œil, ce qui fit rire Noriko aux éclats.