Le secret du triangle Florian
Chapitre 4 : Cela n'a pas d'importance.
1163 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 04/12/2013 20:04
Chapitre IV : Cela n’a pas d’importance
Quand il se réveilla, Usopp sentit la chaleur d’un bon feu de camp lécher sa peau et un frisson de bonheur se déclencha sur tout son corps. Il essaya de se redresser, mais ses membres refusaient de bouger et il resta cloué au sol.
- Je t’ai administré un paralysant afin de réduire la douleur, lança une voix faible. Tes bras et tes jambes ne peuvent plus bouger. Je te prie de me pardonner, j’aurais voulu pouvoir te donner un antidouleur mais j’en ai malheureusement épuisé la réserve.
Le pirate encaissa la nouvelle. Je n’ai plus aucune sensation…c’est effrayant. Usopp déglutit avec difficulté.
- N’aies pas d’inquiétude, d’ici quelques heures, il ne fera plus effet, ajouta l’inconnu.
Usopp ne répondit pas. Non pas qu’il ne veuille pas parler, il avait au contraire trop de question pour savoir par où commencer.
- Tu es éveillé désormais ; si cela ne te gêne pas, j’aimerais moi aussi me reposer quelques instants.
Usopp acquiesça en signe d’assentiment et l’inconnu ne tarda pas à émettre un léger sifflement. Le pirate observa le ciel, dans l’attente d’une éclaircie. Cependant, l’obscurité régnait toujours sur l’île et bien qu’une faible lumière rose traversait les nuages, la nuit enveloppait l’horizon.
- C’est étrange...pensa Usopp. Il fait exactement le même temps que tout à l’heure et le soleil semblait déjà sur le point de se lever...
Il ne pouvait expliquer ce phénomène. Avait-il dormi si longtemps qu’une journée entière s’était écoulée ? Alors qu’il se perdait dans ses réflexions, le pirate sentit une forte odeur de grillé lui caresser les narines. Il releva la tête, et scruta les alentours, à la recherche de la provenance de l’appétissant fumet. Des morceaux de viande brûlaient sur le feu, et la chair se noircissant peu à peu firent s’écouler un léger filet de bave sur les lèvres du jeune homme. Il tenta désespérément de se lever, mais lorsqu’il avait enfin l’impression que ses bras acceptaient de bouger, il lui suffisait d’un coup d’œil pour s’apercevoir qu’ils étaient toujours plaqués au sol. Il fallait se rendre à l’évidence : il ne pourrait rien faire sans que le paralysant ne fasse plus effet. Il décida alors de se rendormir, malgré les cris de son estomac.
- Tu veux manger ?
Usopp se réveilla en sursaut ; le mot « manger » avait abruptement mis fin à son sommeil sans rêve et avait relancé les hurlements de son ventre. Voyant une main abîmée lui tendre un épais morceau de viande trop cuite, il se jeta dessus et croqua avec énergie dans la chair, puis marmonna un « merci » presque inaudible. Lorsqu'il se décida enfin à lever les yeux vers son interlocuteur, il ne put retenir un hoquet de surprise et s’étouffa avec un morceau de viande. Quand il l’eut recraché, il regarda à nouveau l’inconnu qui mangeait paisiblement sa part. Bien qu’il ne devait pas avoir plus de cinquante ans, il n’aurait pas été surprenant de le confondre avec un vieillard de quatre-vingt ans mort depuis plus de cinq heures. Il aurait peut-être été beau, si son visage n’avait pas été écrasé par le temps et la route de tous les périls. Ses joues étaient creuses, si bien qu’il avait l’air de ne pas avoir mangé depuis des jours ; sa peau était d’un blanc pâle et sale ; ses cheveux certainement noirs étaient parsemés de poils gris et blancs ; aucune barbe ne semblait avoir jamais poussé sur son menton, détonnant avec le reste de sa dégaine faisant inévitablement penser au cliché du naufragé ; enfin, il était trop maigre pour être en bonne santé. Son débardeur collant à son torse n’en laissait pas le moindre doute. Usopp ne put s’empêcher de se demander si, oui ou non, il était vivant.
- Eh bien, tu ne manges pas ? demanda l’inconnu.
Cela fit sortir le pirate de ses pensées. Il croqua à nouveau dans sa part et l’image de la petite fille lui revint à l’esprit. Il eut un frisson.
- Dis, commença-t-il. La petite fille de tout à l’heure, qu’en as-tu fait ?
L’inconnu s’arrêta de mâcher. Alors qu’il s’apprêtait à répondre, il se ravisa et avala sa bouchée, puis enfourna le reste de la viande dans sa bouche, installant un silence gênant. Usopp tenta alors sa chance avec une autre question :
- Et comment tu t’appelles ?
L’inconnu leva les yeux vers le pirate.
- Cela n’a pas d’importance, répondit-il simplement.
Bien…Usopp ne savait pas comment le prendre. Pourquoi cet homme refusait de répondre à une question aussi simple et innocente que « comment t’appelles-tu » ? Le pirate essaya une troisième fois d’engager la conversation :
- Et…où sommes-nous ? Qu’est-ce que c’est que cette île ?
Cette fois-ci, l’inconnu ne prit même pas la peine de lever les yeux :
- Cela n’a pas d’importance.