"Je t'attendrai"

Chapitre 3 : Chapitre Troisième

4501 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:39

Chapitre Troisième

 

Le jeune homme poussa doucement le battant de la porte, tentant de faire le moins de bruit possible. Après avoir pris soin de la refermer correctement, il s'avança sur la pointe des pieds, désirant être le plus discret possible. S'arrêtant à chaque grincement que ses pieds provoquaient sur le parquet, il mit au moins cinq bonnes minutes avant d'arriver à destination. Visiblement aux anges, il se frotta les mains, un filet de bave dégoulinant de sa lèvre jusqu'à son menton. Alors, il plongea sur les plats de nourriture. Enfin, il allait pouvoir se réga-

«ITAI!»

Monkey D. Luffy se retrouva, en une fraction de seconde, plaqué au mur, soulevé du sol par une main ferme qui agrippait son col. Le cuistot du bateau, Sanji, dardait sur son capitaine un regard noir empli de reproches que celui-ci connaissait très bien. Après s'être pris quelques coups bien placés et reçu une salve d'insultes, il fut jeté hors de la cuisine, où il avait pénétré par effraction, comme un voyou. Toujours fidèle à lui-même, le futur seigneur des pirates tira la langue à son camarade avant de retourner sur le pont, les mains dans ses poches vides, le ventre tout aussi vide, et la moue boudeuse.

«C'est toujours pareil, râla-t-il, pareil à un gamin de dix ans.»

Sans attendre de réponse, Luffy se mit à la recherche d'une nouvelle occupation. Il jeta un coup d’œil au reste de l'équipage: Nami donnait des ordres, Robin lisait, Franky s'apprêtait à prendre la barre, et les autres préparaient le départ. Puis son regard se posa sur Zoro qui avait les yeux fixés sur la rive, observant la ville qu'ils allaient quitter dans quelques instants.

En le voyant, Luffy se rappela de quelque chose, et d'un coup, il s'écria: «Je voulais qu'elle revienne, moi, 'Lena!» A ce nom, les membres de l'équipage le regardèrent, excepté Zoro qui gardait les yeux rivés sur le port et la ville.

«C'est vrai, elle avait dit qu'elle reviendrait» continua Nami, elle aussi un peu déçue. «Enfin, rien ne dit qu'on ne se recroisera pas, le monde n'est pas si grand!»

Alors, Zoro s'arracha à sa contemplation et se détacha du rebord du bateau, comme s'il avait cessé d'attendre.

«Vous avez sûrement du lui faire peur.» se contenta-t-il d'affirmer en bâillant.

 

Quelques minutes après, les Mugiwara levèrent l'ancre.

«Allez, c'est parti! S'écria Luffy, enthousiaste.

- Quelle est la prochaine destination, Nami-swaaaan?

- Il y a une île un peu plus au sud, nous nous y arrêterons.»

Et sur ce, chacun vaqua à ses occupations habituelles, prêt pour un nouveau voyage. Chopper entreprit de ranger un peu le pont, quand soudain, ses oreilles frémirent. Interloqué, il s'immobilisa quelques instants et se concentra sur les bruits que lui seul entendait. De temps en temps, le petit renne regrettait d'avoir un sens de l'ouïe trop développé, mais cela l'avait aidé dans de nombreuses situations. Alors il se dirigea vers le bord du bateau et considéra la rive dont ils s'éloignaient de plus en plus. Il plissa ses yeux, le bruit était de plus en plus fort.

«Vous entendez ça? Demanda-t-il.

- Non, qu'y-a-t-il?»

Sanji et Brook se rapprochèrent à leur tour du bord, et quelques secondes après, ils purent entendre à leur tour le vrombissement qui semblait se rapprocher petit à petit. De la poussière se soulevait dans la ville, et un cri, plus fort que les autres, plus aiguë, se faisait de plus en plus proche. Curieux, ce fut au tour de Luffy et Usopp de se rapprocher du bord, suivis de Nami. Et bientôt, tout l'équipage excepté Franky qui tenait la barre et Zoro qui était à l'intérieur, se retrouva à guetter le port.

Ils virent alors que la poussière était soulevée par un groupe d'homme, nombreux et visiblement en colère, qui se précipitait vers l'ancien emplacement du bateau des Mugiwara.

Inquiète du mauvais augure que cela représentait, Nami s'apprêtait à frapper le crâne de son Capitaine, celui qui avait encore sûrement du faire une bêtise, mais Robin l'arrêta:

«Regardez», dit-elle en pointant du doigt la personne qui avait quelques mètres d'avance sur le groupe et qui semblait courir au péril de sa vie.

Une fois qu'ils l'eurent remarqué, ils n'eurent besoin que de quelques secondes pour reconnaître le singulier personnage qui allait arriver à la fin du port. Visiblement coincé, le personnage en question se mit à sauter sur place, faisant de grands gestes à l'équipage qui s'apprêtait à quitter la baie. Le sang de Luffy ne fit qu'un tour, et il élança son bras en direction du fugitif. Tentant tant bien que mal de viser la silhouette, le pirate usa d'une grande concentration, et il réussit: sa paume fut saisie.

Et ce fut à cet instant que Zoro refit son apparition, comme par hasard. Les mains dans les poches comme à son habitude, il considéra ses camarades tous attroupés d'un seul côté du bateau et se rapprocha d'eux. La démarche nonchalante, il bâilla puis demanda à ses amis la raison de leur rassemblement. Pour seule réponse, il eut droit à d'énormes sourires de la part de Luffy, Usopp et Nami et ne put s'empêcher de penser qu'a cet instant, ses «nakama» étaient vraiment inquiétants. Lentement et avec prudence, Zoro tourna la tête vers la rive, appréhendant ce qu'il y verrait. Et lorsqu'il reconnut le projectile qui fonçait droit sur le bateau, plus précisément sur lui, son visage se décomposa. Poussant un cri de stupeur, il décolla ses mains du rebord et commença à reculer, maudissant silencieusement son capitaine. Mais il était trop tard, et quelques secondes plus tard, son corps fit la violente rencontre avec un objet non identifié qui l'envoya valser contre le rebord opposé du bateau.

Le choc fut brutal et dur pour notre escrimeur adoré, d'autant plus que la personne qui était splendidement étalée sur lui n'était pas un poids plume, loin de là. Tentant de reprendre ses esprits du mieux qu'il pouvait, il se redressa et repoussa sans ménagements l'ovni qui lui était tombé dessus, ovni qui se cogna contre un énième mur de bois dans un petit cri de douleur. Zoro se leva non sans peine et se passa une main derrière la tête. Pas de sang, c'était étonnant, mais bon signe. Mais alors qu'il s'apprêtait à sermonner son stupide taishô de *** qui **** et ***, il sentit une ferme poignée saisir son col et un front se cogner contre le sien.

Le coup de boule que lui asséna la jolie femme en face de lui, lui retourna le cerveau, si fort qu'il crut que son crâne allait se briser. Tentant de ne pas perdre conscience, Zoro agrippa à son tour le col de son agresseuse, une veine battant sur la tempe. Et c'est ainsi qu'une dispute bruyante commença.

« On peut savoir c'qui t'a prit, bakanaonna*? S'écria Zoro en collant son front rouge à celui de la femme.

- C'est plutôt moi qui devrait poser cette question, kono kusottare*! Rétorqua-t-elle, le regard enragé.

- Qu'est-ce t'as dit, busuuuuu*? Tu veux que j'téclate la tronche?

- En es-tu seulement capable, gesooooo*?

- Si tu veux, on peut régler ça maintenant, itachi*!

- Ah ouais? Laisse-moi rire! Konjônashi*!»

(bakanaonna : connasse ; kono kusottare : espèce de trou du cul ; busu : mocheté (féminin) ; geso : mocheté (masculin) ; itachi : garçon manqué/ fille masculine ; Konjônashi : tu n'as pas de couilles)

Sur ces paroles, les deux escrimeurs posèrent leurs mains sur leurs armes respectives. Mais Chopper se jeta juste à temps sur la jeune femme, interrompant de justesse le combat imminent.

«Elena! S'écria-t-il en se jetant au cou de la concernée.»

Bien que surprise, ladite Elena se laissa quand même entraîner et rendit son étreinte au petit renne avec qui elle s'était vraiment rapprochée. Tout l'équipage s'attroupa autour de la nouvelle arrivée, pendant que le bateau quittait définitivement le port. Seul Zoro restait en retrait, visiblement en rogne contre contre la métisse et son entrée fracassante. Après avoir plaqué au sol Sanji qui s'était transformé en un véritable monstre assoiffé de... de... enfin voilà quoi, Nami s'adressa à son amie, un éclatant sourire sur le visage:

«Elena! J'ai bien cru qu'on n'allait jamais te revoir!

- Elena, le retour! Superrrrrrr, roula Franky.

- Elle a le don de soigner ses entrées, commenta Robin en rigolant.

- Oi, 'Lena! S'écria Luffy. C'était qui, ces types?

- Ceux qui me poursuivaient? Questionna-t-elle.

- Oui, ils avaient l'air vraiment en rogne, renchérit Usopp.

- Ah oui... En fait, commença-t-elle, je me suis rendu dans un bar ce matin, histoire de me remplir la panse. J'ai pris plusieurs verres, des gâteaux, quelques cuisses de poulets et des raisins. Mais après avoir tout mangé, j'me suis rendu compte que j'avais pas d'argent. Donc y'en a un qui m'a attrapé par le cou. J'ai eu peur, je l'ai frappé. Ensuite, les autres se sont jetés sur moi. Ils ont voulu me faire payer en nature, les pervers! Et ils m'on- En bref, j'ai pas payé, coupa-t-elle à son propre récit. Vous m'avez sauvé, merci.»

En écoutant cette histoire, nombre des membres de l'équipage rigolèrent.

«T'es trop marrante, s'écria Luffy en passant son bras derrière sa tête. Intègre mon équipage!»

Durant l'heure qui suivit, ils restèrent tous sur le pont, à discuter avec Elena qui leur en apprenait plus sur elle-même.

«Tu viens d'où, alors? Demanda Nami.

- Je suis originaire d'un petit village de North Blue, d'une tribu étrangère avec de drôles de coutumes.

- De drôles de coutumes? Répéta Robin.

- Oui, continua Elena. Une démonstration, peut-être?»

Voyant les visages intéressés des membres d'équipage, Elena se leva et se rapprocha du premier homme à sa portée, qui n'était autre qu'un certain bretteur aux cheveux verts. Elle se posta en face de lui et le considéra. Zoro recula d'abord, pas franchement rassuré, mais elle lui ordonna de ne pas bouger. A à peine quelques centimètres de séparation, elle ferma les yeux et posa sa main sur le cœur du chasseur de pirates qui se sentit aussitôt gêné. Son corps se crispa et ses muscles se tendirent automatiquement, il n'avait pas l'habitude d'être en contact avec une femme. Il la fixait, incrédule et un peu inquiet. Mais presque instantanément, Elena rouvrit ses yeux, comme si elle sentait le mal-être du jeune homme. Elle ficha ses magnifiques yeux dorés dans ceux de Zoro et captiva son attention. Tout semblait avoir disparu autour d'eux, et sans même en comprendre le pourquoi du comment, le deuxième membre des Mugiwara se décontracta et se détendit. Le vent souffla, mélangeant les effluves du parfum d'Elena et Zoro. Ils restèrent ainsi, yeux dans les yeux, la mains de l'une sur le torse de l'autre, seulement quelques secondes, secondes qui parurent durer des heures pour les deux concernés. Petit à petit, Elena semblait partir loin d'ici tout en se rapprochant paradoxalement du corps du «cobaye», ses yeux dorés se voilèrent légèrement, comme si son esprit s'envolait dans un autre monde, un monde qui n'était pas le sien.

Puis, brutalement, elle récupéra ses esprits et considéra de nouveau Zoro. Ils se fixèrent une énième fois, l'expression d'Elena avait légèrement changé, ce que seul l'escrimeur remarqua. Elle eut un léger sourire qu'il ne comprit d'ailleurs pas. Aucun mot ne sortit, tout le monde était dans l'attente, suspendu aux gestes de la jolie femme. Mais celle-ci s'écarta du bretteur sans un mot et s'approcha de Brook, comme si de rien n'était. Elle fit exactement les même gestes, mais n'eut pas les mêmes réactions. Dix secondes plus tard, elle huma l'air, ressentit les éléments autour d'elle et déclara d'une voix claire:

« Une baleine. Elle est ta précieuse amie, tu es pressée de la revoir. Et elle t'attend, loyale.»

A ces mots, tout l'équipage fut surpris, surtout Brook qui n'arrivait pas à comprendre ce qu'il lui arrivait. Il sentait clairement qu'on pénétrait son esprit et son cœur, mais bizarrement, il ne ressentait aucune menace, et n'était pas sur la défensive. Il se sentait apaisé par la présence d'Elena. Mais ce n'était pas fini.

«Tu es né pour la musique, c'est ta passion, ton don, ton pouvoir. Mais tu pourrais mourir pour chacun des membres de cet équipage, qui sont devenus ta famille. Tu t'es toi-même juré d'être toujours joyeux pour égayer même les moments les plus durs, et tu as voué toute ta force au service de ton Capitaine, celui qui t'a sorti de la solitude dans laquelle tu étais plongée. Tu as peur de ne pas pouvoir devenir plus fort, mais tu persévères. Tu es quelqu'un de sensé, avec de bonnes intentions, mais... Mais tu as... Un... Irrépressible besoin d'érotisme...»

Et sur ce, le corps d'Elena se réanima et elle s'écarta de Brook qu'elle voyait maintenant d'un autre œil. Elle se retourna, tout sourire, vers les autres qui la fixaient tous, interloqués. Quelle était cette capacité de pouvoir lire à travers les cœurs et les âmes? Qui était cette femme? Loin d'être surprise par ces réactions, Elena s'adossa contre un mur, croisa les bras et commença:

«Voilà ce que je peux dire en quelques secondes. Je ne saurais pas très bien expliquer moi-même ce que j'ai fais. Disons que c'est... Une sorte de transfusion d'esprit. J'ai appris cela dès mon plus jeune âge, alors c'est devenu naturel pour moi.»

Ils la regardaient tous avec de grands yeux surpris et impressionnés qui ne savaient que penser.

«Aussi, je peux communiquer à travers les éléments, enchaîna-t-elle. La mer, le vent, les arbres, la terre, j'arrive à les entendre.

- HEIN? S'écria Usopp. T-Tu veux dire, qu'ils... Qu'ils parlent?!

- Ah, non, non! Excusez-moi, je me suis mal exprimée, se reprit-elle. C'est difficile à expliquer, vous savez. Je veux dire que... Grâce aux éléments, j'arrive à me repérer, à comprendre ce qui se passe dans un certain périmètre. Par exemple, en écoutant le vent, en ressentant la mer, je peux dire qu'il y a plus au sud-est une petite île où vous pourrez accoster en presque une semaine. Je peux aussi dire que le premier bateau aux environs est à plus de dix kilomètres à l'ouest, que cette nuit, il pleuvra et qu'un banc de dauphin se tr-»

Consciente qu'elle s'étalait un peu trop, Elena ferma sa bouche et eut un petit sourire gêné. Ils la fixaient tous, abasourdis, ahuris, incrédules. Un lourd silence s'installa, jusqu'à ce que Luffy le brise.

«Sugoiiiiiii (super*), s'écria le futur Roi des Pirates, des étoiles dans les yeux. Qu'est-ce que tu peux faire d'autre?

- Montre-nous, réclama Chopper, tout aussi émerveillé.»

Elena eut un léger sourire. C'était rare que l'on s'intéresse à ses «capacités», et c'était aussi rare qu'elle en vante les mérites... Mais elle était heureuse qu'on lui prête attention, pour une fois...

«Je ne peux pas tout vous révéler aujourd'hui, commença-t-elle. Ce ne serait pas drôle, sinon.»

Les deux intéressés acquiescèrent, d'accord. Puis, ils changèrent de sujet. Elena s'entendait bien avec tout le monde, et plus particulièrement avec Nami, avec qui elle avait plein de points communs, Chopper, qu'elle adorait serrer dans ses bras et Luffy, avec qui elle passait son temps à rigoler. Ils rigolèrent et s'amusèrent tous ensemble, ravis d'avoir parmi eux un nouvel ami, même si celle-ci n'était sûrement que de passage.

La matinée se déroula ainsi, dans la joie et la bonne humeur. Il avait été décidé qu'ils accosteraient sur l'île dont avait parlé Elena, cette même-île que Nami identifiait sur son appareil de navigation. Le voyage durerait donc environ une semaine, une semaine au bout de laquelle ils devraient sûrement faire leurs adieux à la belle métisse.

Aux alentours de midi, Sanji ordonna à Luffy et Usopp de pêcher un joli poisson. Elena se joignit à eux, mais étant donné son piètre talent de pêcheuse, elle se contenta de regarder et de détecter les gros poissons. Mais elle comprit rapidement que les deux pirates n'étaient pas meilleurs qu'elle à la pêche, alors elle se décida. Elena retira d'une traite son tee-shirt, dévoilant les bandages qui lui servaient de soutien gorge, et qui recouvraient tout son ventre tel un bustier. Mais, alors qu'elle s'apprêtait à poser ses sabres au sol, Zoro la devança et se jeta à l'eau, aussi rapide qu'un courant d'air. Prise de court, la métisse dut s'avouer vaincue, et elle se rhabilla, penaude. Curieuse, elle s'approcha du rebord et usa de ses talents pour suivre à la trace la pêche du bretteur. Quelques minutes après, le concerné réapparaissait à la surface. Instinctivement, Elena lui tendit sa main, main qu'il accepta, et le fit monter sur le bateau.

L'homme aux cheveux verts jeta son fardeau sur le sol, laissant l'immense poisson gigoter inutilement sur le bois mouillé. La prise faisait au moins deux fois la taille de Franky, c'était impressionnant. Après avoir été acclamé par Usopp et Luffy, il amena le résultat de sa pêche à Sanji.

Elena jeta un dernier regard à Zoro, qui s'éloignait. Sentant qu'on le regardait, celui-ci se retourna, mais ne vit rien d'autre que Luffy et Usopp qui s'amusaient. Elena, qui avait disparu à temps, comme voyante, se décida à entreprendre sa propre visite du bateau. Et c'est avec surprise qu'elle constata que le Sunny n'était pas un bateau des plus ordinaires. Elle prit plaisir à s'attarder dans l'aquarium, la bibliothèque, le salon, la «Usopp factory», l'infirmerie, le salle de conception d'objets étranges (sûrement l'atelier de Franky), la salle d'observation, la salle de sport, et termina dans une chambre. Ce n'était pas la même chambre que celle dans laquelle elle était entrée la première fois, alors elle supposa qu'il s'agissait de la chambre des garçons. Elle observa avec attention chaque détail et se jeta sur le premier lit qu'elle trouvait. S'étendant de tout son long, sur le dos, elle se mit à fixer le plafond et soupira longuement.

«Mais qu'est-ce que tu fais, Elena? Se demanda-t-elle tout haut.

- Oui, qu'est-ce que tu fais? Répéta une voix grave qu'elle reconnut très bien.»

Surprise dans ses pensées, Elena sursauta. C'était toujours ainsi. Dans les endroits clos, où il n'y avait aucun vent, que du vide, elle avait beaucoup plus de mal à se repérer et à écouter les éléments. Ainsi, elle était un peu plus vulnérable (enfin...) et bien moins à l'aise. Elena se redressa alors et fit face à Zoro, qui était assis sur un lit, les bras croisés, comme la première fois où il l'avait surpris. D'ailleurs, ce jour là, elle avait du remercié les Dieux qu'il ait ouvert la porte, créant un courant d'air, car sinon, elle ne l'aurait jamais repéré (outre le fait qu'il l'ait menacé directement). Elle ficha ses yeux dans ceux du bretteur et se leva.

«Tes pouvoirs ne sont pas capables de te faire comprendre que tu es dans la mauvaise chambre? Railla-t-il. Ou tu es juste stupide?»

Elena se renfrogna légèrement. Il l'avait eu. Mais elle ne perdit pas son temps et rebondit aussitôt. Elle n'allait pas se laisser avoir, quand même. Alors, elle s'avança vers lui aussi rapidement que la première fois, se pencha sur son épaule et lui susurra à l'oreille: «Tu sais, des capacités, j'en ai d'autres.» Et sur ces mots, elle posa délicatement ses lèvres sur la joue de Zoro qui fut pris par surprise, et les retira aussitôt. Le bretteur, maintenant aussi rouge qu'un Sanji excité, s'écarta brusquement et fixa Elena qui s'apprêtait à sortir de la chambre. Mais alors qu'elle posait une main sur la poignet, elle fut arrêtée:

«Oi, Elena, l’interpella-t-il.

- Hum? Fit-elle, surprise qu'il l'appelle par son prénom.

- Pourquoi tu n'as pas dévoilé ce qu'il y avait dans mon cœur? Qu'y as-tu lu?»

Elena le regarda en coin quelques secondes, puis se contenta de rester de dos.

«Tu es différent des autres membres, affirma-t-elle.

- En quoi? S'enquit-il.

- Ton passé, ta détermination, commença-t-elle sans prêter attention à sa précédente intervention. Ton dévouement à Luffy. J'y ai vu ta force, mais aussi ton côté sombre.

- Mon côté sombre? Répéta-t-il. Que veux-tu dire?»

Elena ne répondit pas tout de suite. Elle soupira légèrement.

«Tu le découvriras par toi-même, en temps voulu, si ce n'est pas déjà fait. Prends le temps d'apprendre à te connaître, toi, tes forces et tes faiblesses. Le reste viendra tout seul.»

Puis, après ces paroles, elle tourna son visage vers celui de Zoro. Elle lui adressa un joli sourire, qui était beaucoup plus triste qu'elle ne l'aurait voulu, tristesse qui n'échappa pas au bretteur, et lui affirma: «Ne t'inquiète pas. Tu es quelqu'un de bien, Zoro. Je crois.»

Et sur ce, elle sortit rapidement, cherchant visiblement à éviter la suite de cette conversation, laissant un homme perturbé dans sa propre chambre.

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