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Chapitre 16 : Fareeha ... Je suis désolée

2729 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 03/04/2018 15:52


(Soundtrack : https://youtu.be/1JS95Dv7nGY?t=1m19s )


- Trois ... Deux ... Un ... J'arrive ! hurla Fareeha, l'air malicieux, tandis que la porte de son appartement coulissait, la laissant s'engouffrer à l'intérieur. Je vais te trouver canaille ! s'écria t'elle avec un air faussement sévère tout en s'avançant prudemment, tous ses sens à l'affût.


Il faisait sombre dans la suite car elle avait volontairement coupé la plupart des sources de lumières avant de partir, ne laissant que les lampes les moins puissantes allumées. Les lèvres retroussées et les yeux plissés, Fareeha n'était jamais aussi concentré que lorsqu'elle jouait à cache-cache avec le petit singe que le Docteur Winston lui avait confié.


- Petit, petit, petit ... soufflait Fareeha en se déplaçant silencieusement.


Un rapide coup d’œil lui suffit pour qu'elle déduise que l'animal ne se trouvait pas dans le salon. A moins, qu'il ne se cache sous le canapé ! songea la petite fille en se jetant au sol avec une extrême vivacité. Rien. Elle se releva prestement puis se dirigea vers la chambre qu'elle partageait avec sa mère. La robe de nuit d'Ana était restée sur le lit lorsqu'elle s'était changée avant de partir. C'est alors que Fareeha, déconnectée de la réalité, eut un léger pincement au cœur en s'imaginant le visage de sa mère. Cela faisait désormais un long moment qu'elle s'était absentée, et jamais encore cela n'était arrivé. Elle lui manquait. Fareeha délaissa quelques secondes le jeu, saisit la robe de nuit pour la ranger dans l'armoire. Le vêtement était toujours imbibé du parfum d'Ana. Qu'est ce qu'elle sent bon, soupira Fareeha tout en pliant la robe. Son regard se perdit ensuite quelques secondes après l'avoir rangée à sa place, mais la petite eût vite fait de se ressaisir. Elle plongea sous le lit, rampa dessous, puis ressorti de l'autre côté. Elle ouvrit son armoire, fouilla derrière les rideaux, examina le meuble sous la télévision, rien.


- Bon, où te caches-tu, petite boule de poils ? cria t-elle tandis q'un bruit sourd résonna depuis la salle d'eau.


Sur la pointe des pieds, telle un félin, la petite égyptienne avança prudemment en direction de la porte. Cela faisait déjà trois fois cette semaine qu'il se cachait dans cette pièce. Elle saisit délicatement la poignée et s'engouffra à pas de velours. Fareeha tira brusquement la porte du meuble sous l'évier et le petit singe s'en extirpa en braillant. D'abord surprise, son visage se décomposa avant de finalement rire aux éclats. L'animal pris place sur l'épaule de Fareeha et enlaça sa tête de ses bras.


- Hé ! Je vois plus rien ! ricana la petite alors aveuglée par les bras poilus du primate. Il va vraiment falloir que tu te trouves une autre cachette favorite, le primate descendit aussitôt en couinant, certainement un signe de protestation. Il lui fît ensuite de grands signes, comme s'il voulait qu'elle l'attrape.


Ni une, ni deux, la petite fille s'élança dans une interminable poursuite de plusieurs minutes qui termina sur le lit d'Ana. A bout de souffle, elle s'étendit de tout son long et s'écrasa, face contre le matelas, imitée par son nouvel animal de compagnie. Elle se tourna sur le dos.


- La fessée qu'on auraient pris si Maman avait été là, pouffa t'elle en réalisant que l'appartement était sans dessus-dessous. Elle me manque, se lamenta t'elle finalement en faisant la moue, laissant sa tête s'enfoncer dans le matelas, étouffant alors sa longe complainte. Fareeha ignorait tout de l'état de sa mère. La petite fille n'espérait pas que le singe comprenne, mais bizarrement, celui-ci saute hors du lit après l'avoir longuement observée. Hé ! Où-est ce que tu vas ? demanda t'elle alors qu'il sortait de la chambre en silence, revenant aussitôt avec un album entre les mains, un album photo plus précisément. Fareeha serra les dents. J'ai pas envie de les regarder, bouda t'elle en plongeant à nouveau sa tête dans un oreiller cette fois. Je veux juste qu'elle revienne, expliqua la petite fille, sa voix était étouffé dans le coussin.


( Soundtrack : https://youtu.be/z9BL59uiAz8?t=17s )


Le singe n’attendit pas son autorisation pour ouvrir l'album et faire défiler les pages. Il comprenait parfaitement le lien qui les unissait et examina longuement les photos qui défilaient sous ses yeux. Il y avait beaucoup de selfies, que Fareeha avait prises avec leur tablette, des photos d'anniversaire, avec quelques copains et copines qu'elle fréquentait occasionnellement, puis parfois, des photos avec sa mère. Toujours très complices, Ana semblait pourtant hantée par ses propres pensées. Elle semblait parfois être ailleurs. Elle portait sur elle le poids de la guerre.


Le singe écrasa son doigt sur la tête d'Ana, et prononça son nom avec sa petite voix. Fareeha releva immédiatement la tête, les yeux grands ouverts, abasourdie qu'un singe puisse parler.


- Ana, répéta le primate qui se faisait insistant. Le visage de la petite fille se décomposait, elle avait mal au cœur mais restait stupéfaite. Angela, qui s'occupait d'elle en l'absence de sa mère était très gentille et c'était probablement la personne la plus adorable qu'elle connaisse car contrairement à sa mère, elle ne lui donnait jamais de fessées, et n'osait pas vraiment la disputer. Néanmoins, une mère reste une mère, et l'amour maternel ne peut être remplacé. Émue, la petite fille s'approcha alors du primate qui la suivait du regard. Farra, prononça t-il difficilement en pointant du doigt une photo de la petite fille.

- Fareeha, corrigea t'elle alors, blasée, en tournant les pages sans vraiment regarder. La peine avait pris le pas sur la stupéfaction.

- Farra, répéta encore le singe.

- Fa-Ree-Ha, articula soigneusement la petite égyptienne.


Le primate répéta encore une fois l'erreur, son prénom était décidément trop compliqué constata la petite égyptienne qui ne lui en tint pas rigueur. Elle était déjà sidérée qu'un animal puisse prononcer le moindre mot. Aussi lunatique qu'était la petite fille, la curiosité remplaça la tristesse qu'elle éprouvait. Fareha s'amusait alors à désigner des objets, prononcer leur nom et écoutait ensuite le singe répéter du mieux qu'il pouvait, elle était effarée, ses yeux étaient tout écarquillés. Elle voulait en parler au Docteur Winston, ce dernier lui avait donné une sorte de traceur, qui permettait à la petite de savoir où il se trouvait, en tout temps. De ce fait, il n'avait pas besoin de la garder avec elle et la surveiller constamment, si elle rencontrait le moindre problème elle allait directement le retrouver.


Fareeha alluma l'appareil et une petite carte holographique en trois dimension se matérialisa devant ses yeux, la position de Winston était indiquée par un point rouge clignotant. Le petit singe se logea sur son épaule, puis les deux complices s'élancèrent à la recherche du Docteur. Sur le chemin, elle lui donna le nom des personnes qu'il croisait, et à chaque fois, il répétait comme un véritable perroquet. Fareeha trouvait cela fantastique et incroyablement amusant.

Au fur et à mesure que Fareeha approchait du Docteur Winston, les couloirs semblaient de plus en plus agités. Nombreuses étaient les personnes au visage triste ou décomposé. La petite égyptienne crût soudain entendre des cris accompagnés des pleurs d'une femme. Intriguée, elle réduisit l'allure et s'approcha lentement du capharnaüm. Winston se trouvait juste derrière cette porte qui faisait face à la petite fille.


Ladite porte coulissa, Fareeha ne l'avait pas activée elle était trop loin, elle se retrouva nez à nez avec l'étranger qui l'avait sauvé l'autre jour. Il sortit de la pièce et s'écrasa de tout son poids contre le mur en face, les bras en avant, il s'appuyait contre la paroi, la tête baissée. Il avait le souffle court. Il marmonna quelque chose d'incompréhensible puis frappa du poing le mur métallique, Fareeha sursauta, laissant échapper un petit cri.

L'inconnu se retourna vers elle. Ses yeux, cachés sous sa visière, sondaient la petite fille au teint mat. Elle-même, le toisait de haut en bas, son regard se perdit finalement dans le sien. Les secondes parurent êtres des heures entières, c'était étrange. Morrison rompu le contact lorsqu'Angela hurla à nouveau, Fareeha reconnu sa voix :



- Je suis désolée, pleurait-elle. J'ai essayé, répéta Angela, apparemment effondrée, elle hoquetait.

- Docteur Ziegler, vous devez reprendre votre calme, personne ne vous en veut, expliqua alors un homme à la voix douce, c'était le Docteur Winston.

- Bon sang, elle est morte Winston ! Vous imaginez quel tôlée cela va provoquer lorsque la Hiérarchie apprendra cela ? se lamenta un autre homme dont elle ne reconnu pas la voix.

- La politique c'est votre rayon, rétorqua sévèrement Winston. Angela, montrez-moi vos mains. Angela hurla à nouveau, de douleur cette-fois.

- Ne touchez pas, bon sang ! cria la suisse.

-Nom de Dieu ... Vous avez utilisé la biotique ...

-C'était le seul moyen ... sanglotait t-elle.


Morrison frotta ses mains contre son visage puis s'approcha de Fareeha.


- Ce n'est pas un endroit approprié pour une petite fille, expliqua t-il, tentant de garder la tête froide alors que la seule image qui apparaissait dans son esprit était le corps inanimé de sa femme. Le petite s'apprêtait à répondre qu'elle venait voir le Docteur Winston lorsque ce dernier sortit de la pièce à son tour, Angela continuait de discuter d'un ton enflammé avec Lacroix.


- Fareeha ? s'étonna Winston, mais qu'est ce que tu fais ici ? demanda t'il, paniqué en constatant que son père était agenouillé près d'elle.


Les deux partageaient le même sang, mais ignoraient tout l'un de l'autre, il était primordial de garder le secret, Lacroix avait été très clair là-dessus. De plus, le corps de sa mère se trouvait dans la pièce d'à côté, il n'osait imaginer l'ampleur du choc si la petite y avait été confronté.

Face à la question du Docteur, Fareeha se contenta de montrer le petite appareil qu'il lui avait donné.


- Qu'est ce qu'il se passe ? demanda t'elle ensuite, inquiète, essayant de regarder vers l'intérieur de la pièce. Winston se sentait mal à l'idée de lui mentir, il préféra détourner son attention.

- Allons ! Je suis certain que tu voulais me dire quelque chose de très important ! s'exclama t-il avec un air faussement enjoué.

- Oh ça oui, vous ne me croirez jamais ! s'enthousiasma la petite fille qui reporta son regard flamboyant dans celui du scientifique. Il parle ! s'exclama alors la petite égyptienne en désignant le singe sur son épaule, un large sourire aux lèvres, tandis qu'Angela sortait de la pièce aux côté du Directeur Général d'Overwatch.


Ce dernier posa la main sur l'épaule de Fareeha en s'en allant, le regard perdu vers le sol, triste avant de les ranger dans les poches de sa blouse et de continuer son chemin, terriblement abattu. Le visage mouillé d'Angela croisa le regard de sa petite protégée. Son cœur sembla exploser. Comment lui dire ? Comment annoncer à une petite fille la mort de sa mère ? Malheureusement, son regard parla pour elle.


Sans prévenir, Fareeha bouscula le Docteur Winston et se précipita dans la pièce sous les yeux ahuris de Morrison en passant devant Angela sans que cette dernière ne réagisse, pétrifiée.


- Fareeha, non ! s'égosilla Winston en se lançant à sa poursuite.


Trop tard. Fareeha eût l'impression que le monde autour d'elle s'écroulait lorsqu'elle vît le visage et le corps nu et meurtri de sa mère. Elle porta une main à la bouche mais ne pût s’empêcher d'hurler de tout son être tout en tombant à genou, totalement dévastée. Un cri de détresse des plus déchirant qui sembla broyer l'âme d'Angela. Winston se précipita sur la petite pour l'enlacer et la consoler, mais rien ne pouvait arrêter ce torrent de larme et de douleur.


- Ana, répétait sans cesse le petit singe perché sur la table d'opération, agitant le bras sans vie du cadavre de l'ancien Commandant d'Overwatch.


Ne comprenant pas la situation, Morrison chercha le regard perdu d'Angela, celle-ci releva finalement les yeux, anéantie. Un souvenir enfoui au plus profond de son être resurgit subitement dans son esprit, c'était une chaud soirée d'Août et Ana lui annonçait sa grossesse.


Tandis que les cris de Fareeha redoublait d'intensité, Morrison, déchiré de l'intérieur, relâcha son souffle, il avait la respiration coupée, littéralement assommé. Il porta sa main à sa visière, et la retira, elle glissa entre ses doigts avant d'éclater en mille morceaux contre le sol. Il espérait qu'Angela croise son regard. Un regard empli de colère. Elle lui avait caché son lien de parenté avec cette petite fille, et qu'elle l'ait fait sciemment ou non, il ne lui pardonnerait jamais car à ses yeux, c'était une trahison. Il la détestait. Le son du verre brisé contre le sol attira le regard d'Angela qui hocha négativement la tête, prise de panique.


- Jack, je peux tout t'expliquer ... hoqueta la suisse en avançant d'un pas vers lui, mais il celui-ci recula de façon erratique.

- Tais-toi, siffla Jack d'un ton menaçant.


Son cerveau était submergé de souvenir qui réapparaissaient les uns après les autres, survenus du plus profond de son être. Il était perdu, et avait l'impression de basculer dans la folie. Hanté par les cris de sa petite fille qui appelait sa mère dans l'au-delà, il quitta les lieux.

Rejetée par l'un de ses meilleurs amis, Angela se sentait sale. Elle avait l'impression d'être un monstre pour avoir caché la vérité. A Jack, en lui cachant l'identité de sa fille, mais aussi à Fareeha pour lui avoir menti à propos de sa mère. La petite égyptienne repoussa violemment encore une fois le Docteur Winston et se précipita sur Angela qui pénétrait dans la pièce. La jeune femme s'agenouilla et reçu plusieurs gifles de sa protégée, la suisse essaya d'attraper ses petits poignets, mais la Fareeha ne cessait de la frapper. Lorsqu'enfin elle parvint à saisir la petite, celle-ci se résista un court instant avant d'abandonner, totalement résignée. Ses paumes brûlées par l'énergie biotique lui firent un mal de chien.


( Soundtrack : https://www.youtube.com/watch?v=GEOKcj4Jbek )


Fareeha concéda finalement se blottir dans les bras d'Angela en pleurant et ne sachant trouver les mots pour l'apaiser, les deux femmes souffrirent ensemble de la disparition d'Ana. Winston, observateur impuissant de ce drame, préféra sortir de la pièce. Il voulut prendre le singe avec lui mais ce dernier refusa catégoriquement et bondit dans tous les sens. A bout de force, Winston n'essaya pas plus longtemps et sortit de la pièce.


- Je suis désolée, murmura Angela dans l'oreille de la petite égyptienne qui avait relevée la tête, les yeux rivés sur le corps sans vie d'Ana. Je suis désolée Fareeha, répéta t-elle en fermant les yeux. Des mots qui résonnèrent comme des échos dans la tête de la fillette car c'était les premiers mots que lui soufflèrent sa mère à sa naissance.


Complètement dévastée, Angela se fît la promesse de retrouver les responsables de la mort d'Ana et de les faire payer ... Quoi qu'il en coûte ...


(HRP : A 54 % des voix, l'interruption de l'opération a été votée par les lecteurs. https://www.strawpoll.me/10775468/r )

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