Arthur Connor Jones, l'Avatar de la Guerre
Remarque : Troisiéme Chapitre de la Quête d'Arthur Connor Jones. Merci de votre temps, et de votre attention. Comme d'habitude, n'hésitez pas à envoyez vos retours. Agréable lecture !
Je commence déjà à échafauder un plan d'enfer pour m'arracher d'ici, et rejoindre Long Island. Premièrement, je dois disparaître des radars. Changer de style radicalement. Ensuite, je dois récupérer un billet de train. Au bas mot, il me faudrait une quinzaine d'heure pour rallier New York en train. Puis, récupérer un moyen de transport une fois-là-bas, pour rallier long Island en toute discrétion. A la supérette pas de perte de temps. Je sors de la voiture de police. Je dois effacer mes traces. J'attrape mon paquet de cigarette dans mon sac, et un briquet. Je m'en grille une, et je crois ne jamais avoir savourer une cigarette, comme j'ai savouré celle-là. Longtemps. Je suis resté debout, ma capuche rabattue sur le haut de ma tête, à la lumière de l'unique réverbère qui éclaire le parking, à fumer une cigarette. Peut-être ma dernière, vu les évènements des dernières heures. Maman me disait, dans une situation de crise, on ne peut pas se permettre de réfléchir. On agit, on réfléchira au calme. Parceque si tu réfléchis trop, tu te fais avoir. Tu t'enferme dans ton crâne, et t'es incapable de réagir. Malgré tout, je me repasse en boucle les événements de la soirée. La mort de cette pauvre Tante Maria, l'arrestation, les Cyclope, et le garçon-chévre. C'est incohérent. Beaucoup trop incohérent. Un type qui se change en poudre quand je le poignarde ? Ce n'est pas la première fois que je poignarde quelqu'un. Bon, ça ne s'est jamais mal fini mais la… J'hésite à me demander si je viens d'ôter une vie pour la première fois. Mais en même temps, est-ce que je dois considérer ça comme une vie ? Des types avec un seul œil ? Sérieusement ? Si je veux des réponses, je dois tailler ma route. Vite. Au moins, j'ai un plan. Je jette ma cigarette dans le réservoir de la voiture, et je mets rapidement le contact, avant de prendre mes jambes à mon coup. Une poignée de seconde plus tard, et malgré la distance qui me sépare du véhicule, je ressens la chaleur de l'explosion qui vient me picoter le dos, et la lueur ahurissante de la boule de feu, vient illuminer la nuit noire, avant de petit à petit se tarir. J'avance encore de deux kilomètres, seul, et en pleine nuit. Je croise, sur ma route, deux camions de pompier qui foncent vers le parking, et vers la carcasse de la voiture. Toujours à l'abri sous ma capuche, méconnaissable, je traverse un passage clouté, pour attendre une petite supérette. Le genre de magasin, ouvert jour et nuit, ou des étudiants fauchés viennent travailler pour une misère. Une fois à l'intérieur, rien de superflu. Le temps joue contre moi. Une bouteille d'eau, un sandwich pour tenir la route. J'attrape un petit sachet de rasoirs jetable, et une paire de ciseau en plus, pour la suite de mon plan. J'attrape également un rouleau d'aluminium, et me rends en caisse pour payer. C'est une jolie blonde, accueillante, malgré l'heure tardive, qui tient le poste.
- Et bien. Bizarre comme achat, à cette heure-là. T'es le genre de garçon que je ne devrais pas fréquenter pour pas énerver mes parents ? Qu'elle me lance, un petit sourire en coin.
- T'as pas idée à quel point, que je lui réponds, avant d'empocher tout le merdier dans mon sac, et de sortir du magasin sans un mot de plus.
Certes, je n'étais pas obligé d'être aussi tranchant, mais l'heure tourne. C'est le genre de jolie fille qui doit travailler pour payer ces études. Et vu comme j'attire les ennuis, autant ne pas rester prêt d'elle. Je tape une ligne droite vers la station de métro, ou je me rue vers les sanitaires. Pas le temps de faire ça proprement, j'utilise les ciseaux et les rasoirs, pour me couper les cheveux, avant de raser l'intégralité de mon crane. L'opération est douloureuse, et le carrelage immaculé de la gare, recoit quelque trace écarlate venue tout droit de mon crâne. Je relève la tête, une fois l'opération finie. Je suis encore en forme, je peux tenir. J'ai l'air d'un skinhead, du genre à agresser les vieilles dames au bord des stations-services. Dur de faire moins rassurant que ça, mais je n'ai pas le choix. Au moins, j'ai une longueur d'avance. J'entreprends de découper les manches de mon pull, pour lui donner l'allure d'un débardeur. Voilà. J'ai l'air plus agressif, et je ne ressemble plus vraiment à moi-même, mais à un skinhead des années 90, ou à un soldat de l'armée en permission. Je ressors des toilettes, et entame ma longue marche vers la borne automatique, pour pouvoir acquérir un ticket. La station est déserte. Peut être une dizaine de personne, maximum ? Je paye, et j'emprunte un portique, qui m'amène dans une zone réservée à ceux qui prennent les trains pour monter au nord. Cette zone-là de la station est déserte, pourtant, j'ai un mauvais présentiment. Je ne saurais pas l'expliquer. Une sorte de sensation qui me tire le ventre. Et évidemment, j'avais raison.
- Arrête toi la, Sang-Mélé. Si tu fais un pas de plus, je serais condamné à faire usage de la manière forte, et ça ne te plairas pas. Je me retourne, d'instinct, et je les aperçois. Quatre cibles. Trois garçons, une fille. Entre quinze, et dix-huit ans. Celui qui vient de parler, tiens à la main, une longue épée, qui semble particulièrement aiguisé. La jeune fille tient un arc à la main, et à déjà une flèche d'encocher. La situation est critique, mais j'ai encore une carte à jouer. Les deux autres garçons, se ressemblent particulièrement, et l'un d'entre eux, tient dans ces mains une immense chaine, et une paire de ceinture qui patientent sagement à son poignet. br
- Si tu m'expliquais ce que tu veux dire, d'abord ? Je lui rétorque.
Je garde mon calme. Je laisse mes bras, le long de mon corps, dans une posture de détente. Mes yeux vont et viennent, observant le moindre geste.
-Je n'y crois pas, c'est un indéterminé ! Il à jamais foutu les pieds à la colonie ! Eh les gars, le patron va nous payer une fortune, pour celui-là ! Il est musclé, ça fera de la main d'œuvre dans les mines ! Je recule calmement d'un pas. Pied gauche devant, pied droit derrière.
Ils savent pour la colonie. Ils sont menaçants. Je décide d'attendre encore un peu. Il se rapproche, encore un peu, encore un peu, et vient se placer face à moi. Il pointe son épée sur moi.
- Je vais te laisser deux options, mon pote. Soit, tu va gentiment laisser mon camarade ici présent te passer les menottes, et nous suivre sans faire d'histoire. Soit, je vais te les passer de force, en t'arrachant trois dent au passage ? T'en pense quoi ? Il me regarde, d'un air dédaigneux. Ces yeux d'un gris perçant, me fixe longuement.
Je glisse ma main, dans l'élastique de mon pantalon. Je le vois hésiter une seconde. Une seconde de trop. Je dégaine mon arme de poing. D'un seul geste du pouce, j'abaisse le cran de sureté, alors qu'elle remonte vers le haut. J'appuie à deux reprises sur la détente. La détonation retentit dans la gare. Je vois ces yeux me fixer, presque implorant, alors qu'il porte la main à sa poitrine. La première cartouche à traverser le foie, elle est probablement encore à l'intérieur. La seconde lui à traverser le poumon droit, et des fragments ont dû causer une déchirure pulmonaire. Ne me demander pas comment je le sais, mais je le sais. Il s'écroule au sol en toussant, et son sang commence déjà à se répandre sur le sol. Une fraction de seconde plus tard, je plonge sur le côté, pour me mettre à l'abri derrière un banc, quand la jeune fille m'envoie sa flèche. Je suis trop lent, et déjà sur ma lancée, impossible de changer de direction. Elle se fige dans mon épaule gauche. L'Os est touché, le muscle également, mais rien de gravissime, et le saignement n'est pas important. Je me redresse, et envoie deux cartouches dans leur direction, pour faire baisser les têtes. L'Archère à l'intelligence de se jeter derrière un pilier pour éviter les tirs. Les deux autres garçons reprennent leurs esprits, et commencent à me foncer dessus. J'ai déjà tiré quatre cartouche. Le chargeur contient dix balles. Je peux me permettre d'en tirer encore six, et au vu de la vélocité des deux garçons, si je veux interrompre leur charge, compte tenu de l'écart entre pénétration et puissance d'arrêt pour des cartouches de neuf millimètres parabellum, je vais devoir tirer trois cartouches sur chacun d'entre eux, et je n'aurais pas le temps de recharger ensuite. Okay. Ça peut se jouer. Je peux le faire.
Je me redresse. La flèche, encore figée dans mon épaule, m'inflige une douleur cuisante. Un rapide regard au chef de leur groupe, m'indique qu'il a déjà perdu connaissance. Une mare de sang l'entoure déjà, et il ne sera pas capable de se relever. Sans prise en charge médicale, il devrait mourir d'un arrêt cardiaque, conséquence de son arrêt respiratoire, dans moins de 6 minutes. Je relève les yeux. Ils sont à respectivement 12 et 14 mètres de moi, et avance à grande vitesse. Je ne peux pas me permettre de leur laisser m'atteindre au corps à corps. Je ressers ma prise, et me mort l'intérieur de la joue pour encaisser la douleur de la flèche, et commence à ouvrir le feu. Une. Deux. Trois. Quatre. Méthodiquement, les coups de feu s'enchainent. La première balle effleure l'épaule du premier. La seconde traverse l'estomac du second. La troisième vient perforer la cuisse droite du premier. La quatrième rate, et touche le sol, pile entre les deux. Ils sont encore en train d'avancer. Je suis mal. Mais, comme si quelqu'un guidait ma main, je pointe mon pistolet un peu plus haut, et envoie deux cartouches. Elles traversent, à moins d'une seconde d'intervalle, la tête de l'un, puis de l'autre des garçons. Touché en plein dans le crâne, ils s'écroulent au sol, déjà mort. C'est moi, contre eux. Je n'ai pas à leur offrir la moindre chance. Ils sont armés. Mais je suis mieux armé. J'éjecte le chargeur vide, qui retombe au sol, alors que je fonce en avant. J'ai l'impression d'avoir fait ça toute ma vie. J'ai déjà tiré, oui. Au Stand. Pas sur des êtres humains. C'est assez similaire, dans l'exécution. On appuie sur la détente, la balle est percutée, quitte la chambre, sort du canon, et vient toucher la cible. Dans le ressenti, c'est différent, et même si je me défendais, mon cœur en vient à se serrer légèrement, quand je dépasse les trois cadavres, pour atteindre la jeune fille. Je dégaine mon poignard, mais elle est plus rapide que moi. Avant même que j'en ai le temps, elle me fige deux flèches de plus, dans la cuisse droite, et dans l'abdomen. La douleur me submerge, et je vois flou. Je la percute à pleine allure, et je l'envoie valser sur le sol. La galanterie est une chose. La survie en est une autre. Je peux presque la voir me supplier du regard, les deux mains levées au-dessus de sa tête, quand, dressé au-dessus d'elle, je lui écrase la tête à l'aide de ma chaussure, l'envoyant au sommeil.
Je n'ai pas pu me résoudre à tuer celle-ci de sang-froid. Même dans l'état catastrophique ou je suis, je ne peux pas me résoudre à l'éliminer. Je me traîne dans un coin de la station. Personne n'est venu. Personne n'a même entendu ce qui vient de se passer. J'en profite pour aller vers les sacs de la bande qui s'est ruée sur moi. A l'intérieur, je trouve de la nourriture, et une trousse de premiers secours. Pas de perte de temps. Je m'allonge dans un coin, et j'entreprends de panser mes plaies. J'arrache la flèche qui est dans mon abdomen. Le saignement n'est pas particulièrement abondant. Ce n'est pas normal. Je devrais être entrain de me vider de mon sang, et pourtant, un mince filet s'écoule, comme une simple coupure de rasoir. La douleur est presque soutenable, maintenant. Je trouverais des réponses à la question du jour « Depuis quand suis-je capable de me soigner tout seul » plus tard. Pour l'instant, je me contente d'arracher les trois flèches. Je badigeonne les plaies d'antiseptique, pour l'infection, et j'entame la partie difficile. Je tire une aiguille, et du fil à suture, que je désinfecte à l'alcool. L'aiguille traverse la chair, comme un poignard dans un steak saignant, et ressort rapidement. J'effectue trois points par plaie, et mes mains, écarlate et remplie de sang, glisse peu à peu. Je me sens fatigué. Trop fatigué. Je dois me remettre en route, et vite. Le train ne devrait pas tarder, et si quelqu'un passe, je suis condamné. L'absence de caméra me sauve. Vive l'insécurité des grandes villes. Je traine les trois cadavres, et la jeune fille, que je menotte à l'aide de leur propre matériel, dans un placard de rangement. Je lui enfonce une chaussette dans la bouche, et la bâillonne à l'aluminium, pour faire bonne figure. Je l'ai épargnée, je ne vais pas non plus lui faciliter la tâche. Il est presque trois heures du matin, quand le train arrive. J'en ai profité pour récupérer des vêtements dans leurs sacs, et transvaser du matériel. L'un d'eux avait un grand sac de sport, que je trimballe en bandoulière. Dans celui-ci, des vêtements, ainsi que l'épée argentée de leur chef, et mes cartouches. J'ai profité du temps devant moi, pour refaire de l'ordre. Les balles, l'épée, les deux chargeurs, que je viens de réapprovisionner, ainsi que le pistolet, sont au fond du sac, entouré dans de l'aluminium, afin d'éviter les portiques de sécurité. Je me suis planqué dans un coin, discrètement, et j'ai attendu l'arrivée du train.
Personne n'est monté à bord. Sauf moi. Je me glisse dedans en dernier. A l'intérieur, une vingtaine de personne, répartie dans 8 wagons. Je me glisse dans le wagon du milieu, pour pouvoir voire venir, et prêt d'une fenêtre, pour avoir un point de repli. Rapidement, je me suis senti de plus en plus fatigué. Néanmoins, je suis sur la bonne voie. Mes plaies semblent cicatriser à une vitesse ahurissante. Ce n'est pas normal, et je ne m'en plaindrais pas. Je décide de repasser rapidement la situation, dans ma tête. Quatre adolescents, m'ont appelé Sang-Mêlé. Les Cyclopes, et le Satyre, m'ont appelé comme ça également. Le satyre m'a dit de ne faire confiance à personne, donc, j'ai bien fait de ne pas les suivre. Ceux-là, voulaient faire de moi de la main d'œuvre, en les apportant à leurs chefs, si j'ai bien compris ce qu'ils disaient. Reste qu'ils étaient comme moi. Ils n'ont pas disparu comme poussière. Ils sont morts, et j'ai leur sang sur les mains. Trois personnes. Trois âmes. Mes trois premiéres victimes. J'en ai encore les mains qui tremblent. Certains étaient peut-être plus jeune que moi. La jeune fille, va passer plusieurs heures entourées de Cadavres, avant d'être retrouvée. Mais j'ai fait ce que j'avais à faire. Ils ont voulu s'en prendre à moi. Je n'avais pas le choix. C'était eux, ou moi. Et j'ai choisi. J'ai eu de la chance. Mais pas que. Quelqu'un, ou quelque chose, à choisi de m'aider. Les deux cartouches dans la tête que j'ai collés… C'était étrange. Comme si c'était quelqu'un d'autre qui visait pour moi. Et l'habilitée que j'avais ? Je suis doué en boxe et en lutte, mais de là à me comporter comme je l'ai fait. J'ai l'impression d'avoir fait ça toute ma vie. Avant d'avoir vraiment eu le temps de finir de comprendre tout ce qui m'arrivais, j'ai sombré dans le sommeil.
C'est un bruissement de tôle froissée et déchirée qui m'a tiré des bras de Morphée.