Les souvenirs perdus

Chapitre 1 : « Vieux, seul et bon à jeter ! »

1432 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/04/2023 23:48

Pour que cette histoire qui trotte dans ma tête depuis quelque année fonctionne, il faut que je précise deux points pour lesquels j’ai décidé de fermer les yeux. Le premier, le père de Lizzy s’appelle James et non pas Martin. Le deuxième point est plus difficile à ignorer mais il s’agit d’une fanfiction et pas d’un texte historique alors je me permets une erreur chronologique mais je n’en dis pas plus pour éviter de spoiler la suite. J’espère que vous allez malgré cela l’apprécier. Une dernière chose avant de vous laisser découvrir l’histoire. Au risque de paraître prétentieuse, j’ai toujours rêvé de voir cette histoire en dessin mais je n’ai pas le talent nécessaire donc si vous avez envie de faire des fanarts de certaines scènes, rien ne me ferait plus plaisir.😁




On pouvait entendre le clapotis de la pluie frappée contre les carreaux de la fenêtre. La pluie,… Rien de tel pour ressasser ses idées noires. Un an s'est écoulé depuis cet incroyable été. Celui où tout a basculé dans le monde de James Griffiths, où il a découvert l’existence des fées, de la magie. Au début, tout allait pour le mieux. Il avait enfin réussi à comprendre sa fille et à partager des moments avec elle, c’était merveilleux. Mais quelque chose manquait, il ne savait pas quoi. Il s’agissait d’un ressenti constant, l’impression d’avoir perdu quelque chose. Quelque chose que l’on a chérie de tout son cœur sans pour autant savoir de quoi il s’agit. Cette impression lui prenait son temps et son énergie. Il n’arrivait plus à profiter des moments avec Lizzy. Puis l’été prit fin et il fallut retourner à Londres, au travail, reprendre sa vie de gentleman. Ce sentiment n’en fut que décuplé, c’était insupportable.

Un jour, dans son bureau en regardant des papillons épinglés au mur, ça le frappa. Il était comme ces papillons. Il avait eu la possibilité de voler tel un oiseau et il était maintenant cloué au sol à prendre la poussière. Il veut sentir à nouveau ses pieds quitter le sol et ses mains caresser le vent. Se sentir à nouveau libre et vivant. Mais c’est impossible sans l’aide des fées. Elles sont parties depuis longtemps et ne reviendront sûrement jamais. 

Le soir venu, après avoir cherché Lizzy à l’école, James regarda sa fille jouer dans sa chambre. Elle était avec ses poupées en train de sauter sur le lit comme pour s’envoler. Apparemment, Lizzy aussi voulait voler à nouveau. Il s’apprêtait à rentrer pour parler avec elle quand soudainement, il entendit sa fille rigoler :

  • Regardez-moi ! Je vole !

Interloqué, il recula et partit au salon pour réfléchir. Comment Lizzy pouvait-elle encore voler ? Ce n’était pas possible, elle n’avait plus de poussière de fée. Il avait sûrement dû mal entendre, une hallucination suite à cette journée de travail. Sa fille ne pouvait pas voler. Ou alors, elle gardait de la poussière de fée pour elle. Et l'utilisait en cachette pour la garder pour elle seule. La colère monta en lui. Comment osait-elle lui faire cela à lui, son père !? Il monta dans la chambre de Lizzy et cria :

  • Où as-tu trouvé cette poussière ? Comment peux-tu encore voler et ne pas en avoir parlé à moi, ton propre père ?

Lizzy était interloquée. De quoi parlait-il. Elle ne volait plus depuis longtemps.

  • Papa, de quoi, tu parles ? Je ne comprends pas.
  • Tu peux encore le faire, je t’ai entendu le dire il n’y a même pas cinq minutes.
  • Mais papa, je ne peux pas voler pour de vrai. Je jouais avec mes poupées.

James était perplexe. Elle ne volait pas pour de vrai. Il se sentit soudain très bête. Pauvre Lizzy, elle aussi, elle voulait revoir les fées. Il s’approcha d’elle :

  • Toi aussi, Clochette te manque ?
  • Oui papa ! C’était ma meilleure amie.
  • Et elle te permettait de voler pour de vrai.
  • Oui, c’est vrai, mais ce n’est pas pour cela que je veux la revoir. Je veux retrouver mon amie. Mais ce n’est pas grave, je sais qu’elle reviendra un jour.

James était perdu. Lizzy était en train de lui dire que les fées lui manquaient et pourtant, elle souriait. Pourquoi ?

  • Comment sais-tu qu’elle va revenir?
  • Il suffit d’y croire.

“Il suffit d’y croire”, cette phrase qu’elle lui avait dite pour qu’il puisse s’envoler pour la première et dernière fois. Mais croire n’était pas suffisant pour lui. Il était un scientifique, il avait besoin de preuve tangible que les fées allaient revenir. Combien de temps allait-il devoir encore attendre ?

  • Pourquoi je n’arrive pas à croire comme toi ? Je voudrais quitter le sol à nouveau, me sentir léger.
  • Mais c’est facile Papa. Il suffit d’avoir des pensées heureuses. Pense à de belles choses et tu te sentiras comme transporter dans les airs.
  • Ce n'est pas la même chose, ce ne sera pas réel.
  • Pas si tu l’imagines. Regarde !

Elle se mit à sauter sur son lit en rigolant :

  • Je vole ! Je vole !

James sourit et sortit. Il aimerait retrouver l'insouciance de sa fille. Il n’aurait pas besoin de grand-chose pour penser à de belles choses. Mais il n'était plus un enfant. Cette phrase le frappa, il n’était plus un enfant ! Voilà le problème. Il était plus qu'une personne insouciante, il était un adulte avec des responsabilités qui le retenait au sol. Il ne pouvait pas se contenter de simple pensée comme sa fille. Ce ne pouvait pas être suffisant pour le faire oublier que le temps lui avait pris sa jeunesse. Il vieillissait et plus le temps s'écoulait, plus il s'enfonçait dans le sol sans espoir de retour.

  • Non, non pas question ! Pensées heureuses, pensées heureuses !

Mais il était impossible de se concentrer. Chaque son était un rappel. Le bruit de pas des oiseaux dehors “tac tac tac”, le bruit de la pluie qui cognait contre la fenêtre “tic tic tic”, le robinet qui gouttait “tac tac tac”, ses doigts qui frappaient frénétiquement la table “tic tic tic”. Tic Tac Tic Tac… Le monde venait de se transformer en une immense horloge, un compte à rebours. Il devait partir, il devait partir maintenant ! Sinon, il sera trop tard. Mais comment faire ? Que deviendrait Lizzy ? Il ne pouvait pas l’abandonner. Le sol sembla le happer.

  • NON ! Cria-t-il.

Cela fit descendre Lizzy :

  • Tout va bien Papa ? Tu as crié ?

La vision de sa fille fit perdre la tête de James.

  • Tu n’es qu’un enfant ! Tu ne peux pas comprendre !

Lizzy recula.

  • Comment le pourrais-tu ? Tu ne sais pas ce que c’est que de tout perdre !
  • Papa ! Qu’est-ce que tu as ? Tu me fais peur.
  • Je ne veux plus te voir. Va chez grand-mère et grand-père !
  • Mais…
  • MAINTENANT !!!

Lizzy partis en courant prendre sa veste en pleurant. Elle ne comprenait pas la réaction de son père. Que lui arrivait-il ?


Une fois seul, James réfléchit. Il devait partir, partir là où les fées existent. Il monta dans la chambre de Lizzy pour prendre son livre de recherche sur les fées. D’où venait-elle ? Il feuilleta le livre quelques secondes avant de trouver sa réponse. Le Pays Imaginaire. Le lieu où vivent les fées et où le temps s’arrête. C’est là qu’il irait. Il se leva et commença à se diriger vers la porte. Mais chaque pas qu’il faisait lui rappelait qu’il était enchaîné à la terre, prisonnier. Il ne pourrait pas supporter cela très longtemps. Il devait trouver une solution en attendant de trouver le Pays Imaginaire. S'il ne pouvait pas être ni sur la terre ni dans les airs, que lui restait-il comme solution ? Il se retourna et vit l’image d’un bateau sur un livre de conte de Lizzie. Voilà la solution. Il s’habilla et se rendit au port le plus proche. Il retrouverait le Pays Imaginaire qu’importe ce que cela lui coûterait. Lizzy comprendra. Les pensées heureuses ne suffisaient plus pour lui. Elle comprendra, oui Lizzy comprendra.

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