Les souvenirs perdus

Chapitre 6 : "Vivre, ça doit être une sacrément belle aventure"

1442 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 30/04/2023 01:44

James arriva à Londres. Plus il s’approchait, plus les souvenirs lui revenaient: la maison où il passait ses vacances avec Lizzie. Tout lui revenait en mémoire,  son bureau, le nom des rues qu’il survolait, même des choses insignifiantes tel que les noms de chaque patron de chaque emploi qu’il a eu durant sa vie, et d'autres plus importantes comme le nom de leur chat, etc. 

Il s’approcha enfin de leur maison, les souvenirs affluèrent de plus belle, chaque moment passé avec Lizzie lui apparaissait comme des flashs devant ses yeux. Il n’avait qu’une hâte, la retrouver. La porte de la chambre d’enfant était ouverte. Il n'arrivait pas encore à se remémorer précisément de tous les détails mais en la voyant, en retrouvant les meubles et les jouets de sa fille, il ressenti un sentiment qu’il avait plus pu apprécier depuis une éternité et un vrai sourire s’afficha sur son visage. Il entra sans un bruit. Il voulait profiter pleinement de ses retrouvailles avec sa vie, c’est pourquoi James s’attarda sur tout sur quoi ses yeux se posaient, le papillon en bois fixé au mur, la maison de poupée, Oh! la dinette était là sur la table. Vers le bureau, il y avait toute la collection de fées. Cela ne le ravit pas mais il ne pouvait pas nier que la fée… la fée… Clochette, la fée Cochette avait été une véritable amie pour Lizzie. Il continua à admirer tous ses souvenirs et se réjouit de tout reprendre à zéro, d’être à nouveau un père. Il n’attendit pas plus longtemps, il se dirigea vers le lit et la vit, en train de dormir, si paisible. Il s’approcha encore mais quelque chose clochait, il n’arrivait pas à dire quoi car dans l’obscurité, il était difficile de voir correctement sa fille mais il avait un mauvais pressentiment. C’est alors que l’horloge sonna 3 heures du matin. Le bruit surprit James qui recula et reversa une pile de jouets qui réveilla Lizzie. En voyant James, elle hurla:

  • N’aies pas peur Lizzie c’est moi, c’est moi, ton père ! Je suis venu te chercher, tout va bien.

Mais tout n’allait pas bien, le réveil de l’enfant avait permis à James de mieux la regarder. Il remarqua que l’enfant qui se tenait devant lui ne pouvait être Lizzie, elle avait 9 ans quand il est parti, maintenant elle devrait en avoir 11 or cet enfant devait avoir au maximum 6 ans. Comment était-ce possible ? Il ne s’était pas trompé de maison il en était sûr.

  • Qui es-tu petite?

Mais elle n’eut pas le temps de répondre. Une femme alertée par les cris de l’enfant entra dans la chambre en courant avant de se stopper net :

  • Papa!!?

James se raidit : papa? Comment cela Papa?! Il devait y avoir une erreur. Il n’était parti que 3 ans, 5 au maximum. Cette femme ne pouvait être Lizzie. Elle ne pouvait pas être une adulte.

Lizzie était perdue. Cet homme qu’elle voyait devant elle était le portrait craché de son père. Même si ces cheveux étaient plus longs et qu’il était bien trop jeune. C’était comme s’il n’était jamais parti, de retour, après son départ, il y a 17 ans. Elle était choquée mais reprit vite ses esprits. Elle devait le faire sortir de la chambre de sa fille.

  • Qui que vous soyez, sortez immédiatement de cette chambre!
  • Non attendez! Pourquoi m’avez vous appelé comme cela? Il faut que je sache. Quel est votre nom?

Bien sûr il se doutait bien de la réponse qu’il s’apprêtait à entendre mais la douleur fut insoutenable lorsque la voix de cette étrangère prononça le nom de Lizzie Griffiths. Le peu de santé mentale qui lui restait s’envola. Il se mit à trembler.

  • Non, non ce ne devait pas se passer comme ça! Ce n’est pas vrai! Haha! Je n’ai pas vrai! Vous n’êtes pas ma fille! Vous n’êtes pas Lizzie Griffiths! Comment osez-vous usurper l’identité de ma fille?!

Lizzie prit peur, non pas pour elle mais pour son enfant. L’homme en face d’elle avait visiblement perdu la raison et elle ne pouvait pas se permettre de la laisser aussi proche de lui.

  • Mary sort vite. Va dans le salon. Je te rejoindrai ne t’inquiète pas.

La petite pleurait et ne comprenait pas ce qui se passait mais obéit à sa maman et courut. James ne lui prêta aucune intention. Il se dirigea vers la femme et la menaça de son épée.

  • Vous n’êtes pas Lizzie! Ce n’est qu’une enfant et vous avez en l’occurrence dépasser cet âge depuis longtemps. 
  • Un âge qui apparemment me laissait dans l’ignorance or j’ai maintenant 26 ans et je ne sais toujours pas pourquoi mon père m’a abandonné. 

Ce n’était pas possible! Non, ça ne doit pas être la vérité. Mais James ne pouvait pas se voiler la face éternellement. Les détails du visage de sa fille lui revenait en mémoire et il retrouvait ses yeux, son nez, sa bouche dans le visage de la femme devant lui. Lizzie,... adulte.

  • Tu,…, tu as grandi.

Il avait les larmes aux yeux. Lizzie était bouleversée, ce ne pouvait pas être lui. C’était impossible, ce ne pouvait pas être son père. Pourtant, elle ne put empêcher ses lèvres de prononcer d’une voix tremblante : 

  • Tu,... tu es revenu? Après tout ce temps?

James ne pouvait que répéter cette même phrase : 

  • Tu as grandi.
  • Pourquoi es-tu parti?
  • Je voulais voler à nouveau. Enfin je crois,... C’est impossible! Je ne suis pas parti aussi longtemps.
  • Je crains fort que oui, j’ai eu le temps de grandir, de fonder ma propre famille. J’ai une fille maintenant. Elle s’appelle Mary et va fêter son 5ème anniversaire cette année.

Elle montra une photo d’elle et de sa fille sur le mur. À côté, il y avait une photo de James et Lizzie, quand ils étaient encore ensemble et heureux. James, tremblant, pris le cadre. Ses larmes l’empêchaient de voir l’image correctement. Lizzie pétillante, figée au milieu d’un fou rire et lui, la tenant dans ses bras pour la soulever du sol. Il redressa la tête pour voir son enfant, adulte. Elle ouvrit la bouche pour parler mais James n’entendait plus rien, seulement quelque léger grésillement. Il ne se sentait pas bien, la pièce semblait tourner autour de lui. Il parvient à murmurer quelque parole, pour sa fille ou pour lui-même, il ne savait plus.

  • Je ne voulais pas ça. Je suis désolé. Je ne voulais pas, non je ne voulais pas… 

Il sortit de la maison en titubant. Peut-être que Lizzie essaya de le retenir. Il ne pouvait le dire. Il marcha sans but. Ses jambes ne pouvaient plus le retenir, il se laissa tomber au sol mais cette fois-ci, il ne criait pas. Non, il était fatigué. Il avait tout perdu. Il se sentait comme séparé de son corps comme si tout le touchait et en même temps était à des milliers de kilomètres de lui. Il sentait le sol sous lui, ses tremblements mais c’était comme si son corps ne lui appartenait plus. Il pleura, encore et encore, resta couché de longues minutes, sans rien faire à part ressasser le passé. Tout ce qu’il voulait c’était retrouver l’insouciance de sa fille, se sentir léger, libre. Mais à vouloir retrouver sa jeunesse, il avait perdu son enfant. Personne ne peut échapper à la cruauté du temps. Tout change, continuellement, rien n’est épargné. Tout le monde grandit. 

Tout le monde? Non pas tout le monde! Cet enfant, Peter Pan, lui ne connaîtra jamais cette souffrance. Pourquoi? Qu’avait-il de plus que lui pour avoir droit à vivre dans la joie éternelle du Pays Imaginaire? La tristesse laissa place à la colère. Non, s’il n’avait pas le droit à être heureux alors Peter Pan non plus. Sa main glissa dans sa poche pour récupérer la toute dernière poignée de poussière de fée et lorsqu’il s’envola. Ses yeux étaient rouge sang.



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