Barbossa : la naissance d'un pirate légendaire
Chapitre 2 : Chapitre 2 : Le sabre est une extension du corps
2104 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/09/2023 13:30
Ce matin là, le ciel était clair. Le soleil se reflétait sur la mer calme. Au large des cotes Sud d’Hispaniola passait un petit bâtiment. De loin, on n’apercevait qu’un simple petit trois-mâts. Mais si l’on se rapprochait, on pouvait y découvrir le petit drapeau noir flottant au dessus du grand mât sur lequel était représenté ce fameux crâne de squelette.
Si l’on se rapprochait plus, sur le safran, on pouvait voir un trentagénaire à la forte musculature qui s’était endormi debout, sur la barre du navire. Derrière lui, la porte d’une cabine s’ouvrit brutalement et claqua contre le mur si fort que cela réveilla l’homme assoupi.
« Joe ! » hurla l’homme qui venait de sortir de la cabine « Veux-tu que j'te donne un oreiller, timonier de mes deux ! Tiens la barre, gredin ! »
Celui qui venait de parler était un homme fort aux yeux bleus, à la longue moustache en guidon dorée, qui portait fièrement son chapeau à large bord. Ses cheveux, tombant sur ses épaules, étaient d’un blond éclatant. Il avait cependant des traits marqués et un visage sévère.
Le timonier Joe se retourna, surpris, avec une partie de la tête toujours perdue dans un autre lieu, et fit face à l’homme. Il bafouilla, paniqué :
« Capitaine ! Nous avons tout tenté ! Même de faire glisser cette vieille coque à la rame ! Mais zéro succès m’sieur. Nous filons à peine la moitié d'un mille à l'heure ! Pas de vent !
Joe était un homme moins physique qu’il ne le paraissait, il détestait secrètement se battre mais se vantait sans cesse de sa robustesse. Le timonier tenait ses cheveux en un court chignon haut et portait des vêtement volontairement délabrés de manière excessive afin que son torse puisse être admiré.
Le capitaine, à cette réponse, leva les yeux vers le ciel et posa ses poings sur ses hanches quelques secondes. Puis il revint à Joe, d’un air contrarié :
« Ah ! Que m’dis-tu là ? Je sens la brise alizé dans ma crinière !
« Morbleu, pardonnez-moi Capitaine » répondit Joe fronçant les sourcils qui avait levé à son tour les yeux vers le ciel « Je crois qu’vous avez juste ! »
A peine dit, un jeune garçon aux cheveux bruns coupés courts, mais à la face laide et aux dents sales, débarqua en plein milieu de la conversation. Il semblait vouloir dire quelque chose d’urgent mais se reposa d’abord sur ses genoux, à bout de souffle, interrompant la conversation en cours.
« Alors, Gaspard ! Déballe l'histoire, moussaillon ! » réclama le Capitaine « Qu'est-ce qui est si crucial pour t'avoir fait dégringoler de la nacelle si vite, garnement ?
Le jeune garçon releva la tête et dit précipitamment :
« Capitaine Pierre ! Vous êtes également présent ! J'venais annoncer à Joe c'que j'ai guetté avec le reste de l’équipage."
« Alors vide ton sac avant que je n’perde la face ! » ordonna sévèrement une fois de plus le capitaine Pierre.
« Voyez-vous, droit devant se forge une tempête d'bonne envergure ! Là-bas, les cieux grondent et l'océan est en furie !
Un sourire s’esquissa sur les lèvres du capitaine Pierre.
« Parfait ! » chuchota-t-il avant de hurler aux 28 hommes sur le bateaux : « Maintenez le cap, matelots, un grand butin nous attend !
Tous les matelots du navire s’arrêtèrent dans leur discussion et regardèrent le capitaine Pierre comme un fou.
« Qu’est ce donc que vous suggérez là ? » s’exclamèrent le Vigie et le Timonier « Seriez vous devenu cinglé capitaine ?
« Joe, n'auriez-vous pas maugréé du manque d'célérité y'a qu'quelques minutes à peine ? Là-bas, on est sûrs de n’pas traîner ! Et pis y a des coups à faire ! C'est pas une flotte espagnole entière qui sortira bientôt du port ? Qu'attend qu'à être pillée ?
Pas un regard à bord du bâtiment ne dévisageait pas le capitaine avec ahurissement. Plus personne ne parlait.
« Ma foi ! Je ne perçois pas d’objections ! Dans ce cas, maintenez le cap matelots !
Remontons dans le temps, quelques jours avant la scène qui vient de vous être conté, sur la terre ferme…
Le ciel était caché par des nuages. Un homme en combinaison blanche, fourreau à la taille, marchait dans la forêt. Il atteignit alors le portail de la grande demeure. Il secoua le cordon de la cloche et une servante vint lui ouvrir.
« Ah ! Vous voilà Etienne » s’exclama-t-elle
« Bonjour à vous Marie. Puis-je entrer ?
« Bien sûr ! Le jeune maitre vous attend dans la salle d’entraînement, il est déjà en tenue !
Etienne était un homme de grande taille qui se tenait toujours droit. Il avait une longue moustache en guidon et des cheveux noirs plaqués sur le côté. Un petit air hautain flottait constamment sur son visage.
Il traversa alors la cour, entra dans la demeure et passa par de nombreuses portes, couloirs, pièces jusqu’à arriver enfin à la salle d’entrainement.
Le sol y était en bois et les murs étaient craquelés. Des cibles étaient élevées à environ un mètre de hauteur sur tous les murs. Au milieu de la pièce, sur le sol, étaient dessiné deux lignes parallèles formant une sorte de couloir.
Effectivement, Hector se tenait au milieu de la salle, également en combinaison blanche. Une arme était posée sur le sol, à ses pieds. Il observait l’homme entrer. Ce dernier fit quelques pas et dit seulement :
« Je remarque que vous ne désirez point gaspiller notre temps, qu’il en soit ainsi, débutons sans délai garçon !
Ils se placèrent tout deux aux extrémités du couloir dessiné. Etienne sortit alors un long sabre reluisant de son fourreau et le plaça verticalement devant son visage puis l’orienta vers le sol d’un coup sec. Il se pencha alors en avant pour ensuite se redresser. Hector fit de même après avoir ramassé son petit sabre.
Une fois les salutations faites. L’homme et l’enfant fléchirent tout deux les genoux et brandirent leur sabre en direction de l’autre. Etienne clama :
« En garde ? Prêt ?
L’enfant hocha la tête deux fois de suite.
« Allez garçon !
Etienne bondit sur Hector en lui visant la poitrine. Ce dernier para le coup avec sa lame de manière si fluide qu’il semblait préparé à cette attaque. Esquissant un bref sourire, l’adulte feinta de viser la tête du jeune garçon pour finalement lancer un coup en direction du bas du ventre.
Hector ne sourcilla même pas à cette feinte et, comme ayant encore prévu ce coup, se tourna d’un quart de tour en s’écartant sur le coté assez rapidement pour esquiver l’attaque.
Etienne se retrouva donc penché, en position de fente, dans le vide, Hector se tenait debout au dessus de son adversaire. L’enfant fit de son mieux pour ne pas manquer cette occasion en or et leva sa lame pour ensuite tenter de l’abattre sur le dos de l’homme.
Alors qu’il pensait le combat gagné, le sabre brandit au dessus de sa tête, Hector se sentit déséquilibré : Etienne venait de lui faire un croche-patte. Avant même d’avoir pu commencer à abattre son arme, le jeune garçon perdit l’équilibre et tomba à l’arrière, laissant le sabre glisser de ses mains.
En moins de quelques secondes, Etienne était debout, un pied appuyé sur la poitrine de son adversaire étalé au sol sur le dos. Le maitre pointait son arme vers le visage d’Hector.
« Vous voilà maintenant désarmé et immobile… En temps normal vous seriez mort» dit-il. Puis, en rangeant son arme dans son fourreau, il ajouta, « Vous ne songez qu'à mon épée, pourtant, j'ai deux pieds et deux mains également. L'arme n'est qu'une extension du corps, il ne faut pas mépriser le reste. Je ne fais que vous préparer au véritable combat.
« L'escrime n'est qu'un sport, Etienne, il faut respecter ses règles. Jamais je n'engagerai un véritable duel à mort.
« Oh ! Croyez-moi garçon : dans la vie on ne sait jamais ! » énonça le professeur en aidant l’enfant à se relever.
Les deux escrimeurs continuèrent à se battre et à enchainer les combats tout reste de l’après-midi. Hector n’en gagna aucun.
Le soir venu, dans une chambre au deuxième étage, on pouvait assister à cette scène : une femme était allongée dans son lit, elle avait les yeux cernés et les cheveux en désordre. Seule une chandelle en fin de vie illuminait faiblement la pièce. La femme appuyait de manière répétitive sur une cloche posée sur sa table de chevet, ce qui provoquait un boucan assourdissant de « ding ».
Enfin, Marie parut au seuil de la porte et la femme arrêta de sonner pour sourire.
« Madame désire-t-elle quoi que ce soit ?
« Marie ! » murmura-t-elle d’une voix faible et cassée « Tu es enfin là !
« Veuillez m’excuser pour l’attente, je raccompagnais Etienne jusqu’à la ville, il m’avait demandé de lui tenir compagnie !
« Fort bien… J'ai seulement l'impression d'avoir ouï du tumulte dans la chambre de mon fils, peux-tu aller vérifier s’il n’a pas filé ? Je crois qu’il se rend souvent quelque part en cachette.
« Comptez-sur moi Madame…
Marie débarqua quelques minutes plus tard devant la chambre d’Hector. Elle mit sa main sur la poignée, la tourna et poussa. Mais la porte semblait bloquée.
Après maints efforts, la servante réussit finalement à entrer et découvrit que des meubles ainsi que divers objets lourds avaient été placés devant l’entrée afin d’empêcher quiconque de pénétrer ici.
La pièce était vide, mais la fenêtre était grande ouverte, laissant le vent entrer dans la chambre et faire onduler les rideaux.
Quelque part, au delà de la demeure, Hector marchait seul dans la forêt en direction de la plage, il avançait à pas de loup, lançant des regards sceptiques autour de lui. Il sautait au dessus des racine, circulait entre les arbres et évitait les orties avec une facilité déconcertante, il semblait connaitre ce chemin par coeur.
Il ramassait parfois des brindilles ou de plus grosses branches sur son chemin.
Alors qu’il n’était qu’à une centaine de mètres de la plage, Hector crut entendre son nom appelé derrière lui. Il se retourna mais ne vit personne. Cependant, avant même qu’il ne puisse penser que ce n’était qu’une impression due à sa crainte. Il entendit clairement :
« Jeune maitre !
Marie arrivait en courant. A bout de souffle, elle parvint bientôt à l’enfant, terrifié. Mécontente, elle dit :
« Que fabriquez-vous là ! Bon dieu !
« Je… me baladais » bégaya-t-il déconcerté.
Marie regarda dans la direction dans laquelle il allait et dit : « Qu’alliez vous donc faire sur cette plage bon sang !
Et, laissant le garçon derrière elle, la servante continua vers la plage
« Attends ! Marie ! Cria Hector
Il tenta de la retenir du mieux qu’il pouvait. Mais la femme avançait d’un pas déterminé et ne semblait pas entendre ce que disait l’enfant.
Bientôt, malgré tout les efforts d’Hector pour l’en empêcher, elle arriva finalement sur la plage. Regardant autour d’elle, Marie ne distinguant pas grand chose dans l’obscurité. Du moins avant de baisser les yeux et de découvrir…
Après un moment de réflexion, la servant tourna soudain la tête vers le jeune maitre, furieuse comme on ne l’avait jamais vue et gronda :
« Je suis sûre que votre mère sera ravie d’apprendre cela !
Puis elle se tourna sur ses talons et commença à remonter la pente. Hector sut alors qu’il était perdu.
________
Merci d'avoir lu cette histoire ! Si vous désirez en voir les illustrations, vous pouvez aller la lire sur Wattpad (ca m'aiderait énormément)
Et à la semaine prochaine pour la suite !