Pirates des Caraïbes - Le Commencement

Chapitre 6

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 09:08

CHAPITRE VI :

  

            Les semaines s’égrainèrent, en Angleterre la Reine fit signer l'Acte d'Union entre l’Écosse et son Royaume, elle devint alors Reine de Grande-Bretagne. L'affaire avait été reléguée jusqu'aux ilots lointains des colons anglais et depuis une semaine la boisson coulait à flots, les rues s'étaient parées de fanions aux couleurs du Royaume et le Gouverneur organisait chaque soirs de somptueuses fêtes où étaient conviés ses plus loyaux citoyens. Crystal aidait aux préparatifs, cette nouvelle union lui permettrait de très bientôt s'offrir la petite maison auquel elle rêvait depuis son arrivée à Nassau. En attendant elle logeait toujours à l'auberge et leur servait de serveuse le soir venu, dans la partie de la ville où elle vivait temporairement personne ne s'était vu convié en la demeure du Gouverneur. Par conséquent, tous venaient trinquer à l'Union dans les tavernes, dont celle de l'auberge où elle vivait. Elle regrettait toujours de ne pouvoir assister aux soirées, peut-être que le fait d'aider aux préparatifs ne la rendait pas suffisamment importante à leurs yeux. Elle avait pourtant espéré, sa jolie robe du dimanche aurait suffit à la rendre présentable pour l'occasion, pour l'heure elle attendait dans son armoire. 

 

Vers trois heures du matin, le bar de l'auberge ne reçu plus assez de clients pour  avoir besoin de son aide, elle regagna donc sa chambre. Faisant sa toilette se soir là, elle remarqua l'auréole de lumière qui pénétrait par la fenêtre. Elle s'approcha et vit la lune ronde et pleine, l'astre baigné la ville d'une teinte bleu nuit enchanteresse. Son regard se perdit dans le contemplation de la colline bordant la crique à l'ouest, la maisonnée qu'elle rêvait d'acheter s'y trouvait, de là le point de vue était encore plus magnifique, elle pouvait y voir le bout de l'île et lorsque le temps le permettait l'île voisine. Elle décida de s'y rendre. 

 

Alors qu'elle grimpait la pente douce menant à la maison, elle crut entendre les buissons remuer. Elle fit un arrêt et attendit le cœur battant. Plus aucun son. Elle reprit donc son ascension et ne regretta pas de l'avoir entreprit, la ville semblait profondément endormie, hormis les quelques maisons closes et la villa du Gouverneur, tout était paisible. Tournant la tête de l'autre côté elle vit au loin les lumières de l'île voisine. Elle s'assit dans l'herbe fraîche et huma les embruns. Elle se sentait en paix, loin du tumulte de l'Angleterre et des malheurs de la vie quotidienne. Elle repensa à sa mère et regretta qu'elle ne puisse être ici avec elle, celle-ci aurait tant aimé le lieu, elle n'y aurait pas tombé malade et serait encore auprès d'elle aujourd'hui. La jeune femme se sentait seule malgré son bonheur, la présence d'un ami ou d'un parent lui manquait terriblement... 

 

Un craquement derrière elle la fit sursauter, se relevant brusquement, elle tourna la tête vers la maison. Le toit était en partie effondré et la végétation y avait repris ses droits mais rien ne réussissait à entacher l'espoir qu'avait Crystal d'y vivre. Elle crut voir une silhouette disparaître derrière l'une des fenêtres, ramassant une branche morte, elle s'avança vers la porte. Son cœur manqua un battement lorsqu'elle franchit le seuil. La lune parvenait à filtrer à travers les carreaux noircis par le temps permettant à la jeune femme de constater que personne ne s'y trouvait. Elle rit compulsivement se traitant d'idiote et jeta son arme de fortune au sol. Elle tourna alors les talons prête à repartir vers l'auberge. 

 

Quand soudain une main ballonna sa bouche et la tira à l'intérieur, paniquée elle se débattit comme un beau diable et marcha sur le pied de son agresseur. Il la relâcha et poussa un juron, étant tombait à terre elle releva la tête et lui fit face. 

 

_ Que faites vous ici ? Qui êtes-vous ? Que... Que... cria t-elle. 

 

_ Allons calmez-vous Mademoiselle ce n'est que moi. 

 

Elle crut reconnaître la voix de l'homme, il s'avança vers elle et la lune éclaira son visage. Il était en haillons, blessé et semblait avoir passé un long séjour dans les cales d'un navire marchand. Néanmoins, elle reconnu ce visage, elle l'aurait reconnu entre tous. Elle se remit rapidement sur pied et vint le prendre dans ses bras. 

 

_ Oh Jack vous êtes revenu ! 

 

_ Doucement... gémit-il. 

 

Elle avisa alors que sa manche droite était couverte de sang, la relevant elle vit que le sang provenait d'une brulure mal soignée et boursouflée. 

 

_ Mon Dieu que vous est-il arrivé ? 

 

Il gémit et tenta de se redresser. 

 

_ Ma petite incartade n'aura pas plus à mes supérieurs... 

 

_ Non... c'est Lord Becket qui vous a traité ainsi ? Mais comment... comment a t-il pu l'apprendre, personne n'avait été mis au courant pourtant ! Des larmes inondèrent ses yeux. 

 

_ Ne pleurez pas pour moi... je ne le mérite plus... si vous savez... j'ai tout perdu... ne tenant plus sur ses jambes il s'assit à terre. 

 

_ Que dites-vous ? Elle s'accroupit à son côté. 

 

_ Mon navire, mon Wicked Wench... Il se prit la tête dans les mains. Il a ordonné qu'il soit coulé devant mes yeux, je me suis sentit tellement impuissant, c'est toute ma vie qui a coulé avec ce vaisseau... plus de travail, plus de navire, plus de titre, plus aucune raison de vivre... 

 

_ Jack je vous en pris ressaisissez vous ! Tout n'est pas perdu ! 

 

Il releva vivement la tête les yeux embués de larmes et la fusilla du regard. 

 

_ Vous ne comprenez donc pas, ceci... il montra sa brulure au bras. Ceci n'est pas une simple brulure, il m'a marqué ! Marqué au fer... marqué à tout jamais d'un P ! Vous savez se que cela signifie ? Porter un P ? 

 

Elle sanglota, elle savait ce que cela représenté, il serait considéré comme un pirate et ne pourrait plus vivre qu'en temps qu'un hors-la-loi. La Compagnie des Indes et la Marine Royale n'auraient de cesse de le rechercher pour le pendre, sort réservé à tous les pirates depuis que leur présence était devenue trop encombrante aux yeux de la loi. 

 

_ Je suis désolé. Lâcha t-elle dans un souffle. 

 

Il tendit son autre main vers elle puis sembla se ressaisir et la laissa retomber. 

 

_ Je ne savais pas où me cacher, j'espère que je ne vous porterais pas préjudice en étant ici. Après tout vous êtes l'une des dernières personnes à m'avoir vu sur le Wicked Wench. 

 

_ Après ce que vous avez fait pour moi ! Non, bien sur que non ! Venez je vais vous conduire à l'auberge, il faut vous soigner avant que cette plaie ne s'infecte... Elle se releva et l'attrapa sous le bras pour l'aider à se relever. 

 

_ Non ! Personne ne doit me voir, on risquerait de me reconnaître et pire de vous accuser. 

 

_ Allons ne faites pas l'idiot ! Il fait nuit, personne ne nous verra et je ne vous laisserez certainement mourir ici ! 

 

Il sembla se résigner, elle l'aida donc à se relever et l’emmena jusqu'à l'auberge. Grâce au ciel l'aubergiste et sa femme avait quitté leur comptoir, ils gravirent donc péniblement l'escalier. Dans la chambre il se laissa tomber sur le lit où il sombra rapidement. Crystal amena du linge humide et un seau d'eau et entreprit de lui nettoyer sa plaie, mais dans son sommeil il poussa des gémissements, craignant de lui faire mal la jeune femme n'osa trop forcer... 

 

Elle passa la nuit à le veiller, la fièvre l'avait gagné et elle n'arrivait pas à le calmer, il gémissait constamment les larmes aux yeux. Elle s'en voulait cruellement d'être la source de son malheur, il avait été bon avec elle mais en retour elle lui offrait une vie d'errance. Ni tenant plus, elle rassembla ses effets et s’en courut vers la maison du médecin. Reprenant son souffle, elle tenta de lui expliquer qu'une de ses amies s'était brulée dans la nuit et que depuis elle était fiévreuse et souffrait atrocement. Le docteur voulu se rendre au chevet de la malade lui prodiguer ses soins, mais la jeune femme refusa prétextant que celle-ci avait une phobie des médecins. Celui-ci trouva cela absurde, elle le supplia alors et il accepta finalement de lui donner de l’onguent pour la brulure et un pour la fièvre. Elle le paya gracieusement et repartit rapidement à l'auberge. 

 

Jack Sparrow n'avait pas bouger et son silence la troubla, elle s'imagina d'horribles choses et repensa au jour ou sa mère l'avait quitté. Elle se ressaisit et vint appliquer les onguents. Il ouvrit alors les yeux, il était terrorisé, son regard était vide. Elle tenta de le rassurer, qu'il était en sécurité loin de la Grande-Bretagne. Il sombra de nouveau dans le coma. Fort heureusement, elle n'avait pas à se rendre à la villa du Gouverneur ce jour-ci, elle resta donc toute la journée à son chevet. Et quand vint le soir, elle descendit aider à la taverne. Des rumeurs circulaient disant que le Capitaine Jack Sparrow aurait disparu à Londres sous les yeux de sept agents de la Compagnie des Indes, mais personne ne sembla savoir qu'il résidait à Nassau actuellement, elle s'en félicita et s'empressa de prendre ses commandes. 

 

Les jours et les nuits passèrent, Crystal restait constamment au chevet du malade lorsqu'elle le pouvait, elle tentait de lui faire avalait du potage pour qu'il reprenne des forces. La fièvre était tombée depuis peu et l'ancien capitaine dormait plus paisiblement. Sous l'onguent qu'elle nettoyait chaque jour la marque apparaissait très clairement, elle aurait voulu que cela n'en soit pas ainsi... Elle se prépara à partir, ce jour là elle devait aider une dernière fois aux préparatifs de la villa, la dernière fête aurait lieu dans deux jours et des personnes des îles voisines y seraient conviées. Toujours envieuse d'y assister elle effleura des doigts sa robe de pourpre bleu des rêves plein les yeux. C'était l'occasion de trouver chaussure à son pied... elle prit son panier et partit le cœur léger après avoir coulé un dernier regard vers Jack. 

 

Lorsqu'elle revint éreintée plusieurs heures après, il avait disparu. Le lit était vide, choquée elle souleva les couvertures pour s'en assurer. Elle était effrayé qu'il ai pu sortir alors qu'il était recherché par la marine royale. De plus, la fenêtre de la chambre ouverte l'alerta. Elle posait la main sur la poignet de la porte lorsqu'elle entendit du bruit dans la pièce adjacente, se retournant, elle vit Jack postait dans l'encadrement. Il semblait en conflits avec son bouton de manchette... son bouton de manchette ? Elle le regarda de haut en bas, il s'était changé et porté à présent un somptueux uniformes d'aristocrate. 

 

_ Où Diable avez-vous déniché cette tenue ? 

 

_ Ce serait trop long à raconter. Sourit-il. En me réveillant tout à l'heure mes yeux se sont posés sur votre robe et je me suis douté qu'une petite réception se préparer, j'en ai eu confirmation dans une taverne avoisinante. Souhaitiez-vous vous y rendre ? S'enquit-il le plus simplement du monde. 

 

_ Mais... mais voyons et si quelqu'un vous avez reconnu ! L'apostropha t-elle les mains sur les hanches. 

 

_ Il n'en est rien donc n'y pensons plus, apprêtez-vous, nous partons d'ici une demie-heure. Et s'il-vous-plaît souriez dont ! Comme lors de notre dernière entrevue. La taquina t-elle. 

 

_ La dernière fois que je vous ai parlé vous étiez plutôt abattu je ne vois pas pourquoi j'aurais alors sourit.

  

_ Je parlais de l'autre dernière fois voyons. Allons Trésor habillez-vous... 

 

_ Je ne me suis pas vu invitée à cette fête désolée. Le coupa t-elle.

 

 _ Très bien, alors prenez ceci comme mon cadeau de remerciement pour votre précieuse aide. Souffla t-il aguicheur.

  

_ C'est inutile. Murmura t-elle. On vous reconnaîtrez...

  

_ Mademoiselle Smith. Il fit une profonde révérence. Acceptez-vous de m'accompagner au bal ce soir même ? Finit-il en tendant une main vers elle.

 

Elle ria, puis résigné lui pris la main, il lui fit un baise-main qui la fit rougir jusqu'à la racine de ses cheveux. Troublée, elle attrapa donc sa robe et s'enferma dans la salle adjacente. Le cœur battant une chamade qui lui était à présent coutume.

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