Abi dans le Pokéworld

Chapitre 8 : L'auberge Sévi

2742 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/07/2020 20:54

 

Je salue le Professeur Psiro puis je descends la rue avec Écho à mes côtés. L'après-midi a filé à toute allure. Le soir tombe déjà. Les lampadaires le long de la rue se sont allumés. Nous arrivons à l'auberge, poussons la porte du portail qui fait sonner les clochettes. Après avoir traversée la cour d’accueil, nous débouchons sur un hall avec quelques fauteuils cosy sur la gauche et un bar surmonté d'une ancienne caisse enregistreuse sur la droite. M'avançant vers le bar, je rencontre une dame d'un certain âge très grande et fine qui m'accueille avec un sourire.


« Bonsoir, je suis Josiane Sévi. Que puis-je pour vous ? » 

- Le professeur Psiro m'a dit que vous pourriez avoir une chambre de libre pour cette nuit. » 

- Oh une jeune dresseuse ! Bien sûr ! Je vais vous trouver une petite chambre. Suivez-moi. » 

Je la suis jusqu'au premier étage. Ma chambre est la numéro sept et comporte une salle de bain privative. La fenêtre donne sur le jardin à l'arrière. 

« Vous pouvez entraîner vos Pokémons dans le jardin. Vous verrez, il y a une caisse rassemblant différents outils d'entraînement mis à disposition. Mon mari, Raymond, pourra vous montrer comment les utiliser. » 

- Je vous remercie. C'est beaucoup trop. J'ai peur de ne pas avoir les moyens de payer tout ça. » 

- Pour la nuit, ce sera 10 Poknurs. On fait un tarif pour les petits jeunes. Ça nous rappelle nos belles années avec Raymond. » Ajoute-t-elle pensive. 

Josiane nous laisse nous installer. Ne restant qu'une nuit, je pose simplement mon sac au pied du lit. 

« Echo, je crois que si nous voulons nous lancer dans les combats Pokémon, il va falloir qu'on s'entraîne. » 

- Roca ! » Répond-il en battant de la queue.


Quittant la chambre, nous nous rendons dans le jardin. Il y a d'abord une terrasse couverte d'une pergola puis un espace de pelouse assez vaste pour permettre de s'entraîner. Sous la pergola, un vieux monsieur rondouillard avec une moustache d'une longueur impressionnante ronfle paisiblement. A l'autre extrémité de la terrasse, je repère la caisse. Je vais l'ouvrir et découvre à l'intérieur un assortiment de bâtons, balles, lanières et autres objets dont l'usage m'échappe complètement. Je fouille dans ma mémoire pour retrouver les attaques accessibles à Rocabot d'après le livre que j'avais lu pendant mon séjour au Centre Pokémon. Ses premières attaques sont censées être Charge et Groz'yeux. On a déjà commencé à travailler Morsure. Interrompant le cours de mes pensées, une voix retentit derrière moi :

« Un Rocabot. A quoi l'entraînes-tu en ce moment ? » 


Je sursaute et me retourne vivement. Le vieux monsieur s'est réveillé et se lève pour venir vers moi. 

« On s'est entraîné à l'attaque Morsure pour le moment. » 

- Il a l'air un peu jeune pour la maîtriser. En fait, je suis Raymond, le mari de la Patronne. » Me sourit-il. 

- Abi. On débute seulement avec Écho et disons que l'attaque Morsure s'est présentée d'elle-même. » Dis-je en portant ma main à hauteur d'œil où on distingue les cicatrices des crocs d'Echo. 

- Vous avez déjà vécu des aventures. Ha ! Ha ! Et comment se débrouille-t-il avec l'attaque Charge ? » 

- On n'a jamais essayer pour le moment. » 

- Ce serait un bon début. Tu veux un coup de main ? » 

- Je veux bien, merci. » 

- Allez vient ! Prends ce matelas en mousse, va le poser contre l'arbre là-bas. »

Je m'exécute. 

« Très bien ! Le matelas va amortir le choc de la Charge de Rocabot. Je regarde et je te laisse diriger, ça te va ? » 

- Parfait ! Prêt, Echo ? Tu vas t'élancer contre le matelas avec une attaque Charge. Prêt ? Charge Echo ! »

Echo charge et percute l'arbre de plein fouet. Sous le choc, il recule et titube en secouant la tête. 

« Dis à ton Rocabot de bien rentrer la tête ! Sinon il va se démolir les cervicales. » Conseille Raymond.

- OK. Tu as entendu Écho ? Rentre la tête dans les épaules. Démarre de moins loin. On va d'abord travailler la position. Pour la force, on verra après. Quand tu es prêt, Charge ! » 


De nouveau, Rocabot s'élance vers le tronc. Cette fois, il ne perd pas l'équilibre après et ne semble pas sonné. 

« Très bien, recommence Écho. »

Il lance de nouveau l'attaque à trois reprises. Elle n'est pas d'une grande force mais il n'a plus le contre coup sur les cervicales. 

« Il y a du mieux mais la position de propulsion n'est pas optimale. » Commente Raymond en s'approchant. Il s'agenouille à côté d'Echo et tend la main vers ses pattes. Immédiatement, Écho gronde et le fixe dans les yeux comme j'ai vu faire le Sapereau en match plus tôt dans la journée. Raymond recule vivement sa main puis se reprend et éclate de rire. 

« Jolie attaque Groz'yeux ! Vient là, petite. » Dit-il en s'adressant à moi. « Je pense qu'il préférera que tu t'en occupes. »

Je m'accroupis à ses côtés. 

« Pour gagner en puissance, la prise d'appui initiale doit être ferme. Ton Rocabot doit ancrer ses pattes avant dans le sol puis poser ses pattes arrière juste derrière et pousser avec force. La puissance vient de l’arrière-train, les épaules vont canaliser la direction et permettre de stabiliser l'attaque. »

- OK ! »

Je positionne les pattes avant de Rocabot comme indiqué, vérifie qu'il s'y appuie bien et qu'il est bien stable dessus. 

« Maintenant Rocabot au signal, tu ramènes tes pattes arrière et tu te propulses pour l'attaque charge. » 

- Roc ! » 

- Prêt ? CHARGE ! »

Au premier essai, Écho ramène ses pattes arrière mais pas assez près des pattes avant. Lorsqu'il se propulse, la force reste faible. Au second essaie, je ne m'aperçois pas qu'il avait positionné sa patte avant gauche légèrement plus en avant de la droite et lors du saut, il se trouve dévié vers la droite. 

« On travaillera la direction une prochaine fois si tu veux bien. » Je le taquine m'assurant qu'il se positionne correctement. 

Nous reprenons pour la troisième fois, et lorsqu'Echo charge et percute le matelas appuyé sur l'arbre, le choc est plus puissant que précédemment et quelques feuilles tombent de l'arbre. 

« Super Écho ! On en fait encore deux comme ça, ça te va ? » 

- Roc ! » 

Les deux charges suivantes résonnent dans le jardin. Écho commence à s'essouffler. 

« Très bien ! Tu peux arrêter Echo. » 

Mais il vient se positionner de nouveau devant le matelas, se concentre et relance son attaque. Il recommence ainsi trois fois. A la dernière, il prend de profondes inspirations et sa prise d'appui est moins assurée. Je viens m'asseoir devant lui. 

« Maintenant, on arrête le caïd. Tu as bien travaillé. Si tu veux demain matin avant de repartir, on réessayera. » 

- Bien, bien ! Ton Rocabot en a à revendre ! Vous avez bien progressé pour une première séance. Tu l'as très bien dirigé et corrigé. Et surtout tu as su l'arrêter au bon moment. » Dit Raymond en se rapprochant de nous. 

- Vous vous y connaissez drôlement, Raymond. » 

- Ah ça ! J'ai roulé ma bosse ! À mon époque, j'étais Champion d’arène à Bodraco. Puis je suis devenu entraîneur de Pokémons. Et là, depuis dix ans, avec Josiane, on s'est installé pour monter une petite auberge dans ce coin tranquille. » 

- Whoaaa ! Vous avez été Champion d'arène ! » je m’exclame, impressionnée.

- Oui, j'étais spécialisée en Pokémon dragon. Je peux te présenter Nimbus si tu veux ? » 

- Oui, volontiers ! »


Raymond sort une Pokeball de sa veste et la lance d'un geste nonchalant. En plein milieu du jardin apparaît un Pokémon immense qui prend quasi toute la place. Écho se presse d'autant plus fort contre moi. Riant de mon air effaré, Raymond me le présente :

« Voici Nimbus. C'est un Drattack, un Pokémon dragon et vol. Il s'agit d'une forme évoluée, je l'ai eu tout jeune quand il avait sa forme Draby. »

- Il est magnifique ! Il a l'air très fort. » Je commente, intimidée.

- Il l'était, oui. Ça fait bien longtemps qu'on ne combat plus tous les deux. C'est qu'on se fait vieux. HA ! HA ! HA! »

- TACK! TACK! TACK ! » rugit Nimbus de concert. 


Il me faut quelques instants pour comprendre que Drattack rit avec son maître. Il est très intimidant. Mais je dois bien reconnaître qu'il n'a pas l'air méchant. Raymond me raconte alors avec beaucoup d'animation quelques-unes des épopées qu'ils ont vécues ensemble. Il me décrit des traversées de montagnes où les vents soufflaient tellement fort qu'il avait fallu que Raymond porte Draby, la première forme de Drattack, dans ses bras pour qu'il ne soit pas emporté, ou la fois où ils ont dû aller dans le désert à la recherche d'une arène et où ils ont découvert les ruines d'une civilisation jusqu'ici inconnue. Il me conte aussi certains de leurs combats mémorables. Drattack participe avec quelques exclamations à la discussion renforçant ou corrigeant certaines affirmations de son dresseur. J'aime le rire tonitruant de Raymond, on croirait qu'il peut provoquer des éboulements par ses éclats de rire, tout comme Drattack. On se sent tout de suite à l'aise. Le contraste entre ce tout petit monsieur rondouillard et son Pokémon gigantesque est assez comique et pourtant en les observant attentivement, on remarque qu'il existe une connexion très forte entre eux, l'un et l'autre bougeant en miroir même au cours d'une conversation banale. 


« Aaaah ! Ça fait du bien de se replonger dans ses bons souvenirs. Pas vrai, vieux frère ? » dit-il en flattant l’encolure de Drattack.

- DRAAAAA ! » Rugit le Pokémon ailé.

- Ouais, tu as raison. Allez, la Josiane va avoir préparer à manger. On va se faire disputer si on arrive en retard. » Dit-il en m’adressant un clin d'œil.

 

Je range le matelas pendant que Raymond rappelle Drattack dans sa Pokeball. Nous retournons à l'intérieur de la maison. Je suis Raymond jusqu'à la salle à manger. La table est mise pour cinq. Je ne sais pas trop où me mettre. Josiane, sortant de la cuisine et remarquant mon indécision, me dit :

« Abi ! Vient à côté de moi. Ne laisse pas ce vieux croulant t'assommer avec ses vieilles histoires. » 

- Ce sont ces histoires-là qui t'ont fait craquer je te rappelle ! » s’écrit Raymond me faisant un clin d’œil.


Je prends place à côté de Josiane. Elle m'informe que deux autres jeunes dresseuses dorment à l'auberge ce soir. Nous les attendons quelques minutes puis je vois arriver deux filles semblables en tout point. Elles ont environ douze ans. Nous nous présentons. Emma et Diane sont jumelles. Elles aussi commencent leurs voyages Pokémons aujourd'hui et elles ont décidé de le faire ensemble. Le professeur Spiro a confié à Emma un Lixy et à Diane un Riolu. En nous installant à table nous convenons de nous rendre dans le jardin après le repas vous voir les Pokémons de chacune. Je pensais de toute façon y retourner pour notre séance d'étirement avec Écho. Josiane dépose une gamelle de croquettes au sol pour Echo. Ce dernier refuse d'y toucher et me regarde avec insistance jusqu'à ce que je le rassure et lui dise de manger. De notre côté, le menu se compose de plusieurs salades et d'un petit plat de poissons. Surprise de voir ce qui se rapproche le plus de la viande depuis mon arrivée dans ce monde, je les interroge :

« Ce sont des Pokémons ? » 

Je ne saurai pas expliquer pourquoi mais l'idée de manger du Pokémon, me rebute. Ayant constaté leur niveau de conscience et de réflexion, ça me semble juste impossible. 

« Non, on ne mange pas de Pokémon ici. Ce sont des poissons de ton monde. Il existe de très fines failles entre nos deux mondes surtout entre les zones aquatiques et de petits poissons peuvent y passer. » M'explique Josiane. 

- Oh ! Tu viens de l'autre monde ? » S'exclame Diane. 

- Oui, je suis tombée par hasard sur votre monde puis sur Écho... Et voilà. »


Emma et Diane me bombardent de questions sur le monde d'où je viens pendant le reste du repas. Je ne suis pas très l'aise n'ayant pas l'habitude d'être au centre de l'attention. Raymond vient à mon secours au bout d'un moment et nous raconte que l'un de ses amis et très grand dresseur venait aussi de l'autre monde. Ça me rassure un peu de voir qu'on peut s'adapter et s'en sortir même si on n'est pas originaire d'ici. Après le repas, avec les filles, nous sortons dans le jardin. Elles font apparaître Lixy, un Pokémon en forme de petit félin bleu clair avec une étoile au bout de la queue et Riolu qui ressemble à un louveteau au pelage bleu et noir se tenant sur ses pattes arrière. Lixy et Riolu vont immédiatement l'un vers l'autre puis s'approchent de Rocabot. Écho se place tout de suite sur la défensive. 

« Écho a été attaqué par des Pokémons et depuis il n'a plus confiance en ses congénères. » J’explique.

- Ah mince... » Dit Emma. « Tu le fais tout de même combattre ? »

- Pas pour le moment. On a commencé l'entraînement et quand il sera prêt, on commencera les combats. » Je souris. 

- Mince alors ! On voulait te proposer de faire un combat demain matin à la place du village. » 

- Ça ne va pas être possible. » Je m’excuse. « Nous ferons une petite séance d'entraînement demain matin avec Écho. Mais si vous n’y allez pas trop tôt, j'aimerai bien venir pour vous voir combattre. » 

- Super ! On ira ensemble alors ! »

Je m'installe avec Rocabot pour faire des étirements. Emma rentre se coucher avec son Lixy. Diane traine dans le jardin et m'observe. 

« Qu'est-ce que tu fais ? » Me demande-t-elle au bout de quelques minutes. 

- Ce sont des étirements que j'ai appris au centre Pokémon. Je les fais avec Echo, ça nous maintient en forme tous les deux. »

- Est-ce qu'on peut se joindre à vous avec Riolu ? » 

- Bien sûr. »


Je me rends rapidement compte que certains mouvements proposés à Rocabot ne correspondent pas à la morphologie de Riolu. Nous prenons donc un peu de temps pour adapter la séance à chacun. A la fin, je montre à Diane quelques gestes de massages pour son Pokémon. Cette séance d'étirement et détente à quatre, bien qu'elle m'ait un peu perturbée dans ma routine, a été très agréable. De plus, ce temps partagé a permis à Écho de se détendre même en présence d'un autre Pokémon. Pendant que nous discutons encore un peu avec Diane, Rocabot et Riolu commencent même à converser de leur côté. Lorsque j'aperçois Écho bailler, je déclare l'heure du coucher. Nous rentrons respectivement dans nos chambres. Je prends une douche rapide puis nous nous couchons avec Écho. Je suis vite envahie par un profond sentiment de fatigue et m'endort comme un loir.


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