Abi dans le Pokéworld

Chapitre 28 : Sous le chapiteau

2603 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/07/2020 21:45

Je prends la direction du paddock que m’a indiqué Victor. J’ai hâte de voir les Ponytas de près. Je retrouve assez facilement le chemin qu’il m’avait décrit. Lorsque j’arrive, il est au milieu du paddock en train de brosser l’un des Ponytas tandis que 2 autres caracolent autour d’eux et qu’une Galopa broute de l’herbe un peu plus loin. A mon approche, Galopa relève la tête et secoue vivement sa crinière en frappant du sabot le sol. Elle semble nerveuse. Les deux Ponytas qui gambadaient, s’immobilisent, me dévisagent puis partent en galopant jusqu’à l’autre extrémité du pré. Victor flatte l’encolure du Ponyta qui est resté à ses côtés. Cette dernière me regarde avec méfiance mais reste au côté de son dresseur.

« Salut Abi ! Je suis content que tu sois venue. » s’exclame-t-il.

-      « Je suis désolée, je leur ai fait peur… » je m’excuse, contrite.

-      « Ne t’inquiète pas. C’est dans leur nature. Les Ponytas sont craintives. Tu verras à la fin de l’après-midi, il n’y paraitra plus. Entre. » m’invite-t-il.

J’enjambe la barrière, suivi par Echo qui est bien décidé à ne pas me lâcher d’une semelle. Yucca reste à l’extérieur du pré. Je crois bien que la proximité de Pokémons feu, qui plus est, agités, ne la rassure guère. Akui reste à voleter à côté d’elle. Je rejoins Victor au centre du pré. Il me tend une brosse.

« Flambeau est le plus calme. Tu peux le brosser. Evidemment, ne touche pas à la crinière ni à la queue. Tu te brûlerais. » me dit-il.

-      « Bonjour Flambeau. Tu acceptes que je te brosse ? » Je le laisse sentir la brosse.

-      « Ponyyyy. » répond-il en hochant la tête.

-      « Merci. »

J’approche la brosse de son encolure et commence à le brosser en faisant des mouvements du haut vers le bas, suivant le sens des poils. Victor reste à mes côtés. Il rassure Flambeau, et m’explique où appliquer la brosse. Il me parle des Ponyta, leurs modes de vie, leurs habitudes, leurs compétences…Nous passons un long moment ainsi. Les deux autres Ponytas ont fini par se rapprocher. Curieux, l’un des deux finit par venir pousser mon coude du museau. Je me retourne doucement vers lui, et le caresse. Victor s’empare d’une seconde brosse dans le sceau posé au sol et commence à le brosser. L’après-midi se passe dans le calme. Même Galopa finit par se rapprocher, elle garde ses distances mais je sens son regard appuyer sur mes épaules. La luminosité finit par baisser.

-      « Le spectacle ne va pas tarder. Nous allons nous rapprocher du chapiteau. Tu nous accompagnes ? » me demande Victor.

-      « Bien sûr ! » je réponds tout en caressant le museau de Flambeau qui est friand de câlins.

-      « Tu peux prendre le seau, s’il te plait ? »

-      « Ok ! »

-      « Merci. » me sourit-il.

A ma grande surprise, il part en courant vers Galopa. Celle-ci s’élance vers lui et au dernier moment fait volte-face. Victor saisit son encolure et se propulse sur son dos dans un mouvement en arc de cercle. En à peine 2 secondes, il est assis à califourchon sur le dos de Galopa qui ralentit et repasse au trot.

« Whaouu ! » je ne peux m’empêcher de laisser échapper.

Alors que Victor revient vers moi sur Galopa, je remarque que ses mains reposent dans les flammes de la crinière du Pokémon équin.

« Tu vas te brûler ! » je m’exclame, affolée.

-      « Ha ! ha ! Rassure-toi. Galopa et les Ponytas sont capable de réguler la température de leur feu pour ne pas brûler leur dresseur ou les humains qu’ils apprécient. »

-      « Oh ! Incroyable… » cette capacité et cette attention que les Pokémons peuvent avoir pour les humains me fascinent. Nous ne sommes pas capables de les comprendre parfaitement et eux semblent pourtant avoir la faculté de percevoir nos limites et comprendre notre langage.

 

Victor me fait signe de les suivre. Il part en direction de l’entrée du parc, suivi par les Ponytas. Je les suis, accompagnée d’Echo puis rejoint par Yucca et Akui. Notre procession se poursuit jusqu’au grand chapiteau. Victor me fait entrer dans les coulisses, il descend de Galopa et m’indique où poser son seau.

-      « Voilà, tout est en place. Tu devrais aller te trouver une bonne place dans les gradins. Mathilda te dispense de corvée ce soir. Alors profite du spectacle. » me sourit-il.

Ses yeux d’un bleu pastel contrastent avec ses cheveux poils de carottes et il se dégage une telle douceur de son regard qu’il n’est pas étonnant que des Pokémons aussi craintifs que les Ponytas se sentent rassurés à ses côtés. Je le remercie et me dirige vers les gradins de l’autre côté des tentures pourpres. J’aperçois Line qui s’occupe du placement des visiteurs ce soir. Ici, chacun est vraiment polyvalent !

-      « Abi ! Viens, je t’ai gardé une place. »

Je rejoins Lyne, elle m’a trouvé une très bonne place juste en face de la piste, dans les premiers rangs des gradins. Je la remercie et m’installe. Au bout d’une quinzaine de minutes, tous les spectateurs semblent installés. Line et les autres personnels du cirque ont disparu. Les lumières sont tamisées. J’entends le murmure de la foule, les rires des enfants, les parents qui leur intiment le silence parce que « ça va commencer » … Il règne un mélange de joie et d’excitation, comme une promesse d’émerveillement dans l’air.

      

Soudain, deux puissants jets de Flamme descendent des allers séparant les gradins ! Les spectateurs se retournent et voient s’avancer deux magnifiques Pokémons en forme de lion. Je lève discrètement mon Pokédex en mode silencieux qui m’indiquent que ce sont des Némélios. Tandis qu’ils s’avancent majestueusement, notre attention est attirée vers la scène. Un homme avec un costume rouge se place au centre de la scène, il est entouré de trois Némélios femelles. Elles lancent des Flammèches en l’air en tournant autour de lui, donnant l’illusion d’une pluie de feu qui monterait vers le ciel étoilé de la toile du chapiteau.

-      « Mesdames et Messieurs ! Bonsoir et Bienvenu ! Je suis Théodore et je serai votre hôte ce soir ! Laissez-moi vous présenter mes compagnons : Némélios ! »

A ces mots, les deux Némélios mâles rejoignent la scène et tous se dressent sur leurs pattes arrière ce qui les fait paraitre immenses ! La foule applaudit cette entrée en matière. Je suis surprise, le premier soir, l’introduction du spectacle ne ressemblait pas à ça. A croire qu’ils sont tous capables d’improviser n’importe quelle place du show. Il faudra que je demande à Line. Théodore et ses Pokémons nous démontrent un numéro tout en flamme et en agilité. Les Némélios sautent, se ploient et tournent les uns autour des autres échangeant des lances de feu faisant reculer les gens assis au premier rang. Lorsque son numéro est terminé, on change d’ambiance, et Théodore accueille Dan et Flora, le couple de musclor et gymnaste. Ils sont accompagnés par Machopeur et un Pandarbare. Flora se met en duo avec Machopeur et Dan avec Pandarbare. Chaque duo enchaine les figures de voltiges. Flora et Machopeur rivalisent d’élégance, de légèreté et de grâce tandis que Dan et Pandarbare sont impressionnants dans leurs démonstrations de force et de puissance. Les numéros s’enchainent et chacun m’émerveille un peu plus. Je suis subjuguée par le numéro de Phil et Reptincel en duo avec Cédric et Racaillou. Les jongleurs rivalisent d’habileté et les balles fusent dans toutes les directions parfois difficiles à suivre du regard. Reptincel cloue le numéro en jonglant avec des bâtons qu’il enflamme. Je suis amusée par les clowneries de Marcus et ses M. Mime et je ne suis pas la seule. Les éclats de rire des enfants résonnent sous le chapiteau. Je suis tendue sur ma chaise pendant tout le numéro de trapéziste d’un tout jeune garçon aux cheveux bouclés que je n’ai pas encore eu le temps de rencontrer. Il évolue dans les airs passant d’un trapèze à l’autre avec son Ouisticram, son Ouistempo et son Flotajou qui bondissent autour de lui échangeant des attaques eau, feu et plante. Tous semblent se rattraper in extremis. Comment font-ils pour ne pas craindre la chute de plusieurs mètres qui les attend s’ils manquent leur réception ?

 

A l’entracte, j’échange mes impressions avec Echo qui semble lui aussi bien apprécier le spectacle. Cédric passe me faire un coucou avant de filer à nouveau dans les coulisses pour aider les autres artistes. Le spectacle reprend et c’est Aude et ses Pokémons eau qui entrent en scène. Je n’apprécie pas trop cette fille, le ton qu’elle utilise pour me parler, ne m’a vraiment pas plus mais il faut reconnaitre que son numéro en jette. Otarlette et Otaquin, les deux Pokémons otaris, font un magnifique enchainement d’attaques eau et d’attaques sonores. La voix cristalline d’Otarlette se marie bien avec celle un peu plus grave d’Otaquin. Leur chant crée une ambiance mystérieuse et quasi envoûtante. Les sons se répercutent dans le chapiteau, nous sommes entourés par ce chant qui n’a plus d’origine et nous enveloppe. Otaquin et Otarlette se projettent à vitesse grand V d’un bout à l’autre de la piste grâce à leur attaque Aqua-jet et lancent des bulles d’eau au-dessus des spectateurs, des enfants lèvent les bras pour les faire éclater. Je jette un regard sur la foule, les sourires sont sur tous les visages, parents comme enfants. Les numéros se poursuivent et l’émerveillement à toujours au rendez-vous. J’ai un nouveau coup de cœur pour le numéro de Line et ses Passerouges. La nuée de Pokémons moineaux envahit la tente, survolant les spectateurs de quelques centimètres. Line, toute frêle au milieu de la piste, fait face à la foule uniquement armée d’une flute traversière. Mais combien d’instrument a-t-elle ? Sans partition, la mélodie enchaine les envolés semblant guider la danse des Passerouges. Ce moment plein de poésie me donne l’impression de suspendre le temps, d’immobiliser quelques secondes pour nous faire gouter quelques miettes de magie. Lorsque Line se penche pour saluer la foule et que les applaudissements emplissent l’espace, j’ai l’impression d’atterrir dans le monde réel d’un coup. Line clôt le spectacle de ce soir. L’ensemble des artistes et leurs Pokémons la rejoint sur scène et saluent bien bas. La foule met longtemps avant d’arrêter d’applaudir. Les gradins se vident doucement. Je rejoins Line et les autres au bord de la piste.

-      « C’était magnifique ! » je dis à Line, des étoiles plein les yeux.

-      « Merci Abi ! Je suis contente que ça t’ais plu. Après demain, tu y participeras. » me répond-elle.

-      « Oh je ne pense pas que je serai prête si tôt… »

-      « Bien sûr qu’elle ne sera pas prête. Elle vient d’arriver. » Dit Aude dans mon dos.

-      « Mathilda m’a dit qu’Abi participerai après demain, alors c’est qu’elle est prête. Ce n’est pas parce qu’il t’a fallu trois mois pour pondre un numéro correct qu’Abi doit attendre aussi longtemps ! » la coupe Line.

-      « Qu’est-ce qu ?!! » commence Aude, les joues se parant de rouge.

-      « Aude… Viens me filer un coup de main. » murmure Phil en passant derrière elle.

Lorsqu’elle se tourne vers lui, son regard s’adoucit immédiatement. Elle lui sourit et après un regard acerbe à Line, le suit. Phil soulève le rideau de la tente et la laisse passer devant lui. Juste avant de la suivre, il se retourne vers nous et m’adresse un petit signe de la main comme pour s’excuser.

-      « Mais qu’est-ce qu’elle a après moi cette fille ? » je demande à Line sans vraiment attendre de réponse.

-      « Elle est raide dingue de Phil et ton arrivée remet ses plans en perspective. » me dit Line en me tendant des cordes à ranger.

-      « Mais je n’ai rien à voir avec Phil ! » dis-je en me défendant sûrement un peu trop vivement et en sentant mes joues s’enflammer.

-      « Alors ne rougit pas comme ça quand tu recroiseras Aude ! » me taquine Line.

J’aide l’équipe à ranger et nettoyer le grand Chapiteau. Puis nous partageons un temps d’étirement comme la veille. Le repas du soir ne tarde pas et je mange avec appétit. Aude m’ignore complètement et n’a d’œil que pour Phil qui est assis entre elle et Cédric. C’est vrai que maintenant que Line me la fait remarquer, je vois bien qu’elle minaude en sa présence, ça en est navrant… Phil semble y être plus ou moins sensible. Et je chasse cette pointe d’énervement que je ressens et ne sais pas expliquer. Après manger, nous gagnons rapidement notre roulotte avec Line. Une nouvelle journée nous attend demain et si j’ai bien compris il ne reste que 48h avant de faire partie du spectacle alors il va falloir bosser !


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