Abi dans le Pokéworld

Chapitre 30 : En scène

2032 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/07/2020 21:02

Je me réveille le lendemain matin très tôt. Je me sens stressée. C’est aujourd’hui que je dois présenter mon numéro au spectacle du soir… Je sors dehors, pensant que l’air frais me calmera. Mes Pokémons essayent de m’apaiser, ils ne comprennent pas vraiment d’où vient mon agitation… Le Passerouge solitaire descend de son arbre pour venir voleter devant mon visage. Je tends la main devant moi.

-      « Salut petit. »

Le Passerouge se pose sur ma main et commence à chantonner.

-      « Tu es sympa… »

Echo pousse ma jambe doucement de son museau.

-      « Oui, ça va aller. Merci les amis. On se met à nos étirements ? »

-      Roc. Bulbi. Charmi. »

Rocabot et Bulbizarre s’étirent comme nous en avons pris l’habitude. Charmillon et le Passerouge tourbillonnent dans le ciel au-dessus de nous, rivalisant de grâce. Nous sommes rejoints par Line qui entame sa routine matinale. Lorsque nous avons fini, nous allons prendre notre petit-déjeuner. Victor me propose de venir l’aider cet après-midi avec les Ponyta. J’accepte avec plaisir. De retour à la roulotte, Line et moi passons la matinée à répéter notre numéro. Je me sens tendue mais le dynamisme de Line, Charmillon et des Passerouge me motivent. Charmillon a tellement l’air d’y prendre plaisir que ça me rassure un peu.  A la fin de mon entrainement, Line s’avance vers moi :

-      « Je pense que tu es prête, Abi. »

-      Je l’espère… Peut-être que cet après-midi, je devrai… »

-      Non, non. Je vois où tu veux en venir. Va avec Victor, tu as besoin de penser à autre chose. »

-      Mais, si… »

-      Ça n’y changerait rien. » dit une voix derrière moi. Je me retourne.

-      Mathilda ? »

-      Bonjour Abi. Je t’ai observée ce matin. » dit-elle d’un air implacable.

-      Et ? » je sens mon cœur accélérer.

-      Et c’est très bien. Tu as bien travaillé. Votre numéro a tout à fait sa place dans le spectacle. » me rassure-t-elle. Elle sourit, de ce sourire chaleureux si rare.

-      Merci Mathilda. »

-      A table maintenant. » dit-elle en reprenant son sérieux.

Nous nous rendons toutes les trois au repas. J’y retrouve Victor. Il décide de venir voir mon numéro de jonglage en début d’après-midi puis nous irons voir les Ponyta ensemble.

Juste après le repas, je me poste près de l’entrée du cirque. Cette fois-ci, c’est à moi d’ameuter la foule. Je prends une grande inspiration et m’exclame :

-      « Mesdames et Messieurs bonjour ! Bienvenu au cirque des Flambants troubadours ! Je vais vous présenter un numéro de Jonglage ! Que petits et grands s’approchent ! »

Je me sens ridicule à attirer l’attention comme ça. Victor me regarde d’un air bienveillant mais je vois bien qu’il se retient de ne pas rire. Je dois vraiment avoir l’air trop hésitante. Il vient me prêter main forte. Dès qu’il lève la voix, les regards se tournent, nous avons l’attention des passants. J’entame mon numéro. Mes gestes sont un peu plus assurés que la veille. Globalement, ça se passe bien et nous avons droit à quelques applaudissements enthousiastes.

Une fois les gens dispersés, je rejoins Victor qui me félicite et je le suis jusqu’au pâturage des Ponyta. Nous passons l’après-midi à les soigner et à répéter quelques figures pour leur numéro. Victor m’apprend comment les diriger sans les effrayer, quand repérer les signes de fatigue, quand les motiver…

Le soir arrive et le moment fatidique du spectacle se rapproche. J’accompagne Victor jusqu’au chapiteau. J’y retrouve Line qui m’entraine jusqu’à notre loge. J’ai la surprise d’y voir Céline, l’accessoiriste.

-      « Bonjour, Abi. Je suis venue t’apporter ton costume. » dit-elle de son air rêveur en suivant les mouvements de son Abra qui flotte autour d’elle.

-      Merci Céline. »

Je m’habille. Arrive le moment du maquillage… Line et Céline se rendent vite compte que je n’ai jamais tenu ce type de matériel dans mes mains… A part un coup de crayon noir sous les yeux en tout cas. Line entreprend de me maquiller, aider de Céline qui s’occupe de discipliner mes longs cheveux bruns. Isham, déguisé en Monsieur Loyal, toque à notre loge et nous annonce que nous devons être en piste dans deux minutes. J’ai le temps de nouer les nœuds papillons autour des cous d’Echo et Akui et un joli ruban autour de celui de Yucca. Nous rejoignons tout le monde derrière le grand rideau d’accès à la scène. Cédric me souhaite bonne chance. Victor me donne une petite tape sur l’épaule. Aude m’ignore splendidement. Mon regard croise celui de Phil, il me sourit de son sourire doux puis détourne le regard. J’entends Isham s’adresser à la foule de spectateurs.

-      « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs. Préparez-vous à être éblouit, enchanté, exalté ! C’est un immense honneur de vous accueillir sous notre beau chapiteau et nous espérons réussir à vous offrir quelques moments de joie, de surprise, d’effroi peut-être mais surtout d’émerveillement ! Voici pour vous ce soir : Les FLAMBANTS TROUBADOURS ! »

Sur ces mots, nous entrons tous en scène. Nous nous répartissons sur le terrain en cercle autour duquel s’élèvent les gradins. Les gens applaudissent. Nos Pokémons lancent quelques bulles d’O ou flammèches vers la canopée. L’entrée est grandiose. Je me sens submergée, un peu perdue dans cette foule. Je reste au côté de Line qui est souriante et fait de grands mouvements des bras vers la foule. Je l’imite et se faisant j’ai l’impression d’entendre encore plus les Viva de la foule, de prendre conscience que je suis actrice aujourd’hui, que la magie doit venir de moi. Une fois avoir salué la foule, nous retournons dans les coulisses. Dan et Flora, les gymnastes, inaugurent le spectacle. Line et moi passeront juste avant l’entracte. Je sens le tract monter en moi. Je me mets à faire les cent pas devant le rideau… Line est tranquillement assise sur un tabouret, sa flute traversière entre les mains, elle guette à travers le rideau le passage de nos compagnons. Phil au moment d’entrée sur scène, s’arrête devant moi.

-      « Ça va bien se passer, rassures-toi. Les Passerouges et Line sont avec toi. » me sourit-il avant de disparaitre derrière le rideau.

Je m’approche de Line et regarde le passage de Phil par la fente du rideau. Son numéro avec Reptincel me fascine toujours autant. Lorsqu’il quitte la scène, je m’écarte vivement du rideau et m’assoie à côté de Line. Cette dernière pouffe de rire. Il se passe encore deux numéros puis c’est à nous. Line se lève, siffle, m’adresse un regard bienveillant puis nous entrons en scène. Je m’avance au centre de la scène. Isham nous accueille :

-      « Mesdames et Messieurs, pour ses premiers pas sur scène, veuillez accueillir Abigaëlle ! Elle sera accompagnée de notre chère Line. Enchantez-les ! »

Line monte sur le petit rebord qui limite la piste. Le silence se fait sous le chapiteau. Je ferme les yeux un instant, tentant d’ignorer mon trac, tentant d’oublier tous ces visages tournés vers moi. Je commence à chanter a capella d’abord. Akui entre en scène, il vole seul autour de moi puis survolant la foule, rasant les têtes, zigzaguant entre les piliers. Line rejoint ma voix de son chant de flûte, dansant sur le rebord. Avec sa petite taille, ses cheveux courts argentés aux mèches violettes, on dirait un lutin malicieux. Aux premières notes, les Passerouges envahissent la tente. Comme une nuée rouge et grise, ils coursent Charmillon, l’encerclent et le ramènent au centre de la piste. La danse est majestueuse et suit les modulations de mon chant et la mélodie de Line. Comme nous l’avons répété, pour le final, la troupe de Passerouge semble éclater et libère Charmillon qui s’élève comme une flamme. J’arrête de chanter, Line clôt sa mélodie sur quelques notes piano. La foule applaudit. Line bondit de son rebord et me rejoint. Elle me prend la main, me sourit et ensemble nous saluons le public. Charmillon vient se poser sur mon épaule, et tous ensemble nous quittons la piste. Une fois dans les coulisses, une masse énorme me saute dessus et m’enlace.

-      « C’était génial, Abi ! Vous avez assuré ! Bien joué, Line ! »

-      Euh… Merci… » dis-je essayant de me dégager doucement pour voir de qui il s’agit.

L’homme me relâche et sourit de toutes ses dents à Line. C’est Cédric, évidemment. Nous sommes rejoints par Victor, Flora, Marcus et toute la troupe. Isham prononce l’entracte. Nous prenons un peu de temps pour discuter. Ils sont tous très enthousiastes, et même impressionnés par notre numéro monté en si peu de temps. A la fin de l’entracte, lorsque chaque spectateur a repris sa place, je me sens vidée, détendue. J’ai presque l’impression de flotter. Pourtant, il reste encore beaucoup de travail en coulisse. Avec Line, je me rends utile, préparant le matériel entre les numéros, rassemblant les Ponyta. Alors que je veux filer un coup de main à Aude et ses Otaquins, elle m’envoie bouler.

-      « Je me débrouille très bien toute seule. Va donc te rendre utile là où on en a besoin. »

Je ne cherche pas plus loin et trouve à m’occuper ailleurs. A la fin du spectacle, Isham nous rappelle tous sur scène pour le salut final. Je me retrouve entre Line et Phil. Phil me prend la main, je sens mon visage s’empourpré en prenant conscience de la chaleur de sa peau sur la mienne. Line aussi me saisit la main. Tous ensemble nous saluons. Puis nous quittons la scène pour la dernière fois ce soir. Les gradins se vident. Nous rangeons le matériel, puis faisons nos étirements. Isham s’est éclipsé, il avait laissé la cuisine à Simiabraz et Kicklee. Nous les rejoignons dans la tente salle à manger. Je n’arrête pas de sourire, toujours en peu dans les nuages. Nous rentrons ensuite avec Line à notre roulotte, nous papotons encore un peu de notre numéro. Je tombe vite de sommeil et c’est Line qui éteint la lumière voyant que je suis en train de m’endormir.


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