Abi dans le Pokéworld

Chapitre 31 : Levée de camps

1982 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/07/2020 21:03

Les deux jours suivants, je commence à être bien ancrée dans une routine. Nous nous levons le matin avec Line, procédons à nos étirements et répétons nos numéros. En fin de matinée, je passe voir Victor et les Ponytas. J’aime passer du temps avec les Pokémons Equins. Leur puissance m’impressionne et leur nature méfiante m’attire. Après le repas, je me propose pour faire la corvée de vaisselles. Je propose mon numéro de jonglage à l’entrée du cirque en début d’après-midi puis je rejoins Cédric pour l’aider sur les stands d’animation. Nous nous entendons vraiment bien avec Cédric, notre relation évolue dans le même sens que les jours précédents. J’ai presque l’impression de m’être trouvée un grand frère à taquiner. Et ce sentiment semble réciproque. Le soir, nous présentons notre numéro avec Line et l’accueil de la foule est toujours très positif. Phil me fait des sourires discrets et quelques compliments mais je ne le croise que rarement. Je ne sais si c’est moi qui l’évite car j’ai l’impression d’être extrêmement maladroite quand il est près de moi ou si c’est un hasard. Evidemment, Aude me bat toujours froid et semble encore plus remontée depuis que mon spectacle a reçu l’approbation de Mathilda.

La semaine s’est terminée et lorsque je me réveille le lundi matin, il règne une ambiance agitée dans le cirque. Line est déjà debout et range des affaires dans des coffres.

-      « Salut Abi ! »

-      « Salut Line. Qu’est-ce qui se passe ? »

-      « C’est le jour du départ. Nous quittons Nedirager, tu te souviens ? »

-      « Ah oui, c’est vrai. On part quand du coup ? » je demande encore à moitié endormie.

-      « Ce matin, nous rassemblons toutes les affaires puis rangeons les tentes et le matériel. Normalement, nous quitterons la ville en tout début d’après-midi dès que les roulottes sont en ordre et les Tauros harnachés. »

-      « Les Tauros ? »

-      « Oui. Va voir Victor et Dan. Ils sont chargés d’aller les chercher, ils auront sûrement besoin d’aide. »

-      « Ok. J’y vais. A tout à l’heure. »

-      « Tient prend un petit pain et les baies pour tes Pokémons. Isham les a préparés ce matin pour qu’on ne perde pas de temps à la tente « salle à manger ». Je t’en ai pris. A tout’ ! »

-      « Merci. »

Je prends le petit pain et le sac de baies. Je sors de la roulotte accompagnée par Echo. Yucca et Akui restent avec Line. Je leur laisse des baies et en donne à Echo tout en dégustant mon pain. Arrivée devant la roulotte de Victor, je l’appelle. En m’entendant, Victor sort.

-      « Hey, Abi ! ça va ? »

-      « Oui, très bien. Line m’a dit que vous pourriez avoir besoin d’aide pour rassembler des « Taureaux… » je demande hésitant sur le dernier mot.

-      « C’est sympa. Oui ! J’attends Dan et on se met en route. »

Après quelques minutes, Dan nous rejoint et nous allons au parc de Ponyta. Victor monte sur Galopa, Dan sur un des Ponyta. Je me retrouve hésitante. Ça fait quelques jours que je m’occupe des Ponyta et s’ils me font bien plus confiance, je ne suis jamais montée sur leur dos…

-      « Monte sur Torche, Abi. Il n’est pas farouche et tu t’es beaucoup occupée de lui. » me dit Victor.

-      « Et si je tombe ? »

-      « Torche ne laissera jamais son cavalier tomber de son dos, sauf s’il l’a décidé ! » sourit-il.

Je m’approche de Torche et en prenant appuie sur une souche me hisse sur son dos. Il renâcle un peu le temps que je m’installe correctement. Je suis ensuite Victor et Dan, Echo court à côté de Ponyta et tient bien le rythme. Après quinze minutes de route, je découvre un grand pré avec d’énormes Pokémons ressemblant à des bisons de mon monde.

-      « Voici les Tauros ! » m’annonce Victor. 

-      « Nous allons les encercler et les ramener vers le cirque. » m’explique Dan.

Je suis leurs indications et participe au rassemblement des Tauros au centre du parc. Echo nous aide, rattrapant les Tauros qui tentent de s’isoler du groupe. Une fois que le troupeau est bien compact, nous les orientons vers le cirque. Le retour est beaucoup plus long que l’aller. Victor et Dan ne brusquent pas les Pokémons et les laissent progresser à leur rythme. Il nous faut donc une quarantaine de minutes pour atteindre le cirque aux pieds de Nedirager. Une fois arrivée, je découvre le camp complètement transformé. Les hautes tentes ont été repliées et les stands ont disparu. La vaste étendue herbeuse est propre, hormis l’herbe aplati, les traces d’occupation humaine ont été effacées. Il faut une bonne heure pour harnacher les Tauros aux différentes roulottes et les mettre en ordre. Une fois que tout le monde est prêt, Isham et Simiabraz distribuent des sandwichs à chacun. Après un repas rapide, nous nous répartissons dans les roulottes et Mathilda donne le signal du départ. Je me suis installée sur le banc à l’avant de notre roulotte avec Line. Echo, Yucca et Akui sont à l’intérieur de la roulotte. Echo a le nez collé à la petite fenêtre qui lui permet d’avoir une vue sur le banc où je suis assise. Line est assise à côté de moi et dirige le Tauros qui tracte notre maison mobile. Sa troupe de Passerouges s’est installée sur le toit de la roulotte.

-      « Tu sais où on va, Line ? »

-      « Nous allons descendre jusqu’à Dragoghe. C’est principalement de la plaine mais il y a trois villages sur le chemin. Nous nous y arrêterons quelques jours à chaque fois. Ça nous permettra de nous réapprovisionner et de faire quelques représentations. »

Alors que nous nous éloignons de Nedirager, je me retourne pour regarder disparaitre derrière moi la colline couverte de ses maisons aux toits rouges. Je repense à notre combat contre la championne d’arène Alice avec Akui. Une pensée me traverse l’esprit : « Peut-être y aura-t-il une arène à Dragoghe ? »

L’après-midi se déroule lentement. Le paysage défile. Nous quittons la région des collines et le terrain s’aplani. En fin d’après-midi les steppes s’étendent devant nous à perte de vue. Nous nous arrêtons en début de soirée. Isham s’installe une zone de cuisine et aidé de ses Pokémons et de Mathilda, il prépare le soupée du soir. Les autres membres de la troupe en profitent pour réviser leur numéro ou faire des exercices. Line joue de la flute faisant virevolter ses Passerouges. Je la regarde jouer, Echo sur mes genoux.

-      « Tu sais, Abi, si tu souhaites jouer du violon, n’hésites pas. » me glisse-t-elle.

Je la remercie et je vais chercher l’instrument. Line m’a en effet surprise en train de jouer une seconde fois depuis le premier soir où je lui ai emprunté. Petit à petit, je retrouve du plaisir à jouer, à faire chanter les notes… Je rejoins Line et me cale sur son rythme. Mes réflexes reviennent progressivement et je n’ai aucun mal à adapter une mélodie pour l’accompagner. Yucca, comme envoutée, se balance de droite à gauche en envoyant des poudres aux douces senteurs dans les airs et Echo se dandine doucement. Akui se fond dans le groupe de Passerouges et danse avec eux. Après le soupé du soir, nous allons nous coucher, profitant de l’absence de spectacle pour nous coucher tôt. Une autre journée de voyage nous attend demain.

Il nous faut trois jours pour atteindre le premier village. Le pas des Tauros est lent et paresseux paradoxalement à la force dont ils font preuves. J’échange beaucoup avec Line pendant ces quelques jours. Elle me parle de son enfance. Je suis surprise de découvrir qu’elle est issue d’une famille aisée. Elle était promise à un grand avenir et avait intégré le conservatoire de musique le plus réputé de la région. Elle grandit, cependant, dans un foyer sans chaleur et sans amour de ses parents. Une ambiance que me rappela celle de mes quelques années dans la demeure de ma grand-mère… Elle me confie en riant que la sobriété et la rigidité du conservatoire ne lui convenait pas du tout. Alors que la troupe de Mathilda quittait la ville, Line se faufila dans la roulotte de Céline et quitta ainsi sa maison. Céline mit trois jours à se rendre compte qu’elle hébergeait un compagnon clandestin. Mathilda, après avoir passé une soufflante à Line pour son inconscience, la prit sous son aile et l’accueillit dans la troupe.

Nous nous arrêtons généralement en milieu d’après-midi. Les fins de journées sont dédiées aux entrainements. Phil m’accoste le deuxième jour de voyage au repas du soir.

-      « Abi. Tu avais commencé un numéro de jonglage avec ta bulbizarre, non ? » me demande-t-il.

-      « Oui. A Nedirager, nous le présentions à l’entrée du cirque en début d’après-midi. »

-      « Ça pourrait être sympa de faire un numéro ensemble pour le grand spectacle, qu’en penses-tu ? » dit-il en plongeant son regard dans le mien.

-      « Euh… Je… oui, ce serait cool. » Je réponds, prise au dépourvue.

-      « Phil ! Il faut absolument que tu viens voir l’entrainement d’Otarlette ! » nous interrompt Aude.

Phil se tourne vers elle et elle l’accapare tout le reste du repas. Elle me lance un regard appuyé avec un sourire narquois lorsque je me lève pour débarrasser. Cette fille me sort par les trous de nez… Les deux jours suivants, Aude est, continuellement, collée à Phil et il ne me reparle pas de son idée de numéro commun. Je poursuis donc les entrainements du numéro d’Akui avec les Passerouges et en solo avec Yucca.


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