Abi dans le Pokéworld

Chapitre 34 : Solo

3097 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/08/2020 23:27

Solo


 

Je me réveille le lendemain matin, les yeux gonflés et la tête engourdie d’avoir pleuré la veille.

-      « Salut Caïd. Aujourd’hui, on s’entraine. »

-      « Roc ! » Echo semble ravie de cette proposition.

Je me lève et me prépare. Line se réveille et balance ses jambes par-dessus son lit en hauteur.

-      « Bonjour Abi. Comment ça va, aujourd’hui ? » me demande-t-elle. Je vois bien qu’elle guette ma réaction.

-      « Aujourd’hui, je vais entrainer Rocabot, ça fait un moment qu’on n’a pas passé du temps ensemble, il va être tout rouillé. »

-      « D’accord. » Répond-elle simplement.

-      « … Et… Line… Est-ce qu’on peut s’entrainer ensemble aujourd’hui ? Je n’ai pas envie de voir Phil. » je finis par lâcher.

-      « Pas de soucis. Va t’entrainer, je lui dirai d’aller se faire voir. »

-      « Merci. » je réponds, un sentiment de gratitude venant apporter une boule de chaleur dans ma poitrine.


Je sors, suivie d’Echo. Je m’éloigne du cirque et gagne une zone ombragée entourée de quelques arbres au pied de la haute muraille entourant Cirses. Je libère Akui et Yucca. Mon Charmillon est un peu surpris de se retrouver sans les Passerouges. Yucca pour sa part, tend une de ses lianes et vient me tapoter doucement le bras.

-      « Merci Yucca. Je vais bien. Je vous propose que nous nous entrainions aujourd’hui. Comme à l’ancienne ? »

-      « Roca ! » s’exclame Echo en se mettant déjà en position d’attaque.

-      « Bulb. Charmi. » acceptent nos deux autres compères.


Nous commençons par quelques étirements. Echo peine un peu, il faut dire qu’il n’a pas de numéro spécifique et bien qu’il aide beaucoup pour toutes les taches du cirque, ce n’est pas pareil qu’un entrainement intensif et soutenu. Nous nous lançons ensuite dans le cœur de l’entrainement. Mes Pokémons n’ont pas combattu depuis longtemps, sauf Echo qui a combattu un Mimiqui récemment. Tous se montrent combattifs et j’organise un entrainement sous forme de combat amical entre eux trois. Le fait de s’attaquer tous en même temps, leur demande de travailler leur attention. De mon côté, je suis pleinement concentrée pour diriger chacun, les conseiller et adapter l’effort. Nous sommes pleinement absorbés et arrêtons, à bout de forces, après deux bonnes heures. Je félicite mes compagnons, rentre Yucca et Akui dans leurs Pokéballs et rejoint le campement.


Le petit-déjeuner est passé depuis longtemps. Je sens que je vais le regretter, n’ayant pas manger hier soir, la faim commence à se faire sentir. Je me rends chez Céline, la styliste lunaire. Line y est souvent les matins et aujourd’hui ne fait pas exception.

-      « Bonjour Céline, coucou Line. »

-      « Bonjour Abi. » me répond Céline de sa voix trainante, comme endormie. Son petit Abra vient flotter devant moi et je lui gratouille la tête avant qu’il ne se téléporte à nouveau à côté de sa dresseuse, satisfait.

-      « Coucou Abi, alors cet entrainement ? » m’interroge Line, occupée à repriser un costume aux froufrous volumineux.

-      « Super ! On peut vous aider ? » je demande.

-      « Oui, prend toi une chaise, une aiguille et aide-nous à recoudre les costumes de cette caisse. » me répond-elle en me désigne un coffre imposant au sol.

Je m’installe sans me faire prier. Céline me tend une assiette à côté de moi avec des morceaux de fruits et dépose quelques baies devant Echo.

-      « Je ne t’ai pas vu au repas. » dit-elle avant de repartir s’asseoir devant une grande feuille blanche et de s’armer d’un pinceau qu’Abra fait voler jusqu’à sa main.

-      « Merci Céline ! Echo, tu peux manger. » je m’exclame reconnaissante.

-      « Roc ! »

Le reste de la matinée se passe, entouré de tissus, dentelles et boutons. J’ai les doigts raidis et me suis piquée à plusieurs reprises avec l’aiguille mais j’ai apprécié le travail avec les filles dans le calme.


Au repas du midi, je ne peux éviter Phil. Quand mon regard se pose sur lui, je ressens comme une vague glacée me submerger. Je prends sur moi et rejoins tout le monde à table. Je suis rassurée de sentir le regard de Line vers moi. Phil se tourne vers moi.

-      « On n’a pas pu s’entrainer ensemble ce matin. Line a dit que tu ne te sentais pas bien. Ce n’est pas à cause… »

-      « J’avais mal au ventre, ça arrive. » je le coupe.

-      « Abi. Je suis désolé, ok ? »

-      « On n’est pas obligé d’en parler maintenant. On n’a pas à en parler du tout, d’ailleurs. » dis-je alors que je croise le regard plein de curiosité mal placé d’Aude.

Mon ton froid et sans appel semble avoir fait son effet. Phil n’essaye plus de me parler du reste du repas.


L’après-midi, je m’entraine avec Line pour nos numéros.

-      « Tu sais, je crois que tu es prête. » finit par me dire Line.

-      « Ce soir alors ? » je demande.

-      « Ce soir ce sera. » conclut-elle en me souriant.


Je passe la seconde partie de l’après-midi avec Victor à m’occuper des Ponytas et des deux Galopas. Ma complicité avec les Pokémons équins croit avec le temps.

-      « Hey, Victor ? J’ai l’impression que Furie est énorme ! » dis-je en passant la main sur le ventre de la Galopa.

-      « Oui, elle va sûrement bientôt avoir des petits. » commente-t-il.

-      « Vraiment ? » je m’exclame.

-      « Oui, il faut bien renouveler le cheptel » me sourit Victor. « Je te montrerai les œufs dès que je les aurai. »

-      « Les œufs ? comment ça ? »

-      « Les œufs de Ponyta pardi ! » Il me regarde et face à mon regard interloqué, se rend compte que je ne comprends pas de quoi il parle. « Abi. Tu sais que les Pokémons naissent dans des œufs, n’est-ce pas ? »

-      « Les Roucools, oui… Mais… Tous les Pokémons ? » je demande.

-      « Oui, tous les Pokémons naissent dans des œufs. En réalité, les pokémons sont capables de faire des œufs même s’ils ne sont pas à leur stade évolutif finale. Mais souvent ils ne s’en sentent capable qu’à ce moment-là. De plus, quand il s’agit d’un Pokémon non sauvage, il faut qu’ils aient une importante confiance en leur dresseur pour faire un œuf et le lui confier. » me dit Victor avec une certaine fierté.

-      « C’est… incroyable… » je reste quelques instants sans voix. « Est-ce que je pourrai t’aider à m’occuper de l’œuf et de Furie ? » je finis par demander.

-      « T’occuper de Furie bien sûr. Pour l’œuf, nous ferons avec elle en temps voulu. » me sourit-il.

Je reprends ma tâche, brosse Furie et prend grand soin d’elle. Elle me semble plus nerveuse que d’habitude, peut-être est-ce dû aux œufs qu’elle prépare ?

 

Le spectacle du soir commence comme d’habitude, la foule s’est installée dans les gradins. Cirses est une petite ville et ses habitants sont peu nombreux, alors en trois jours, chacun a quasiment eu l’occasion d’assister à une représentation. Je suis nerveuse ce soir, seule Line est au courant de ce que nous avons préparé. Je regarde avec appréhension les numéros des autres. Je me retrouve un peu comme à mon arrivée dans le cirque, comme si je devais faire mes preuves. Phil sort de scène, il m’adresse un sourire un peu gêné. Je lui réponds avec un sourire crispé. Ne te laisse pas distraire ! Crie ma petite voie intérieure. J’entends Echo à mes pieds grogner après Phil. Je me tourne vers mon Pokémon et lui sourit avec reconnaissance.

-      « En scène, Abi. Eblouis-les. » me dit Line en me tendant son violon.


Je le prends délicatement dans mes mains, je remercie Line et je m’avance jusqu’au centre de la piste. Oui, c’est ça, la surprise. Ce que nous préparons en cachette avec Line depuis qu’elle m’a surprise en train de jouer de l’archet : un numéro solo. Ensemble, nous avons décidé de ne pas en parler à Mathilda, de ne pas lui demander la permission et de le présenter directement à la foule. Je suis au milieu de la piste, les lumières me cachent les spectateurs du regard mais j’entends leurs souffles, leurs chuchotements, un froissement d’étoffe, un siège qui grince. Je me saisis de ma Pokéball et la lance haut dans les airs. Charmillon s’élance ses ailes parfaitement déployées. Je porte le violon a mon menton et je tends l’archer bien haut au-dessus de moi. Charmillon redescend doucement pour voleter à mes pieds en cercles. La lumière se tamise. Je sais que Line dirige les lumières pour ce numéro puisqu’elle est la seule à le connaitre. Savoir que mon amie veille sur moi, me rassure. Doucement, je laisse s’échapper les premières notes. A mesure que la musique s’élève, Charmillon tourne autour de moi, et monte de plus en plus haut. Un par un, à chaque inflexion de la mélodie, les Passerouges entrent en scène. La parade commence, le chassé-croisé aérien, la danse folle… Je me laisse emporter par la musique, comme chaque fois elle m’enveloppe et c’est comme si ensemble nous racontions une histoire. Lorsque la mélodie atteint son apothéose, Akui s’échappe du groupe de Passerouges. Il entame une curieuse danse, ses ailes battants vites, et de petites paillettes dorées tombent sur les spectateurs. On dirait une capacité spéciale mais je n’avais jamais vu Charmillon faire ce genre de manœuvre. La foule s’exclame de ravissement et la musique s’arrête. Je salue la foule, Akui vient se poser sur mon épaule. Ensemble et suivi des Passerouges, nous quittons la scène.


Je suis accueillie par Cédric qui est surexcité.

-      « Abi ! C’était incroyable ! Je ne savais pas que tu jouais du violon ! Line n’a qu’à bien se tenir, tu vas nous la détrôner ! »

-      « Non, non. Je n’aurai rien pu faire sans son aide. Merci Cédric en tout cas. »

-      « OU EST-ELLE ?! » rugit une voix derrière moi. Les quelques artistes qui s’étaient attroupés autour de moi pour me féliciter, s’envolent comme une volée de Passerouges.  

-      « Tu n’as pas prévenu Mathilda ? » me demande Cédric, affolé à côté de moi.

-      « Non. » je réponds, tentant de garder un air serein.

-      « ABI ! » rugit une nouvelle fois Mathilda.

-      « Aïe… » j’entends Cédric murmurer.

Je m’avance vers Mathilda, Echo est à mes côtés. Il a l’air terrorisé mais gonfle sa fourrure pour se donner une contenance. Cédric, maitre de cérémonie de la soirée, pousse Victor à entrer en scène, le spectacle continue.

-      « Je suis là, Mathilda. »

-      « Alors comme ça, on se permet de faire des changements dans le programme sans m’en avertir ? »

-      « Je voulais te faire la surprise. » je réponds.

-      « Dans ce cas, tu m’apportes une salade de baies pour dessert, tu ne changes pas tout un numéro ! »

-      « Pardonne-moi. Je pensais qu’il était à la hauteur. » je réponds confuse.

-      « Allez, vient dans mes bras, canaille ! Bien sûr qu’il était à la hauteur ! Tu as été formidable ! » s’exclame-t-elle à ma grande surprise. Elle m’attire dans ses bras. La petite femme fait une bonne tête de moins que moi mais j’ai l’impression de rapetisser sous son emprise. Comme si je redevenais une toute petite fille.

-      « Euh… je… »

-      « Tu me refais ce numéro les autres soirs. Mais, la prochaine fois, prévient moi. Ou c’est Snubbull qui te sortira de scène. » dit-elle en me tenant à bout de bras et en plantant son regard dans le mien.

-      « Ok, Mathilda. »

Mathilda me relâche et s’en va, mi-bougonnant, mi-riant. Je me tourne vers un Cédric, déconfit.

-      « Mais… Comment ? Comment as-tu fait ça ? J’ai bien cru qu’elle allait t’étriper ! » S’exclame-t-il.

-      « Le talent, mon cher. » je lui souris, taquine.

-      « Tu n’es pas croyable ! N’as-tu aucune notion du danger ?! »

Nous partons dans un grand éclat de rire qui nous tient quelques minutes. Ça me fait un bien fou ! Nous nous calmons quand Victor finit son numéro et quitte la piste avec ses Ponytas. Cédric va présenter l’entre-deux artistes.


Je pars à la recherche de Line qui doit toujours être aux réglages des lumières. En chemin, je tombe sur Phil.

-      « C’était un beau numéro Abi. » commente-t-il.

-      « Je te remercie. »

Ma réussite et l’accueil reçu par Mathilda m’ont apaisé, je ne suis pas sur la défensive et j’en oublie presque que Phil et moi sommes un peu en froid…

-      « Vraiment, c’était bien. Tu ne m’avais pas dit que tu jouais aussi bien. » me dit-il.

-      « Ça faisait longtemps que je n’y avais pas touché. Je… Je suis contente que ça t’ais plut. »

-      « J’ai tout de suite vu que tu avais du talent, Abi. C’est pour ça que je t’ai parlé de Mathilda. Et puis j’avais envi de te connaitre mieux. »

-      « Oui. Je suis contente que tu m’ais aidé à entrer dans le cirque. »

Un silence s’installe entre nous. Après quelques instants, je l’interromps.

-      « Je cherche Line. Je… dois la retrouver. »

-      « Elle est au deuxième pilier pour l’éclairage principale. » me répond Phil.


Je m’éloigne et rejoins Line. Celle-ci est juchée au sommet d’un pilier telle une équilibriste et elle ajuste le spot pour qu’il suive Flora, la gymnaste et son Machopeur. Je grimpe au pilier voisin et aide Line de mon mieux. Finalement, je passe le reste du spectacle, plus à regarder les numéros des autres depuis les hauteurs du chapiteau plutôt qu’à régler quoique ce soit puisque Line gère parfaitement bien toute seule. Après le spectacle, au repas du soir, Isham vient me féliciter en personne pour ma performance et pour ma témérité. Visiblement, défier le dragon du cirque n’est pas chose commune et d’habitude on ne s’en tire pas aussi bien. Je passe une bonne soirée, j’arrive même à parler naturellement avec Phil. Le baiser semble loin et appartenir à un autre monde. Ce soir, je suis contente de retrouver mon ami, bien que mon cœur batte toujours un peu plus fort en sa présence.


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