Orbes Opalines

Chapitre 6 : Zamgoure, Halte oasienne

3619 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/01/2021 10:49

Zamgoure, Halte oasienne

 

Je ne me réveille qu’en milieu d’après-midi. Hayashi est posté devant la petite fenêtre et regarde dehors d’un air songeur. Je me demande bien depuis combien de temps il est éveillé. Amonita est toujours à côté de moi et dort dans sa coquille. Lorsque je m’assois au bord du lit, elle sort de sa coquille et me regarde en agitant ses courts tentacules. Je m’étire, caresse l’œuf de quelques mouvements circulaires. Je prends ensuite quelques minutes pour ranger correctement mes affaires dans l’étagère prévue à cet effet. Je cale l’œuf dans mon sac à dos, et invite Amonita à s’y glisser.


-         « Hayashi. Que dirais-tu d’aller explorer la ville ? »

Arcko descend de l’appui de fenêtre et me fait signe qu’il me suit. Je quitte l’auberge et m’aventure dans les rues étroites de la ville. Je me laisse perdre dans le dédale de ruelles, allant de marchant en marchant et m’imprégnant de l’agitation ambiante. Après une bonne heure de vagabondage, je tombe sur l’épicentre de l’oasis formé par un lac imposant. Il apparait comme un mirage au milieu du désert. Grâce à sa présence, je comprends un peu mieux comment une ville telle que Zamgoure a pu s’implanter de façon pérenne. Je remarque deux petits groupes de dresseurs qui s’entrainent au moyen de combats amicaux. Alors que je m’apprête à les rejoindre, un vieil homme pousse un profond soupir à ma droite. Je me tourne vers lui et me rends compte qu’il contemple les dresseurs d’un air réprobateur.


-         « Ah… Ces jeunes. Trop impatients. Ce n’est pas une heure pour faire des combats Pokémons. »

-         « Pourquoi cela ? » je ne peux m’empêcher de demander.

-         « C’est évident. Ils viennent à peine d’arriver à Zamgoure et ils n’ont pas du tout adapter leurs entrainements. Il fait bien trop chaud pour leurs Pokémons, ceux-ci n’ont pas encore pu s’habituer aux conditions météorologiques. » me dit-il.

-         « Comment auraient-ils du faire ? »

-         « Commencer par s’entrainer les nuits. Tiens regarde, ce Roucoups est à bout de force… Je vais chercher Cathie. » dit-il en tournant les talons.

-         « Qui est Cathie ? » je demande, ma question restant en suspens.


Je m’approche des jeunes rassemblés autour du Roucoups. Ce dernier est au sol et peine à respirer.

-         « Aucun d’entre vous n’a de quoi boire ? » je demande, remarquant que les adolescents semblent ne pas savoir quoi faire.

-         « On n’a pas pris d’eau. On est logé tout prés. Mais Roucoups est lourd, on va avoir du mal à le porter, et je ne sais pas si c’est très prudent de le déplacer. » me dit une fille d’environ 14 ans, sûrement la dresseuse du Roucoups.

-         « On peut peut-être lui donner l’eau du lac ? » interroge un adolescent aux cheveux noirs comme l’ébène.

-         « Parait qu’elle est salée, il faut la bouillir pour la boire… »

-         « Faites-moi un peu de place. » je demande.

Je fais glisser mon sac de mon épaule et libère Amonita. Je prends soin de garder l’œuf dissimulé.

-         « Amonita. Nous aurions besoin de ton aide. Peux-tu faire Pistolet à O pour Roucoups ? »

-         « Amo ! »

Ma petite Amonita rampe jusqu’à Roucoups et lance un petit jet d’eau en direction de son bec entrouvert. Roucoups boit à grandes gorgées, il semble déjà soulagé.


-         « Pardon, pardon. Ecartez-vous. » j’entends une voix derrière nous.

Une infirmière apparait, vêtue de son tablier et de son calot muni d’une petite croix rouge. A ses côtés, le vieil homme de tout à l’heure. Ce doit être la fameuse Cathie. Je lui laisse la place et récupère Amonita dans mes mains. L’infirmière s’affaire autour de Roucoups.

-         « Mais quelle idée de s’entrainer en pleine après-midi et sans eau en plus. N’importe quoi. Vous pourrez remercier cette jeune fille d’avoir donner de l’eau à votre Roucoups. Allons, rappelez votre Pokémon dans sa Pokéball et suivez-moi au Centre. On va prendre le relais. » dit l’infirmière en jetant à peine un regard à la dresseuse de Roucoups qui n’en mène pas large.

La jeune fille s’exécute et s’éloigne avec la fameuse Cathie. Les autres adolescents se dispersent, penauds. Le vieil homme s’approche de moi.

-         « Bon réflexe que tu as eu là. Merci à toi et bonne journée. »

-         « Merci, bonne journée. » je réponds.

Je me tourne ensuite vers Arcko.

-         « Bon bah, je te propose que nous nous entrainions une fois la nuit tombée ? »

-         « Ko ! » acquiesce Hayashi.

Nous passons la fin de l’après-midi à nous prélasser au bord du lac. Je laisse Amonita aller dans l’eau, Arcko reste au bord. J’ai l’impression qu’il reste toujours sur le qui-vive, à surveiller les environs.

 

°°°

 

Lorsque le soir tombe, la température chute à une vitesse ahurissante. Un frisson parcourt mon échine. Quelques dresseurs se rassemblent sur la place, ils commencent leur entrainement. A leur comportement, je comprends tout de suite qu’ils n’ont rien à voir avec les adolescents de cet après-midi. Ils ont l’air plus assuré.

-         « Je pense qu’il fait suffisamment frais. On s’y met Arcko ? »

-         « Ko. »


Je me calque sur l’entrainement des autres. Nous commençons par quelques étirements puis Arcko passe en revu ces rares attaques. Un jeune homme d’environ mon âge, à la peau mate et aux cheveux noirs, s’approche de moi.

-         « Salut ! Tu t’entraines seule ? »

-         « Bonjour. Je… Je ne voulais pas déranger. » je réponds.

-         « T’inquiète, à l’Oasis, tout le monde est le bienvenu. Ici, on préfère s’entrainer en groupe et organiser des combats amicaux. Je m’appelle Adem. Tu peux te joindre à nous si tu veux ? »

-         « Oui, je veux bien. Je m’appelle Kaze. On débute avec Hayashi, on est preneur de conseils. »

-         « Suis-moi, je vais te présenter. »


Adem me guide vers les autres dresseurs. Ils m’accueillent avec enthousiasme. Au départ, chacun entraine son Pokémon. Adem et Hida, une jeune fille à la chevelure foncée et très bouchée, me donnent des conseils. Adem est accompagné d’un Kracknoix. Le petit Pokémon m’intrigue, sa tête est démesurée par rapport à la taille de son corps lui donnant un air cocasse. D’après le Pokédex, en évoluant, il gagne le type Dragon en plus de son type sol. Hida, pour sa part, a une magnifique Goupix d’Alola. Elle est obligée de ralentir très fortement son entrainement car le climat du désert ne sied guère au petit Pokémon glace. Elle m’explique qu’elle a déjà quatre badges et trois autres Pokémons.

-         « Pourquoi entraines-tu Goupix si le climat ne lui convient pas ? » je demande.

-         « Le Champion de l’arène utilise des Pokémons de type sol. Avec les attaques Glace de Goup’, nous avons l’avantage. »

Je découvre rapidement que tous les dresseurs qui sont rassemblés, ont déjà au moins un badge. L’arène de Zamgoure n’est pas réputée pour être une arène pour les débutants. Adem me rassure, Hayashi grâce à son type plante peut bénéficier d’un avantage sur les Pokémons sol et, de plus, les Champions adaptent leur niveau d’exigence au niveau du dresseur. Ce système a été mis en place de façon que les gens habitants à l’Ouest du continent n’aient pas à traverser tout le pays pour commencer leur voyage par la première arène. Au bout d’un moment, les dresseurs organisent des matchs amicaux. Hida me propose de participer mais je passe mon tour pour ce soir. Je ne veux pas épuiser Hayashi que j’ai surpris en train de se frotter les yeux. Nous regardons quelques matchs, Hayashi assis à côté de moi. Je rentre ensuite à l’auberge en demandant plusieurs fois mon chemin. Nous nous endormons rapidement ce qui me surprend étant donné que nous avons déjà dormi toute la matinée ! Maggie nous a donné rendez-vous de bonne heure et quelque chose me dit qu’il vaut mieux ne pas la contrarier.

 

°°°

 

Comme promis, à cinq heures, je suis prête et attends Maggie à l’accueil de l’auberge. J’ai eu du mal à me lever et n’arrête pas de bailler. Hayashi est toujours aussi vif que d’habitude. J’ai pris le parti de laisser Amonita et l’œuf dans la chambre. Maggie me conduit en ville, un Bourrinos tire une charrette derrière nous. On fait le tour des marchands de légumes, de fruits et d’épices. Visiblement, Maggie est une habituée, les commerçants sélectionnent leurs meilleurs produits pour elle et lui ont même préparé des paniers avec ses commandes usuelles. Elle me présente aux commerçants et leur annonce que, pour les prochains jours, je m’occuperai des courses pour elle. De retour, nous vidons la charrette que nous avons rempli ce matin. Ensuite, Maggie me fait préparer le buffet du petit déjeuner pour les clients. Quand je finis, il est 8 heures et demie et les premiers clients se présentent pour manger. Maggie m’autorise quinze minutes de pause pour manger puis elle me montre les ustensiles et locaux que je dois nettoyer. J’y passe la matinée en compagnie de Josette, l’une de femmes de ménage qui m’a prise sous son aile. A treize heures, je mange avec une bonne partie de l’équipe, sauf le personnel de la cuisine qui mange après le départ du dernier client de la cantine. Pendant la matinée, je croise quelques-uns des dresseurs que j’ai côtoyés hier soir.  Maggie me libère après le repas et me donne rendez-vous demain à la même heure. L’après-midi, je fais une sieste dans ma chambre et joue un moment avec Amonita. En fin d’après-midi, je retourne en ville à la recherche d’une bibliothèque. Je finis par la trouver et un vieil homme à la peau tannée par le soleil et aux rides innombrables m’accueille. Je n’oublie pas ma mission auprès d’Arcéus. J’ai besoin de trouver des informations sur les Orbes. D’après ce que j’ai compris, il s’agit de quelque chose d’extrêmement ancien voir même à l’origine du monde et de l’alliance entre les Pokémons et les humains. Le vieil homme nommé Archimède, m’indique la section des livres d’Histoire. Je cherche, parmi les rayonnages, des ouvrages d’intérêt, en sélectionne certains et vais m’installer à une table. J’y passe deux bonnes heures sans rien trouver l’intéressant. J’arrête quand je remarque que la nuit est tombée. Je range les livres et Archimède m’invite à revenir quand je le souhaite.

-         « Ces vieux livres ne voient pas assez souvent de jeunes personnes studieuses. »


Je rejoins le groupe de dresseurs à l’Oasis. Je retrouve Adem et Hida. Nous reprenons l’entrainement. Aujourd’hui, j’accepte de participer à un combat amical. Nous nous faisons rapidement battre par Grégory, un dresseur d’expérience accompagné de son Morpeko.

-         « Kaze, Pourquoi tu ne rentres pas ton Arcko dans sa Pokéball ? » me demande Adem en me voyant prendre Hayashi dans mes bras à la fin de son combat.

-         « Je n’en ai pas. »

-         « Comment as-tu établi le lien avec Arcko dans ce cas ? » Adem me regarde avec des yeux ronds comme des billes.

-         « Je… C’est compliqué. » je ne sais que répondre à ces questions et les gens commencent à nous regarder.

-         « Arrête de l’embêter, Adem. Tu es enregistrée pour la ligue au moins ? » intervient Hida en se retournant vers moi.

-         « Euh… Non. »

-         « Ah la la… Il faut tout t’apprendre. Demain, je t’accompagnerai au Centre Pokémon, on s’occupera de ça. Tu ne peux pas défier les arènes sans t’être enregistrer au registre. » m’informe Hida.

Je la remercie. Nous convenons de nous retrouver à la fin de mon service le lendemain.


Après une bonne nuit de sommeil et mes taches matinales, je retrouve Hida comme convenue. Je suis surprise de découvrir qu’Adem est présent aussi.

-         « Tu m’intrigues Kaze alors que je suis venue voir ce qu’allait en dire l’infirmière du centre. Je ne vois pas comment tu peux avoir établi un lien avec Arcko sans Pokéball. »

Je ne réponds pas et suis Hida. Nous gagnons rapidement le Centre Pokémon. Ariel, une des infirmières nous accueille. Hida lui expose la situation succinctement. Ariel soulève un de ses sourcils, me dévisage. Elle me demande de lui confier Arcko. Hayashi me regarde et secoue la tête.

-         « S’il te plait… » je murmure.

Il hausse les épaules et s’avance d’un pas vers l’infirmière. Ariel tend les mains pour le prendre dans ses bras et l’examiner. Hayashi ne se laisse pas faire, il bondit et retourne se réfugier sous ma tignasse de cheveux roux en produisant d’étranges cliquetis de bouche. Sans réfléchir, ni savoir pourquoi, je me mets immédiatement dans une position de défense, les bras relevés devant mon visage et un pied en arrière pour pouvoir pivoter plus rapidement. Voyant que rien ne se passe, je me reprends et relâche ma position.

-         « Hum… Il se comporte comme un Pokémon sauvage… Sauf qu’il semble t’écouter, dans une certaine mesure. Comment l’as-tu rencontré ? »

-         « Qu’est-ce qui vous fait dire qu’il n’est pas juste timide ? » je tente de détourner l’attention.

-         « Le bruit qu’il vient de faire. Les Arcko s’en servent pour communiquer entre eux sur de longues distances. Généralement, ils perdent cette tendance quand ils ont établi un lien avec un humain. »

-         « Ha ! ha ! Je le savais que tu n’avais pas établi de vrai lien avec ce Pokémon ! » s’exclame Adem.

-         « Je n’ai pas dit ça. » le coupe Ariel avec sévérité. « La situation a l’air bien plus complexe que ça… Ta réaction en entendant ce bruit montre aussi qu’un lien a été établi. »

-         « Ma réaction ? »

-         « Tu semble avoir réagi à la peur de ton Pokémon de façon complètement instinctuel. Comme un autre Arcko l’aurait fait. »

-         « Et alors ? » je demande avec un ton de défis.

-         « Je ne sais pas comment vous avez établi le lien ensemble mais il est indéniable. Depuis combien de temps êtes-vous ensemble ? »

-         « Un peu plus de trois semaines, je dirai. »

-         « Un lien si fort, si vite… C’est impressionnant… En tout cas, je ne pense pas qu’une Pokéball est nécessaire pour fortifier ce lien. La Pokéball aurait plus une dimension pratique pour le transporter dans les lieux publics ou dans les endroits étroits quand il aura grandi. »

-         « On n’en veut pas. » je suis presque surprise de m’entendre dire ces mots. « Je veux dire… C’est gentil à vous. Mais je crois qu’Hayashi et moi ne souhaitons pas utiliser de Pokéball ensemble. »

-         « Je comprends. » dit simplement Ariel en esquissant un sourire.

Nous quittons le Centre.

-         « Eh bien ! Adem avait raison… Tu es intrigante, Kaze. J’espère que tu viendras t’entrainer ce soir. A tout à l’heure. » me salue Hida.

-         « Merci Hida. Je serai là. A plus tard. »

-         « Tu vas faire quoi maintenant ? » me demande Adem.

-         « Euh… Je vais aller à la Bibliothèque. »

-         « Je t’accompagne. »


Je ne suis pas sûre qu’Adem soit plus intéressé par la lecture que par la curiosité vis-à-vis de ma personne, en tout cas, impossible de le faire changer d’avis. Il est bien décidé à m’accompagner. Je salue Archimède en arrivant, retrouve rapidement les livres que j’avais commencé la veille et me remet au travail. Adem est un peu surpris du sujet de mes recherches. J’esquive ses questions en prétextant vouloir devenir archéologue pokémon. Adem choisit quelques livres reprenant des techniques et stratégies de combat Pokémon.


Les jours suivants, la routine s’installe. Je travaille le matin à l’auberge puis me repose et vais à la bibliothèque, pour finir la journée par quelques combats à l’Oasis. Adem se lasse assez vite de me suivre partout et finalement, je ne le vois que les soirs avec Hida et les autres dresseurs. Il est un garçon plein de vie et dynamique, et bien que sa curiosité à mon égard me mette mal à l’aise, nous nous entendons bien et plaisantons souvent ensemble. Hayashi et moi apprenons petit à petit à nous connaitre et à travailler ensemble pour les matchs. Hayashi réussit à maitriser Vive-Attaque et Vol-vie au bout d’une bonne semaine à ce rythme. Mes recherches à la bibliothèque restent, en revanche, infructueuses. Je ne perds pas espoir et m’entête.

 

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