Ranger à Alola

Chapitre 5 : Moon, Maître d'Alola.

2631 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/08/2022 17:34

Moon, Maître d’Alola.

 

« Les Tropius à Alola se sont si bien adaptés que les fruits poussent à leur cou en sont succulent et des élevages ont vu le jour dans la région pour en produire davantage. »

Pokédex d’Alola.

 

Ce matin, à l’entrée du marché de Konikoni, j’attendais mon contact. Il pleuvait, fort, et la large feuille de bananier du Tropius sous laquelle je m’abritais ne tiendrait plus très longtemps. Ce brave Pokémon avait beau faire de son mieux pour protéger les clients du marché qui attendaient sur le banc, le vent et l’averse lui rendait la tâche difficile.

— Salut beau gosse, t’attends quelqu'un ?

Une splendide jeune femme à la peau d’ébène, les cheveux courts ébouriffés en arrière et vêtue d’un simple top brassière ainsi que d’un mini-short dans le plus pur style alolien se tenait devant moi, me fixant de ses yeux noirs. Je n’avais simplement jamais vu une femme aussi séduisante de toute mon existence. Même Ondine ou Erika les championnes de Kantô, parmi les femmes les plus renommées pour leur beauté semblaient des enfants face à cette tigresse au sang chaud d’Alola. J’étais sans mot.

— Eh ben mon mignon, tu ne dis rien ? Serais-tu muet ? Haha, mais regarde ta tête, tu n’es pas d’ici c’est sûr mais tu n’es pas un touriste, pas vrai ? Moi c’est Alyxia, doyenne d’Akala, enchantée.

Déjà doyenne à son âge ? Alors il n’y a pas que les vieux fossiles pour tenir ce rôle ? J’aimais bien Pectorius mais cette fille-là, elle était si…

— Excusez-moi ! Je suis en retard, Doudou voulait absolument m’accompagner, c’était dur de le laisser seul à la maison.

Une jeune fille habillée toute de blanc accourant sous son beau parapluie nous héla et me sortit de ma contemplation. Je repris au plus vite mes esprits et fis au mieux pour cacher mon visage gêné avec ma casquette trempée.

— C’est vous mon contact ? demandais-je à la jeune fille tirant parti de cette distraction.

Elle semblait si jeune, pas plus âgée que moi, pouvait-elle vraiment être la nouvelle présidente de cette fondation renommée visant à protéger et recueillir les Pokémon gravement blessés ? Sa sage petite robe blanche, son large chapeau et son grand parapluie à dentelles me donnaient l’impression d’une petite fille issue d’une vieille aristocratie. Elle se tourna vers Alyxia qu’elle semblait bien connaître.

— Merci d’être là Alyxia, ça va nous aider. Quant-à vous, vous devez être Catherine le Ranger, n’est-ce pas ? Enchantée, je suis Lilie, je m’occupe de la présidence de la fondation Æther pendant l’absence de mon frère. En réalité c’est lui qui a repris les rênes de la fondation après ce qui est arrivé à notre mère.

Toutes ces histoires autour de cette fondation qui dataient d’il y a plus de sept ans ne m’intéressaient en rien. Moi ce qu’il me fallait c’était du bon matériel pour m’assurer de faire face à n’importe quel environnement. Mes Pokémon étaient déjà prêts et entraînés mais moi je n’avais pu prendre que quelques valises avec l’essentiel.

— Lilie ? Puisque nous sommes là toutes les deux, pourquoi n’expliquerais-tu pas au Ranger en quoi va consister son enquête ici, pendant que moi je lui montre les merveilles de l’artisanat à Alola !

L’ange Alyxia m’avait sauvé d’une longue et pénible conversation en proposant de passer aux choses sérieuses : le shopping !

— Mais avant ça, continua-t-elle, ces nuages ici m’ennuient ! Tout le monde sait que la pluie abîme la roche et terni son éclat. Tropius, mon grand, tu veux bien nous faire un beau Zénith ?

Elle s’était adressée au Pokémon sauropode qui tentait de son mieux de nous abriter depuis un moment. Celui-ci gronda gentiment pour acquiescer et écarta ses immenses feuilles lui servant d’ailes pour rugir vers le ciel alors qu’il envoyait graines et spores vers les nuages en générant un puissant courant d’air. Les cumulus les plus sombres commencèrent localement à s’écarter et quelques rayons solaires nous parvinrent alors.

Quel imbécile ! Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ? Surtout que les Tropius sont quand même originaire de Hoenn. De maigres rayons vinrent finalement apaiser la morsure du vent marin glacé.

— L’introduction de nouvelles espèces à Alola à tout de même de nombreux points positifs, remarqua la jeune Lilie, les Tropius se sont vraiment bien adaptés ici. Et c’est vrai pour beaucoup d’espèces, l’ouverture au monde aura sûrement empêché l’archipel de mourir du manque de diversité génétique.

— Mouais, sûrement, je t’avoue que je préfère largement les Pokémon bien solides comme un roc et ancrés au sol, personnellement. Je l’aime bien ce Tropius, mais comme parapluie…

Je venais de comprendre l’affection d’Alyxia pour le type roche. Peut-être qu’en lui offrant un Pokémon roche rare, un Relicanth peut-être, alors elle voudrait bien me…

— Dites Catherine, comment êtes-vous venu jusqu’à Akala depuis Mele-Mele ? Il n’y a pas de navette maritime aujourd’hui ?

Je détestais officiellement Lilie après ça, elle qui m’avait par deux fois coupé dans mes rêveries auprès de la belle et sauvage Alyxia !

— Oui c’est vrai, mais mon Wailord avait justement besoin de nager un peu dans des eaux libres. Je l’ai laissée au port avec la petite Candine et le reste de mon équipe. Je n’ai pas besoin d’eux avec vous, n’est-ce pas Alyxia ?

Nous déambulions dans une grande allée marchande parmi des étales toutes différentes.

— Où m’emmenez-vous Alyxia ? Vous savez, je trouve vraiment charmant ce marché typique avec tant de commerces tout aussi typiques. Je pourrais vous inviter au restaurant juste là, qu’en dites-vous ?

— Non merci, avec les années je commence à saturer de la cuisine de Barbara et ses idées loufoques. Par contre, je vais te présenter ma boutique, la Joaillerie Alyxia ! Mais ne crois pas qu’on y fasse que des bijoux, les meilleurs artisans de la région travaillent ici : Cordes de Sortie, grapins, selles pour toutes sortes de poké-montures, objets d’équipement en combat pour Pokémon, et des tenues pour toi aussi ! Tu y trouveras tout ce dont tu auras besoin, tu vas adorer.

— Oh, mais je suis déjà enchanté ! me mumurai-je.

 

Nous nous arrêtâmes devant une maison à priori comme toutes les autres, dans un style proche du Johto ancien, sauf qu’il s’agissait d’une joaillerie et tous les stands extérieurs étaient recouverts de diverses pierres précieuses ou d’évolution. Et comme si cette incroyable collection ne suffisait pas, à en croire Alyxia des merveilles encore plus fabuleuses m’attendaient à l’intérieur.

— Je reconnais que cela nous sera très utile aujourd’hui, mais je n’aime pas que tu gardes ça secret et accessible uniquement pour tes amis ! releva la jeune Lilie.

La Doyenne fit mine de n’avoir rien entendu et me guida vers un paradis pour tout Ranger amoureux de nature et d’exploration Pokémon. Nous étions tout à fait sur la même longueur d’onde, passionnés par cet artisanat d’art et de qualité tandis que la jeune fille commença à m’expliquer la situation difficile d’Akala et le rôle de sa fondation dans la préservation de l’écosystème.

— Il y a maintenant plus de sept ans que l’épisode des Ultra-Brèches a eu lieu peu après la création la ligue Pokémon d’Alola. Heureusement avec l’alliance de nos Pokémon légendaires et de notre magnifique et exceptionnelle Moon, elles furent refermées. Malgré cela nous vîmes l’apparition sporadique d’autres ultra-chimères dans la région, alors entre ça et la Ligue toute nouvelle, nous avions beaucoup attiré l’attention. Après quelques années nous avions réussi à approcher un équilibre, la fondation Æther a d’ailleurs travaillé dur pour réparer les erreurs de ma mère et aider tous les Pokémon victimes de ces évènements. Et puis voilà que depuis plusieurs mois la Team Skull a repris ses nuisances à traîner sur les lieux des épreuves du Tour des Iles et en parallèle des dresseurs se sont fait attaqués par des Pokémon complètement fous qui leur veulent du mal. Nous avons pu capturer certains de ces individus et les étudier sur l’île de Paradis Æther avec les professeurs. Malheureusement nous n’avons rien trouvé d’anormal, ni drogués, ni contrôlés, ni de tendance génétique à la violence. Alors nous les avons relâchés mais toujours plus de…

J’avais depuis un moment arrêté d’écouter, déjà peu doué pour les grands discours, j’étais absorbé par la beauté combinée du matériel d’exploration, des joyaux et d’Alyxia qui me présentait tout ça.

— Quel âge avez-vous Alyxia pour être Doyenne si jeune ? osais-je demander.

— Mais mon mignon, ça ne se demande pas ce genre de chose, mais si tu insistes vraiment, eh bien je peux te dire que j’ai…

— Hey ! Ça suffit maintenant ! Vous allez m’écouter nom d’Arceus ! C’est l’avenir de toute la région qui est en jeu.

Lilie s’était énervée et ça ne donnait absolument pas envie de la contrarier davantage, comment une si fragile jeune femme pouvait-elle se monter si imposante ?

— Alyxia tu es la pire, tu le distrais volontairement ! Ton rôle de Doyenne ne t’intéresse plus ? Bon, dépêchez-vous de prendre ce dont vous avez besoin, nous devons nous rendre au parc du volcan Wela où nous attend déjà Moon. Elle sera votre partenaire pour la suite de votre mission. C’est ce que nous avions convenu avec les professeurs et tous les doyens. N’est-ce pas Alyxia ? Arrête ton jeu de drague et pressez-vous un peu plus nous sommes en retard.

Je fis profil bas et ne dis rien, Alyxia non plus, je retournai plutôt au fond de la boutique prendre ce dont j’avais besoin en essayant de ne rien oublier sans trop me charger.

Quand j’eus fini avec mes fournitures, j’allai faire mes aurevoirs à la déesse Alyxia.

— Sois vigilant là-bas personne ne sait ce qu’il se passe, me dit-elle tout-à-coup très sérieuse. Et puis, fais attention à Sélène, tu veux ?

Elle était partie avant que je ne puisse lui demander des précisions et dehors Lilie m’attendait déjà depuis un moment, je me dépêchais donc d’aller la retrouver.

 

J’aurais pu demander à Libegon de me déposer directement au lieu de rendez-vous mais je ne connaissais pas assez la région pour ça. Si Alyxia, restait sur place, j’avais besoin de Lilie pour me guider, aussi m’accompagna-t-elle sur le dos de Wailord. L’avantage d’avoir un gigantesque Pokémon cachalot pour se déplacer en mer est qu’on peut parcourir de grandes distances facilement. On fit donc le tour de l’île pour débarquer au pied du volcan.

— Les Ossatueurs d’Alola sont de plus en plus furieux ici et les Osselait, eux, sont introuvables, m’expliqua Lilie quand on accostait. Depuis que l’ancien Capitaine Kiawe est parti, la faune est comme folle et l’épreuve du volcan est devenue trop dangereuse. Heureusement avec Moon à vos côtés vous ne risquez rien, elle saura vous protéger et vous guider. Vous verrez, elle est exceptionnelle.

J’avais beaucoup entendu parler de la première maître d’Alola, toujours invaincue à ce jour, et je savais qu’elle avait fini son Tour des Iles il y a environ sept ans. J’avais hâte de rencontrer une dresseuse aussi jeune qu’extraordinaire, et d’écouter ses exploits. Lilie et elle semblaient aussi avoir une profonde relation d’amitié.

J’aidais la jeune fille à descendre à quai depuis le dos du plus grand Pokémon marin existant (ça n’avait rien d’évident pour une première fois), et je remarquai une silhouette un peu plus loin à travers la brume qui nous entourait encore.

Je fus stupéfait de voir une femme, portant un chapeau de paille orné de fleurs et de longues tresses châtains tombant dans son dos mais surtout elle avait la peau blanche et claire des habitants de Kantô ! Un peu plus grande que Lilie, elle semblait aussi davantage mature et adulte bien qu’elle ne dût pas être plus beaucoup plus vieille que son amie. J’avais été stupéfait quand Alyxia m’avait dit qu’elle connaissait Pierre Rochard, le maître de Hoenn, et qu’ils avaient le même âge : j’en avais compris que les aloliens d’origine semblaient toujours plus jeunes qu’ils ne le paraissaient. Moon, elle, donnait l’impression contraire. Elle dégageait une aura et une confiance en elle remarquables malgré son air décontracté et sa discrète apparence de touriste.

— Moon ! Ça faisait si longtemps ! Tu m’as manqué, tu sais ! s’exclama Lilie qui avait sauté au cou de son amie.

Celle-ci enlaça sobrement son amie d’un bras avec un sourire timide, son chapeau cachant toujours ses yeux. Je lui tendis la main pour la saluer :

— Enchanté, je suis Catherine, Ranger de profession et originaire d’Hoenn. Nous allons donc travailler ensemble, je suis ravi d’avoir la célèbre maître d’Alola pour guide.

Elle ne dit rien et me regarda à peine. Perplexe, je me tournais vers Lilie.

— Ne la prenez pas mal, Catherine, ça n’a rien à voir avec vous. Moon n’est simplement pas très loquace. Elle est timide mais très gentille, c’est une fille géniale vous verrez, je suis sûre que vous vous entendrez bien !

— Encore, une adepte du mutisme ?! m’exclamai-je, légèrement agacé. Déjà le légendaire Red de Kantô, puis le fils de Norman à Hoenn, est-ce que tous les jeunes maîtres de Ligues Pokémon sont comme ça ? C’est une mode, une maladie ?

C’est alors qu’une étrange petite machine volante sortit brusquement de son sac en bandoulière et en lui tournant autour vint se placer devant mon visage.

« Bien le bonjour, Ranger ! Je suis le Mostisma-dex ! J’ai été inventé par le génie Lem vivant à Kalos et j’ai été fabriqué ici-même par le super prof Euphorbe ! Je suis ravi de te connaître ! Je connais ma précieuse Moon par cœur depuis des années, je vous aiderai à communiquer ! Nous allons sûrement beaucoup nous amuser ! Aller, viens avec moi ! »

Je fis un pas de recul, effaré, et me tournai vers Lilie encore une fois, paniqué.

— Mais qu’est-ce que c’est que cette horreur ?!


 


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