Pokémon Mycelium
Chapitre 6 : Le n'enchantement d'un hôte
2231 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 03/07/2025 01:15
Abby prend connaissance des lieux, elle trouve facilement les vêtements, les serviettes et le savon mis à sa disposition puis s'assure qu'elle est bien seule et s'il existe d'autres points d'entrée. Une fois son inspection terminée, la jeune femme se détend suffisamment pour se déshabiller et s'abandonner sous l'eau chaude. Rapidement, sa méfiance et sa tension coulent aussi vite que la crasse et le sang séché qui lui collaient à la peau, colorant le sol de marron et de rouge. Les yeux fermés, non sans rester un minimum attentive à son environnement, elle savoure la caresse de l'eau chaude sur sa peau, frotte ses cheveux pour en évacuer toutes les impuretés qui masquaient leur teinte de blé. Elle reste ainsi de longues minutes, se détendant un peu plus à chaque minute passées sous le jet d'eau, tout en jetant de rapides coup d'œil circulaires autour d'elle, juste au cas où. Quand elle se savonne, sa peau respire un peu plus et s'éclaircit davantage, révélant leur teinte beige et les tâches de rousseur qui la parsème. Son shampooing en fait de même et s'accompagne de gémissement savoureux. Abby a toujours pu compter sur un minimum de confort comparé à d'autres survivants, que ce soit chez les Lucioles ou au WLF, mais ça restait un monde en crise aux ressources très limitées et strictement rationnées, rien à voir avec cet endroit qui semble vivre dans l'abondance. Ainsi sa promesse de faire vite s'évanouit aussi vite que la crasse, et une demi-heure plus tard Abby ressort toute propre et avec la sensation de respirer à nouveau, comme si toute la saleté accumulée était un poids oppressant dont elle est maintenant libérée. Une serviette autour de la poitrine, Abby jette un coup d'œil aux vêtements du dojo. Ils ressemblent d'avantage à un uniforme qu'à une tenue "civile", mais ils sentent extraordinairement bons la lessive, alors elle ne rechigne pas, et s'habille, savourant la douceur du tissu sur sa peau.
Lorsqu'Abby repasse par l'infirmerie, Apia est occupée sur Ellie. La brune semble en proie à des cauchemars et à la tourmente à en juger par son agitation et ses gémissements. La blonde préfère cependant passer son chemin, ce n'est pas elle qui va s'apitoyer sur son sort, elle l'a assez vue comme ça, et il y a de fortes chances qu'elle la voie encore les heures ou jours prochains, inutile donc de s'attarder, encore moins de s'apitoyer sur son sort. Quand elle sort de l'infirmerie, Abby se rend compte qu'elle ne sait pas où elle doit aller, puis elle entend des voix et aperçoit de la lumière dans une pièce, de l'autre côté de la zone d'entraînement. Elle la traverse et entre dans une vaste pièce de vie dédiée à la restauration, Bakuto, Electra et le vieil homme sont attablés et discutent tranquillement.
-Ah ! Vous voilà, comment vous sentez-vous ? S'écrie le vieillard en la voyant arriver.
-Bien, encore merci pour la douche, les vêtements, enfin tout quoi, répond-elle.
-Mais c'est bien normal, je me présente, moi c'est Mustar, et certainement pas Mustôt, n'enchanté de vous rencontrer, dit ensuite le vieil homme d'un air enjoué en se levant, main tendue. Abby affiche un air perplexe, ne s'attendant certainement pas à une boutade de la sorte et ne sachant pas comment y réagir.
-Heu... enchantée également, Abby, répond-elle, une certaine hésitation dans la voix en serrant la main.
-Oh ! Oh ! Une sacrée poigne que voilà, rien d'étonnant cela dit, asseyez-vous je vous en prie, déclare ensuite Mustar en désignant la table. Abby le remercie d'un hochement de tête et s'installe en face des adolescents, tandis que Bakuto et Electra se lèvent.
-Vous aimez le curry ? On en a préparé, aux fèves, comme on ne savait pas si vous êtes végétarienne, dit-il en allant chercher une grosse gamelle.
-Je mange de tout, je ne suis pas difficile, répond la jeune femme en sentant la succulente odeur qui émane du plat, et tandis que Bakuto ramène la marmite, Electra dresse la table et fais le service.
-Merci, dit simplement Abby, résistant à l'envie irrésistible qu'elle a de plonger sa cuillère dans le pitance pour l'engloutir.
-Allez-y, vous avez l'air affamé, l'invite Mustar, amusé.
-Merci mais je vais attendre que tout le monde soit à table, rétorque-t-elle, mâchoire serrée par la faim. Et dès que Bakuto et Electra s'attablent, Mustar souhaite un bon appétit, qu'Abby inaugure sans se faire prier d'avantage. Et là, une cascade de saveurs explose dans sa bouche, avec un léger arrière-goût épicé, que la jeune femme peine à dissimuler malgré son envie de gémir de plaisir. Abby a toujours été un peu épicurienne, appréciant les divers plaisirs de la vie, notamment la bonne nourriture. Et malgré les différentes épreuves imposées par la vie et son besoin obsessionnel de devenir plus forte, elle a toujours veillé à s'aménager de petites pauses pour satisfaire sa curiosité et sa gourmandise, mais avec retenue et rigueur, là où Owen, par exemple, était beaucoup plus excessif et moins discipliné.
-Alors ? J'espère que ça vous plaît, notre jeune cuistot y met de beaucoup de cœur et travaille ses recettes depuis des mois, demande Mustar, tranquillement assis à côté d'Abby.
-C'est excellent, vous pourrez le lui dire, répond-elle.
-Bien bien. Il y a également de la Maxi-Soupe si vous le désirez, elle est très nourrissante et en plus elle a été parfumée au Maxi-Miel, un vrai délice pour les bouches, dit Mustar en se levant.
-Merci, mais je ne veux pas abuser de votre hospitalité, la part de curry me convient amplement, décline-t-elle poliment.
-Vous n'abusez de rien n'ayez crainte, n'ayez pas peur de vous servir, personne ne vous le reprochera, assure le vieil homme avec bienvenue.
-Je vais de ce pas rejoindre les bras de Ronflex les enfants, je vous souhaite à tous une bonne nuit, prévient-il en se levant.
-Bonne nuit Maître, à demain, répondent les deux jeunes dresseurs.
-Merci, à vous également, répond plus sobrement Abby. Le vieux maître s'éloigne d'une démarche nonchalante, sous l'œil scrutateur de la jeune femme.
-Et donc... c'est ici que vous habitez ? Demande-t-elle ensuite en regardant autour d'elle, notamment la zone d'entraînement plongée dans la pénombre.
-Oui, enfin quand on vient sur Isolarmure, répond Bakuto avant de prendre une bouchée.
-Sinon on habite chez nos parents, dans le hameau de Paddoxton, à Galar, complète Electra.
-C'est un peu spartiate, mais ça reste beaucoup plus confortable que de dormir à la belle étoile, et puis on a l'eau courante, une cuisine équipée, une infirmerie mine de rien, reprend-elle.
-C'est une sorte de camp d'entraînement en fait, en conclu Abby.
-Oui, en gros. Les dresseurs de Galar, et parfois même d'autres régions, y viennent pour se perfectionner ou apprendre d'autres techniques et stratégies. Le Maître Pokémon actuel, Tarak, c'est entraîné ici quand il était plus jeune, révèle Bakuto. Abby hoche de la tête tout en mangeant, tâchant d'assimiler le plus de choses sur ce nouveau monde fort différent.
-Il y a de la Maxi-Soupe aussi si vous voulez, propose Bakuto en se levant.
-C'est quoi ça ? Pourquoi vous appelez ça de la "Maxi" soupe ? Demande Abby, curieuse et étonnée, ses hôtes semblant en plus insistés pour qu'elle en prenne.
-Elle est faite à base de Maxi-Champi, des champignons rares et uniques à Isolarmure, dit Electra.
-Et... pourquoi ça s'appelle des Maxi-Champi ? Demande Abby qui ne trouve toujours pas réponse à sa question.
-Ben... il faudrait limite vous faire un cour sur l'Énergie Dynamax et du Gigamax pour que vous compreniez vraiment tout, prévient Bakuto, revenant à table avec son bol rempli. Abby cligne des yeux en entendant les termes "Énergie Dynamax" et "Gigamax".
-Essayez toujours, répond-elle en prenant une bouchée, bien décidée à en apprendre le plus possible tant qu'on lui fait confiance. Son air décidé et défiant malgré la fatigue qui l'assaille surprend les deux adolescents qui se regardent.
-D'accord. Et bien à Galar on a la possibilité de faire Dynamaxer nos Pokémons, ça les fait grandir de plusieurs dizaines de mètres, et... c'est possible grâce à l'Énergie Dynamax, qui a imprégné Galar depuis la Nuit Noire, un évènement qui a eu lieu il y a... trois mille ans ? C'est ça ? Demande Bakuto à Electra.
-Oui, c'est ça, et certains Pokémons peuvent même changer de forme, ça s'appelle le Gigamax. Les Maxi-Champi cuisinés en soupe peuvent permettre à un Pokémon de Gigamaxer, au lieu de Dynamaxer, finit Electra. Abby regarde alors, d'un air inquiet, Bakuto boire sa bolée de Maxi-Soupe à grandes gorgées. Elle a un léger mouvement de recul quand il repose bruyamment le récipient vide et lâcher un bruyant soupire d'aise.
-Ça n'a aucun effet sur les humains, ne vous inquiétez pas, on en a bu il y a quelques jours et on n'a pas grandi, même pas de quelques centimètres, dit Electra d'un air amusé.
-Vous en voulez ? Elle est parfumée au Maxi-Miel en plus, elle est vraiment super bonne, propose Bakuto.
-Sans façon, merci. Vous mettez "Maxi" devant chaque mot ou quoi ? Demande Abby qui a l'impression d'avoir à faire à une variante des Schtroumpfs.
-Non, le Maxi-Miel est un miel produit par un Pokémon qui s'appelle Apireine, mais sous sa forme Dynamax, autant vous dire que c'est assez rare d'en trouver, explique Electra. Abby se passe une main lasse sur le visage, épuisée par l'absurdité de ce qu'elle entend.
-Vous voulez aller dormir peut-être ? Suggère alors l'adolescente. Abby hoche machinalement la tête.
-Oui, j'en peux plus là, avoue-t-elle.
-Bakuto peut vous mettre votre part de côté, je vais vous montrer votre lit si vous voulez, propose ensuite Electra. Abby réfléchit rapidement en regardant son assiette vide au trois-quart.
-Je vais finir de manger et ensuite je veux bien que vous me montriez ou je vais dormir, merci, décide Abby. Et tandis qu'elle finit son assiette, les deux jeunes débarrassent, rangent et nettoient la cuisine. Une fois l'assiette vide, Abby insiste pour débarrasser et laver ses couverts elle-même, et devant l'insistance de la jeune femme, malgré sa lassitude et sa fatigue évidente, les deux dresseurs la laissent faire. Ils se dirigent ensuite vers les dortoirs, situés à côté des douches, et lorsque le trio passe Ellie semble s'être calmée, mais Apia est toujours agitée au-dessus d'elle, aucun des trois n'ose donc l'interrompre.
-Voilà, dit Bakuto devant une porte.
-Le dortoir des garçons c'est là, et j'avoue que j'ai hâte d'aller me coucher maintenant que je suis devant, reprend-il en papillonnant des yeux.
-Et moi donc, répond Abby qui a de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts.
-Bonne nuit les filles, à demain, décrète l'adolescent en entrebâillant la porte et la refermer aussitôt rentrer.
-Bonne nuit, répondent les deux filles.
-Nous c'est par-là, dit ensuite Electra en faisant signe à Abby. Elles arrivent devant une porte similaire quelques mètres plus loin, et après avoir fait intimer le silence à Abby d'un geste, Electra entrouvre la porte et les deux filles s'y faufilent. Electra sort son écran, et allume suffisamment l'écran pour évoluer parmis les couchettes, rangées en rang d'oignons et séparées par des paravents, mais sans déranger leurs occupantes qui dorment toutes profondément.
-Ta couchette est là, la mienne est juste à côté, n'hésite pas à me réveiller si t'as besoin de quoi que ce soit, chuchote Electra en éclairant tour à tour les deux espaces.
-Merci, mais je crois que rien ne pourrait m'empêcher de dormir là, assure Abby en souriant.
-D'accord, bon je vais dormir, je suis crevée, à demain Abby, dort bien.
-Merci Electra, toi aussi, et merci encore pour tout.
-Ah au fait, t'as une lampe de poche sous l'oreiller, fais juste attention à ne pas réveiller tout le monde si tu l'utilises, prévient Electra, avant d'éteindre son écran pour aller à sa couchette. Soudainement plongée dans le noir, Abby sent l'anxiété la saisir comme un froid glacial, son environnement devient soudainement oppressant, comme si quelque chose la guettait, tapie dans l'ombre. La jeune femme se raisonne, tâchant de se convaincre qu'elle n'a rien à craindre. Elle comprend alors d'où vient son trouble. Il vient de chez elle, de son maudit monde ou des infectés grouillent dans le noir, attendant qu'une victime daigne s'approcher pour faire grossir leur rang. Mais ici, rien de tout ça : l'air est pur, l'obscurité sans danger, seulement synonyme de repos et d'apaisement. Néanmoins, Abby reste habillée, elle ne retire que ses chaussures et s'allonge. Elle éclair l'entrée de son box avec la lampe de poche, et constatant la tranquillité des lieux, elle se glisse sous la couette, et s'endort presque aussitôt.