Pokémon - Le secret des cinq Orbes

Chapitre 12 : Le Galopa de Terre

2953 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/09/2017 18:56

Cela faisait un petit quart d'heure qu'Edkahn suivait le reste de la troupe dans les ruines plongées dans l'obscurité. Gîlur y était donc caché... Malgré ce qu'il laissait transparaître, il n'aimait pas ça. Des souvenirs d'enfance qu'il aurait préféré oublier s'imposèrent à son esprit. Il revoyait désormais nettement les caïds du village qui le cherchaient, lui petit caninos qui s'était réfugié dans les ruines d'un château délabré. Mais ses tortionnaires avaient été persévérants, et il avait dû rester une bonne partie de la nuit, seul dans cet endroit lugubre...

L'arcanin ne put s'empêcher de frémir en songeant aux foudres de ses parents qui l'avaient accueilli à son retour. Il aurait pu leur expliquer la raison de son retard, mais il ne pouvait pas. Il devait être fort, se défendre par lui-même. Et sa hantise était que ses parents sachent qu'il soit harcelé par plus fort, plus imposants que lui. Ces Pokémon qui terrorisaient les plus jeunes l'avaient pris pour souffre-douleur. Ils ne manquaient jamais une occasion de lui voler les délicieuses baies qui lui faisaient office de goûter, de le poursuivre jusqu'à l'épuisement... L'un d'eux l'avait même attrapé et suspendu par les pattes au dessus d'un étang. Ce fut ces instants traumatisants qui l'avaient poussés à partir. Pour devenir plus puissant. Ses parents avaient fort bien accueilli sa décision, et ce fut un caninos seul mais déterminé qui laissa en arrière son village et ses tortionnaires. Il s'était juré que les rôles seraient inversés. Que celui que les autres respecteraient, craindraient, ce serait lui. Une fois à la guilde, il avait vite forcé l'admiration d'un stari et d'une laporeille qui avaient décidé de le suivre, d'en faire leur chef. Non, Edkahn ne regrettait en rien ce revirement de personnalité. Désormais, le chef des membres de la guilde, c'était lui. Il se considérait comme tel et personne ne le détrônerait. Puis, un jour, il repartira chez lui et fera goûter à ces crevures de caïds le goût amer de la vengeance. Il leur montrera qui est le plus fort, les forcera à s'incliner devant lui, droitement. Il fera durer le plaisir, le contentement de voir ces lâches écrasés sous sa puissance. Lui, Edkahn, deviendra alors le Pokémon que tout le monde dans le village admirera. Car si il se vengera pour lui, ces enflures cesseront de persécuter les enfants. Et il sera celui qui aura calmé la frénésie des caïds du village, il sera le héros.


"Regardez là bas ! Stop !"


Edkahn sursauta, ce qui le fit glisser sur un pavé et manqua de le faire tomber. Il se redressa mais s'étala sur Aluhria qui venait de stopper net.


"Chut ! Tu peux pas faire attention ? Regarde plutôt !"


L'arcanin aperçut alors une lueur émaner de derrière un mur.


Un sbire de l'armée muni d'une torche. Ça ne pouvait être que ça.


Ursil résuma à haute voix ce qu'il pensait.


Le Pokémon de type feu n'en crut soudain pas ses yeux. Vahnelka venait de...sourire !? Au vu de la situation actuelle ?


"Je peux savoir ce qui te fait marrer ? Est-ce que tu sais au moins dans quelle mouise on est fourrés ?" s'indigna-t-il sans doute un peu trop fort.


Gagné. L'éclaireur avait dû l'entendre et s'enfuir, car la lueur venait de disparaître précipitamment.


"Tu vois ? Cette crevure vient de se barrer, maintenant ! Il va prévenir les autres et ils vont tous nous tomber dessus ! On est foutus, et ça te fait rire ?" reprit-il en attrapant Vahnelka avec ses griffes.


La rieuse se dégagea :


"Edkahn, Edkahn... Cette lueur est trop faible, et surtout trop bleutée pour venir d'une torche, enfin ! Mais justement... Un Pokémon qui émet de la lumière...de la lumière bleutée...ça ne te rappelle rien ?"


Envahi par la colère, le Pokémon de type Feu fut incapable de répondre.


"M'enfin... Tu me déçois, Edkahn ! Et si je te dis que ce Pokémon est de type spectre, tu sèches toujours ?"


L'acanin comprit subitement : Gîlur ! Et à parler trop fort, il venait de le faire détaler, alors qu'ils étaient près à mettre la patte dessus ! Tout compte fait, il était bien le dernier des idiots.


"Bien ! Reprit Ursil. On y retourne ! Parce que franchement... Se trimballer la nuit dans un village en ruines avec un spectre qui erre seul, ça me file les chocottes..."


Ce fut au tour de Silgoth de lui sauter dessus :


"Et alors ? Depuis ce temps, tu n'as toujours pas confiance en Gîlur ? Si quelqu'un est en danger ici, ce n'est pas nous ! C'est bien lui ! Et tu doutes de lui ?"


Aluhria tira le spectre en arrière afin de l'empêcher d'étouffer le staross.


"-Mmmm... Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, décidemment ! Si, au lieu de vous chamailler comme des demi-portions devant une friandise, vous songiez un peu à notre situation ? Je vous rappelle que Gîlur court toujours ! Vous règlerez vos comptes plus tard !"


Là dessus, tout le monde repartit, Ursil et Silgoth échangeant un regard hostile.


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Hmmmm... Je me demande où en sont les recherches, en ce moment. Ont-il trouvé Gîlur ? Il est déjà tard, et je peine à trouver le sommeil. Je pense bien que je ne le trouverai pas tant que le spectre ne sera pas sain et sauf au camp. Mais surtout, la question qui me taraude le plus concerne Ursil et son équipe. J'étais certaine que l'échec de leur tentative de se débarrasser d'Absol ne les stoppera pas dans leur lancée. Ils allaient certainement recommencer. Désormais, j'aillais les surveiller attentivement ! Je peux vous assurer qu'ils n'auraient pas le loisir de réitérer leurs bêtises !


Afin de mettre de côté mes angoisses, je reportai mon attention sur le feu de camp qui vacillait, fixai mon regard sur la flamme hypnotisante. Mes paupières finirent par me peser.



La première chose que je vis en m'éveillant fut un tas de cendres encerclé de pierres. Puis je me souvins : Tengana ! Le camp !

Je promenai mes yeux autour de moi. Apparemment, il était encore tôt et je m'étais réveillée avant tout le monde. Je tâtai le sol. Il n'émanait pas une goutte de rosée de cette terre aride et sèche ! Le ciel était encore plutôt sombre, néanmoins je voyais la lueur du soleil levant poindre au loin. A quelques dizaines de mètres de notre camp se dressaient les ruines de Tengana, qui reposeraient là, immuables, pour l'éternité. Tout était silencieux, je n'entendais que le léger murmure du vent.


Un détail me surpris cependant. Je tournai vivement la tête vers les membres endormis. Gîlur, ainsi qu'Edkahn, Ursil, Aluhria, Vahnlka et Silgoth se comptaient parmi eux ! Quel soulagement ! Je vais enfin pouvoir avoir l'esprit tranquille. Mais où le fantôme se cachait-il ? Le groupe avait-il trouvé quelque chose d'intéressant ? Tiens ! Et si, au lieu de me poser des questions, j'allais voir par moi-même ? Seule, libre de toute contrainte m'imposant prudence et tenue... Non. Les autres n'allaient pas tarder à se réveiller et remarqueraient mon absence ! Dommage.



Comme je l'avais prédit, notre camp fut bientôt actif alors que l'or du soleil s'éveillant teintait de cuivre cette terre aride et craquelée. Certains membres allèrent à la rencontre de Gîlur, heureux d'avoir retrouvé un compagnon. D'autres félicitaient ceux qui l'avaient sauvé. Ce fut non sans plaisir que je vis la froideur qui accueillait Ursil et les deux autres. Bien fait pour eux !


Après un déjeuner frugal, nous nous mîmes en route sans tarder. Nous laissâmes donc derrière nous ces ruines oppressantes, et leur salle interdite que je ne verrai jamais !


Nous attaquâmes bientôt une descente.


Et bien, on dit que les montées sont épuisantes, mais les pentes ne valent pas mieux ! Mes pattes endolories peuvent en témoigner ! Combien de fois ai-je failli m'étaler à cause d'une pierre en embuscade au milieu du chemin, d'une zone de terre glissante attendant des pattes déséquilibrées pour les piéger ! Hier, j'étais soulagée d'avoir fini de monter, maintenant, j'étais heureuse d'avoir terminé de descendre ! Le bon point, c'était sans doute que l'endroit était bien plus accueillant. La végétation était de retour, et bientôt nous retrouvâmes la neige étendue au sol. Ce fut dans cette forêt que nous nous arrêtâmes pour faire le point. Apparemment, nous allions nous rendre sur des terres agricoles, dans un village dont la vie était rythmée par les récoltes. Il se trouvait à une bonne demi-journée de marche d'ici. Espérons que ce village serait vivant, que Daeron et Oxeàtl aient l'occasion de faire retentir leur discours dans les rues !


La forêt verdissait à peine que nous la quittâmes. Nous faisions alors face à un terrain relativement plat, qui s'étalait jusqu'à l'horizon. Il constituait un patchwork de champs, source de la vie de tout un village. Surprenant, et superbement agréable, après la désolation des terres de Tengana !

Des chemins de terre battue blanchie par la neige où poussaient ça et là des touffes d'herbe permettaient de circuler sans abîmer les récoltes. Le sol de ces voies était marqué de traces de roues des charrettes servant à transporter les rendements, et d'empreintes diverses et variées. Certaines ressemblaient même beaucoup aux miennes, mais en plus gros !

Ces empreintes toutes fraîches ravivèrent ma motivation. Elles étaient la preuve que le village vivait encore ! De plus, elles étaient pacifiquement alignées, la neige n'était pas retournée comme après le passage d'une armée dévastatrice. Les champs semblaient avoir été récemment labourés. Qu'allions nous trouver ?


Les toits de chaume nous apparurent après un petit moment à travers champs. De la fumée se dégageait des cheminées, des voix et des rires résonnaient dans les rues. Oui, ce village était bien vivant.

Nous aperçûmes un bâtiment qui, bien que modeste, était plus grand et à peine plus travaillé que les petites chaumière. Il faisait face à la place du village. Cela ne faisait aucun doute, c'était ici que nous devions nous rendre pour rencontrer le chef de cette petite communauté.


Bien entendu, nous laissâmes notre maître aller s'entretenir avec le chef du village. J'en profitai pour examiner les alentours avec intérêt. Les huttes étaient en pierre, et de la chaume formait un toit protecteur sur chacune d'entre elles. Les cheminées fumaient paisiblement. Le sol était en terre battue blanchie par la neige et durcie par le gel, et au loin j'aperçus des hangars qui devaient certainement servir à stocker les récoltes. Les villageois s'interpelaient, nous saluaient avec des sourires chaleureux. Même la présence d'un absol ne semblai pas les déranger ! Ce paisible coin de vie ne devait surtout pas être englouti par l'armée ! Ici, le temps semblait avoir un cours plus calme, au rythme de la petite rivière qui traversait le village ! Elle entraînait dans son paisible voyage une roue située au pied d'un moulin dont les pales tournaient en symbiose avec la danse du vent. Un panneau de bois, posé à l'entrée, indiquait : "Era". Quel bel endroit, si différent de Tengana !


Après leur discussion, Jabeorn sortit et je pus apercevoir ce chef sur lequel je m'interrogeais, qui l'accompagnait.


Et je n'en crus pas mes yeux.


Il avait la même physionomie que moi. Enfin, juste la forme du corps, la tête, les oreilles et les naseaux. Mais la ressemblance s'arrêtait là, ce n'était tout de même pas un galopa ! Il était plus grand, plus musclé, le genre de Pokémon capable de tracter de lourdes charges, et ne possédait pas de corne. Ses poils étaient marrons comme la terre, et sa crinière, sa queue, n'étaient pas de flammes. Non, elles étaient noires, et formaient comme des tresses dont les extrémités étaient enveloppées d'une couche de...boue séchée ? Cette même gangue recouvrait ses pattes robustes, qui se terminaient par d'énormes sabots. Voilà donc à qui appartenaient les empreintes qui ressemblaient aux miennes ! Ses yeux était recouverts d'une membrane noire qui devait être très utile lors des travaux agricoles alors que la terre est sèche et poussiéreuse ! Celle-ci laissait entrevoir de larges naseaux et son regard sérieux. Il semblait d'âge mur. Il se dégageait de lui l'aura qui le définissait, à la première rencontre, comme l'illustre chef du village. Mais qu'était-il ? Un galopa de Terre ?


Il prit alors la parole, d'une voix qui était le miroir de son expérience et de sa sagesse.


"Mes chers amis, votre maître m'a touché mot de votre situation. Je vais réunir tout le village afin d'en discuter."


Il se dirigea alors vers une cloche suspendue à l'entrée de sa hutte. Aussitôt, un profond tintement résonna dans les rues d'Era. Je sentis, tout autour de nous, les villageois se figer.


"La cloche ! Gil'raen a une annonce à nous faire !"


"Tiens ! Que veux donc nous dire notre chef ?"


Gil'raen ? C'était donc ainsi que se nommait cet imposant Pokémon ?


Très vite, toute la communauté fut réunie sur la place. Le galopa de Terre (j'appris durant les conversations qu'il s'agissait d'un bourrinos... je n'ai jamais entendu ce nom !) prit alors la parole devant les villageois. Il leur décrivit la situation, et nos déboires avec l'armée. A en voir l'air surpris et atterré des habitants, ceux-ci n'avaient manifestement jamais entendu parler de l'armée. Quelle chance de vivre ainsi, dans une tranquillité que rien ne vient troubler !


" Que va-t-on devenir ?"


"Vraiment ?"


"Ces voyageurs disent-ils vrai ?"


"Comment vivent-il, si loin d'ici ?"


"Attendez une minute ! Cet endroit, ces terres tout autour de nous ! Elles sont si tranquilles ! Qui viendrait nous embêter ? Croyez-vous donc la parole des premiers venus ?"


C'était un vieux rhinastoc à l'air bourru qui venait de clamer. Je le comprenais. Cette terreur qui règne chez-nous, elle est si différente de la torpeur dans laquelle on vivait ici, à Era !


"Chers habitants, laissez-moi finir !"


Le bourrinos venait de prendre la parole. Aussitôt, tout Era se fit silencieux. Quel pouvoir de persuasion !


"Ce mastouffe vient de me décrire leur visite à Tengana. Tout n'est que mort et désolation. Il n'a aucun doute la dessus, l'armée y est venue ! C'est donc maintenant que je vais en venir à la raison de leur présence ici. Jabeorn et ses compagnons de voyage comptent former une armée pour contrer leurs ennemis. Nous avons beau vivre très différemment, nous le faisons néanmoins sur le même sol ! C'est pourquoi je vous invite, chers habitants, à vous joindre à leur idéal ! Je partirai avec eux. Libre à vous de me suivre !"


Les réactions furent confuses :


"Mais, chef, si vous partez, qui s'occupera des plantations ?"


Un chef qui partage le labeur de ses villageois ? Il me plaisait décidément bien !


"Bien entendu, certains devront demeurer à Era afin de continuer à s'occuper des plantations. Que ceux qui s'en sentent capables nous suivent ! Jabeorn m'a dit que nous érigerons un camp d'entraînement près de leur guilde. Nous pourrons ainsi parfaire notre art du combat. Nous avons, depuis des temps immémoriaux, vécu dans l'insouciance et la tranquillité. C'est pourquoi ceux qui préfèrent continuer leur vie au rythme des récoltes sont libres de rester."


Il fut applaudi par tout le village, y compris par le vieux rhinastoc. Partout résonnaient des voix se portants volontaire, des vivats. Notre cause gagnait du terrain ! Les habitants d'Era étaient assez ouverts pour comprendre une situation qui ne les concernait pas ! Nous allions réussir. Nous allions vaincre l'armée, tous ensemble !


Ce furent finalement une vingtaine d'agriculteurs motivés qui décidèrent de s'allier à nous. Cependant, Jabeorn surprit toute la guilde alors que nous étions réunis autour d'une table gentiment garnie pour nous par les habitants d'Era : en effet, il nous annonça de but en blanc que le lendemain, nous repartirions pour la guilde ! Mais nous étions si bien partis ! Pourquoi donc une telle décision ?


Devant l'air je suppose aussi surpris que le mien de l'ensemble des membres, il se vit obligé d'une explication.


Hmmmm, je vois ! Rentrer à la guilde, afin de partir en reconnaissance à Andésia ? Dans la crypte du portail ? Mais c'était une bonne idée qu'il avait eue là, Jabeorn ! Surtout lorsqu'il annonça que ce seraient Tuhgval et moi qui irions ! Je n'en croyais pas mes oreilles ! Une aventure trépidante, dans les tréfonds de l'inconnu, en perspective !


Les habitants d'Era furent accueillants jusqu'au bout et nous aménagèrent des chambres pour la nuit dans les granges ! Quel plaisir de dormir enfin sur un tas de paille ! Mais bon, le campement à la belle étoile, c'est excitant aussi !


Ce confort ne tarda pas à me bercer ce soir, la tête encore résonnante des chants des villageois lors de la veillée. Je m'endormis vite, pensant au chef du village. Ça ne faisait aucun doute, il serait un allié précieux dans notre révolte.

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