Pokémon - Le secret des cinq Orbes

Chapitre 26 : La forteresse maudite

2827 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/10/2017 17:11

C'était une forteresse impressionnante, entourée d'une brume malsaine, qui formait un contraste frappant avec Trameck et son château envahi par la végétation. Ici, celle-ci semblait avoir fui la terrifiante bâtisse. Dans les légendes, une brume comme celle que nous voyions servait aux morts-vivants à se cacher pour mieux attaquer. Siga a dit que ce fort était gardé par des revenants vindicatifs. Gloups.


Oui, vous avez bien entendu. J'ai décidé d'accomplir la mission qui m'a été confiée, accompagnée de Rielvan, le garde du corps de la princesse cerfrousse. Siga m'a assuré que cette modification dans le passé n'aura aucune conséquence négative sur le monde actuel, mon monde. Bien au contraire. Car si le talisman est sauvé, il restera à Trameck. Ainsi, je pourrai revenir dans la ville telle qu'elle sera à mon époque, récupérer le talisman et m'en servir... Car je me rends compte... Siga a parlé d'un "arbre-vie", qui maintiendrait l'équilibre des villages. Si l'arbre-vie se meurt, le village se ternit. Maintenant que j'y pense, il me semble avoir lu quelque chose de semblable à la bibliothèque de la Cité des Mages. Mais... Se pourrait-il que l'assombrissement de Bourg Verdure... soit lié à son arbre-vie ? Cela expliquerait bien des choses, et nous permettrait de sauver le village grâce au talisman !


C'est donc pour ces raisons que j'ai accepté. Siga, Rielvan, tous ces villageois, ils comptent sur mon aide. Je suis secouriste après tout, mon devoir est de protéger et d'aider ceux dans le besoin. Même si cet endroit ne me rassure pas...

Ce fut ainsi que nous entrâmes. Et dès mes premiers pas je trouvai la brume étouffante. Elle était épaisse, brouillait notre vue, et pour couronner le tout, dégageait une odeur nauséabonde qui prenait à la gorge. Difficile de croire qu'un objet permettant de soigner des arbres-vie soit caché ici...

Une fois la porte principale, faite de bois pourri et de métal rouillé, et l'entrée humide et froide franchies, nous débouchâmes sur la première pièce. Et à peine eus-je fait deux pas que je me retrouvais engluée dans quelque chose de collant. En ouvrant les yeux autour de moi, j'aperçus qu'il s'agissait de toiles de migalos, des toiles de migalos qui emplissaient l'espace de la salle entier. Je commençai à me débattre pour me sortir de là.


"Non ! me cria Rielvan, ne te débats surtout pas ! Tout ce que tu risques est de t'emmêler encore plus. Il faut les traverser doucement."


Et, joignant le geste à la parole, il se glissa dans les toiles, tranchant parfois les plus récalcitrantes avec ses deux lances. Je l'imitai, me servant, moi, de ma corne, qui était cela dit moins efficace. Je fus, un moment, tentée de mettre le feu aux toiles avant de me rappeler que j'étais accompagnée d'un lançargot. Tant pis, il va falloir prendre sur moi. En effet, progresser parmi ces toiles collantes s'avérait extrêmement lent et frustrant. La sortie est là, je la vois... Mais j'ai l'impression que je ne suis pas près de l'atteindre.

Soudain, j'entendis Rielvan devant moi étouffer un gémissement.


"Fais attention, Eluhn... Des toiles de mygavolt électrifiées se cachent dans cet enchevêtrement..."


Ah ben oui. Ça aurait été trop facile sinon. De longues et frustrantes minutes et quelques coups de jus plus tard, nous nous extirpâmes enfin de ces maudites toiles. Et j'ai le sentiment que ce n'était que le début... Devant nous se dressait maintenant une autre porte envahie par la pourriture et la rouille. Par terre, une demi-pomme abandonnée qui avait plus l'apparence d'une morviture. Et toujours cette odeur infecte.

Cette porte étant le seul moyen de progresser dans le fort, nous l'empruntâmes. Mais à peine eus-je posé un sabot dans la pièce suivante que je sentis que quelque chose n'allait pas. J'en eus la confirmation aussitôt quand un diamat me sauta dessus. Bien ! Un diamat, ça a une double faiblesse au type Fée. Le hic, c'est que je ne connais aucune attaque de type Fée, moi. Et de toute façon, ce diamat ne m'a pas l'air ordinaire. Il est couvert de coupures et me semble... Dénué de toute vie ? Sa seule vocation sembla être de nous attaquer. Il tenta de me mordre, ce qui était difficile à gérer avec ses deux mâchoires aux dents pourries qui claquaient à quelques centimètres de moi. Rielvan vint à mon secours.


"Vous ne passerez pas !" cria le dragon obscur d'une voix qui se rapprochait plus d'un chuintement.


Le combat continua. Le lançargot disposait d'une attaque de type Insecte, ce qui s'avéra particulièrement efficace. Quant à moi, je brûlai notre adversaire à l'aide de Feu Follet, afin de réduire les dégâts occasionnés par les mâchoires. J'utilisai ensuite Estocorne, faute de mieux.

Le diamat sembla faiblir et implora notre grâce :


"Passez, passez ! Mais s'il vous plaît, emmenez l'autre folle avec vous !"


Alors que je me demandais de quelle folle il parlait, une sucreine qui semblait avoir passé un bon bout de temps dans ce fort surgit derrière lui.

"Elle..." fit le dragon en la désignant d'une de ses têtes.


En effet, rien qu'à la voir, elle ne semblait pas très nette.


"Il s'agit d'une prisonnière capturée ici il y a trois ans... Mais passer ce temps dans le fort l'a rendue un peu folle... En fait, je pense qu'il s'agit d'une sorte de malédiction qui touche les vivants à long terme... Sortir devrait la rétablir... Je vous en conjure on m'a désigné comme son gardien mais je ne la supporte plus !"


De toute façon, ce n'est pas comme si nous avions le choix...


"Je vous préviens, quand vous lui parlez, prononcez son nom. C'est Ceruth. Je pense qu'il n'y a que comme ça qu'elle capte qu'on lui adresse la parole. Et préparez-vous, ses réponses sont la plupart du temps dénuées de sens. En tout cas, merci ! Vous me libérez d'un poids, vraiment ! Maintenant, filez vite et emmenez-moi cette démente loin d'ici !"


Ouf... Nous l'avons échappé belle. Et tout ça grâce à Rielvan. Le prochain qui me dit que les insectes sont faibles, je lui botte l'arrière-train. Mais tout de même... J'espère que cette sucreine ne nous causera pas trop d'ennuis. Notre mission est dangereuse et importante, donc nous n'avons pas intérêt à faire le moindre faux pas ! Mais qui sait, peut-être sait-elle quelque chose ?


"Bon, Ceruth ... Sais-tu comment sortir d'ici ?


-Sortir d'ici fait bien !"


J'aurais dû m'en douter... Néanmoins, je revins à la charge :


"Sais-tu où le est le talisman, ...... ?


- Talisman mais bien pierre Aube !"


Quoi ? Mais quelle pierre Aube ? Je crains qu'elle ne nous soit pas d'un grand secours... De toute façon, pas le choix, nous devons continuer.

La prochaine pièce ne contenait aucune toile gênante, mais le sol était tapissé de plaques et de "dalles étranges" (pardonnez-moi, je ne sais pas comment les appeler autrement). Pour la première fois depuis...longtemps, je ne fonçai pas tête baissée et eus un sérieux doute. Qui sait, poser le sabot sur l'une des plaques de bois allait peut-être provoquer ma chute en même temps qu'un sol se dérobant sous moi...

Le lançargot s'avança et appuya prudemment sur une plaque à l'aide d'une de ses lances. Aussitôt, une rangée de dalles bizarres se dressa, nous bloquant le passage. Rielvan comprit :


"Le seul moyen de passer, ce s'rait de passer par dessus ces plaques sans les toucher, pour éviter le déclenchement du mécanisme. Cependant, ça couperait notre élan chèrement acquis."


Il baissa la voix et désigna du menton la sucreine.


"En plus, je crains qu'elle ne nous ralentisse."


Malheureusement, je partageais son avis.


"Bon, Ceruth, fais comme nous, d'accord ?


- du méga-gemme comme le type Poison !"


Hmmm... Sans commentaire...

Je commençai à sauter entre les plaques et les dalles. Pour une fois, je me débrouillai mieux que Rielvan ! Ma morphologie me permettait de mieux sauter que lui, qui se déplaçait lentement. Je dirais presque, sans me vanter, que ma course était élégante et agile. Enfin... jusqu'à ce qu'une dalle ne se relève brusquement devant moi. Ne l'ayant absolument pas prévu, je la reçus en pleine figure. Un cri de douleur m'échappa alors qu'un flot de sang jaillissait de mes naseaux. Me retournant, chancelante, je vis la sucreine debout sur une plaque, l'air ravie, sans rien dire ni probablement sans m'avoir remarquée. Lorsqu'elle reprit place sur le sol, la dalle redescendit aussi brusquement qu'elle était montée. Un rire visiblement perturbé lui échappa.


"Eluhn..." commença Rielvan.


"Argh... Ce n'est rien... Cont...continuons coûte que coûte !"


Rajoutez à cela un air abruti par le choc, et je devais avoir l'air possédée. Mais qu'importe. Mas course fut cependant moins gracieuse, et une forte douleur émanant de mes naseaux retentissait dans toute ma tête à chaque saut. Tout de même, j'en voulais à Ceruth même si elle ne l'avait manifestement pas fait exprès. Dans ma course maladroite, J'atteris malencontreusement sur une plaque et et entendis un mécanisme se déclencher derrière moi. Rielvan apparut subitement dans mon champ de vision, planant comme un bekipan à courrier. Il atterrit sur une autre plaque bizarre et une de ses lances s'enfonça, le plantant là tel un épieu dans de la terre meuble et provoquant la levée d'autres dalles, comme s'il n'y en avait déjà pas assez. Il s'en extirpa en étouffant un juron, indemne. Malgré ma douleur, je ne pus m'empêcher de rire. Ma bourde avait entraîné le mécanisme alors que le lançargot se trouvait sur une plaque, et il avait été projeté comme un fétu. Décidément, ce système a de la puissance...


"S'il vous plaît... Je n'ai pas envie de ressortir avec l'un d'entre nous en morceaux, alors faites attention..." soupira l'insecte en se remettant en marche.


Quelques secondes plus tard, une dalle surgît devant moi.


La traversée fut ardue, douloureuse pour certains, mais nous réussîmes finalement. Ma peau était désagréablement sèche autour de mes naseaux à cause du sang qui avait commencé à coaguler. Comble de cela, notre périple était visiblement loin d'être terminé. Nous avions encore une salle devant nous, au sol tapissé de sable réparti en zones différentes : des zones claires et des zones foncées.


"À tous les coups, ce sable cache quelque chose... Ce serait trop facile, sinon."


En m'avançant, j'examinai le sable pour savoir sur quelle teinte il valait mieux poser les sabots. Le sable foncé me semblait plus stable et plus tassé, j'optai donc pour celui-ci. Ma patte s'enfonça dedans, et je vis que le sable commençait à l'engloutir. Avec difficulté, je la retirai précipitamment du gosier de ce monstre. En posant délicatement le sabot sur le sable clair, je vis qu'il ne recélait aucun danger apparent.


"Les zones foncées sont des sables mouvants ! Marchez sur les zones claires ! Tu entends, Ceruth ? Sur les zones claires !


-Zones claires du ; Lancécrou ?


-Oui, c'est ça, c'est ça !"


J'espère que cette réponse dénuée de sens ne signifie pas son incompréhension.

Je m'engageai à nouveau sur le sable clair, évitant soigneusement les parties foncées. Rielvan encadrant de près la sucreine folle, nous pûmes avancer sans trop d'encombres, si ce n'est le "tic" qui retentit lorsque nous passâmes à hauteur du centre de la pièce. Trois lugubres sons de cloches résonnèrent. Brrr... Espérons que ce ne soit pas une alarme... Traverser le reste de la salle fut assez aisé et, merci Arceus, nous n'eûmes aucun problème avec notre "passagère".


Allez, cinquième salle, maintenant ! En verra-t-on le bout un jour ? Cette pièce était similaire à la deuxième, c'est à dire un poste de garde...


"INTRUS DÉTECTÉS ! INTRUS DÉTECTÉS ! PAS DE PITIÉ ! EXTERMINATION !"


Je restai figée. Mais littéralement. Ce que je voyais ne pouvait être possible... Devant moi se dressaient deux exagide, dont l'un était chromatique. Ils semblaient cependant moins vétustes que ceux du portail, ne portant aucune trace de rouille, mais ils dégageaient la même aura que Ceruth. Toutefois, ils avaient l'air capables de faire des alignements de mots à peu près corrects... Mais leur voix... Et même, ce duo, un normal et un chromatique, qu'on ne doit pas retrouver à tous les coins de rue... Ce sont eux, c'est obligé ! Mais que font-ils là ? Est-ce illusion ?

Bon. Je sais désormais qu'ils sont de type Acier. Étant de type Feu, je suis avantagée. Ou bien ! Peut-être puis-je négocier avec eux, ils me connaissent, normalement !


...


Cette idée me parut immédiatement stupide. Bien sûr que non, ils ne me connaissent pas, puisque nous sommes dans le passé... Je ne suis même pas censée être née... Suis-je un danger pour ce monde ?


Je chassai ces pensées en chargeant un lance-flammes qui frappa la lame la plus sombre de plein fouet. Rielvan lança son attaque de type Insecte, croisant ses deux lances, mais cela eut l'air de chatouiller l'exagide. Quant à Ceruth... Elle resta plantée sur le côté, regardant la scène.


"Ceruth ! Bats-toi ! Y'a urgence !


- y va urgence !


- Je n'ai pas besoin de pijako, bats-toi !"


Rien n'y fit. Nous allons devoir combattre à deux. L'exagide normal c'était rapproché dangereusement. Soudain, il sauta hors du bouclier qu'il tenait, et l'attrapa d'une de ses "mains", qui ressemblaient plus à des rubans qu'autre chose. Sa lame étincela, et il tournoya avant de s'abattre sur Rielvan. Le lançargot para le coup et frappa avec sa lance, ce qui ne ressemblait à aucune attaque de connue.


"Eluhn, nous sommes en danger, fini les capacités inoffensives ! Tu dois frapper primitivement ! Ce sont des morts-vivants, nous ne pouvons pas les tuer, mais assommons-les !"


"Nous ne pouvons pas les tuer"... Heureusement ! Quel paradoxe se serait s'ils mourraient ! Qui garderait le portail ?

Le lançargot continua ses attaques primitives.


"C'est comme ça que nous frappons lorsque la guerre fait rage !"


Alors que l'exagide chromatique avait lui aussi sauté hors de son bouclier, je puisai au plus profond de moi-même, ne cherchant plus à utiliser une capacité qui ne blesserait pas. Cette fois-ci, les séquelles seront bien présentes. Mais je dois tout de même faire attention à ne pas trop les amocher... Et si, la prochaine fois que je les rencontre dans mon époque, ils se souviennent brusquement de cet épisode ?

Je sentis ma gorge brûler, d'une chaleur bien plus intense qu'à l'habitude. Pendant ce temps, l'exagide que visait Rielvan rentra dans son bouclier. Une sorte de barrière apparut et l'attaque du lançargot fut parée. Un feu crépitant sortit de ma bouche ouverte et frappa mon adversaire en plein dans le bouclier. L'adversaire recula précipitamment, l'oeil plissé de douleur. Je me préparai à recommencer. À côté de moi, le choc des lances de Rielvan et du bouclier de son exagide résonnait.


"VOUS NE PASSEREZ PAS ! NOUS NOUS BATTRONS JUSQU'À LA MORT S'IL LE FAUT !"


Comment ça, ils peuvent mourir ?

J'abandonnai alors l'idée d'une seconde attaque.


"Stop ! Nous avons besoin de passer !"


Rielvan me regarda avec surprise.


"Notre monde en a besoin ! Tout va périr, sinon !"


Les exagide ne montrèrent aucune compréhension.


"ARGUMENT NON RECEVABLE ! ATTAQUE COMBINÉE ! "


Sur-ce, ils sortirent tous deux hors de leur bouclier, et se mirent à trembler, l'oeil froncé. De l'énergie spectrale commença à émaner de leur corps, et toute la pièce s'ébranla. De la poussière et des petits gravats chutèrent du plafond qui se fissurait.


"Eluhn ! Pas le choix ! La salle va s'effondrer, on passe en force ! Ceruth ! Suis-nous !!"


Les deux lames semblaient accumuler de plus en plus de puissance.


"À mon signal ! Un...deux... Trois !"


Nous forçâmes le passage. Je ne regardai pas si Ceruth suivait, ne fixant que la sortie. De la poussière pénétra dans mes yeux, me brouillant la vue. Je sentis une pierre heurter ma croupe. Lorsque je bousculai un exagide, une sensation de froid paralysa un de mes membres et ce fut en titubant que je passai l'encadrement de la salle suivante, rejointe par Rielvan.

Les exagide se retournèrent lentement vers nous et lancèrent leur attaque. Au même moment, le plafond céda dans une pluie de poussière et de gravats. Bientôt, tout ne fut plus qu'un silence de mort.

Laisser un commentaire ?