Pokémon - Le secret des cinq Orbes

Chapitre 27 : Epreuve à haut risque

4543 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/10/2017 17:58

Ah... Cet éboulement... Nous l'avons échappé belle... Mais... Que sont devenus les exagide, ensevelis sous ces pierres ? Logiquement, étant donné qu'ils existent toujours dans mon monde, ils vont s'en sortir... Heureusement ! Mais nous, nous avons bien failli y passer ! Mais tout est bien qui finit bien (enfin, pour le moment...), nous sommes tous là, Rielvan, Ceruth et moi. Espérons que nous allons le rester encore longtemps... En effet, la prochaine salle ne m'enchante guère. Il s'agit d'un précipice très profond, si profond que son fond n'est que noirceur. Au milieu s'étirait un chemin de glace qui reliait les deux portes. En observant, je vis ce cette glace était posée sur un immense mur de pierre, qui prenait racine dans l'infini du trou et semblait pouvoir servir de pont si la glace fondait. Ce fut ce que je m'attelai à faire, question de sécurité, en envoyant mon plus beau geyser de feu. Cependant, à ma grande surprise, rien ne bougea. La glace était trop épaisse et compacte, je n'avais même pas réussi à l'entamer à peine !


"B-b-bon, tant-pis, E-Eluhn... P-p-passons directement sur la gla-gla-glace, en faisant attenten-attention..."


Je me retournai vers Rielvan et le vis grelottant de froid. Ceruth avait cependant l'air de mieux s'en sortir, au même titre que moi qui étais toujours au chaud grâce à mon feu intérieur. Par contre, passer sur cette glace avec ces deux crevasses sur les côtés ne me plaît pas du tout ! Quel danger !

Je m'engageai doucement sur l'eau solidifiée, mais me rendis vite compte qu'avec mes sabots, c'était peine perdue. J'allais obligatoirement me retrouver dans le trou !


"A-attends, Eluhn, j'y v-vais !" fit le lançargot qui faisait des bonds sur place pour se réchauffer.


Il tenta de planter une de ses lances dans la glace, mais celle-ci la fit glisser et la dévia, manquant d'entraîner Rielvan dans le vide.

Décidemment, ce passage promettait d’être délicat… J’envisageai d’utiliser Rebond, mais le plafond était trop bas, la piste trop longue, et de toute façon ce n’est pas ça qui aurait aidé Rielvan et Ceruth… Je tentai alors l’inutile et l’inespéré…


« Sais-tu comment faire, Ceruth ?


-Y va bon faire Exploforce sur les moufflair !


- Certes … »


Inutile et inespéré, comme je l’avais prédit ! Mais que faire, dans ce cas ? Nous n’allions tout de même pas rester là ! J’en vins d’abord à envisager la solution désespérée : prendre un maximum d’élan en un minimum de temps, afin de se laisser glisser, je l’espère, jusqu’au bout… Peut-être aurais-je une chance de m’en sortir grâce à la capacité d’accélération de mon espèce, mais Rielvan… Le lançargot se déplaçait en effet plutôt lentement. Comment prendrait-il assez d’élan ? Et Ceruth ? Comprendrait-elle ? Dois-je parler de ce plan risqué aux autres ? Bon, allez, de toute façon nous n’avons rien à perdre… Argh, c’est dans ces cas-là qu’on a besoin d’un type Vol !


C’est dangereux, tout de même… » marmonna Rielvan lorsque j’eus exposé mon idée.


« Tu as une autre option ?


- Non, et c’est ça qui m’inquiète… Enfin… Je pourrais utiliser Plaie-Croix sur cette pierre, là-bas, pour me propulser… Ainsi, j’atterrirai sur la glace, et si j’ai de la chance, je glisserai droit jusqu’à la porte suivante. Toi, tu prends de l’élan normalement. Je pense que Ceruth montera sur ton dos si cela ne te ralentira pas, parce que franchement, là, elle m’inquiète… C’est dangereux, mais que veux-tu, on n’a pas d’autre solution.


- Ok ! Ceruth, monte sur mon dos !


- Monte bien fait froid »


Et elle ne bougea pas. Oui, d’accord, peut-être qu’il fait froid, mais est-ce une raison ? Rielvan, à présent réchauffé, soupira. Il se dirigea vers la sucreine, la souleva à l’aide de ses lances, et la plaça sur mon dos. Étrangement, elle pesait beaucoup moins lourd qu’elle le paraissait, ce qui était tout à mon avantage ! Le garde du corps de Siga déplaça ensuite la pierre qu’il avait désignée, ployant sous l’effort. Il recula, jugeant son approche. Enfin, il bondit, croisa ses lances et frappa la roche de toutes ses forces. Le bloc vola en éclats et le lançargot, penché en avant, fut projeté sur la piste de glace. Sa trajectoire fut parfaite ! Il glissa d’une lisse traite, et eut le temps de sauter avant d’atteindre le sol pierreux de l’autre rive afin de ne pas être brusquement stoppé.


« À vous deux, maintenant. »


Je reculai. Je n’allais pas avoir besoin de beaucoup de pas, mais autant m’assurer d’avoir toutes mes chances (ce qui est encore loin d’être le cas, vous me direz !).


« Accroche-toi, Ceruth ! »


En deux bonds, je fus sur la glace. Cependant, le poids de mon bagage me déséquilibra, et notre course ressembla davantage à celle d’une toupie. Eh bien, je vous dis, plus jamais ça ! Je crus mourir durant cette traversée périlleuse, bien qu’elle fût courte. J’eus le temps d’apercevoir le vide, sombre puits immense et menaçant, lorsque mon sabot frôla la limite entre celui-ci et la glace. Nous achevâmes enfin notre parcours qui se solda par une belle acrobatie : le passage de la glace à la pierre nous ralentît brusquement, nous faisant vaciller avec plus ou moins d’élégance et projetant Ceruth à terre. Ma tête tournait comme le petit rouage d’un cliticlic et j’eus du mal à me remettre debout. J’avisai la fameuse porte, qui avait failli nous coûter la vie. Un petit morceau d’étoffe pendait à un clou enfoncé dans la porte, et il semblait se balancer doucement comme pour me narguer…


« Pfiou ! Bravo ! Le pire est derrière nous… Enfin, peut-être pas »


Doué pour donner le moral, le Rielvan ! Enfin, sortons de cette pièce infernale. Je commence à avoir un peu froid, moi…


La pièce suivante m’évoqua quelque chose : le récit d’Aluhria, Flunnel et Silgoth lorsqu’ils avaient ramené le second orbe. En effet, cette salle se résumait en une allée clairsemée de « dalles étranges » (oh non, pitié, pas encore…), flanquée de chaque côté d’une rangée de piquants bien acérés. Sur les murs, on pouvait voir des trous à intervalles réguliers, en face que chaque dalle au sol. Il s’agit d’une course fléchée ! ce qui m’a mis le statitik à l’oreille ? Les quelques flèches plantées dans les murs, de part et d’autre du chemin… Et, comble de la fourberie, les plaques tapissaient toute l’allée, nous étions donc obligés de marcher dessus…


"On va recommencer ! s'exclama Rielvan. Eluhn, tu prends Ceruth sur ton dos, et tu cours à fond ! Si tu te débrouilles bien, les flèches seront trop lentes pour vous toucher. Moi, je tenterai de planter mes lances pile entre les plaques, il y a de petits jours...


Ça ne sera pas aisé, mais va !"


Là-dessus, il saisît la sucreine sans préavis et la posa sur mon dos comme un sac à patates... Aïe ! Merci, Rielvan...


"Bon, tu y vas, le plus vite possible, d'accord ?"


Pour la seconde fois, je m'élançai à toute vitesse. J'entendis le claquement des mes sabots, le cliquètement des mécanismes, le sifflement des flèches et le son vibrant qu'elles émettaient en se plantant dans le mur. Pour pouvoir s'enfoncer dans de la pierre, elles doivent être incroyablement acérées ! J'en sentis une, heureusement sans douleur, traverser ma crinière. Enflammée, elle chuta sur le sol. Heureusement qu'elle n'avait pas touché Ceruth... La course folle prit enfin fin et je fis descendre ma passagère, de force car elle ne semblait pas être disposées à m'écouter...

Vint ensuite le tour de Rielvan. Pour lui, la manœuvre était plus délicate. Il s'agissait plus d'un parcours acrobatique. Il devait parfois soutenir son propre poids d'une seule lance, alors qu'il tenait en équilibre entre deux plaques. J'entendis soudain un claquement métallique inquiétant et vis qu'une flèche s'était fichée dans sa coquille, heureusement il sembla ne rien sentir et continua son audacieux parcours, qui semblait néanmoins le fatiguer malgré sa carrure robuste. Il finit par arriver au bout, mais se laissa tomber d'épuisement un poil trop tôt. La réponse du mécanisme ne se fit pas attendre : un projectile partit, et se ficha dans le bras du lançargot sous mes yeux horrifiés. L'insecte grimaça et se laissa rouler sur le côté, hors d'atteinte des flèches. Il se redressa. La manière dont il se redressait et le stoïcisme avec lequel il supportait sa blessure me laissèrent penser qu'il devait avoir de l'expérience en matière de guerre.


"Ça va, Rielvan ?"


Question idiote. Bien sûr que ça n'allait pas, avec une telle pointe dans le bras. De minces filets de sang commençaient à suinter de la plaie. Je vis avec horreur que le projectile était profondément enfoncé.


"Grmm... Ça va aller... Aucun organe vital n'a été touché, c'est le principal. Eluhn, il faudrait que tu enlèves cette flèche, mais on n'a rien pour bander... "


Problématique... Si le lançargot se vidait de son sang, il n'y survivrait pas...Que faire ?


Ah ! Attendez... Je crois que j'ai une idée.


"Attends, Rielvan, je reviens immédiatement !"


Je me détournai et rebroussai chemin. J'allais devoir retraverser l'enfer fléché deux fois, mais cela permettrait de sauver Rielvan.

"Eluhn ?! Qu'est-ce que tu fais ?"


Je ne l'écoutai pas et traversai le chemin de plaques à toute allure, faisant à nouveau siffler les flèches. L'une d'entre elles effleura ma croupe avec ses plumes... Ouf ! Cette dangereuse épreuve à nouveau surmonté, je pénétrai dans la salle précédente, et avisai le morceau de tissu toujours cloué à la porte. Il était assez crasseux et déchiré par endroits, mais il devrait faire l'affaire. Je l'arrachai et l'emportai pour une nouvelle course folle. Heureusement aucune flèche ne me frôla et je pus emporter l'étoffe à bon port.


"Ah ! Bonne idée... Elle est sale et ça risque de s'infecter, mais ça stoppera l'hémorragie."


Effectivement... Je n'avais pas pensé à ce risque d'infection. Je soufflai sur le tissu afin de chasser le plus de poussières possibles et le tendis au lançargot, le temps de le libérer de l'étreinte pointue qu'il subissait.


"Alors, maintenant, il faut que j'enlève cette flèche...


-Oui, mais fais attention ! Si tu tires, la pointe restera dans la plaie et ça s'infectera pour de bon ! Tu dois enlever toutes les plumes et pousser !


- Hein ?! Mais elle va te transpercer le bras !


- Oui, mais c'est la solution la plus sûre ! Allez !"


Puisqu'il le dit...

Avec mes dents, j'arrachai toutes les plumes de la flèche, qui se résuma bientôt à un trait planté dans la chair de Rielvan. Je commençai à la pousser, indécise. Elle s'enfonça encore un peu plus. L'insecte serra les mâchoires, la tête baignée de sueur.


"Argh... Encore... Eluhn..."


Je poussai plus fort. La pointe de la flèche ressortit de l'autre côté du bras. J'allais maintenant bientôt devoir la tirer avec mes dents, et tant pis si elle était imbibée de sang. Le goût fut écœurant, je l'avoue, mais je parvins finalement a extraire le projectile que je jetai, crachant à terre au passage.


"M-Maintenant, vite, le bandeau !" me pressa le lançargot, livide.


Il l'appliqua, avec mon aide, sur la plaie, après l'avoir solidement enroulé. Il se teinta aussitôt d'un rouge sang que j'aurais préféré oublier pour le moment. Ne me demandez pas comment, nous réussîmes à le faire tenir solidement en place, sous le regard de cette consternante sucreine qui n'avait pas bougé d'un iota, alors que je me démenai...


"Merci, Eluhn... Je vais pouvoir... de toute façon je dois, continuer. Espérons que nous ne sommes plus loin du but."


Oui, espérons. Je commence à en avoir marre de cette vielle forteresse moisie. Allons à ce qui, je l'espère, sera la dernière salle. Ouvrons cette porte... Oui ! Il me semble que nous sommes au fond, car cette salle est grande et ne possède aucune porte au fond. Mais...deux ludicolo zombifiés la gardent. Pas de combat, pas encore ! À mon grand soulagement, ou plutôt à ma grande surprise, ils ne bougèrent pas.


"Que voulez-vous ? demandèrent-ils soudain de deux affreuses voix, si coordonnées qu'on en aurait dit une seule.


"Récupérer le talisman que vous nous avez volé, nous, habitants de Trameck !


- Pour cela, voyez avec le maître des lieux, puissant être de métal."


Sur ce, il se retirèrent.


"Puissant être de métal"... Cela concernait-il le chef mentionné, ou bien Rielvan ? Espérons que ce soit Rielvan. Je n'ai aucune envie de me retrouver face à un galeking ou un steelix...

Rien ne vint, et je commençai à me demander s'il ne fallait pas que nous agissions par nous-mêmes quand, dans un nuage de fumée rose, le maître des lieux arriva. Le "puissant être de métal" mesurait environ une vingtaine de centimètres, et possédait comme qui dirait une petite bouille paisible, qui avait cela dit l'air sain d'esprit. Dans un cliquetis de clés plus ou moins rouillées, il tourna sur lui même. Ces mêmes clés étaient attachées à son corps, qui formaient un anneau. Une excroissance sur sa tête faisait elle aussi songer à une clé, et son nez avait la forme d'une serrure. Quelle était donc cette créature ? Il tourna à nouveau sur lui-même, et s'adressa à nous d'une voix fluette, quoi qu'autoritaire.


"Puis-je connaître la raison de votre intrusion ?


-Récupérer le talisman volé, répondis-je machinalement.


-Comme vous êtes rigolos... Non, je vous demande la vraie raison...


-Nous disons la vérité !


-Bien, à supposer que vous dites vrai... Le talisman se trouve ici."


Il désigna un crochet au mur, dont j'aurais juré qu'il n'était pas là il y a quelques secondes. A ce crochet pendait une amulette, une pierre orangée aux délicieux reflets de feu... Quelle beauté !


"Donc, vous le voulez, hein... J'ai cependant toutes mes raisons de dire que je ne devrais pas vouloir ne pas vouloir ne pas vous le céder. Quelles sont les raisons qui vous poussent à croire que je vous laisserai ce trésor ?"


Je ne répondis pas, sonnée par la construction tortueuse de la phrase qu'il avait prononcée. Rielvan intervint :


"Écoutez, notre village va être ravagé, nous en avons absolument besoin !


-En quoi cela concerne-t-il ma fantasmagorique personne ?"


Et modeste avec ça...


"Nous en avons besoin ! Tant de vies en ont besoin ! Vous ne pouvez donc pas comprendre ? Dans ce cas, j'utiliserai la force s'il le faut !"


L'être ricana.


"Pas de ce petit jeu contre moi, petit lutin... Ici, seule une loi compte, celle du plus malin. La force est l'intelligence des faibles... Voilà donc mon marché. Je vais vous soumettre une énigme. Si vous répondez juste, vous remportez le talisman, quoi que cela ne me plaise pas. Si vous échouez, et bien..."


Il pivota dans un nuage de cette écœurante fumée rose. Un large trou s'ouvrit devant nous alors que le sol s'écartait. Au fond se trouvait une sorte de matière noire épaisse et oppressante, dont la vue me fit immédiatement ressentir un profond malaise. A travers ce ténébreux puits étaient tendues des toiles de migalos. Je suppose qu'elles ont pour seul but de ralentir la chute de la victime, afin qu'elle puisse mieux contempler l'horreur de ce qui l'attendait en bas. Quelle cruauté !

"Si vous échouez, vous terminerez au fond de ce puits, reprit la créature d'une voix on ne peut plus calme. Si cette vision est trop terrifiante pour vous, vous pouvez jouer la carte de la sûreté et passer par ici."


Il traça une rune à l'aide de ses clés, qui se délivrèrent de l'anneau et lévitèrent seules. Un cercle lumineux apparut au sol, frappant douloureusement mes yeux habitués à l'obscurité.


"Empruntez ce passage et vous sortirez de la forteresse sans plaies ni infections. Alors ? Vous désistez-vous ?


-Jamais ! Posez-la, cette énigme !


-D'accord, d'accord... Mettez-vous là, ordonna-t-il en désignant le sol qui s'était ouvert quelques secondes plus tôt."


Hélas, un seul tour sur lui même lui permettrait de nous précipiter dans le vide...


"Pourquoi devrions-nous nous jeter directement dans la gueule du lougaroc ? tempêtai-je, peu décidée à poser les sabots sur ce maudit sol.


-Taratata ! Vous respectez mes règles, sinon point de talisman ! »


En soupirant, nous nous dirigeâmes vers les dalles. Ceruth resta là où elle était, mais cela ne sembla pas importuner le « puissant être de métal ». Je redressai la tête vers ce dernier, consciente que c’était sûrement la dernière fois que je le voyais, ainsi que Rielvan. N’y a-t-il vraiment pas d’autre solution ? Ce sacrifice est-il nécessaire ?


« Bien, voici mon énigme…

Le Noir et le Blanc je mélange

Telle une frontière énigmatique entre ces deux extrêmes

Méconnue et mystique, j’en suis devenue une légende.

Alors ? Vous séchez ? »


Voyons… Cette fois-ci nous n’avons absolument pas droit à l’erreur ! « Le Noir et le Blanc » … « Une frontière » … Il me semble qu’il existe une légende parlant d’un tel être. Mais quel est son nom ? Je ne m’en souviens plus… Et puis, cette idée m’est venue en tête trop facilement à mon goût… Il doit y avoir un piège, surtout de la part d’un tel être… En état de panique intérieure, je tentai de poursuivre mes réflexions.


« Alors, c’est difficile, hein ? »


À mes côtés, Rielvan sembla sortir de son état de méditation.


« Je serais tenté de dire Kyurem… »


Kyurem ! Voilà le nom de cette créature ! Je crus voir l’ombre d’une réjouissance sur le visage de l’être aux clés.


« En effet, il est bien la frontière entre le Noir et le Blanc, Zekrom et Reshiram… Cependant, j’ai une autre carte à abattre… En effet, et si cette légende ne concernait pas un Pokémon, mais un objet inaccessible et méconnu, auquel on lierait des propriétés magiques… Le pouvoir des astres, par exemple. C’est ainsi que je déclare que ma réponse est… la baie Énigma ! En effet, elle sépare le Noir et le Blanc, telle une frontière, et en effet, c’est une baie réputée inaccessible qui s’est forgé sa petite légende.

-Est-ce votre dernier mot ?


- Ce l’est ! »


J’acquiesçai, impressionnée par le raisonnement du lançargot qui luttait pourtant contre sa blessure, blanc comme un linge.


« Je ne peux y croire… »


La créature se détourna, lentement, alors que pour nous, la tension était à son comble…


« Pour la première fois, quelqu’un trouve la bonne réponse… »


De la nostalgie emplit ses yeux.


« C’était jusqu’ici tellement facile et amusant… Les gens répondaient « Kyurem », tout fiers d’eux, et se faisaient avoir… Bien, je vous dois des comptes pour mon petit jeu, vous aurez ce que vous demandez… Le talisman est à vous, avancez. »


Il s’écarta. Cependant, Rielvan n’avança pas, méfiant, et je l’imitai par précaution.


« Et bien ? Je vais vous l’amener, dans ce cas, avant que je ne change d’avis…

Oh, sainte misère, jamais je ne fus autant dégradé ! »


Il saisit la magnifique pierre qui était toujours attachée à son crochet, et la tendit à Rielvan. L’Insecte s’en saisit toujours méfiant.

« Vous voyez, il n’y a aucun piège… J’ai échoué et je l’admets. Je m’entends peut-être bien avec ces créatures de l’ombre (il désigna Ceruth), je me cache peut-être dans l’obscurité de cette forteresse, je m’amuse peut-être à un jeu cruel et malsain, mais je respecte mes engagements. Je suis sans doute une immonde créature, mais je ne suis pas sans valeurs. Prenez le cercle de lumière, il vous emmènera au-dehors. »


Alors, allons-y, ne perdons pas de temps… Nous nous dirigeâmes vers le passage, en ayant assez vu de cette maudite forteresse.


« Viens, Ceruth. »


La créature sursauta.


« Hé ! Où l’emmenez-vous ! Elle doit rester ici ! »


Il s’élança pour nous arrêter. Au moment où mes sabots franchirent le cercle, je tirai Ceruth vers moi, instinctivement.

Il y eut un éclat lumineux qui me força à fermer les yeux, puis les cris de l’être de métal s’évanouirent.



J’ouvris les yeux. Rielvan et moi nous trouvions sur un chemin forestier par lequel nous étions passés pour nous rendre à la forteresse, que je voyais encore se dresser au loin.

Que la lumière du soleil était agréable et douce, après tant de pérégrinations dans l'obscurité ! Je crois que ce fameux puits aux toiles et sa matière noire vont venir hanter mes nuits pendant un certain temps... Rielvan se relevait à côté de moi, mais il est évident que sa blessure le faisait souffrir. Quand à Ceruth... Je la vis étendue au sol, le visage paisible. Elle semblait délivrée de l'obscure folie qui la rongeait. Des cris retentirent dans le chemin.


"Ici !


-Là !"


Un crapustule et un frison couraient vers nous.


"Rielvan ! Vous êtes blessé ?"


Le lançargot grommela quelque chose. Le crapustule l'aida à se relever, et lui proposa pour marcher un soutien que l'insecte accepta volontiers. Le frison se tourna vers Ceruth.


"Qui est-ce ?


-Elle était prisonnière de la forteresse et rongée par une sombre folie, mais il semblerait que nous l'ayons délivrée des deux ! dis-je.


-Bien, je vais la porter."


Il la hissa sur son dos. Nous pûmes enfin regagner le village de Trameck. Cependant, une mauvaise surprise nous attendait. En l'espace de peu de temps, le village avait été envahi par un flétrissement semblable à celui de Bourg Verdure, mais il opérait à vue d'œil ! Personne ne se trouvait dans les rues, les habitants devaient tous être terrés chez eux. Siga s'avança vers nous.


"Ah, Eluhn ! La maladie a déjà commencé à s'emparer de Trameck ! Avez-vous... Arceus ! Rielvan !


-Pas d'inquiétude, Votre Grâce, réagit le crapustule. Nous l'emmenons chez le druide.


-Eluhn, fais-en bon usage..." Souffla le lançargot d'une voix déjà rauque, en me rendant le talisman.


"Vous l'avez donc... Vous avez réussi ! Mais une autre mission t'attend. Réveille notre arbre-vie ! Il nous reste peu de temps !"


Elle m'emmena vers le temple. Il avait beau être rustique comme le reste du village, ses vitraux étaient magnifiques ! Cependant, absorbée par ma tâche, je les admirai à peine. Siga s'arrêta devant un trou au fond de la structure. Des escaliers y descendaient, s'arrêtant devant une porte que la cerfrousse ouvrit.


"Eluhn, l'arbre-vie est en bas. Insère le talisman dans le creux sur l'autel. Je compte sur toi !"


Sur ce, je m'élançai. J'atteignis une magnifique pièce, où trônait un arbre mort et noirci. Seules quelques feuilles ternes et squelettiques et deux baies à moitié pourries s'accrochaient désespérément aux branches. Devant cette désolation se dressait un autel, que j'examinai. Il aurait dû s'y trouver un feu, à en juger les braises encore rougeoyantes en son creux. Sur la face, je remarquai un trou. Sûrement la cavité dont parlait Siga. Je plaçai le talisman dans ce creux. Aussitôt, la pierre, oeil brillant de vie, s'illumina d'une lueur flamboyante. La pièce trembla. Le reste d'arbre qui se dressait derrière l'autel vira au marron, et sembla s'enrouler sur lui-même tel un majaspic. Les branches reprirent vitalité et s'étirèrent gracieusement. Je reculai afin de ne pas être touchée et ballottée de toute part ! Les feuilles verdirent et se mirent à orner chaque branche par centaines, des baies de toutes variétés et autant de couleurs parèrent ce qui était désormais une pure merveille dont je ne pus détacher les yeux.

Puis le sol cessa de trembler, laissant place à un profond silence. La voix de Siga finit par briser ce calme, où rien ne comptait plus que la magnifique silhouette de l'arbre-vie.


"Eluhn ? Tu peux remonter ! Le village renaît !"


A contrecœur, j'obtempérai. Siga m'attendait, aussi radieuse que le magnifique végétal.


"Eluhn... Tu as réussi, tu as sauvé notre village ! Normalement, cette partie du temple n'est accessible qu'aux membres du clergé, mais aujourd'hui l'exception en valait la peine... Viens, allons dans mon château."


Lorsque nous sortîmes, je fus éblouie. Trameck et sa nature étaient plus resplendissantes que jamais, et les habitants commençaient à sortir timidement de chez eux. Lorsqu'ils nous aperçurent, alors que nous nous dirigions vers le château, ile se figèrent, nous lançant des regards emplis de respect... d'admiration, aussi. Les arbres du château, déjà beaux à mon arrivée à Trameck, étaient encore plus vivants et éclatants. Nous retraversâmes la cour, avant d'emprunter la porte d'honneur. Siga alla se poser juste devant son trône.


"Eluhn, nous n'oublierons jamais ce que tu as fait pour nous. Ne t'inquiète pas pour Rielvan, il sera soigné. Le talisman restera encore un peu sur l'autel, puis nous le mettrons en lieu sûr, en nous assurant qu'il reste en place et ce jusqu'à ton époque. Tu pourras ainsi le récupérer pour sauver ton monde. Comme tu le sais, il est temps pour toi d'y retourner. Je vais donc t'y renvoyer d'ici, loin de la cohue de la foule. Eluhn, au nom de tous les habitants de Trameck, mais aussi personnellement, je te remercie !"


Il y eut le même éclat qu'à mon arrivée. A mon grand désarroi, la même douleur. Puis tout sembla se vider.



Un léger brouhaha monta à mes oreilles. Je remuai les pattes et sentis sous ma tête le contact de la paille. Pas de doute, je suis bien dans mon dortoir à la guilde. Rielvan, Siga, et même Ceruth... Ils sont morts depuis bien longtemps dans mon époque. Cela me fait de la peine. Je les ai fréquentés peu de temps, mais ils vont me manquer...

Plus qu'une chose, maintenant : aller rassurer les autres et leur faire part de mes aventures...


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