Zenitia, ou l'île de la consécration (Arc 2)

Chapitre 6 : Chapitre 25 : Manège spatio-temporelle

4316 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 18/01/2018 18:17

Chapitre 25 : Manège spatio-temporel


Précédemment : Le banquet se finit en catastrophe, interrompu brutalement par le maire Markowski, déçu de ne pas être arrivé à ses fins. Sacha et Cassandra retournent à l'hôtel en compagnie de l'agent de police John Quincy, blessés, mais saufs. Ce dernier est un témoin oculaire de ce qu'il s'est passé plutôt dans la nuit et décide d'exercer des pressions contre le maire afin d'être tranquille une bonne fois pour toutes. Le lendemain matin, alors qu'Elizabeth sort se promener, elle croise Mickaël, qui était parti deux jours plus tôt... !



Ellie le regarda d'un air dubitatif, puis hocha la tête. Sans un mot, elle pivota sur ses talons et sortit les clés de sa poche, s'apprêtant à ouvrir la porte qu'elle venait de fermer. Lorsque Mickaël rentra à sa suite, il poussa un cri de surprise. 


— Sacha ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! C'est quoi tous ces pansements ?! 

— Mike ?! Qu'est-ce que tu fous ici ? T'es revenu, c'est génial ! 


Ils se tapèrent dans la main pour fêter leurs retrouvailles, comme s'ils s'étaient quittés seulement quelques heures plus tôt. C'est alors que le ventre de Mike se mit à gronder de façon inquiétante. Ellie lui lança un sourire narquois :  


— C'est le risque quand on part sans rien avec soi... ! 

— Ouais... admit-il avec un sourire. Je pense que je vais prendre quelque chose avant de vous dire ce qu'il m'est arrivé. 

— Comment se fait-il que tu sois revenu ? demanda Sacha qui pensait ne plus jamais le revoir. 

— Chaque chose en son temps, répliqua-t-il. Mais si tu veux, viens dans la cuisine, je t'expliquerai pendant que je mange. Mlle Cathy n'est pas là... ? 

— Nous aussi on a des choses à te dire... ! répondit sombrement Elizabeth. Allez-y, je vous rejoins ! Je vais chercher Cassie ! 


Mickaël ne put s'empêcher d'ouvrir de grands yeux à l'évocation de la jeune fille. 


— Et j'attends de toi un peu de maturité ! s'exclama Ellie qui l'avait vu grimacer. 


Les deux garçons se dirigèrent vers la cuisine avec Pikachu pour se faire un sandwich, comme Elizabeth. Ils prirent tous les ingrédients nécessaires et se mirent alors à préparer quelque chose à se mettre sous la dent, comme si rien ne s'était passé ces derniers jours, heureux de se voir à nouveau.  


— T'as l'air sacrément amoché... ! murmura Mickaël vers Sacha. 

— Ouais, j'imagine, répondit ce dernier en fermant le frigo du pied. Le banquet d'hier s'est passé plus mal que prévu.  

— Si seulement j'avais pu vous prévenir avant... ! 

—Tu savais ?! 

— Disons que je l'ai su trop tard... ! 


Les deux dresseurs se retournèrent vers la porte ouverte. Ellie et Cassie venaient de rentrer. Cette dernière, encore un peu fatiguée, lança un regard froid à Mickaël mais détourna rapidement le regard vers la table. Son amie avait dû lui dire de ne pas commencer les hostilités, de se retenir. A priori, elle venait de se réveiller, en témoignait sa mine brouillée et ses paupières lourdes.


— Salut, lui lâcha Mickaël, incertain. 

— Salut, lui répondit-elle avec une seconde d'hésitation.  


Elizabeth et Sacha eurent un sourire confiant. À défaut d'être un énorme pas en avant, c'était un bon début. 


— Sandwich ? s'enquit Sacha en direction des deux filles.  

— J'en ai déjà un ! répondit Ellie. Oh non... Joliflor a presque tout mangé ! Joliflor, c'est pas vrai ! 

— Viens t'asseoir, tous les ingrédients sont là. C'est mieux de parler autour d'un bon petit encas.

— Oui... bon alors... Que s'est-il passé depuis que tu es parti ? 

.



Hôtel de Saint-Trompette, quarante-huit heures plus tôt…


Mike avait enfilé des baskets montantes vertes et noires, avec le jogging noir la veste grise et le débardeur blanc dans lequel Elizabeth l'avait vu. Tandis qu'il serrait son bandeau au-dessus de sa tête, il pensait à la soirée d'hier, le cœur plein de ressentiment. Ça aurait pu se passer autrement, mais il n'avait pas le recul nécessaire pour juger mauvaise sa demande de réponses. Si les filles n'avaient pas envie de parler, lui n'avait pas envie de risquer sa vie auprès d'elles. Son sac fait, contenant une simple bouteille d'eau et des vêtements, ainsi que ses Pokéballs, il sortit de l'hôtel sans un regard en arrière. 

Cependant, il ne savait pas où aller et bientôt sa marche hasardeuse le mena sur une allée qui longeait un port de plaisance. Il faisait gris, frais, presque personne n'était de sortie, et la mer était d'un calme surnaturel. C'était un peu étrange, en fait. Non pas que c'était quelque chose de particulièrement rare, mais la mer était relaxante lorsque le flux et reflux de ses vagues était là pour vous bercer. Cette répétition avait quelque chose de rassurant, de satisfaisant. Mais, de voir cette mer immense rester quasi-plate et d'une couleur uniforme sur des milliers de kilomètres...! On aurait dirait que le temps s'était arrêté. 


Une bonne heure plus tard, marchant à côté de son Vipélierre, Mike aperçut à la vitre d'un appartement un homme en parka noire avec un chapeau et des jumelles vissées sur ses yeux. Il n'y avait pas grand-chose de particulier chez lui, mais Mike ne regretta pas de l’avoir regardé un peu plus longtemps par la suite : en effet, l'homme sortit tout bonnement un fusil de précision, avec une spontanéité qui figea un instant le jeune dresseur ! C'était un assassin ? Il semblait viser les bateaux de pêche accostés à sa droite... ! Mickaël suivit son regard, et son sang ne fit qu'un tour : n'était-ce pas son ami Sacha, assis au bord de l'eau avec ses Pokémons, que ce tueur à gages essayait d'abattre ?! 


La surprise passée, Mickaël siffla suffisamment fort pour que l'homme l'entende et se retourna vers lui. A sa vue, le malfaiteur s'éloigna à toute vitesse de la vitre. 


— Vipélierre ! 


Ce dernier enroula son dresseur à la taille avec l'une de ses lianes, et se servit d'une autre pour escalader jusqu'au quatrième étage et passer à travers la fenêtre laissée ouverte. En atterrissant sur le sol de la pièce, qui semblait être une chambre, Mickaël vit un homme au front dégarni, affairé à ranger précipitamment ses affaires. L'homme se retourna vers lui, le visage déformé par la surprise. 


— Vous n'allez pas vous en tirer comme ça ! décréta le Mike. 

— Correa... ! s'étonna l'intéressé en fronçant les sourcils. Mickaël Correa, c'est bien ça ? Ça tombe bien !


Avec un sourire narquois, il sortit le fusil de son sac de sport et mit le jeune homme noir en joue. 


— Hé, attendez ! s'écria-t-il en levant mes bras, abasourdi. 


Vipélierre fit alors claquer l'une de ses lianes en l'air, faisant virevolter l'arme du tueur sur le lit à côté. 


— Attaque Charge ! s'écria prestement Mike alors que son adversaire s'apprêtait à s'emparer de nouveau de son arme. 

Son Pokémon bondit vers le tueur et l'encastra violemment dans le mur de derrière avec une force phénoménale pour une si petite créature. De son côté, le dresseur se dépêcha de réquisitionner le fusil. C'est alors qu'il vit sur le lit un tapis de photo qui l'intrigua. Il remarqua avec stupeur des photos de lui, mais aussi de Sacha, Cassandra et Elizabeth, prises à travers les vitres de leur hôtel. Cet homme les espionnait... ! Sur une photo, il put même voir que le tueur à gages avait entouré le Pikachu de Sacha au feutre rouge.


— C'est le Pikachu que vous voulez, n'est-ce-pas ? gronda Mike en se redressant vers l'homme, une photo à la main. 


Mais il était déjà parti, après s'être extirpé de l'emprise de Vipélierre, laissant la porte entrouverte derrière lui. Mickaël sortit en trombe à son tour, tombant directement dans un corridor étroit qui partait sur sa droite. Il put voir l'homme courir difficilement à cause de son embonpoint, empruntant le virage naturel sur la gauche qu'offrait le couloir. Il se mit directement à sa poursuite, suivi de près par son Pokémon. Il dérapa dans un bruit sourd sur le tapis épais afin de pivoter sur sa gauche, et remarqua qu'il n'y avait personne dans le couloir pourtant long d'une vingtaine de mètres. Il y avait des vitres sur sa droite, et des portes de chambres sur sa gauche, donc l'homme était sûrement entré dans une chambre, mais laquelle... ? Ou bien avait-il pris l'ascenseur au bout du couloir... ? Mickaël courut vers celui-ci, le souffle déjà court et le cœur battant. 


Sacha est toujours en bas, se répétait-il. Si cet homme y arrive avant moi, je ne pourrai pas le sauver !


— Vipélierre ! cria son Pokémon derrière lui de sa petite voix. 

— C'est pas le moment, Vivi ! Sacha est en danger !


Mickaël se tourna néanmoins pour trouver son compagnon, au bord du vide, debout sur le rebord d'une fenêtre. Il se précipita vers lui, commençant à le sermonner sur la dangerosité de son comportement, avant qu'il ne suive du regard l'endroit qu'il lui montrait : il y avait une échelle de métal sur la paroi extérieur du bâtiment, dont la peinture verte s'écaillait par endroits, et qui montait jusqu'en haut de l'hôtel. Le dresseur sortit sa tête au-dehors et tordit son cou. Il aperçut alors l'homme grimper prestement les échelons, sa veste volant comme une cape derrière lui sous le vent qui était brusquement monté en intensité. 


— Bien joué, mon grand ! le félicita Mickaël en lui caressant affectueusement la tête.


Il le fit ensuite rentrer dans sa Pokéball et sortit, se mettant rapidement en équilibre sur le rebord avant de s'engouffrer dans la cage circulaire autour de l'échelle. Cette dernière empêchait celui qui escaladait de pas tomber en arrière sans chance de se rattraper aux barres. Il franchit avec une agilité déconcertante les échelons, mais l'homme au-dessus de lui était déjà sur le point d'arriver sur le toit.


Rapidement, les jointures de ses doigts commencèrent à lui faire mal, et en raison du vent, ses yeux pleuraient et il avait du mal à respirer.

Il arriva sur le toit plat une dizaine de secondes après lui. Le tueur à gages fouillait ses poches intérieures avec un empressement proche de la démence. Il en sortit deux Pokéballs juste avant de lever à nouveau la tête. 


— Encore toi... grommela-t-il si bas que Mickaël ne l'entendit pas. 

— Je vous ai dit que vous ne vous échapperiez pas comme ça ! hurla Mickaël pour surpasser la forte brise. Qu'est-ce que vous voulez à Sacha ? Et à son Pikachu ?

— Ça ne te regarde pas ! Elecsprint !


Un grand chien bleu, aux poils jaunes ébouriffés au niveau des pattes et de la tête, sortit d'une de ses Pokéball en se mettant directement en position de combat, les dents découvertes. Mickaël sortit Vipélierre et ordonna à ce dernier d'envoyer une attaque Fouet Liane. L'Elecprint esquiva sans difficulté et enchaîna avec un Vive-Attaque encaissé de plein fouet. 


— Vipélierre, Enroulement !


Des lianes enserrèrent Elecsprint en l'étouffant peu à peu, à la manière de certains serpents envers leurs proies. 


— Libère-toi, Elecsprint !

— Impossible, ricana Mickaël. 


En effet, au bout de quelques secondes d'asphyxie, le Pokémon tomba K.O. au sol.


— Quelle bête inutile, grommela le tueur à gages en le rentrant dans sa Pokéball. 


Soudain, Vipélierre lui sauta dessus à son tour et commença à l'enrouler dans ses lianes, alors que son adversaire essayait tant bien que mal de violemment les repousser. Mickaël, d'abord surpris par cette initiative, laissa faire son Pokémon en voyant qu'il s'en sortait pas mal. Ce qu'il ne vit que dans un second temps, c'est que le tueur, aveuglé, reculait machinalement pour échapper à la menace, se rapprochant de plus en plus du bord... !


— Attention ! beugla Mickaël en levant inutilement la main devant lui. 


Mais c'était trop tard ! Un des pieds de son adversaire glissa dans le vide en lui arrachant un cri étranglé, avant qu'il ne disparaisse brutalement du champ de vision du jeune homme. Tandis que Mickaël s'élançait comme un fou vers le bord, il sortit la Pokéball de Vipélierre pour essayer de l'y faire entrer, mais il n'y arriva pas : son compagnon était déjà trop loin... !

Sans même avoir une fraction de seconde d'hésitation, il plongea dans le vide, les yeux à peine ouverts, fixés sur la silhouette étrange que formait Vipélierre et l'homme qu'il enroulait. Il se mit complètement à la verticale, les deux bras tendus vers son Pokémon, la rue grouillant de voitures en contrebas s'approchant dangereusement d'eux. Dans le même temps, le tueur à gages sortit un Abra de son autre Pokéball. Il fallut une seconde à Mike pour comprendre ce qu'il avait en tête. 


Il va se téléporter !


Les doigts de Mickaël étaient sur le point d'effleurer la veste de l'homme, tandis que la main de ce dernier était sur le point de se fermer sur le poignet d'Abra.


— Vipélierre, ne le lâche pas ! ordonna Mike d'une voix forte.


Mais son Pokémon n'avait pas besoin qu'on le lui dise. Il avait déjà pris des initiatives depuis le début. Mickaël agrippa violemment la veste de l'homme, alors qu'ils n'étaient plus qu'à une dizaine de mètres du sol. Et c'est alors que le dresseur eut l'impression d'entrer dans un tuyau multicolore, et ce dans tous les sens du terme. 


Ses yeux étaient agressés par un amoncellement de couleurs qui lui donnaient l'impression d'être dans une machine à laver couleur arc-en-ciel. Mais sa vue n'était pas le seul sens mis à rude épreuve. Ses oreilles étaient emplies d'une cacophonie assourdissante, composée de vent, de klaxons, de discussions à la fois proches et lointaines... Et malgré cette avalanche de sensations, il ne voyait plus rien, même pas son Vipélierre, ni ne l'entendait. Il restait seulement étroitement accroché à la veste du tueur à gages qui à tout moment risquait de lui glisser entre les doigts.


Tout s'arrêta brusquement. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits, avant de découvrir que le paysage avait complètement changé. Il était désormais sur le pont d'un bateau de pêche, désorienté par son "voyage". Vipélierre était là, de nouveau, toujours aux prises avec l'homme dont Mickaël tenait encore la veste. 


— Où sommes-nous ? s'écria le tueur, surpris.

— Je pensais que vous le sauriez, répliqua Mickaël, la voix haletante. Vivi, viens là, nous...


Mais il fut brutalement interrompu, retombant dans un tunnel de couleurs et de bruits. Abra avait-il relancé une attaque Téléport sans qu'on lui demande... ? En regardant autour de lui autant que possible, Mike se rendit compte que l'espace semblait complètement distordu. Du bout des doigts, il essaya de toucher un buisson auprès de lui, mais il n'y arriva pas. Au loin, il vit une voiture vers laquelle il tendit la main. C'est alors que son bras s'étendit come du caoutchouc jusqu’au véhicule ! De plus, la voiture semblait reculer, alors que celle de derrière avançait. Au lieu de se percuter, elles se traversèrent. Malgré la complexité de la situation, le dresseur comprit au vu de l'attaque envoyée qu'Abra était entré, ou avait créé une distorsion spatio-temporelle dans laquelle toutes les règles étaient complètement bouleversées. 


Lorsqu'il était allé à l'école des dresseurs, il se rappelait d'avoir entendu parler d’un homme nommé Van Fehring, qui avait fait l'expérience d'une attaque Téléport et qui en avait tiré les mêmes conclusions. Cela voulait-il dire qu'Abra pouvait se téléporter aussi bien spatialement que temporellement ? C'est au moment où il se posa cette question que le "voyage" s'arrêta de nouveau. 


Mickaël prit par réflexe, une nouvelle fois, une grande bouffée d'air, comme s'il ressortait d'une apnée. Cette fois, ils semblaient être dans une vallée déserte. Le ciel était sombre, tourmenté par de gros nuages menaçants. Le dresseur se retourna, toujours accroché à la veste comme à une bouée de secours, désorienté. Des étoiles dansaient dans son champ de vision. Quelques dizaines de mètres devant, il voyait les silhouettes serties de pics des montagnes qui formaient leur horizon. En fait, il semblait déjà en hauteur par rapport au niveau de la mer. Il se releva, voyant qu'Abra était tombé un peu plus loin, puis il prit son Vipélierre dans ses bras. 


— J'espère que tu n'as rien, murmura-t-il en le portant à bout de bras, le scrutant de toutes parts.


Il reçut alors un coup de pied dans le bas du ventre qui le fit tomber en arrière, le faisant lâcher son Pokémon au passage. Mike se remit maladroitement sur ses pieds et esquiva un coup de poing du tueur à gages, en répondant avec un coup dans le visage. Son adversaire sortit alors d'une poche un petit appareil dont il aspergea le visage du dresseur. Ce dernier hurla, plus de surprise que de douleur, avant d'être pris de démangeaisons insupportables. Il se gratta prestement pendant plusieurs secondes avant que les sensations ne disparaissent aussi vite qu'elles étaient apparues.


— Enfoiré, murmura Mickaël, bouillant de rage.


La sensation lui était familière. Il lui avait envoyé un spray de soins, de ceux qu'on envoie sur un Pokémon blessé en combat par exemple. Sur les humains, cela grattait pendant une dizaine de secondes avant de se calmer. Lorsqu'il était enfant, il s'amusait à en asperger ses amis, se protégeant le visage de ses bras pour éviter la vendetta.


Lorsqu'il put rouvrir les yeux, l'homme était une dizaine de mètres plus loin, la main en visière et les yeux en l'air, comme s’il avait voulu profiter de cette attaque pour s’enfuir avec son Abra. Il se retourna alors vers Mike, et ouvrit de grands yeux hébétés.


— Hé ouais, je suis toujours là, mon vieux ! frima celui-ci  avec un sourire narquois. Qu'est-ce que t'en dis ? Un mental d'acier !

— Vipélierre ! s'écria son Pokémon, pointant son petit bras derrière lui. 


Mickaël se retourna à son tour, surpris de l'empressement de son Pokémon. C'est alors qu'il vit une trentaine de Dracaufeu dans les airs, s'apprêtant à atterrir sur la vallée. L'un d'eux, le plus proche, avait des langues de feu qui s'échappait de sa bouche entrouverte. Ce n'est pas de lui que le tueur à gages était surpris : c'était eux qui l’avaient fait sursauter !


— Oh putain ! hurla Mickaël d'une voix étranglée, absolument terrifié. 


Il se retourna et courut comme un dératé vers son Vipélierre, regardant avec désespoir le tueur à gages courir vers son Abra. Ou les avaient-ils donc téléportés ?! Il n'avait jamais entendu parler d'une île pouvant contenir un troupeau de Dracaufeu aussi conséquent ! Et il était bien parti pour rester ici : il était trop loin d'Abra et de son maître... ! Cependant, son Pokémon prit une nouvelle fois les choses en mains. De ses bras en croix sortirent deux lianes, dont l'une agrippa Mike, et l'autre Abra. Et une nouvelle fois, ils furent aspirés dans une déformation spatio-temporelle… 


… puis jetés dans un parc pour enfants, précisément dans un bac à sable. Mickaël eut à peine le temps d'appeler mécaniquement son Vipélierre qu'ils furent de nouveau emportés. Ce manège se répéta une dizaine de fois, de plus en plus vite, au point que le dresseur en fut complètement perdu. Un coup ils se retrouvaient dans les airs, au-dessus d'un océan infini de tous côtés, une autre fois dans le salon d'une famille en train de prendre son petit-déjeuner, mais aussi sur une arène de champion qui, Mike l'aurait parié, appartenait à Sinnoh...


Finalement, ce qui s'avéra être le dernier voyage eut une particularité. Mickaël sentit la liane de Vipélierre glissait entre ses mains. Au dernier moment, la liane s'échappa complètement de son emprise, et il eut l'impression d'être comme éjecté, encore plus brutalement que d'habitude. Il atterrit sur ce qui semblait être un tapis. Des lumières dansaient vivement devant ses yeux. Il resta quelques secondes au sol, se massant doucement les paupières, sachant qu'il vomirait probablement s'il se levait maintenant.


Lorsqu'il reprit ses esprits et se redressa, il se rendit compte qu'il était dans une chambre aux couleurs dorées, beiges ou blanches. Le propriétaire devait être riche... Il le voyait aux objets de valeur posés sur la table de chevet, ou aux tableaux fixés sur les murs.


— Vipélierre ? dit-il faiblement.


Mais son compagnon n'était pas là. Il était seul. Quoique, pas tant que ça, comme en témoignaient les voix qu'il entendit au-dehors.


— T'as entendu ça, Jim ?

— Heu... Oui, attendez... quoi ?


La deuxième voix était celle du tueur à gages ! Il l'aurait reconnue entre mille, même s'il avait encore de petites lumières dans les yeux et de petits échos de sons qu'il n'identifiait pas dans les oreilles. D'ailleurs, le tueur semblait encore plus perdu que lui.


— Ça vient soit de la douche, soit ma chambre... Allons voir. Et où est donc ton Abra, en fait ?

— Je ne sais pas, monsieur le maire... J'ai lâché son bras avant de me faire téléporter chez vous...


On était donc chez le maire... de Saint-Trompette, vraisemblablement, même s'il avait eu la preuve qu'Abra pouvait les téléporter dans une autre île, à des centaines de kilomètres... ! Mickaël alla se réfugier sous le lit, trouvant l'armoire trop prévisible. 


— Va regarder dans la douche, ordonna le maire de sa voix bourrue. 


La porte de la chambre s'ouvrit brutalement. A travers le petit interstice que formaient la couverture tombante et le sol, il vit les chaussures luxueuses du maire, noires et brillantes, fouler le tapis de la pièce au ralenti. Ce dernier ouvrit la penderie, puis l'armoire, et s'approcha ensuite de son lit. Mickaël le savait, il allait le trouver à coup sûr. Et à ce moment-là, il faudrait qu'il agisse, et vite. Il aperçut la main poilue et épaisse du maire agripper la couette par le bas et la remonter, avant de voir ses chaussures se plier, signe que le maire commençait à s'abaisser... !


— Monsieur le maire ! Monsieur le maire, c'est très grave !


L'intéressé se releva non sans pousser un gémissement d'effort et sortit de la pièce avec calme malgré l'empressement de son homme de main.  Sauvé par le gong ! s'écria intérieurement Mickaël, le cœur battant mais le sourire aux lèvres. Il fallait impérativement qu'il profite de cette diversion. Il s'extirpa rapidement de l’espace sous le sommier et s'approcha sur la pointe des pieds de la porte entrouverte. Au dehors, c'était un vaste palier circulaire distribuant quatre portes sur son pourtour. L’une, grande ouverte, sur ce qui semblait être un bureau. Quant à l'autre, juste à côté, c’était celle dans laquelle le maire était rentré. Sur sa gauche, il y avait un grand escalier imposant, et sur la droite, un petit hall menant au salon. Aller vers le salon lui permettrait de sortir de la maison. 

Machinalement, il regarda des deux côtés avant d'y aller, mais se bloqua sur les marches des escaliers. Il avait vu en haut de ses derniers une grosse feuille verte disparaître au-dessus du plafond. C'était la queue de son Vipélierre ! 


— Vivi, murmura-t-il précipitamment avant d'aller vers l'escalier. 

— Hé, toi ! chuchota une voix féminine. 


Mickaël se retourna en levant les poings, prêt au combat, juste au pied des marches. Mais la personne qui était en face de lui était loin d'être un ennemi. La jeune femme avait des cheveux châtains attachés en une queue de cheval. Au lieu de son bleu de travail, elle portait, par-dessus une grande veste noire, un t-shirt, et un jean avec des baskets montantes.


— Ins... !


Elle plaqua sa main contre la bouche du dresseur en ouvrant de grands yeux, l'air de dire : "T'as pas intérêt à crier, crois-moi !". Soudain, ils entendirent des bruits de pas dans le bureau. Elle lui attrapa alors le poignet avec force, et grimpa l'escalier quatre à quatre, le dresseur la suivant tant bien que mal vers l'étage supérieur.





Désolé pour le délai, j'ai trois fics en cours en plus de celle-là, dont deux que je compte poster avant la fin du mois ><. Le chapitre 26 arrivera début février et l'arc 2 de cette histoire finira en février ( et est déjà terminée). Dès maintenant, à chaque fois qu'un arc commencera, cela voudra dire que j'ai déjà écrit tous ses chapitres.

Merci d'avoir lu, et à plus pour la suite ;)

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