Zenitia, ou l'île de la consécration (Arc 2)

Chapitre 7 : Chapitre 26 : Les princes de Sang-mêlé

8718 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 04/02/2018 16:13

Chapitre 26 : Les princes de Sang-mêlé 



Précédemment : Le récit de Mickaël se poursuit. Après avoir été téléporté dans plusieurs endroits à cause du Abra de Jim, le tueur à gages, il se retrouve dans ce qui semble être la demeure du maire. Sauvé par le gong, il tente de s'échapper avant de rencontrer un mystérieux personnage qui lui aussi, ne semble pas être à sa place... ! 


— Alors, c'était qui ? s'impatienta Elizabeth, complètement happé par le récit. 

— Attends, faut bien que je mange... répondit Mickaël, non pas peu fier du suspense qu'il avait créé. 


Il croqua dans son sandwich déjà entamé comme s'il n'avait pas manger depuis des années. Autour de la table, Sacha attendait la suite du récit tellement fort qu'il en serrait trop fort le sien, au point que le ketchup en sorte en s'écrasant doucement sur la nappe. 


— Bon, donc comme je vous ai dit, on monte les escaliers, et une fois à l'étage, elle me dit :"J'aurais jamais cru vous voir ici... ! 

— Elle. Donc c'était une fille. 

— Une femme, Sacha, rectifia Mickaël. L'inspectrice Jenny... ! 


Un silence de plomb prit possession de la salle. Mike s'était téléporté dans ce qui semblait être la résidence du maire de Saint-Trompette, qui d'ailleurs connaissait le tueur à gage nommé Jim, et il y trouvait l'inspectrice Jenny ? 


— L'inspectrice... ? 

— Hum... Je ne sais pas si elle était censée être en ville à ce moment-là... marmonna Cassandra. Même si elle devait être présente au banquet le soir même, je trouve ça bizarre.  

— Attends, je vais continuer. Je la regarde, elle me regarde. Et là, elle me dit : "C'est vous, sur tous les journaux ! Le fameux... Mickaël Correa, c'est ça ?!" 


De nouveau, le silence s'installa alors que Mickaël continuait de manger. Alors ça, c'était encore plus étrange que l'apparition incongrue de l'inspectrice Jenny dans cette maison. En

effet, elle avait travaillé sur leur dossiers avec l'avocate Mlle Cathy pour prouver qu'ils étaient innocents. La jeune femme les connaissait bien désormais... Alors pourquoi posait-elle cette question à Mickaël, comme s'il elle était une parfaite inconnue ?  


— C'est-ce que je lui ai demandé ! répondit Mickaël à Elizabeth. C'est à ce moment qu'elle m'a expliqué : cette femme est l'une des nombreuses jumelles de Jenny ! Je n'avais pas affaire à la "vraie", en quelque sorte ! 

— Ça alors, souffla Sacha, abasourdi, pressant si fort son sandwich que des bouts de cornichons commençaient à se faire la malle. 

— Comme tu dis ! renchérit Mickaël la bouche pleine. A ce moment, on arrive à l'étage, et on entend des bruits de pas bien distinct venant d'en bas... ! 

— Le maire et Jim arrivent... comprit Ellie en ouvrant de grands yeux. 


 

****** 


 

Le jeune dresseur et l'inspectrice arrivèrent rapidement à l'étage, et filèrent vers le couloir sur leur gauche, avant d'entrer dans une salle sombre comme une nuit sans lune, dont les rares rayons de lumières filtraient à travers les volets fermés en révélant une atmosphère fortement poussiéreuse. 


— Vivi ? appela discrètement le dresseur. 

— Hey, chut ! l'interpella-t-elle avec autorité d'une petite tape sur le bras. Non mais qu'est-ce que vous faites dans cette maison, bon sang ?! ! 

— Et vous, qu'est-ce que vous faites ici ? répliqua Mike sans se démonter. 


Mais tous deux durent taire leur discussion : les bruits de pas étaient de plus en plus audibles. Mickaël avait presque l'impression qu'ils étaient à quelques centimètres, martelant de leurs chaussures luxueuses le tapis du couloir dans un léger bruit sourd. Finalement, il s'avéra que les deux hommes n'étaient pas montés parce qu'ils les avaient entendus, en témoignait les dires du maire qui ne semblait pas s'inquiéter de quelconque intru dans sa demeure, si ce ne fut celui qui marchait à ses côtés... !  


— … Mais ça, ça n'a aucune importance, disait-il dans un souffle exaspéré. La vraie question, c'est comment tu es arrivé dans mon salon ! Tu es censé être à l'autre bout de la ville, en train de faire le boulot que je t'ai demandé !  

— Je sais bien monsieur le maire ! J'étais sur le point de tuer Ketchum et prendre son Pikachu, mais Correa m'en a empêché !  

— Tu as réussi à le neutraliser, j'espère... ? 

— Euh... oui, bien sûr monsieur le maire ! Et puis, mon Abra m'a téléporté ici.  

— Et où est-il, cet Abra ? 

— Je n'en sais fichtrement rien, à vrai dire, murmura le pauvre Jim, perdu. 

— Au nom d'Arceus... Pas foutu de descendre des sales mômes ! A quoi sert-il que j'engage un homme de main, s'il n'arrive même pas à dégainer son arme de service, et mettre fin au problème que sont ces foutus dresseurs ! 


Il s'était mis à hurler. Mickaël pouvait aisément l'imaginer en train d'agiter nerveusement les bras dans tous les sens, le visage rougissant de colère et ses yeux s'exorbitant au fur et à mesure de son discours. Après une petite pause durant laquelle il semblait reprendre ses esprits, il dit d'une voix plus calme : 


— Ce n'est rien, j'avais déjà prévu une solution de secours. Je m'occuperais des deux plus dangereux au banquet. 


Le sang de Mike ne fit qu'un tour. Alors que les deux hommes semblaient entrer dans une nouvelle pièce, le dresseur restait l'oreille collé au battant, un air a la fois ahuri et furieux sur le visage. Mais l'inspectrice ne semblait pas partager son abasourdissement.  


— Il faut qu'on y aille... souffla-t-elle, étouffant une quinte de toux dans sa manche du à la poussière environnante. Maintenant ! 

— Pas sans Vipélierre ! 

— Très bien, je partirai sans toi !  

— Très bien ! 


La policière entrouvrit la porte une poignée de secondes, avant de se retourner vers le dresseur.  


— Hors de question que je te laisse ici, décréta-t-elle. Je vais t'aider, mais ça à intérêt à aller vite ! 


Mike acquiesça faiblement, avec un sourire qu'elle ne vit pas en raison de l'obscurité. Tous deux sortirent dans le couloir vide et imposant. Le silence était encore plus effrayant que d'entendre le maire et son homme de main parler. Toutes les portes étaient fermées, sauf l'une d'entre elle. Ils y pénétrèrent sur la pointe des pieds.  

C'était une salle d'eau. A première vue, rien ne détonait du paysage, mais l'inspecteur avait l'œil. Elle se plaça en face du grand pan de glace sur la gauche et sembla regarder intensément son reflet.  


— Ce n'est pas le moment de s'admirer, il faut... 


La voix déjà basse de Mickaël s'éteint complètement, tandis que ses yeux se plissaient sur l'endroit que fixaient intensément Jenny. Il y avait des traces clairement visibles sur la vitre. Au début, le dresseur n'y vit rien de particulier, mais la forme de ces tâches, ainsi que les habitudes de son Pokémon lui firent penser une chose : Vipélierre était passé par ici ! En effet, lorsqu'on son Pokémon était encore au premier stade de son évolution et qu'il se retrouvait devant un miroir, il avait tendance à vouloir toucher son reflet. Sans y réfléchir, il toucha la glace comme pour être en contact avec son Pokémon qui était passé par ici. Mais à sa grande surprise, la vitre pivota légèrement sous la force de ses doigts, laissant découvrir un espace sombre derrière le mur de la douche.  


Les deux compères se regardèrent, frappés de stupeur. Le miroir était un passage secret ?! Le dresseur s'apprêta à énoncer cette évidence à haute voix avant d'être interrompu par le regard autoritaire de Jenny, qui d'un mouvement de la tête, lui montra la porte encore entrouverte de la douche. Mickaël alla la fermer avec précaution, tandis que Jenny poussait davantage la glace, s'attendant à tout moment à ce que l'engrenage se mette à grincer.  

La lumière naturelle qui se déversait dans la salle de bain continua timidement son chemin à travers le passage secret mise en place par le maire. C'était en fait une petite pièce rectangulaire d'une profondeur de deux mètres à peine, et aussi longue que celle dans laquelle ils se trouvaient. Contre le mur en face d'eux, une unique armoire se tenait à peine debout, le bois rongé par le temps et couvert de poussières. Après un court instant d'hésitation, elle monta sur le lavabo et bascula dans l'autre pièce avec l'agilité d'un chat. Il la regarda inspecter tous les recoins avec attention, le cœur de plus en plus battant à l'idée que le maire ait soudain l'idée de venir se mouiller la face ou autre... 


Elle se dirigea enfin vers l'armoire et l'ouvrit avec une lenteur extrême exactement comme avec le miroir, et pour les mêmes raisons. Il était rempli de fourrures. Elle se retourna d'un air perplexe vers lui. Il lui haussa les épaules en grimaçant, pas plus avancé qu'elle : à quoi bon créer un tel mécanisme pour cacher quelques fourrures. La main curieuse de l'inspectrice se faufila parmi les luxueuses vestes avant qu'elle ne plaqua violemment son autre main contre sa bouche, retenant un cri qui les aurait condamné tous les deux : un déversement de mites et de cloportes couvrit partiellement son bras nu. Mickaël ne put qu'admirer son incroyable frisson, lui qui avait eu un violent frisson en voyant la pluie macabre d'insectes se déverser sur elle. Alors qu'elle avait encore la main contre la bouche et les yeux plissés par le dégout, ces derniers s'écarquillèrent de surprise : elle avait découvert quelque chose.  


Il lui rendit alors son air surpris, mais pas pour la même raison : dans le couloir, une porte venait de s'ouvrir et une voix, celle du maire, prononça les mots suivants : 


 — Allez donc vous rafraîchir Jim, vous êtes complètement dans les vapes. La salle de bain est juste ici... ! 


Il y eut une fraction de secondes où il se regardèrent, paralysés par la peur, avant que Jenny ne lui ordonne de venir en agitant frénétiquement son bras dans les airs tel une dégénérée. Mickaël quitta son poste, s'appuya sur le pan de mur libéré par la disparition du miroir, et enjamba ce dernier sans problème. L'inspectrice le rejoignit afin qu'il remette la glace en place. Une seconde plus tard, la porte de la douche s'ouvrait à la volée. Jenny attrapa son poignet à l'aveuglette et se dirigea vers l'armoire ouverte.

Elle le lâcha alors soudainement. A tâtons, Mickaël la chercha mais ses doigts ne faisaient que s'enfoncer dans les fourrures devant lui. Avait-elle disparu dans ces dernières ? Il réprima un frisson de dégoût, inspira fort, et plongea dans la jungle aux insectes.  

Immédiatement, sa main s'arrêta sur une tige épaisse qui semblait en bois, encerclés par deux autres poteaux du même matériau. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'une échelle était dissimulée entre les vêtements, et que Jenny avait déjà probablement fini de la grimper. Il la grimpa avec appréhension, se demandant sur quoi il tomberait : le grenier, sûrement, mais il ne connaissait pas la hauteur de la maison... !  


Il arriva au bout après quelques secondes. L'inspectrice Jenny avait allumé une lampe torche qu'elle gardait fixée sur une petite créature à l'air perdu.  


— Vivi ! 

— Vipélierre ! lui répondit son compagnon, ravi.  


Mickaël le prit immédiatement dans ses bras et le serra avec un grand sourire aux lèvres. Avec nostalgie, il se rappela lorsque son Pokémon était encore un Vipélierre, il y a quelques années, et qu'il était constamment confronté à ce genre de frayeur. Par la suite, à son dernier stade d'évolution, il lui avait posé moins de problème, du fait de son tempérament nettement plus calme. 


— Tu m'as tellement fait peur... 

— Attention à ta tête, l'informa Jenny en illuminant quelques secondes le toit penché. Nous sommes dans le grenier. Un grenier pour le moins propre.  

— Trop propre ? s'enquit le dresseur, comprenant son allusion.  

— Beaucoup trop propre, acquiesça-t-elle dans un souffle, balayant la pièce avec sa lampe torche. On dirait un bureau. Regarde...  


Mickaël s'en approcha, son Pokémon toujours dans les bras. Il y avait quelques papiers et notes qui semblaient bégnines, ainsi qu'un téléphone. Il s'empara d'un cadre dans laquelle il pouvait voir deux jeunes hommes. Pour l'un, il l'avait déjà croisé. Il s'en rappelait comme si c'était hier. Des cheveux ébouriffés en l'air d'une couleur violet foncé comme un scientifique fou, un regard allongé, bleu clair et perçant, un visage aux traits bien dessinés, une bouche qui formait naturellement un sourire inversé. C'était Xenos, plus jeune. Quant à celui à côté... 


— C'est Markowski, murmura l'inspectrice. Le maire. Lui et Xenos ensembles, mains dans la main... devant le Q.G tout neuf de Pokémon Care.  


Elle s'empara de la photo. Mickaël ne vit pas son expression.  


— Il faut s'en aller, lui rappela-t-il.  

— Ouais... Normalement, ce grenier à une vitre sur l'extérieur...  

— On sort par le toit ? 

— C'est possible, répondit-elle simplement. En tout cas, plus possible que de sortir par là où on est rentré. La porte d'entrée est gardée.  

— Vous ne m'avez toujours pas dit ce que vous faisiez ici. 

— Toi non plus !  


Il ne pouvait la voir, mais il sut qu'elle souriait. Soudain, ils entendirent des éclats de voix sourds.  


— Ils sont là, j'en suis sûr ! Poussez le miroir ! Vite, vite, vite !!! 


Ils ne purent se regarder, mais Mike vit la lampe torche arpenter rapidement le toit d'un grenier, à la recherche d'une fenêtre qu'ils trouvèrent rapidement. En bas, on entendait des bruits de pas affairés, et des voix de plus en plus fortes.  

— Le volet est bloqué... ! 

— Vipélierre, aide-nous !  


Ce dernier se servit de ses lianes comme si de rien n'était et détacha carrément le volet de la fenêtre, laissant la lumière du soleil rentrer brusquement par la vitre sale. Jenny ouvrit cette dernière avec difficulté en raison du mécanisme verrouillée et sortit à l'extérieur sans sourciller. Le dresseur fit rentrer son compagnon dans sa Pokéball et sortit à son tour. Le bref passage dans l'obscurité totale provoqua un éblouissement de la vive clarté du soleil.  


— Ils ont dû nous entendre avec le volet cassé ! remarqua-t-il précipitamment. 

— Il n'est plus question de faire dans la discrétion, répliqua-t-elle avec un sourire sans joie.  

— On saute dans la jardin ? Il n'a pas l'air bien loin de nous ? 

— T'as pas froid aux yeux toi, hein ? Si tu veux, mais moi je préfère cette option.  


A peine Mickaël put suivre son doigt tendu qu'elle sauta dans la vide vers l'endroit : la piscine du voisin. Il fallait sauter suffisamment loin, et ne surtout pas se rater, au risque de se tuer sur le rebord, ou la palissade qui séparait les deux demeures. Lorsqu'il vit les cheveux châtains et désormais foncés de l'inspectrice revenir à la surface, il sauta à son tour, à alors que derrière lui, les voix étaient tellement fortes qu'elle semblait juste derrière son oreille.  

L'atterrissage fut plus brusque que prévu. Ses chaussures heurtèrent avec légèreté le fond de la piscine, et il s'en servit pour remonter rapidement à la surface. Cette fois, il ne la chercha pas du regard avant de sortir de l'eau précipitamment. Dans un regard pour le toit dont il avait sauté, il suivit Jenny vers le portail et l'escalada sans mal, malgré ses vêtements imbibés d'eau et donc plus lourd.  


Avec surprise, il vit l'inspectrice entrer dans une voiture au charme fou, ressemblant un peu à une Ford Mustang de 1967 mauve à la peinture brillante sous le soleil, avec cinq places et des sièges en cuir clair. Mickaël en avait un poster dans sa chambre, et il aurait bien aimé en conduire une... Excité bien malgré lui, il glissa sur le capot de la voiture sous le regard scandalisé de Jenny avant de s'asseoir sur le siège passager, passant la main dans ses dreadlocks trempés. La voiture bondit en avant dans un crissement de pneu, et ils filèrent dans les rues désertes du riche lotissement. 


— Waouh ! C'était génial, hein ? Cette "évasion"… ! 

— Ce que tu viens de faire, là ? se contenta-t-elle de répondre en montrant du doigt le capot. Plus jamais.  

— On va où, là ? s'enquit-il en l'ignorant royalement. 

— Qu'est-ce que tu vous faisiez dans cette maison ?! Comment êtes-vous entrés ? 

— Un Abra nous as téléportés. 


Elle ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, mais se ravisa finalement hochant la tête et poussant un soupir. Elle regarda ensuite dans le rétroviseur pendant une dizaine de secondes, avant de dire. 


— Un Abra, genre, celui qui est sur ma banquette arrière ? 


Mickaël se retourna si vite qu'il en eut mal au cou. C'était bien le Abra qui était sur la banquette arrière qui l'avait propulsé dans un manège spatio-temporel ! Il semblait blessé et traumatisé, recroquevillé sur lui-même comme s'il affrontait une tempête. Etant donné son état, il était clair que c'était celui qui avait subi multiples téléportations. Ce dernier demandait un grand apport d'énergie, et ce dernier semblait particulièrement fatigué. Il tendit la main pour le caresser. 


— Ne le touchez pas !  

— Pourquoi donc ? 

— Ecoutez-moi, pour une fois ! soupira-t-elle. Au moins, je sais que vous ne me mentez pas... Quoique, j'aurais préféré... Et comment vous êtes arrivé ici ? TVous vous êtes battu avec ce Jim ? 

— Je vous le dirais quand vous m'aurez dit ce que vous faisiez dans la maison du maire ! 

— Vous pensez être en position de marchander ? 

— Bien sûr ! Que se passera-t-il si je vous dénonce à la police ? Après tout, vous n'êtes pas de Saint-Trompette, donc ce n'est pas à vous que j'irais me plaindre... Et étant donné la notoriété que j'ai gagné ces derniers jours, vous passerez un sacré quart d'heure ! 

— Alors tu dénoncerais une alliée ? 

— Reste à savoir si vous êtes une alliée... ! rétorqua Mickaël en croisant les bras. 


Jenny poussa un soupir, hochant légèrement la tête.  


— En effet, on dirait que vous êtes en état de marchander, concéda-t-elle. Très bien, je vais tout vous dire.  

— Yes ! Mais attention, vous foncez droit dans un mur... ! 

— Le frein... le frein ne marche plus.  


Mickaël resta bouche bée, regardant avec désespoir Jenny marteler la pédale de frein.  


— Sortez de la voiture !  


Mais c'était trop tard. La voiture heurta violemment le mur, balançant leurs corps en avant comme de simples marionnettes. Le ceinture de sécurité les retint, mais leurs organes internes en furent brusquement comprimés. La tête de Mike frappa sèchement le pare-chocs, tandis que Jenny klaxonna avec son front. Lorsque le dresseur regarda devant lui, le paysage avait complètement changé.  

Ils semblaient être dans une grotte silencieuse, avec en dehors des lueurs violettes se répercutant sur les parois et illuminant l'endroit d'une lumière floue. La vitre était fissurée et l'avant du capot écrasé, mais le choc n'avait été fatale ni pour le véhicule, ni pour ses passagers. 


— Inspectrice... Tout va bien ? 

—Oui, répondit-elle dans un souffle, malgré le filet de sang qui s'échappait de son front. Non, rectifia-t-elle du même ton. J'aurais dû le savoir... 

— Quoi ? 

— C'était prévu. Enfin, le maire l'avait prévu, ajouta-t-elle en réponse à son air perplexe. Il savait, depuis le début... 


Voyant que Mickaël, bien trop déboussolé, ne répondait rien, elle continua.  


— Il... Il est comme ça. Il savait depuis le début. Que j'avais infiltré sa maison, que vous étiez là, qu'on se croiserait, qu'on découvrirait sa salle secrète...  

— Mais comment ?! 

— Sûrement a-t-il mis de la nourriture pour Pokémon le long du chemin pour amener Vipélierre vers le grenier, et donc nous, de la même façon. Dès qu'il a su que nous étions en haut, il a envoyé ses hommes pour nous faire dégager. 

— Pas capturer ? 

— Non, sinon il aurait réussi, répliqua-t-elle sèchement. Il fallait qu'il nous fasse s'échapper vite, et qu'on croit avoir trouvé un indice minable avec cette photo à la con. Pour qu'on le laisse tranquille. 


Elle sortit la photo avec Markowski et Xenos et la regarda avec mépris. Soudain, elle cassa violemment le cadre sur le volant de la voiture. Elle en sortit ensuite la photo, et regarda au dos, avant de la donner à Mike en poussant un soupir qui semblait provenir du plus profond de son âme.   

Derrière la photo était marqué : "Coucou inspectrice ! Il serait tant de freiner vos activités illégales ;) )!" 

En effet, il avait tout prévu, en témoignait le mot freiner qui était en gras :il avait coupé les freins de la voiture de Jenny, tout en sachant parfaitement qu'elle était dans sa maison, et son emplacement exact dans cette dernière. 


— Où sommes-nous ? Est-ce que... ! 

— Je pense qu'Abra nous as téléporté, anticipa Mike. L'accident l'a surpris... Bon, on sort de... 


Jenny attrapa son poignet avec une vitesse et une force telle que le dresseur en fut paralysée. Son regard se bloqua sur le pare-chocs avant de se détourner lentement vers l'inspectrice. Cette dernière avait les yeux braqués devant elle, une lueur violette dans l'iris. Mickaël suivit son regard et eut les yeux encore plus écarquillés.  

Devant lui flottait un Pokémon humanoïde et blanc, dont chaque être humain connaissait le nom, mais dont peu connaissaient le forme. On racontait que son seul regard tuait en vous toute espoir de victoire ou de fuite contre lui, que ses pouvoirs psychiques étaient tellement puissants qu'ils pouvaient transcender l'espace et le temps.  

Mewtwo se tenait devant eux.  

L'atmosphère devint soudain de moins en moins respirable, de plus en plus consistante. Ils ne pouvaient détacher leur regard du sien. Le lumière violette se fit plus intense, mais aussi plus tremblante. Tout tremblait, Mewtwo lui-même, jusqu'à leur cerveau dans leur boîte crânienne. Toutes les vitres de la voiture éclatèrent violemment, dans un bruit de casse qui semblait démultiplier par mille. Puis ce fut au tour de la voiture toute entière de se tordre brusquement, les enfermant un peu plus dans son piège d'acier.  


Je vais mourir, comprit Mickaël.  


Il aurait pu se retourner, pincer Abra pour le forcer à se téléporter, essayer de se battre, mais il savait que tout cela était inutile. Ou alors pensait-il le savoir. L'aura de puissance qui émanait de ce Pokémon était beaucoup trop forte, il en était submergé, n'arrivait plus à réfléchir décemment, comme dans un manège rempli de virage à 180 degré. Il avait l'impression que l'attaque psychique de Mewtwo le secouait violemment dans tous les sens, comme on le fait avec un pot de yaourt afin que son contenu devienne liquide... !


Et de nouveau, le paysage changea. 


Cette fois, il était dans une grande prairie de fleurs jaunes et roses. Le ciel était bleu et l'air pur. Tout autour d'eux, des Shaymins volaient dans les airs, se posant de temps à autres dans les hauts champs de fleurs, puis s'envolant de nouveau, par couple, par groupe ou seuls, flottant rêveusement au gré du vent. Jenny et Mickaël se reposèrent sur leur siège, épuisés de leur dernière rencontre. L'absence de nuages, ainsi que le mouvement répétitif des fleurs et des Shaymins faisait qu'on perdait rapidement la notion du temps, de sorte que, lorsqu'ils se remirent à parler, il se surent s'ils s'étaient tus pendant quelques minutes ou une bonne heure. 


— Je pensais que les champs de Shaymins étaient imaginaires... murmura Mickaël.  

— Je pensais que Mewtwo était une légende... 


La seule évocation de son nom leur provoqua de violents frissons. D'un commun et tacite accord, ils décidèrent de ne plus en parler entre eux jusqu'à une certaine date butoir, tant le seul fait de penser à ce Pokémon les rendait mal à l'aise. 


— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? 

— On va déjà essayer de calmer ce Abra avant qu'il ne nous téléporte au cœur d'un volcan en éruption... ! 


Mickaël se retourna machinalement vers la banquette arrière, mais à son grand désarroi, cette dernière était vide. Ils décidèrent de sortir, lançant plusieurs coups de pieds rageur dans les portières tordus en vain. Finalement, ils sortirent par les vitres. Tandis que Mike regardait avec nostalgie la voiture qu'il aurait bien aimé conduire, Jenny foula timidement le parterre de fleurs, balayant l'horizon de son regard. De la fumée noire et odorante s'échappait de la carcasse du véhicule qui picota les narines du dresseur. Il se retourna avec dépit et regarda au loin, les mains en visières. La prairie semblait sans fin. Après un petit moment de recherches, il décida de sortir son Pifeuil pour chercher le Abra. Une dizaine de minutes suffirent pour que son Pokémon ne le trouve, une centaine de mètres plus loin.  

Ils essayèrent de s'approcher de lui pour le soigner, mais il tremblait à chaque fois qu'ils s'approchaient, et ils décidèrent de rester à deux mètres de lui, assis au milieu des fleurs, attendant qu'il soit prêt à s'ouvrir à eux. 


— S'il se téléporte sans nous, on est morts, l'informa placidement l'inspectrice.  

— D'ailleurs, j'ai déjà l'impression d'être au paradis. En tout cas, ça ressemble à l'idée que je m'y faisais enfant... On n'est pas en danger ici, je pense.  

— Un paradis pour Pokémon n'en est pas un pour humain... finit-elle par répondre.  

— Hum... Bon alors ? Dites-moi tout. Pourquoi vous étiez là ? Est-ce en rapport avec notre affaire ? 


Avant de lui répondre, Jenny sortit un petit Evoli qui se mit à gambader joyeusement autour d'eux, sautant en l'air pour essayer d'attraper entre ses pattes les Shaymins aux airs de mini-nuages.  


— J'ai été appelée il y a un peu plus d'une semaine, après que toi et ta clique de dresseurs ne décident de mettre Grupala sens dessus-dessous. Avec notamment la destruction de l'entreprise de Xenos, Pokémon Care, et la libération dans la nature de centaines de Pokémons dangereux pour les civils. Je ne vous accuse pas, ajouta-t-elle, voyant que Mike s'apprêtait à répondre. Mais j'aurais aimé qu'on m'appelle pour passer mes fins de vacances au chaud avec des amis. Pas pour aider à gérer... ce... bordel. Bref. 

— Qui vous as appelé, si ce n'est pas trop indiscret ? 

— L'avocate Catherine Devaux, une amie de longue date. 

— Mme Cathy ?! 

— Mlle Cathy, jeune homme !  

— Ah bon ? Mais elle est vieille, non ? 

 — Quoi ? Non, pas du tout, et puis... ce n'est pas la question ! Elle n'est pas mariée ! En tout cas, elle m'a appelé parce qu'elle trouvait que votre affaire était louche.


Il y avait quelques zones d'ombres qu'elle tentait d'éclaircir, et il lui fallait un agent extérieur à la législation Zénitia pour enquêter tranquillement dessus. 


— Et ces trucs louches, c'était par exemple le fait que Xenos soit un peu moins gentil que ne le croie la population ? demanda Mickaël avec un sourire ironique.  

— Si seulement il n'y avait que cela, sourit-elle à son tour, d'un sourire nettement plus crispé. Je ne peux pas te donner tout le détail de cette affaire, mais... il s'est passé un truc quand on a cherché Xenos. Comme tu le sais, les jeunes Ketchum et Shimizu l'ont battu dans l'église de Grupala, en le propulsant hors de celle-ci. 

— Oui, il m'a dit qu'il l'avait envoyé percer le mur et manger les buissons derrière sur une dizaine de mètres. 

— Eh bien, avant que les recherches ne commencent officiellement, j'y suis allé, et je n'ai rien trouvé, si ce n'est une ceinture de corps qui va de la taille jusqu'en dessous des pectoraux, et qu'on met lorsqu'on a mal au dos. Elle était noire, et ce que je remarquais, c'était qu'il y avait une grande LED cassée au centre. Et je pense qu'elle appartenait à Xenos. 

— Il l'aurait enlevé pour s'enfuir ? S'étonna le dresseur. Ça n'a pas de sens... S'il avait des maux de dos... ben déjà, il ne pourrait pas s'échapper ! Donc je le vois mal enlever cette ceinture et puis fuir en abandonnant son Pokémon ! 

— En effet, c'est louche, acquiesça-t-elle, d'autant plus que je n'ai vu nulle part mention de problème de dos de sa part. Et puis, on a remarqué que cette ceinture abdminale était plus étrange que prévu... ! Etant donné qu'ils étaient déjà sur l'île, on a appelé les professeurs Euphorbe et Pimprenelle afin qu'ils nous aident à analyser cette chose. Et puis, il y avait un agent de police qui nous aidaient... Quincy John, je pense. 

— Les professeurs Euphorbe et Pimprenelle[1] sont ici ?! 

— Tu les connais ?  

— Bien sûr, je suis né à Alola ! Mais que font-ils à Zenitia ? 

— Tu pourras leur demander si tu les rencontre, je n'ai pas eu le loisir de leur poser la question.  

— Et donc, qu'a donné l'analyse ? 

— Hé bien... soupira Jenny en hochant la tête, visiblement encore choquée. A l'intérieur de la ceinture, ils ont détecté deux petites piques minuscules sur lesquels il y avait du sang. On ne sait pas à quoi elles servent, si ce n'est à "piquer" le gars qui porte la ceinture, mais les analyses du sang ont montré qu'on avait affaire à du sang de Pokémon... ! De plus, la ceinture était équipée d'une technologie microscopique bien plus fournie que je ne le pensais. En fait, c'était un concentré de technologie assez bluffantes d'après les dires d'Euphorbe.  

— Du sang de Pokémon... ? 

— Je me suis dit que c'était tant pis pour la ceinture. On avait sûrement fait de mauvaises analyses. Et puis, un Pandarbare avait été trouvé non loin par la suite... 

— Ah mais bien sûr ! S'exclama Mickaël en hochant la tête. Xenos en avait un, en effet. C'est lui qui a du se blesser sur ses piques en fuyant n'est-ce-pas ? 

— J'y ais pensé, mais la façon dont la ceinture était posé par terre montre qu'un Pokémon sauvage n'aurait pas pu marcher sur ces piques. J'ai décidé de laisser ça de côté pour l'instant, et de me concentrer temporairement sur ma jumelle. Elle m'a raconté s'être fait tabasser par Xenos et l'un de ces lieutenants, du nom de Primus d'après les dépositions de Ketchum. 

— Oui, on l'a vu à l'hôpital la nuit même.  

— Tout ce sont j'avais besoin, c'est de trouver le sang de ces deux-là sur ellt. Or, il y en avait deux types sous ses ongles : j'en déduis logiquement qu'elle les avait griffés pour se défendre. Grâce à cela, j'avais une preuve que ma sœur s'était défendue d'une agression. Cependant, le plus particulier, c'était que l'un des deux prélèvements de sang était exactement identique à celui prélevé sur la ceinture.  


L'information mit quatre secondes montre en main à Mickaël pour atteindre son cerveau. Il détourna son regard de son Pifeuil qui semblait discuter avec Abra sur le côté et regarda Jenny, les yeux écarquillés de stupeur. Comment ça, "exactement identique"… ! 


— Mais... ! 

— Ça a été ma réaction dans un premier temps, je te l'avoue, sourit-elle. En fait, après avoir analysé les deux prélèvements de sangs, nous nous sommes rendus compte qu'ils étaient tous identiques dans leur composition, et l'un était le même que sur la ceinture abdominale. Si je m'arrêtais là, cela voulait dire que ma sœur avait en fait griffé des Pokémons, et non pas des humains, mais j'ai harcelé les deux professeurs pour qu'ils mettent tous les outils en œuvre afin de faire des analyses plus poussées sur ce sang : peut-être que l'on se trompait depuis le début. 

— Peut-être que ta sœur s'était faite tabassée par les Pokémons de Xenos et Primus, non ? 

— Non, sa déposition à l'hôpital d'après l'agent John qui était là à son réveil dit bien que c'était les deux hommes qui l'ont attaqué. C'est pourquoi j'ai décidé d'insister. Et puis, j'avais un mauvais pressentiment... Lorsque cet agent de police, John, a parlé à ma sœur, les premiers mots qu'elle a dit :"— Il n’est pas humain John ! Sa force n’est pas humaine !  Xenos n’est pas humain, c’est un monstre !!!". Ou un truc du genre.  

Mickaël resta interdit. Peut-être avait-elle abusé, surprise par leurs forces colossales, mais ce n'était pas le genre d'une inspectrice de perdre autant ses moyens... Xenos, un monstre de puissance ? Pour Mickaël, il ressemblait plus à un bureaucrate sédentaire. 

— Au début, je l'ai pris au sens figuré. J'ai attendu une journée, et ensuite, les professeurs Euphorbe et Pimprenelle m'ont communiqué leurs nouveaux résultats. Ils s'étaient trompés depuis le début. 

— C'est-à-dire ? S'enquit immédiatement Mickaël, presque comme un ordre. 

— En fait, le sang sur la ceinture abdominale n'était ni du sang de Pokémon, ni du sang d'humain. C'était plutôt un hybride de sang humain et Pokémon. Non pas que le sang de Xenos et d'un autre Pokémon se soient malencontreusement mélangés. C'était un type de sang qui contenaient les caractéristiques d'un humain, et d'un Pokémon ! Tu comprends ce que cela implique. 


Oui, dans l'absolu, le dresseur avait compris.  


— Qu'elle que soit le dénouement de notre enquête, nous venions de faire une découverte d'envergure planétaire ! Ce sang appartenait forcément à une créature mi-humaine, mi-Pokémon ! Mi-humaine mi-Pokémon Correa, vous comprenez ?! On trouvait du sang-mêlé, comme l'appelle Pimprenelle, sous les ongles de ma sœur, mais aussi sur la ceinture. Et si on se tenait aux faits, on pouvait déduire que c'était celui de Xenos, et de son lieutenant ! 

— Donc à la fin de l'enquête, vous n'avez pas trouvé, ni Xenos, ni Primus, mais vous êtes en mesure d'affirmer qu'ils sont des sortes d'hybrides entre humain et Pokémon ? 

— T'as tout compris. A ce stade de l'enquête, Xenos et Primus sont les deux premiers "sang-mêlé" de toute notre Histoire. Et ces deux-là sont sûrement les deux premiers de leurs espèces... 


Mickaël poussa un gros soupir, abasourdi par la nouvelle, et ce à juste titre. Xenos et Primus, des bêtes mi humaines, mi Pokémon ? Si c'était vrai, il n'imaginait même pas le tsunami médiatique que provoquerait une telle nouvelle. L'information serait-elle cachée à jamais ? Les professeurs Euphorbe et Pimprenelle seraient-ils traités de fou ? La nouvelle tomberait à l'eau, l'opinion publique croyant à un canular ? 


— Je n'y crois pas. Le professeur Euphorbe a dû se tromper. Il a souvent la tête en l'air.  

— C'est quelqu'un de particulièrement compétent, répliqua-t-elle. Libre à toi de le croire ou pas, mais crois-moi : dans cette histoire, il a parfaitement fait son travail.  

— L'idéal serait de prélever le sang de ces deux-là pour être sûrs.  

— Exactement.  

— Mais... ça ne me dit toujours pas ce que vous faisiez chez le maire ! 

— L'amitié entre le maire de Saint-Trompette et l'entrepreneur Xenos est bien connu. Je me suis dit que ce dernier s'était peut-être refugié dans la demeure de son ancien ami, avant que le maire n'annonce l'avoir "retrouvé" de manière spectaculaire... Mais bon, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de vérifier... 


Mickaël acquiesça lentement de la tête. 


Maintenant qu'il y pensait, il n'était pas vraiment surpris de cette nouvelle, surtout pour Primus. En effet, il était arrivé en plein milieu du combat entre lui et Noz, cet ami étrange rencontré dans les prisons du Q.G caché de Xenos. Il rêvait (ou cauchemardait ?) de leurs combats à chaque fois qu'il tombait dans les bras de Morphée. Sur le moment, il n'avait absolument rien compris, mais tout était clair maintenant. Il avait cru apercevoir Primus se battre avec son Pokémon dans les explosions de toutes les couleurs provoqués par des attaques combinées, et c'était le cas. D'ailleurs, Noz aussi n'était définitivement pas un humain normal maintenant qu'il y pensait : comment avait-il fait pour se battre contre un monstre tel que Primus ? 


Oui, il avait été témoin du combat, c'est vrai, mais tout était allé trop vite. C'était comme de regarder un match d'échecs entre deux joueurs qui faisaient chacun leur coup en moins d'une seconde. Tout allait bien trop vite pour qu'on comprenne, tout était bien trop chaotique, illisible, mais dans le même temps, c'était une chorégraphie sans fautes, lisible, limpide, on le voyait à travers les yeux du joueur...  

A ce moment-là, pour lui, Primus ne lui avait pas semblé humain. Et Noz non plus, d'ailleurs... ! 


 

****** 


 

Autour de la table, plus personne ne parlait. Sacha, Ellie et Cassie était aussi choqué que Mickaël l'avait été en apprenant la vérité.  


— Xenos, un sang-mêlé... murmura Cassandra qu'on entendait pour la première fois.  

—Mais si Xenos a disparu, c'est qu'il est retourné dans la nature ? demanda Ellie, confuse. En tant que... Pokémon ?! 

— L'enquête continue, leur répondit Mickaël. D'après le professeur Pimprenelle, la ceinture abdominale, qui contenait une technologie asses pointue, était peut-être quelque chose qui lui permettait de garder forme humaine. Peut-être que sans cette dernière, il recouvre une forme Pokémon, ou autre... Mais ce n'est qu'une théorie.  

— Si je récapitule, le maire veut nous tuer, sûrement parce qu'on est des ennemis de Xenos, et que c'est son ami. Il veut aussi capturer le Pikachu de Sacha. Et maintenant, on sait que Xenos et Primus sont des sang-mêlé.  

—C'est ça. Et devinez le pire ? La ceinture abdominale a été volé. Après être revenus à Saint-Trompette, l'inspectrice a reçu un appel des professeurs : La ceinture abdominale a été volé. Par qui, nul ne le sait, mais on a une petite idée du pourquoi. 

— Pour le rendre à son propriétaire... ! 


Mike tourna le regard vers Sacha. Il était resté muet pendant toute la discussion, et fixait rêveusement son Pikachu, l'air insondable. Quant à Cassandra, elle hochait négativement la tête, comme si elle essayait de réfuter en bloc tout ce qu'elle venait d'entendre.  


— Et du coup, comment t'as fait pour revenir ? s'interrogea Ellie. 

— Il a fallu essayer de calmer Abra. Lorsqu'il nous as téléportés de nouveau, on s'est retrouvés dans un parking désert, ce matin. On a compris que le banquet était passé. Abra nous as téléporté dans l'espace, mais aussi dans le temps. Plusieurs heures dans le futur, en l'occurrence... ! C'est à ce moment que les professeurs ont appelé. L'inspectrice m'a dit qu'il était mieux que je retourne me réfugier à l'hôtel, mais de toute façon je serais revenu au pas de course pour voir s'il vous était arrivé quelque chose. Quant à elle, elle est repartie chez sa sœur. Et, voici mon nouvel ami... 


Il sortit de la poche intérieure de sa veste une Pokéball, dont un Abra sortit sous les yeux ébahis de ses amis. 


— Je l'ai capturé. Et je compte bien m'en occuper. En tout cas, mieux que son ancien propriétaire ! J'ai vu des traces de coups sur son corps... Il devait être battu par son dresseur. C'est pourquoi il est si stressé et lance une attaque Téléport au moindre danger.  


Soudain, ils entendirent du bruit dans le salon. Il y avait des bruits de luttes, mais aussi des petits cris aigüe qui ne venaient pas d'un humain. Tous les dresseurs se figèrent, puis attrapèrent une Pokéball, prêt au combat. C'est alors que Noémie apparut dans l'encadrure de la porte 


— Hey, ne m'attaquez pas ! Eh bien, que se passe-t-il ? Vous en faites des têtes ? 


Pour seule réponse, ils se regardèrent avec un regard éloquent. Puis Sacha croqua dans son sandwich désormais vide, dont le contenu gisait sur la nappe. 


Il était 11 heures.  


Il restait 24 heures piles avant le début de la cérémonie pour célébrer le commencement de la compétition de Zénitia.  

 



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