Nous sommes pareils

Chapitre 3 : Personne ne naît "brisé".

3242 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/04/2020 17:07

Aie, ma tête. Qu’est-ce que ? Je saigne … Ce n’était donc pas un rêve je suis vraiment perdu dans la montagne avec probablement un bras cassé et maintenant mon seul moyen de communiquer avec l’extérieur vient de perdre tout réseau … Génial ... J’espère que Gil a réussi à me localiser.

Je dois rester conscient le plus longtemps possible et je dois trouver le profil de mon assassin. Il était là dans cet environnement il cherchait à se suicider mais dans sa course il a croisé cette voiture sur son passage, trop déterminé pour changer d’avis et trop instable pour accepter que quelque chose tente de se mettre entre lui et son destin funeste il décide de poursuivre cette voiture dans un accès de rage, sauf que le conducteur quitte la route mettant fin à cette poursuite meurtrière et.. Hein ? C’est quoi cette lumière, et les sirènes, c’est … les secours, merci Gil.


-         Monsieur vous êtes seuls ?

-         Oui, il n’y a que moi. Je me suis sûrement endormi au volant et je viens de perdre connaissance.

-         D’accord on vous conduit à l’hôpital.

-         Est-ce que vous pouvez m’aider à récupérer ces dossiers avant d’y aller ?

-         Pardon ?

-         Ecoutez je travaille pour la police de New York et je ne pense pas qu’il apprécierait que l’on laisse accessible des dossiers d’affaires en cours sur la banquette d’une voiture accidenté au bord de la route.

-         Dépêchons-nous alors.


Une fois dans l’ambulance avec mes photos macabres d’accidents de voitures je sentais que les analgésiques qu’ils venaient de m’injecter commençait à faire effet, déchargé d’une partie de ma douleur physique je revoyais autour de moi la forêt dans laquelle je cherchais à comprendre le meurtrier. Quel traumatisme a bien pu te briser pour te pousser à assassiner deux familles dans de telles circonstances ?


Malcolm … Pourquoi fais-tu cela ? Mon fils … Pourquoi cherches-tu à faire arrêter quelqu’un qui a juste trouvé le meilleur moyen pour lui d’essayer de vivre sa vie ?


Tais-toi. STOP.

Je sentais mon rythme cardiaque s’accélérer et l’adrénaline me pousser à fuir les paroles de ce monstre dans ma tête.

Laisse-moi partir …


-         Monsieur, réveillez-vous.

-         Quoi ? Qu’est ce je fais ici ?


Je pouvais encore sentir cette terrible douleur dans mon bras gauche, à mon réveil j‘étais aveuglé par une intense lumière blanche et je voyais autour de moi des dizaines de personnes aller et venir sans s’arrêter.


-         Monsieur, calmez-vous, vous êtes à l’hôpital. Vous avez fait un cauchemar.

-         Oui ça m’arrive …

-         Nous avons eu un lieutenant de police qui vous cherchait, il va passer. Nous avons posé un plâtre sur votre bras et le scanner indique que vous n’avez pas de commotion cérébrale. Nous sommes surchargés en ce moment, si vous faites bien attention pendant les prochaines 24 heures et que vous ne restez pas seul nous pouvons vous laisser partir.

-         Excellente nouvelle. Je m’en vais.

-         Non, vous devez attendre que quelqu’un passe vous prendre.


Pitié Gil ne prévient pas ma mère. Et merde … Elle va me tuer, quand elle va apprendre que je lui ai menti et que j’ai un accident elle va finir le travail elle-même. Et Gil va en remettre une couche. Sa voiture, j’avais presque oublié, elle aimait beaucoup cette voiture, quand elle va voir ce qui en reste, je vais surement finir sur le trottoir avec Sunshine.


-         Malcolm, mais enfin qu’est-ce qu’il s’est passé ?

-         Mère. Alors c’est une histoire assez amusante.

-         Tu crois vraiment que j’ai envie de rire, en apprenant à 3 heures du matin que mon fils est aux urgences après un accident de voiture alors qu’il devait être tranquillement à un rendez-vous avec une jeune femme.

-         Tu ne m’aurais pas prêté ta voiture si je t’avais dit la vérité.

-         Et j’aurais eu raison. Malcolm, tu t’es endormi au volant.

-         Je sais maman et je suis désolé pour ta voiture mai..

-         Ma voiture, mais je m’en fiche de cette voiture. C’est pour toi que je m’inquiète. Tu me mens pour te rendre dans une forêt en pleine nuit et somnole sur la route du retour. Malcolm j’ai vraiment eu peur …

-         Je suis désolé.

-         Allez, je vous ramène.

-         Merci Gil, de m’avoir trouvé et pour … tout ça.

-         On en reparlera plus tard gamin.


Après m’avoir déposé chez moi Gil a tenu à ce que ma mère reste pour assurer « ma surveillance médicale de 24H », autant dire que j’allais passer 24 très longues heures enfermé dans mon propre appartement avec ma mère. 


-         Maman tu devrais t’installer dans mon lit et je vais dormir dans le canapé.

-         D’accord, est-ce que tu as besoin de quelque chose ? Tu veux un verre d’eau peut-être ?

-         Merci maman je peux encore me servir de ma main droite tu sais et je préfère me coucher, j’ai du travail qui m’attends tout à l’heure.

-         Je te laisse te reposer. Malcolm je suis là si tu as besoin.

-         Je le sais.


Encore sous l’effet des médicaments je réussi facilement à m’endormir en repensant aux différents éléments que j’ai réussi à dégager du lieu du premier accident pour mon profil.

Malcolm … Mon garçon … Tu n’as pas à avoir peur, tu sais … Toi et moi, nous sommes pareils …

Laisse-moi. Tu n’es pas là. Laisse-moi tranquille. NON.


-         Malcolm, chéri, réveille-toi.


Dans la précipitation et ne sachant pas encore que ma mère se trouvait à mes côtés je me lève en sursaut comme pour échapper à quelqu’un qui me pourchasse et la bouscule dans ma course contre mes démons intérieur. Voyant ma mère par terre à côté du canapé je réalise ce qu’il vient de se produire.


-         Oh mon Dieu, maman, je suis terriblement désolé, je ne voulais pas.

-         Ne t’inquiète pas Malcolm, ça va aller.

-         Non ça ne va pas … J’étais là-bas et je …

-         Tu devrais te remettre dans ton lit chéri, je vais t’aider à accrocher tes sangles.

-         Je te remercie mais je n’ai plus vraiment envie de dormir maintenant.


Ayant besoin d’un moment pour me remettre de la frayeur que je venais d’avoir je me laisse tomber à genoux par terre, j’avais envie de hurler tellement cette situation devenait insupportable mais rien ne sortait. Ma mère me voyant ainsi pris place à mes côtés pour me soutenir comme elle le pouvait. Dans ses bras j’avais l’impression d’être de nouveau ce petit garçon de 11 ans complètement déstabilisé après avoir vu son père se faire arrêter. Nous sommes restés un long moment dans cette position avant de décider de s’installer sur mon bar pour prendre un café, et contre toute attente ma mère s’est confié à moi concernant des cauchemars et des crises similaires qu’elle faisait il y a plusieurs années. Après plusieurs cafés et des heures de lamentations sur l’influence négatives qu’avait pu avoir Martin Whitly sur notre famille j’insiste pour appeler un taxi à ma mère pour qu’elle puisse rentrer chez elle pendant que je serai au poste pour avancer sur ma nouvelle affaire.


-         Malcolm ce n’est pas sérieux, tu viens tout juste d’avoir un accident, tu devrais te reposer et rester chez toi.

-         Maman tu as bien vu que ce n’est pas possible en ce moment, au moins au poste mes insomnies peuvent servir à quelques choses et de toute façon je ne suis pas tout seul, Gil est courant de ma situation et l’inspecteur Sianh, avec qui je bosse sur cette nouvelle affaire, ne me fait pas vraiment confiance, elle m’aura à l’œil toute la journée.

-         Très bien mais promet moi de rester au poste et si tu as le moindre symptôme alarmant tu vas directement à l’hôpital.

-         C’est promis.  


A mon arrivé au poste de police je peux voir que Gil n’est pas vraiment surpris de me trouver dans les premiers arrivés. Il me sermonne assez longuement sur mon irresponsabilité qui a causé mon accident et me conseille de rapidement boucler mon affaire pour qu’il puisse de nouveau m’avoir à l’œil. En y réfléchissant bien il s’inquiète pour moi pratiquement autant que ma mère, et je sais que je peux toujours compter sur lui, il est ce qui se rapproche le plus d’un père pour moi. Après lui avoir offert un mauvais café de rédemption je l’informe que je vais continuer à travailler sur la résolution de l’affaire de l’Inspecteur Sianh et qu’il n’avait pas à s’inquiéter pour moi je ne ferai pas de folie aujourd’hui. Je pris donc l’ensemble de mes dossiers rescapés de l’accident et me dirigeait vers la salle de réunion près du bureau de l’Inspecteur Sianh, en croisant les doigts pour qu’elle ne me pose pas de question sur les raisons de mes égratignures et de mon plâtre.


Alors pour trouver l’identité de l’assassin de mes deux affaires je dois retrouver l’événement traumatisant qu’il a vécu probablement en tant que victime, ou peut être comme un témoin s’il était passager et que le conducteur à causer un accident mortel il peut souffrir d’une sorte de culpabilité. En tout cas ce genre d’événement n’aurait pas affecter un adulte de la sorte, il devait surement être un enfant ou un adolescent au moment des faits, ce qui me laisse une énorme marge. Comment est-ce que je vais retrouver un rapport d’accident qui peut dater de 10 ans comme de plus de 40 ans … Je dois tout de suite procéder par élimination, je vais en premier lieu me concentrer sur les accidents impliquant au moins deux véhicules, avec des victimes décédées sur place, sur le tronçon de route de l’affaire de l’Inspecteur Sianh, entre 1975 et 2015. J’ai plus 3000 résultats … Bon il faut encore en éliminer, ce genre de comportement destructeur et la reproduction de ce schéma évoque plutôt un profil masculin, et j’imagine donc que l’individu à la source de tout cela est également un homme, il peut être le père, grand-père, frère, ou figure d’autorité de notre assassin. J’ai toujours plus de 2500 résultats …


-         Bright ? Mais qu’est-ce qu’il vous ait arrivé ?

-         Inspecteur Sianh, bonjour. Je suis désolé je n’ai pas encore fini mon rapport concernant mes observations sur la scène de crime.

-         Ce n’est pas ce que je viens de vous demander.

-         Je sais. Mais si ça ne vous dérange pas je préfère autant passer ce passage.

-         Eh bien ça me dérange. Soyez honnête avec moi ou je vous retire cette affaire.

-         D’accord, j’ai eu un accident de voiture quand je repartais de la scène de crime. Je me suis endormit au volant, la voiture de ma mère est ruinée et je dois garder ce magnifique plâtre pendant au moins 1 mois.

-         Autre chose que je devrais savoir ?

-         Non c’est à peu près tout.

-         Vous êtes sûr d’être en mesure de travailler aujourd’hui ?

-         Oui.

-         D’accord, alors vous pourrez me rendre votre examen de la scène de crime ce soir. En attendant restez ici et faites-moi votre profil avec les éléments dont nous disposons.

-         Très bien.

-         A ce sujet vous avez déjà une idée à me soumettre ?

-         Je suis à la recherche d’un accident antérieur qui pourrait être la source du traumatisme de notre assassin.

-         Et alors vous avez des pistes.

-         Beaucoup trop malheureusement, je cherche à réduire ma liste pour me concentrer sur les profils des victimes, témoins ou d’autres personnes ayant été personnellement affecté par cet accident.

-         Je vous laisse avancer dans ce cas.


Devant l’ordinateur qui me permettait de rechercher les anciennes affaires classées je luttais contre la fatigue et la douleur qui commençais à me lancer dans le bras. Non, pas maintenant, ce n’est pas le moment de faiblir, je dois faire mes preuves si je veux continuer à travailler sur cette affaire, je dois trouver quelque chose de concret pour avancer. Allez, allez Malcolm, il faut changer de technique, peut-être qu’en prenant par dizaine d’années je pourrais éliminer les profils qui ne correspondent pas et affiner ma sélection au fur et à mesure. Je vais d’abord commencer par les accidents les plus anciens, entre 1975 et 1985, alors j’ai plus de 700 affaires … D’accord, bon maintenant je ne garde que les accidents qui se sont produit dans la nuit et sans aucun lien avec de l’alcool ou de la drogue. J’ai la sensation que dans ces affaires l’usage de stupéfiants n’est pas la clé. Bon, encore plus de 400 affaires, d’accord pas de problème je vais parcourir les dossiers, j’espère vraiment que les flics de l’époque ont fait un vrai travail d’investigation sinon je sens que ça va durer très très longtemps.


-         Bright, alors comment vas-tu ?

-         Bien Gil, merci. Et toi ton affaire ça avance ?

-         On recherche encore notre fugitif.

-         Au moins nous sommes bloqués au même point … Aie …

-         C’est ton bras ?

-         Oui.

-         Tu devrais rentrer. Tu n’étais même pas censé venir bosser aujourd’hui après ton accident.

-         T’inquiète ça va aller.

-         Oui justement Bright je m’inquiète. Regardes toi, en ce moment tu es plus bizarre que jamais, tu prends des risques inconsidérés, tu ne dors pratiquement plus, tu..

-         Gil, merci de ton intérêt pour mon état mais je suis en mesure prendre soin de moi.

-         Tu t’entends là, Bright tu ne crois même pas à ce que tu viens de me dire.

-         Stop maintenant, je me débrouille, et de toute façon tu n’es pas MON PERE.


Je viens seulement de réaliser la portée de mes paroles et en voyant dans les yeux de Gil que je l’avais profondément blessé j’ai tout de suite eu envie de lui dire que je n’en pensais pas un mot.


-         Tu as raison.

-         Gil, attend ... Non je …


Merde … Qu’est-ce que je viens de faire …


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