Professeur Layton et le Miroir de Rosenwald

Chapitre 13 : Cernés

2777 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/01/2020 01:06

Luke et le Professeur Layton descendaient la vallée depuis une bonne demi-heure maintenant. Le garçon observait le paysage avec grande attention, à la recherche du fameux château de Hohenhart. Le ciel était d'un bleu Azur, sans aucun nuage. Il y avait une douce brise et il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid. Un temps parfait, aggrémenté d'un Soleil illuminant l'horizon.


"-Dites Professeur, au vu de ce que nous avons appris, avez-vous réussi à déduire quoique ce soit de toute cette histoire ?

-Tu te demandes si un tel objet peut donner n'importe quoi à n'importe qui ?

-Et bien...Oui, j'ai du mal à y croire, je dois bien l'avouer.

-Ha ha, je te comprends Luke ! A vrai dire je ne sais pas vraiment quoi en penser. 

-Il est vrai que nous ne savons même pas pourquoi il a été crée ! Pourquoi ce Isaac aurait crée un miroir si maudit, qu'il provoquerait la mort de ceux qui le possèdent ?

-Ca Luke, nous en saurons plus, lorsque nous irons parler au Duc et à cette Magda."


Ils passèrent par la forêt, ce qui signifiait que le Bostonius n'était plus très loin maintenant. Raymond avait vraiment bien choisi son endroit en le posant. Ainsi, ils étaient presque sûrs de ne pas se faire repérer. 


Après cinq bonnes minutes, Luke et Layton rentrèrent dans le Bostonius à la recherche du Majordome. Ce dernier sortit d'une salle qui était probablement la salle des machines.


"-Messieurs, quelle surprise de vous voir ici !

-Navré de ne vous avoir prévenus Raymond, mais je tenais absolument à vous parler.

-Oui, nous avons besoin de renseignements !"


Raymond les fit asseoir sur les divans aux coussins pourpres et fit de même. Il savait quel allait être le sujet, alors il laissa échapper un petit sourire.


"-Monsieur, vous a parlé d'elle ?

-Avec difficulté mais j'ai néanmoins réussi à lui soutirer quelques informations.

-Dites Raymond, vous connaîtreriez peut-être un membre de sa famille ?

-Et bien mademoiselle avait une tante, elle vit actuellement à Londres.

-Avez-vous son adresse ?

-Malheureusement non Monsieur Layton, mais je pourrais l'avoir dans les jours qui suivent sans doute ?

-Cela me convient parfaitement, je vous en remercie !"


Raymond soupira et fixa ses mains, maintenant marquées par le temps. Il était pensif.


"-Quelque chose ne va pas ?

-Vous savez...Je fais surtout cela pour Monsieur.

-Comment ça ?"


Luke écarquillait les yeux. S'il avait bien compris, Descole semblait se moquer totalement de cette Meredith. Alors pourquoi Raymond le ferait-il pour lui ?


Raymond releva la tête, ses petits yeux habituellement clos, étaient grands ouverts, signe d'un grand sérieux.


"-La retrouver, lui permettrait sans doute de retrouver un peu de bonheur, vous ne croyez pas Monsieur Layton ?"


Layton se souvint de la nuit où il était allé voir son frère. Cette lettre lavande...Cette lettre morbide.


"-Sous ses airs, se cache un homme profondément meurtri. Cela me peine de le voir ainsi.

-Je vous comprends Raymond. C'est aussi pour cela que vous lui avez confié cette lettre ?

-Non, c'est lui même qui me l'a demandé. Il voulait la garder.

-Décidément je ne le comprendrais jamais...Ajouta Luke

-Ha ha Descole aime jouer avec nous, alors il est souvent plein de surprises mon garçon.

-Il reste néanmoins une horrible personne à mes yeux..."


Layton regarda Luke. Il était encore jeune et après tout ce qu'il s'était passé...Il ne put rien objecter.


"-Que pouvez-vous me dire d'elle Raymond ?

-Que savez-vous déjà ? Il serait inutile de répéter ce que Monsieur vous a dit."


Il lui fit un bref résumé et Raymond écoutait attentivement. Puis, il se mit à réfléchir un court instant :


"-Il y a bien un jour dont je me souviendrais toute ma vie, tant il était horrible.

-Vous n'êtes pas obligé d'en parler, vous savez.

-Ne vous en faites pas. Il lui sourit."


Il prit une grande inspiration, et se gratta la barbe :


"-C'était un jour ou Mademoiselle avait cours à l'Université de Gressenheller. J'étais seul avec Monsieur Sycamore, à son bureau dans les quartiers de Londres. Ce dernier s'était enfermé dans une pièce, à clé. Je ne comprenais pas vraiment, cela ne lui ressemblait pas vous savez..."


L'archéologue et son apprenti, écoutaient avec la plus grande attention, leurs visage dénués de toute émotion.


"-Meredith arriva quelques heures après. Monsieur n'était toujours pas sorti de cette pièce et vous vous doutez bien, que j'étais fort inquiet, ce qui n'a pas échappé à son assistante. J'avais un double des clés, que je n'avais pas osé utiliser, de peur de porter atteinte à l'intimité de Monsieur."


Il se perdit un instant dans ses pensées.


"Raymond je sais bien que cela ne se fait pas, Mais s'il lui était arrivé quelque chose de grave ?"

"Mademoiselle...Je-"

"Je t'en prie donne moi ces clés !"


"-Elle était terrifiée alors j'ai cédé. Elle s'est empressée d'ouvrir la porte. Monsieur était assis à son bureau et n'avait pas bougé. Lorsque nous nous sommes approché de lui, il avait un regard morbide et fixait le vide."


"Professeur, je vous en prie répondez ! Que vous est-il arrivé ?"


"-C'est alors que j'ai remarqué quelques chose et j'ai immédiatement montré ma vision à Meredith...

-C'est là que vous aviez compris que TARGET y était pour quelque chose ?

-C'était indéniable. Monsieur m'avait averti que leurs Sbires étaient venu le voir pour l'enrôler. Ce dernier ayant refusé bien sûr.

-Cette organisation est monstrueuse...Songea Luke, en baissant la tête."


Il expira et reprit son récit morbide.


"-Mademoiselle sorti de la pièce, profondément choquée. Voyez-vous, elle connaissait TARGET elle aussi, elle y a eu indirectement affaire."


"Mademoiselle, essayez de vous calmer, je sais bien que..."

"Je ne peux pas ! Non, je ne peux pas ! Raymond...Comment ont-ils pu !? Je...Je me sens si impuissante !"


"-Elle était dévastée, il est vrai que Monsieur ne méritait rien de tout cela. Monsieur Layton vous et moi savons très bien ce que cela fait de perdre des êtres que nous chérissons.

-Je ne le sais que trop bien...En effet."


Raymond se laissa à nouveau emporter par ses songes. Il se remémorait l'expression terrifiée que la jeune petite assistante exprimait. Elle tenait beaucoup à son mentor, et ça il le savait.


"-Suite à ce jour, Mademoiselle se dévoua corps et âme à Monsieur. Bien que cela ne lui plaisait guère, Mademoiselle s'assurait à ce que son mentor aille pour le mieux. Nous faisions au mieux pour l'aider à traverser cette terrible épreuve.

-Est-ce à ce moment là qu'il a décidé de devenir Jean Descole ?

-A vrai dire pas vraiment. Il avait songé à une idée de vengeance, mais Mademoiselle s'y est opposé avec bien évidemment mon aide. La vengeance ne servait à rien après tout.

-Elle tenait beaucoup au Professeur Sycamore alors...

-Oh que oui, mon petit. Elle ne dormait plus, ne sortait plus du bureau pendant des heures voire même des jours. Elle faisait tout le travail de son mentor afin qu'il puisse tranquillement se reposer. Monsieur et moi étions inquiets, mais elle était entêtée alors nous ne pouvions rien faire."


Il s'arrêta.


"-Vous connaissez la suite. TARGET est revenu et Meredith y est allée à la place de Monsieur."


"Raymond, tu me promets de prendre soin du Professeur Sycamore pour moi n'est-ce pas ?"

"Mademoiselle ne partez pas !"

"Ne t'en fais pas pour moi, je le fais pour vous deux. TARGET ne viendra plus s'immiscer dans vos vies, je te l'assures"

"Mademoiselle..."


Le vieil homme se frotta les yeux, visiblement perturbé.


"-Desmond Sycamore, n'était plus que Jean Descole alors ?

-C'en était trop pour lui, je n'ai pas pu le retenir, moi-même affecté par la situation.

-Et finalement elle avait malheureusement tort...TARGET est toujours dans vos vies.

-En effet..."


Il y eut un bref silence. Raymond le brisa, ayant repprit son calme et sa sérénité de d'habitude :


"-Pardonnez ce récit, il ne vous est pas d'une grande aide.

-Au contraire Raymond, ce sont des informations capitales que j'ai obtenu !"


Vraiment ? Luke ne voyait pas quel indice il y aurait pu avoir dans ce récit si triste.


"-Enfin, comment se passe votre enquête avec cette Mademoiselle Smith ?"


Layton lui raconta les récents évènements, n'ommettant aucun élément.


"-Ainsi TARGET est ici aussi...Et en plus de cela, ça n'est plus Bronev qui est à sa tête.

-Peut-être auriez-vous une idée de qui pourrait être son successeur ?

-Du tout, je m'en excuse.

-Cela ne fait rien.

-Dans tous les cas, j'espère pouvoir rencontrer cette jeune femme très bientôt. Monsieur devrait passer dans les prochains jours, alors je lui demanderais.

-Oui, ces deux là s'entendent plutôt bien...Dit Luke, inquiet."


***


Une jeune femme, qui devait avoir l'âge de Victoria, était face à eux. Ses lèvres cerises arboraient un rictus qui pendait à son visage de poupée. Difficile de voir ses yeux, ceux-ci étant cachés par cette paire de lunettes noires.


"-Alors c'est vous la fameuse fille dont ces deux imbéciles parlaient plus tôt."


La fameuse fille mis sa chevelure noire de jais en arrière, satisfaite. Elle fixa Descole de la tête aux pieds.


"-Et bien la Commedia Dell'Arte fait son grand retour on dirait.

-Alors ce serait vous la chef de cette organisation ?"


Victoria était surprise. Elle observa l'anonyme et remarqua que son uniforme était quelques peu différent de l'uniforme habituel que portait TARGET...Enfin d'après ses récentes observations. Sa veste était plus courte, celle-ci s'arrêtant pile au bassin. Les manches étaient courtes elles aussi, dévoilant les manches longues en laine noire, de son sous-pull.


L'intéressée éclata de rire suite à cette remarque.


"-Moi ? Oh mais non ma belle. Disons que je suis la subordonnée, le bras-droit, la sous-chef.

-Et puis-je savoir votre nom, jeune effrontée ?

-Hirondelle suffira. C'est mon "nom"."


Hirondelle...Un pseudo propre à TARGET donc.


"-Et bien Hirondelle, ravie de vous avoir connue, mais c'est que nous avons quelqu'un à aller voir. Fini par dire Victoria en tournant les talons"


Le bras droit fit claquer ses doigts et une horde de soldats en uniforme encerclèrent les deux collègues. Descole était plus qu'excédé, tandis que Victoria soupirait, peu étonnée.


"-Je pense qu'il serait temps pour vous d'utiliser cette superbe épée vous ne croyez pas ?

-Arme à feu contre arme blanche, qui l'emporte ? Rétorqua Hirondelle.

-Dis comme ça...

-Qu'est-ce que vous voulez encore ? Descole fulminait.

-A vrai dire, j'ai ouïe dire que vous deux ainsi que le fameux Professeur Layton et son apprenti, étaient à la recherche de ce miroir.

-Et donc ? Votre petit chef vous a gentiment demandé de nous faire passer un interrogatoire ? Répliqua Victoria, tandis qu'elle essayait de trouver une solution à la situation"


Hirondelle ricana un coup et fit signe à ses hommes de baisser les armes.


"-Non, il nous a demandé tout autre chose. Juste ce miroir. Alors je vous avertis. Ne nous causez pas du fil à retordre ou vous le regretterez, n'est-ce pas Descole ?"


Victoria regarda Descole un instant interloquée, tandis que lui bouillonnait, sa main tapotant le bout de son épée. Il passa outre :


"-Pourquoi cherchez-vous tant ce miroir au juste ?"


Hirondelle, fut...Déstabilisée ? Elle remit ses lunettes en place, se mordant la lèvre :


"-Cela ne vous regarde pas.

-Vous préférez aveuglément suivre des ordres, c'est bien dommage."


Elle tiquait, et s'apprêtait à sortir son arme de service mais Victoria ne lui en laissa pas le temps. Elle avait profité de l'inattention de ces marionnettes en assommer quelques-uns à coup de coup de pied retourné et pour finir, prendre un soldat par le bras et passer par dessus son épaule afin de le lancer en direction des autres sbires. 


"-Navrée, mais nous avons bien des choses à faire, plutôt que de rester avec une bande de robots comme vous."


Elle se mit a courir et Descole la suivi. Ils passèrent dans toutes les petites ruelles, ne sachant pas où ils allaient mais cela importait peu, il devaient fuir.


Hirondelle envoya des soldats à leur poursuite. Malgré ce qu'il s'était passé, elle s'était calmée et commença à faire demi-tour. Elle savait ce qu'elle devait faire maintenant.


Ils étaient à bout de souffle et s'arrêtèrent.


"-Victoria ?!

-Navrée...Mais je..préfère agir..que de patienter"


Descole la regardait d'un air surpris. Quelle surprises lui réservait-elle encore ?


"-Comment avez-vous...?

-Je ne sais même plus, si c'est bien la question."


Ils avaient repris leur souffle petit à petit. Victoria s'étira, tandis que Descole remit son tricorne en place.


"-Cette femme avait l'air de vous connaitre.

-Et pourtant je ne l'ai jamais rencontrée avant aujourd'hui.

-Comment connait-elle votre nom alors ?

-Je n'en sais rien."


Victoria se mit face à lui et le regarda droit dans les yeux, sourcils froncés.


"-Vous ne comptez toujours pas me dire, votre relation avec TARGET ?

-Non.

-Ce que vous pouvez être entêté parfois ! Cessez vos airs de Diva un peu.

-..."


Elle soupira et se mit dos à lui.


"-Maintenant nous sommes cernés par cette maudite organisation...

-Vous semblez bien la connaitre étrangement.

-Ca n'est pas le cas.

-Difficile de penser le contraire au vu de vos réactions envers celles-ci.

-Que voulez-vous dire...?"


Elle se retourna. Elle avait un air triste et ses yeux brillaient. Descole fut pris d'une courte panique.


"-Non enfin...!"


Il soupira.


"-Oubliez, je suis encore sur les nerfs.

-Ca n'est rien, retournons au centre.

-Avec...?

-De toute manière, s'ils nous poursuivaient réellement ils nous auraient déjà retrouvé vous ne croyez pas, Descole ?"


Son ton avait haussé sur le "Descole". Déçue, triste ou énervée ? Descole ne savait pas, il n'arrivait pas à la comprendre. Il ne voulait plus rien comprendre. Il voulait juste ce stupide miroir. Il ne savait même pas pourquoi il le voulait. Il ne voulait pas savoir non plus. 


Alors ils retournèrent au centre. Les soldats n'étaient pas là, à leur grand soulagement. Mais quelqu'un d'autre les attendait...


***


"-Professeur le château regardez !"


Luke pointa ledit château. Il était magnifique en plus d'être imposant. Doppel et Gänger n'avaient pas mentis, il surplombait en effet la vallée de Rosenberg. L'architecture était ancienne ce qui accentuait le charme global de l'édifice.


"-Et bien, ce Duc ne s'est pas privé...

-Vous avez raison, il doit avoir une belle vie de la haut !"


Ils regardèrent longuement le château, subjugués par sa beauté.


"-Luke, nous reviendrons rendre visite à ce Duc plus tard.

-Oui et accompagnés de mademoiselle Victoria et Descole...

-En attendant, retournons à Rosenberg.

-Bien Professeur !

-Luke par ailleurs...

-Oui ?

-Pas un mot de notre conversation à Descole, s'il te plait.

-Évidemment je ne comptais rien lui dire.

-Merci mon garçon."


Qui sait comment aurait réagi Descole ? Il aurait certainement sermonné son Majordome et passé sa colère sur le Gentleman et Luke. De toute manière il aurait déblatéré les mêmes idioties. Quel pessimisme...


Une bonne heure plus tard, ils arrivèrent à nouveau à Rosenberg. Il se dépêchèrent de retourner au centre là où Descole les attendait.


"-Et bien vous en avez mis du temps.

-Où est Victoria ?"


Descole détourna le regard, gêné.


"-Elle est partie à l'hôtel. Elle avait des choses à étudier. Seule.

-S'est-il passé quelque chose en notre absence ?"


L'homme masqué raconta les dernières péripéties en date.


"-Alors TARGET sait que nous sommes là...

-Cela risque de nous compliquer la tâche, mais ça ne sera pas la première fois.

-Aussi, nous avons finalement croisé ce Celian.

-Ah oui ?

-Victoria, lui a demandé des explications concernant le comportement étrange de ce village. Il a tout nié en bloc, il est impossible à faire parler. Il nous a rétorqué que c'était sûrement dû aux soldats de TARGET."


Descole avait délibérémment ommis de parler de l'accrochage qu'il avait eu avec la demoiselle. Pourquoi s'attarder sur des futilités ? Si c'en étaient...?


Layton réfléchissait. Il commençait à faire nuit alors il valait mieux retourner à l'hôtel pour le moment. Cette journée avait été riche en rebondissements et il valait mieux attendre le lendemain. Alors ils retournèrent à l'Hôtel et s'enfermèrent dans leurs chambres respectives.



Demain est un autre jour dit-on.


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