Professeur Layton et le Miroir de Rosenwald
Meredith n'avait pas bougé depuis au moins une bonne petite demi-heure. Que faire ? Attendre qu'un miracle se produise ou bien foncer dans le tas au risque d'échouer et de se faire attraper ? Ses méninges travaillaient, il ne fallait faire aucun faux pas dans cette situation, surtout dans un endroit pareil.
De temps à autre elle s'asseyait et réfléchissait et puis elle se relevait pour espionner le Bostonius qui grouillait toujours de soldats. La cerise sur le gâteau, il commençait à pleuvoir. De quoi attraper un rhume, mais cela n'était qu'un détail à l'heure actuelle.
Pour le moment elle privilégiait le miracle. Encore fallait-il savoir à quel genre de miracle s'attendre...
***
Descole courrait à en perdre haleine.
Où était-elle ?
Sans cesse il devait se frayer un chemin dans les ruelles sombres du Nid afin d'éviter au maximum les soldats. D'ailleurs où était Faucon ?
C'est vrai qu'il ne l'avait pas trouvé croisé une seule fois depuis leur fuite. Il s'arrêta net et patienta derrière un mur, le temps qu'un des groupes de soldat s'éloigna.
Qu'allait-il faire lorsqu'il se retrouverait devant elle ? Dire la vérité ?
Oh, il verrait ! Les soldats étaient partis, alors en avant !
Il était trempé, la pluie était de plus en plus forte, c'était à se demander si un orage ne tarderait pas à pointer le bout de son nez.
Il s'arrêta en pleine course. Était-ce un bout de tissu pourpre qu'il avait vu ?
Il regarda à gauche, puis à droite et se faufila en direction de ce qu'il avait vu.
Ainsi il n'avait pas rêvé. Meredith était dos à lui, trop occupée à surveiller les alentours. Il s'approcha d'elle à pas de loup et avec la plus grande des délicatesses possible, plaqua sa main contre la bouche de la jeune femme.
Meredith fut prise de panique et se retourna, les yeux ronds. Descole retira sa main et mit son index sur ses lèvres, signe de se taire.
"-Si je m'attendais à ce genre de miracle..." Chuchota-t-elle, sur les nerfs.
"-Tu préfères que je te laisse à ces charmants soldats ?
-Cela ira, merci. Pourquoi êtes-vous ici ? Seul qui plus est ?"
Il lui expédia leurs brèves péripéties et ce qui avait été décidé par la suite.
"-Hm, je vois." Finit-elle par répondre d'un ton sec.
Elle n'osait pas avouer qu'elle était plus rassurée, maintenant qu'elle n'était plus seule. Même si au vu de la situation, elle aurait préféré le Professeur Layton...
"-Il est hors de question que je reste avec vous, je ne vous fait plus confiance !
-Que devrais-je dire alors ?"
Un long silence s'en suivit. Il avait raison, elle s'était servie de lui. Elle commençait à avoir quelques remords.
Elle essuya ses lunettes dont les verres étaient couverts de multitudes de perles d'eau. Puis elle leva la tête et fixa Descole, sourcils froncés :
"-Est-ce vrai ce que Luke à dit ?"
Descole déglutit. Le moment qu'il redoutait...
"-Pourquoi cela te préoccupe tant ?
-Votre question est stupide.
-Tu croirais un gamin ?
-Un gamin sans doute plus censé et intelligent que vous, ça oui !"
Le ton était monté. Elle soupira un instant et essora ses cheveux trempés.
"-J'ai bien le droit de vous demander cela enfin ! Je ne sais pas qui vous êtes, vous qui êtes resté si discret depuis que je vous ai rencontré !
-Et toi alors ? N'est-ce pas ce que tu as fait ?!
-J'avais une excellente raison, je l'ai clamée haut et fort !
-Meredith calme toi...
-Me calmer ? Nous sommes au beau milieu du quartier général de TARGET, grouillant de soldats prêts à nous attraper ! Sans ajouter le fait que vous n'en faites qu'à votre tête à vouloir vous cacher derrière votre stupide masque ! Et vous essayez de me faire la morale et en plus de m'ordonner de me calmer !?
-Bon sang Meree s'il te plait !"
Elle hoqueta, se stoppant net, les yeux vides face à ce que Descole venait de crier.
"-Il n'y a qu'une seule personne qui utilisait ce diminutif..."
Descole restait silencieux face à la jeune femme. Il se contentait de fixer ses yeux, ses jolis yeux clairs qui étaient embués de larmes.
"-Enlevez...Enlevez moi ce masque.
-Meredith, je-
-Enlevez-le !"
Elle l'avait crié, c'était plus fort qu'elle. L'homme masqué ne bougea pas et continuait de la regarder encore un bref instant.
Avait-il le choix ?
A vrai dire non. Il soupira et lentement, d'une main tremblante, passa son pouce sous son masque et le retira avec précaution en prenant soin de fermer les yeux, de peur de croiser son regard.
"-Ouvrez les yeux.
-Tu es sûre de-
-Je vous ai demandé d'ouvrir les yeux...S'il vous plait."
Et il ouvrit les yeux. Meredith était pétrifiée, ne faisant pas attention aux larmes qui coulaient le long de ses joues.
"-Ces yeux d'une couleur si particulière...Je les reconnaîtrais entre mille..."
Il remit son masque.
"-Professeur Sycamore...
-Je suis désolé de te l'avoir caché, sincèrement. Mais..."
Elle ne l'écoutais plus. Tout s'expliquait à présent : Sycamore introuvable, Raymond, le Bostonius, ces familiarités, le masque...Et puis aussi...
"-Et une pierre, deux coups ! Mes amis, nous avons frappé fort cette fois-ci."
Les deux fugitifs se retournèrent, surpris. Faucon....Avec une horde de soldats. Comme à son habitude, Descole brandit son épée, ce qui eu pour effet d'avoir une dizaine d'armes à feux pointées sur lui.
"-Les armes à feux sont plus fortes qu'une simple épée, tu le sais j'espère ?
-Faucon s'il te plaît fais baisser ces armes !
-Sinon quoi ?"
Il était tout sourire. Meredith se dit qu'il lui fallait un deuxième miracle. Malheureusement il ne fallait pas trop abuser des bonnes choses.
"-J'ai assez attendu, je ne te laisserais pas partir une seconde fois.
-Et moi je ne la laisserais pas à la merci de TARGET une seconde fois.
-Voyez-vous cela. On se la joue chevalier Descole ?"
Il tiqua. Il voulait riposter mais impossible.
"-Meredith facilite moi la tâche et rends-toi. Je laisserais ton professeur tranquille."
Elle hésitais, oui hésitais. Se rendre à nouveau ? C'est ce qu'elle méritait après ce qu'elle avait fait. Mais tout ce qu'elle avait entreprit jusqu'à présent....Elle n'avait pas fait tout cela pour rien !
"-C'est hors de question, je ne ferais pas deux fois la même erreur !
-Très bien dans ce cas, je vais devoir employer la manière forte, et Dieu sait que je n'aime pas cette manière..."
Faucon était toujours aussi calme, avec un ton doux. C'en était presque effrayant, perturbant. Il claqua des doigts et les soldats se rapprochèrent dangereusement.
Deux contre....Une bonne dizaine. Une victoire écrasante. Descole ne savait pas quoi faire, le moindre faux pas lui coûterait la vie.
"-Monsieur, mademoiselle !"
Les deux interpellés n'eurent pas le temps de se retourner vers la voix, que leur vue fut brouillée par une épaisse fumée blanche et dense.
Meredith se sentie tirée par le bras, tandis que les soldats et leur patron toussait, pris de court par ce qu'il venait de se passer. Elle les entendait jurer et Faucon crier son nom.
Elle se retrouva la tête la première dans le Bostonius, complètement chamboulée.
"-Dieu soit loué Raymond, toi et tes bombes fumigènes nous ont sauvé.
-Je n'ai fait que mon devoir monsieur..."
La jeune femme tenta de retrouver ses esprits.
"-Comment...
-Les bombes fumigènes de Raymond sont toujours d'une grande utilité.
-...Mais où sont le Professeur et son apprenti ?"
Descole regarda autour de lui. Pas une trace d'eux. Il regarda son majordome d'un air approbateur et se dirigea vers la sortie.
"-Je t'en prie Raymond, reste avec elle.
-Bien monsieur."
Et il disparut. Raymond pris soin de faire installer Meredith sur l'un des sofa ayant pris soin de lui prêter une serviette afin qu'elle puisse se sécher après toute cette pluie glaciale. Puis, il s'assied à son tour, face à elle. Il la regarda de ses petits yeux désolées. Elle semblait perdue, effondrée, fatiguée, triste ?
"-Alors c'était bien vous...
-Raymond...Excuse-moi !"
Elle fondit en larmes.
"-Allons, mademoiselle..."
Il lui tendit un mouchoir en tissus, d'un regard désolé lui aussi. Il attendit patiemment que ses larmes soit séchées.
"-Si vous saviez combien je suis soulagé que vous soyez en vie...
-Je...Je n'avais pas le choix...
-Je le sais bien, je ne vous en veut pas. L'essentiel est que vous soyez saine et sauve."
Elle se contenta d'acquiescer.
"-Alors le professeur....Descole...
-Il vous l'a finalement dévoilé alors...
-Je n'arrive pas à y croire...Il est si différent...Pourquoi...Depuis quand ?
-Votre départ. Il avait beaucoup a encaisser. Sa femme, sa fille....Et puis vous.
-Alors il s'est finalement vengé..."
Raymond acquiesça à son tour.
"-Je ne sais pas quoi dire...
-Je comprends bien."
Raymond se leva et alla lui préparer un thé, cela l'aidera à se détendre. Meredith le remercia chaleureusement et bu son thé en petites gorgées.
"-Je pense que vous devriez en discuter avec lui tout à l'heure...
-Tu as raison Raymond. Enfin je suis rassurée qu'il soit encore en vie..."
Raymond lui souria.
"-Le professeur Layton avait raison...J'aurais du directement lui demander mon aide, plutôt que de faire toutes ses manigances...
-Je suis persuadé que Victoria ne pensait pas à mal, ni même vous."
Elle le regarda un moment et posa sa tasse lentement, maintenant vide.
"-Elle...était quelque peu aveuglée. Et moi aussi...Je regrette sincèrement.
-Monsieur ne doit pas vous en vouloir. Personne ne vous en veut.
-Qu'en sais-tu Raymond....?
-Au cours de ces dernières années j'ai eu affaire à beaucoup de choses toutes surprenantes les une que les autres. Je connais bien monsieur et il en va de même pour monsieur Layton et son apprenti. Mademoiselle, vous n'êtes pas méchante. Vous n'avez pas fait ça par pur plaisir.
-Oui mais...Je l'ai blessé...Je crois qu'il appréciait Victoria...Alors ne savoir qu'elle n'était qu'un déguisement...
-Et donc ? Il est vrai que monsieur semblait beaucoup l'apprécier. Peut-être pourriez-vous...la laisser en vie ? En faire plus qu'un déguisement ? Il suffit de voir ce que cela a donné avec Monsieur."
Elle songea un instant. Raymond n'avait pas tord.
Le majordome tourna la tête vers le tableau de bord du Bostonius et esquissa un sourire, rassuré.
"-Les voilà."