Professeur Layton et l'ultime énigme

Chapitre 7 : Vers le palais du duc.

2039 mots, Catégorie: K

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:35

Ils marchaient encore, marchaient toujours, marchaient sans arrêt. Depuis leur arrivée, ils n’avaient fait que marcher.

C’était à présent la nuit et ils traversaient une forêt. Il y avait de moins en moins d’éclairage plus ils avançaient ; bientôt, seule la pleine lune éclairait leur route. On pouvait entendre les cris des hiboux accompagnant cette marche nocturne. Le vent remuait les branches des arbres, mêlant son souffle au bruit de leur pas et aux hululements des oiseaux de nuit ; tous ces bruits jouaient une mélodie  magnifiquement inquiétante…

-Professeur, je… je ne me sens pas tout à fait à l’aise, avoua Luke qui était quelque peu effrayé, comme si ça ne suffisait pas qu’on traverse une forêt aussi… sinistre, encore faut-il qu’on le fasse la nuit !

-Tu n’as pas à avoir peur, rassura Layton, ce ne sont que vent et les cris de quelques animaux.

-Mais je n’ai pas peur ! s’exclama le jeune homme, je suis grand à présent !

C’était certes un mensonge, mais sa peur était justifiable.

-Tout de même, rajouta-t-il, je suis sûr que le palais n’était pas aussi loin, la dernière fois !

-C’est un mystère, en effet, lui répondit le professeur d’un air anxieux, néanmoins, ce n’est pas le seul.

Hershel ne pouvait pas l’avouer, mais lui-même n’était pas sûr d’avoir pris la bonne décision en faisant confiance à cette inconnue. Penelope, quant à elle, n’avait pas placé un seul mot depuis leur dernière conversation ; Peut-être avait-elle peur de se trahir. Elle les Devançait et ne s’était pas retournée ne serait-ce qu’une fois ; elle devait être sûre qu’ils la suivraient quand même.

Mais elle avait entendu ces derniers mots…

-Vous savez, avait-elle dit d’une voix presque sèche toujours sans se retourner, si le palais était trop proche, il aurait été anormal que personne ne le connaisse.

Une réponse claire, brève, qui était assez logique mais qui ne pouvait tout de même pas convaincre Hershel Layton, ni son apprenti d’ailleurs.

-Ce n’est pas possible, rétorqua le jeune garçon, le palais était beaucoup plus proche la dernière fois. Et je doute qu’il soit possible de le détruire et d’en construire un autre en si peu de temps.

-Ce que Luke a dit est tout à fait logique, confirma le professeur.

Penelope s’arrêta et retourna un peu la tête ; il y avait dans ses yeux bleus turquoise une expression qui ne pouvait se traduire par des mots. Elle fixa le professeur Layton… Cette expression… Pourquoi avait-il l’impression que c’était de la haine ?

Elle respira profondément et reprit un air calme, relativement.

-Je n’ai rien à voir avec tout cela, répondit-elle après quelque hésitation.

Et, retournant le  dos et continuant d’avancer, elle ajouta ces quelques mots :

-Et j’aimerais que vous arrêtiez de me parler comme si j’étais dans un interrogatoire, c’est fatigant.

« Surtout lorsqu’on cache quelque chose qu’on aurait peur de dévoiler » Songea le gentleman au haut-de-forme. 

La traversée du bois leur rappelait vaguement cette forêt qu’ils avaient traversée, et « l’intuition qui parle » de Layton lui disait qu’il fallait poursuivre.

« Le pire risque, c’est de ne pas en prendre », se dit-il en lui-même.

 

Il était tard et Luke et Layton commençaient à se sentir fatigués. Ils avançaient sans mot dire jusqu’à ce que Luke, las, soulève la tête ; c’est à ce moment que le jeune garçon s’écria :

-Professeur, regardez !

Layton s’arrêta, souleva la tête, et vit au loin ce que son apprenti lui avait indiqué. Un rayon de lune s’infiltrait parmi les nuages, éclairant un paysage très familier pour les deux amis. Devant eux, énorme, imposant, lugubre, s’étendait le fameux palais des Van Herzen.

-Je n’en reviens pas, comment ne l’avons-nous pas remarqué plus tôt ? s’impressionna Hershel.

Penelope s’arrêta elle aussi, et se retourna vers eux.

-Il faisait noir car les nuages couvraient la pleine lune, vous n’auriez pas pu le voir avant maintenant.

-Je suis perplexe professeur, marmonna Luke tandis qu’ils reprenaient leur marche, tout a changé dans cette ville, mais le palais est toujours le même.

-Pourtant il a été détruit, renchérit Layton, peut-être que Vladimir l’a rebattu comme il était avant.

-Mais pourquoi ?

-Je ne saurais te répondre…pas pour l’instant.

 

Le reste du trajet se fit sans encombre ; ils traversèrent le vieux pont et arrivèrent enfin à leur destination qu’ils avaient cherchée durant toute la journée. Penelope avança vers le grand portail de la demeure et se retourna vers le professeur et son disciple.

-Il n’y a pas de gardes, mais vous devrez résoudre une énigme pour ouvrir la porte.

-Une énigme !

Les yeux de Layton s’écarquillèrent, pourquoi ce mot avait-il cet impact sur lui ? Il redressa son chapeau et avança.

-Voyons voir…

En effet, sur la grande porte d’entrée, ce message était inscrit :

« Vous qui souhaitez accéder au palais interdit,

Il est temps de prouver que vous le méritez.

Allez-y, montrez-nous l’inédit,

Et faites preuve de créativité »

Layton fronça le regard ; que voulait dire « palais interdit » ?

« Vous avez ici six allumettes, sauriez-vous en former quatre triangles de la même taille ? »

Hershel Layton esquissa un sourire, il connaissait cette énigme depuis longtemps. Il saisit les six allumettes qui se trouvaient sur une pierre à proximité et les disposa pour en former quatre triangles, comme le recommandait l’énoncé. En réalité, il suffisait de former une pyramide, avec trois allumettes à la base et trois côtés, ce qui forme bien quatre triangles.

Sa main se posa lentement sur la poignée de la porte, il poussa celle-ci, mais elle ne s’ouvrit pas.

C’était une mauvaise réponse !

-Je… Je ne comprends pas, j’ai pourtant rempli les conditions de l’énigme, dit-il en réexaminant l’inscription.

-Je n’en suis pas si sûre, répondit Penelope en croisant les bras.

-Plaît-il ?

-Je veux parler de la deuxième ligne de l’énoncé.

Il déplaça son regard vers la phrase en question : « montrez-nous l’inédit »

Un long silence prit place.

-Il semble clair qu’il ne suffit pas de reproduire une réponse qui existe déjà, reprit la jeune fille avec un sourire ironique, une énigme est censée tester l’intelligence, pas la mémoire.

-Je ne suis pas sûr qu’il soit possible de la résoudre autrement, justifia Layton.

-Rien n’est impossible… Presque rien…

-Hum…

Luke, agacé par la façon dont elle parlait à son mentor, avança à son tour vers la grande porte.

-Comment osez-vous parler de la sorte au professeur ?

-Toi, petit bonhomme, ne te mêle pas de tout ça, se contenta-t-elle de répondre froidement.

-Je ne suis pas un petit bonhomme ! s’exclama Luke, et je vais vous le prouver en résolvant cette énigme.

-Tu peux toujours essayer…

Le jeune garçon coiffé d’une casquette bleue s’approcha de la pierre et se mit à déplacer les allumettes ; Layton et Penelope ne pouvaient pas voir ce qu’il faisait, puisqu’il était de dos. Il se redressa finalement et fixa la porte devant lui.

-Je n’ai pas le droit de me tromper…

Et il poussa la porte. Comme par miracle, celle-ci s’ouvrit.

-J’ai réussi professeur, j’ai réussi !

Layton accourut vers lui.

-Bien joué, Luke, mais j’aimerais bien savoir comment tu as fait.

-Eh bien en fait c’est très simple, j’ai utilisé trois allumettes pour former le chiffre « 4 », et j’ai formé un triangle avec les trois autres, ce qui nous donne quatre triangles.

C’était très simple en effet, mais personne n’a jamais dit que simple était l’opposé de juste.

-Bien, déclara Penelope Koldwin, vous pouvez entrer à présent.

-Vous ne venez pas avec nous ? Questionna Layton.

-Ma mission était de vous conduire jusqu’ici ; je ne vois pas en quoi vous auriez encore besoin de mon aide.

-Mais vous ne pouvez pas traverser seule ce bois en pleine nuit, c’est beaucoup trop dangereux.

-J’ai été confrontée à bien pire, croyez-moi.

Il n’y avait décidément pas moyen de convaincre cette fille de quoi que ce soit.

-Eh bien au revoir, et merci de nous avoir aidés.

-Je vous en prie.

Et, tandis qu’elle s’apprêtait à repartir, elle s’arrêta brièvement et s’adressa au professeur. Sa voix était beaucoup moins froide et son expression moins impassible qu’avec sa précédente réponse.

-Professeur Hershel Layton, dit-elle en hochant la tête, ce n’est pas fini… bien au contraire.

Et elle s’en alla.

-Eh bien ! s’exclama Luke qui souriait aux anges, nous sommes enfin arrivés.

-Oui, c’est le moment qu’on attendait depuis le matin.

Et il rajouta après un bref silence :

-Je sens que ce que nous avons vu jusqu’à maintenant n’est rien par rapport à ce qui nous attend.

Et il n’avait pas tort.

Les nuages se dissipaient lentement et la lune ornait le ciel parsemé d’étoiles, dans cet endroit où la beauté et la terreur ne faisaient plus qu’un ; tandis que le professeur Layton et Luke faisaient leurs premiers pas vers une nouvelle énigme.

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