Professeur Layton et l'ultime énigme

Chapitre 8 : Entretien avec Vladimir

3614 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/05/2015 17:08

« J’ai si hâte de revoir Vladimir ! »

Si bien des choses restaient semblables à la dernière fois, l’humeur de l’apprenti du professeur Layton n’en faisait pas partie. Il était effrayé, le voilà joyeux, il était hésitant, le voilà déterminé, il avait peur de voir ce soi-disant « vampire » ,et maintenant, il en a plus envie que jamais.

Le professeur Layton et Luke, après avoir ouvert le portail du palais, pénétrèrent donc dans le jardin laissé à l’abandon. C’était tellement étrange de voir que cet endroit avait gardé le même état, bien qu’il ait été détruit.

-Professeur, vous pensez que Vladimir cherche encore à se faire passer pour un vampire ? questionna Luke, après un long moment de réflexion.

-Je ne vois pas pourquoi il ferait une chose pareille, mais attendons de lui parler avant de porter le moindre jugement, répondit Layton.

Et, d’une voix basse que même son apprenti ne put entendre, il rajouta :

« Même si au fond, je le comprends. Il ressent la même chose que moi… » 

-Et, à votre avis, pourquoi Penelope a accepté de nous aider ? reprit Luke qui, apparemment, se posait beaucoup de questions.

-J’aimerais surtout savoir comment se fait-il qu’elle soit la seule à être au courant de tout cela. Je suis certain qu’elle nous cache quelque chose.

-Et pourquoi a-t-on cette impression de déjà-vu, je suis sûr de ne l’avoir jamais vue pourtant.

-Hum…

Ils arrêtèrent de parler car ils avaient atteint la porte d’entrée. Ils frappèrent, et après quelques instants, une voix familière les interpella.

-Qui êtes-vous ? n’approchez pas de ces lieux ! retournez d’où vous venez !

L’homme qui leur avait ouvert la porte n’était autre que Nigel, le majordome.

-Excusez-nous Nigel, tenta le professeur, mais nous avons fait un long chemin pour parler au duc, et c’est très important.

La porte s’ouvrit et ledit Nigel apparut.

-Monsieur Layton ? veuillez excuser mon impertinence. J’ignorais que c’était vous et monsieur m’a demandé de ne laisser personne entrer. Mais puisqu’il s’agit de vous, je suis certain qu’il n’y a pas le moindre problème.

Le majordome ouvrit complètement la porte.

-Entrez, je vous prie.

De l’intérieur, le palais avait quelque peu changé ; mais c’étaient des changements mineurs qu’on pouvait à peine remarquer. Nigel était un peu moins silencieux que l’autre jour ; il leur parla brièvement de Vladimir, mais insista surtout sur l’énorme reconnaissance que ce dernier leur portait pour l’avoir sauvé.

-Après votre départ, précisa-t-il, il me parla beaucoup de vous ;il me dit qu’il vous devait tout, que vous l’aviez ramené à la raison. Je suis certain qu’il sera  enchanté de vous revoir.

-Au fait, Nigel, demanda Layton qui venait de remarquer une chose, vous n’aviez pas fuis avec nous quand le palais s’était effondré.

-Que si, n’en vous déplaise. J’ai remarqué que le palais allait se détruire et j’ai pris fuite par l’autre côté de la construction.

-Ah, fit Layton qui semblait étonné, vous voulez dire que ce palais a deux issues?

-Qu’il avait deux issues, corrigea le majordome en ajustant ses lunettes, il n’y en a plus qu’une seule à présent.

Luke, qui n’avait rien dit jusqu’à présent, se décida à parler.

-Savez-vous pourquoi ce château a été reconstruit exactement comme l’ancien, contrairement à tout le reste de la ville ?

Nigel ne répondit pas. Il devança les deux voyageurs pour se diriger vers une grande porte.

-Vous devriez en discuter avec monsieur, leur dit-il avant de frapper à cette dernière.

Il ouvrit ensuite la porte et les invita à entrer, ce qu’ils firent. La salle où ils se trouvaient leur était très familière. C’était une grande pièce sombre et lugubre ; il y avait cependant une grande fenêtre par laquelle les rayons de lune s’infiltraient pour éclairer l’endroit. Debout, près de cette fenêtre, un homme admirait la pleine lune. En entendant la porte s’ouvrir, il se retourna vers eux. Son visage afficha une énorme surprise, puis il esquissa un sourire poli et s’adressa à ces invités.

« Bonsoir. Soyez les bienvenus »                                      

Pourquoi tout cela ressemblait tant à la dernière fois ? était-ce le fruit du hasard ?

« On ne peut jamais fuir son passé » avait dit un jour le professeur.

« On ne peut jamais fuir son passé » avait-il songé cet instant-là.

 

Il y avait cependant une chose qui avait changé. Le duc s’était retourné vers eux, et il était vieux. Il était vieux et cela réfutait la théorie du gaz hallucinogène.

-Eh bien monsieur Layton, reprit Vladimir, je vois que vous êtes revenu nous voir ; pourquoi ne m’en avez-vous pas prévenu, Nigel ?

-Veuillez m’excuser, monsieur, répondit le majordome, confus, je pensais que vous n’alliez pas refuser de les accueillir, et je les ai donc fais entrer.

Vladimir semblait quelque peu mécontent.

-Certes, je n’oserai faire une chose pareille ; mais tâchez de me mettre au courant, la prochaine fois.

-Bien sûr, monsieur.

Sur ces mots, Nigel s’en alla, prenant soin de refermer la porte derrière lui. Vladimir se retourna vers ses deux hôtes.

-Eh bien, que nous vaut l’honneur de votre visite ?

-En réalité, répondit le professeur, c’est un sujet assez délicat. Nous avons plusieurs questions à vous poser… principalement au sujet de la ville… et de l’assassinat de votre petite fille.

Vladimir se retourna vers la fenêtre et regarda la lune encore un instant.

-Alors vous êtes au courant…

« les journaux disaient donc vrai »songea le professeur.

-je vous présente toutes mes condoléances, rajouta-t-il à voix haute.

Vladimir resta silencieux un bon moment. Luke et Layton attendaient impatiemment une réponse de sa part.

-Ce n’est pas l’endroit idéal pour discuter sur un sujet pareil, dit-il finalement, passons au salon, si vous le voulez bien.

Et sur ce, il les invita à s’assoir. Luke eut à peine le temps de chuchoter ces quelques mots au professeur :

« Je trouve que son comportement est bizarre »

« C’est normal, Luke, c’est tout à fait normal »

-hé bien, dit le duc en s’asseyant à son tour, vous voulez en savoir plus sur le secret de cette ville, si j’ai bien compris.

-En effet, nous avons plusieurs questions à vous poser, confirma Hershel.

Vladimir semblait complètement abasourdi. Le professeur commençait à trouver son comportement moins naturel, mais c’était surement la mémoire de sa défune petite fille qui lui faisait cet effet ; c’était un homme qui avait beaucoup souffert.

-Bien, dit-il finalement après un soupir, très bien, je vais tout vous raconter.

-Tout ? s’étonna Luke.

-Oui, la reconstruction de la ville, la mort de Katia, et tout ce que vous voudrez savoir. Mais finissons-en avec ce sujet au plus vite… vous comprendrez que je n’aime pas trop en parler.

-Bien sûr, conforta le professeur.

-Tout a commencé après votre départ. Comme toute la ville n’existait plus, mon frère m’a proposé de vivre avec lui et Katia m’a suggéré d’aller à Dropstone, mais aucune de ces offres ne m’intéressait. J’ai toujours vécu à Folsense, et même si je suis à présent vieux et affaibli, je ne pourrais songer à abandonner cette ville. Alors j’ai décidé de la reconstruire.

-Et vous y êtes parvenu en si peu de temps ? s’étonna Luke.

-Calmez-vous mon enfant, je m’apprêtais à vous expliquer. Je suis revenu sur les lieux, et j’ai retrouvé la mine d’or sous les décombres du château.

-La mine d’où s’échappait ce gaz hallucinogène qui a causé tant de dégâts.

-Oui, mais cette fois-ci, j’ai pu m’assurer que le gaz s’était complètement dissipé ; j’ai dès lors commencé l’exploration de la mine.

Vladimir joignit les deux mains et marqua un silence.

-Et j’ai compris pourquoi mon père avait tout sacrifié pour ce gisement.

-Plaît-il ? s’exclama Layton.

-Les quantités d’or que j’y ai trouvées étaient énormes. Jamais de ma vie je n’ai vu ni même entendu parler de quelque chose de tel.

-Et vous avez reconstruit la ville grâce à tout cet or ? conclut Hershel.

-Très bonne déduction, monsieur Layton. J’ai reconstruit la ville en entier ; les gens affluèrent de toute part, et Folsense devint bientôt un lieu très animé.

-Tout ceci est à peine croyable…

-Mais c’est pourtant la vérité. Toute la ville a été fondée à nouveau ; et j’ai moi-même pris soin de surveiller chaque action. Mais la fortune des Van Herzen était désormais si colossale que ma famille courait de graves risques, celui des éventuelles personnes avides de cette richesse. Folsense a été détruit il y a cinquante ans à cause de cette mine, et je ne voulais pas que la même chose se reproduise. Aussi ai-je décidé de garder cette fortune secrète. Je me suis isolé du reste du monde dans mon humble palais.

-C’est pour ça que personne n’est au courant de votre existence ! déduit Luke.

-Parfaitement.

-Mais, s’enquiert Layton, personne ne s’est jamais interrogé sur l’origine de cette ville ?

-Peut-être bien, mais il est impossible pour eux de le savoir.

-Et les journaux ?

-Les journalistes monsieur, sont des gens normaux. Ils ne peuvent savoir que ce que tous les habitant de Folsense savent ; à savoir rien du tout.

Ce n’était pas une explication des plus claires,  mais Vladimir changea vite de sujet.

-C’est pour cela que je suis curieux de savoir comment avez-vous fait pour être au courant de tout cela.

Luke regarda son mentor, hésitant à prendre la parole.

-En réalité, nous étions simplement venus vous rendre visite, répondit finalement Layton.

Luke retint à peine un cri de surprise. Le professeur avait menti !

-Et nous avons remarqué qu’il se passait quelque chose, rajouta-t-il, alors nous sommes venus pour vous le demander.

-Et comment avez-vous su à propos du meurtre de Katia ? interrogea Vladimir, sceptique.

-Ceci n’a pas d’importance, répondit le gentleman anglais, il y a bien des choses prioritaires dans cette histoire.

-Comme par exemple ?

-Ne trouvez-vous pas cela bizarre que nous ayons pu retrouver votre palais, malgré tout vos efforts pour le dissimuler ?

-Que si ! j’allais justement vous poser la question.

-Hé bien, dit Layton en souriant, nous avons rencontré une personne qui nous a guidés jusqu’ici.

À ces mots, Vladimir se leva brusquement.

-Que dites-vous ? s’exclama-t-il, une personne ?

-Tout à fait.

Vladimir crispa les poings et fronça ses yeux. Cette information semblait l’irriter profondément.

-Une personne, dites-vous ? mais alors, une personne est au courant de l’emplacement de ma demeure ! et c’est surement cette même personne qui a tué Katia !

-Vous... vous le pensez vraiment ? balbutia Luke.

Un vent glacial traversa la grande salle à travers la fenêtre ouverte ; la lune disparaissait lentement derrière les nuages, tandis que le vieil homme  fixait ses hôtes, l’air ahuri.

-Il se fait tard, dit-il finalement, je sais que vous venez de loin, et je vous prierai d’accepter de passer la nuit ici.

-Mais, protesta l’apprenti du professeur, vous ne nous avez rien dit à propos du meurtre.

-Je… reportons cette discussion à demain si vous le permettez.

-Bien, approuva Layton, nous acceptons votre invitation.

Le duc appela son majordome afin que celui-ci les conduise à leur chambre. Le professeur, après s’être levé, regarda Vladimir qui semblait sombrer dans la confusion. Se pourrait-il qu’il ait raison ?

-Excusez-moi, mais j’aimerais vous poser deux dernières questions.

-Allez-y, répondit Vladimir après quelques instants d’hésitation.

-Cela me semble logique à présent, mais ai-je raison de penser que vous avez reconstruit votre nouveau palais parfaitement comme l’ancien pour continuer à effrayer les visiteurs ?

-Oui, d’une certaine manière…

-D’une certaine manière ?

-Euh… peu importe. Quelle est votre deuxième question ?

-Pourquoi avoir changé son emplacement ?

-Je n’ai point changé son emplacement, mon ami, vous vous trouvez ici même sur les décombres de l’ancien palais.

Ce fut au tour de Luke de réagir.

-Mais, comment se fait-il qu’il ait l’air tellement éloigné par rapport à la dernière fois ?

Vladimir esquissa un sourire.

« Je croyais que vous ne me poseriez que deux questions. »

Et après un bref silence, il ajouta :

« Mais vous ne devriez pas tarder à avoir la réponse. »

 

Un peu plus tard, Nigel avait conduit les deux invités à leur chambre. Dès que ce dernier fut parti, Luke s’adressa à son mentor.

-Je ne comprends pas, professeur… je veux dire… pourquoi avez-vous dit à Vladimir… enfin, pourquoi avez-vous menti au sujet de la raison de notre venue.

-Je n’avais pas d’autre choix, Luke. Mentir n’est pas digne d’un gentleman, mais c’était pour la bonne cause.

-Comment ça ?

-Tu l’as dit toi-même, le comportement du duc n’est pas normal. Et principalement au sujet des journaux, il nous a lui-même menti.

-Hein ? que voulez-vous dire ?

-Sa réponse n’était pas convaincante, penses-tu vraiment qu’aucune personne n’aurait remarqué qu’une ville prospère et développée était apparue, comme ça, de nulle part ?

-Mais il n’y a pourtant aucune explication.

-Si, démentit le professeur, il y en a une.

-Que voulez-vous dire, professeur ?

-Je pense que Vladimir a lui-même étouffé l’affaire.

-Hein ? mais pourquoi ?

-Il nous l’a dit lui-même, il veut garder la fortune des Van Herzen secrète. C’est un duc et je pense qu’il a assez d’influence pour faire une chose pareille.

-Mais pourquoi ne pas l’avoir dit ? pourquoi nous a-t-il mentis ?

-ça Luke, je ne saurais te le dire, pas pour l’instant en tous cas.

Le professeur jeta un regard par la fênetre ; il faisait tellement noir qu’on ne pouvait absolument rien voir. Luke bailla ; Il n’y avait aucune horloge dans la pièce mais il était clair qu’il était tard. Le soleil s’était couché depuis des heures, et ils étaient surement plus proches du lendemain que de la veille.

-Dites, professeur, vous pensez que Vladimir a raison, vous pensez que c’est Penelope qui…

-Je ne sais pas… Nous ne savons rien sur elle, mais en même temps, j’ai trouvé la réaction du duc quelque peu excessive. De toute façon, nous ne savons encore rien des conditions de la mort de Katia. J’ai fait exprès de parler à Vladimir de Penelope ; j’ai pensé qu’il la connaîtrait .

-Mais si elle ne connaît pas Vladimir, d’où détient-elle toutes ses informations ? questionna Luke, inquiet.

-Au contraire Luke, je pense que Vladimir la connaît très bien. N’as-tu pas remarqué qu’il n’a même pas cherché à savoir qui était cette personne qui nous a guidés ?

-ça veut dire qu’il avait déjà une idée de qui il s’agissait ?

-Je ne vois pas d’autres options.

Layton et Luke se turent. Leur situation était semblable à un labyrinthe. Plus ils s’enfonçaient, plus ça se corsait. Mais ils avaient l’habitude, maintenant.

C’est ainsi qu’ils allèrent dormir. On dit que la nuit porte conseil ; et la journée a été si mouvementée qu’ils avaient besoin de repos…

 

Quelque part, dans un endroit inconnu et obscur, une personne inconnue était debout. Elle serrait les poings et semblait énervée.

«Maintenant il va tout leur raconter et ils sauront que c’est moi. Je savais que je n’aurais jamais dû te faire confiance, mais j’ai été idiote… »

 

Il était sept heures du matin. Luke, dont le lit était le plus proche de la fenêtre reçut un rayon de soleil au visage. Il ouvrit les yeux et prit quelques instants pour se remémorer les événements de la veille. Il avait dû dormir très tard puisqu’il se sentait encore fatigué. Le jeune garçon se leva et se dirigea vers la fenêtre pour voir si le jour s’était complètement levé. Il jeta un coup d’œil, et c’est là qu’il fut pétrifié par l’étonnement ; ce qu’il voyait était à peine croyable.

-Professeur, cria-t-il finalement, venez voir !

Layton ouvrit les yeux en entendant son apprenti. Il se leva d’un bond pour le rejoindre. Et c’est là qu’il vit le spectacle inattendu qui se présentait devant lui.

« C’était donc ça… »

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