Professeur Layton et l'ultime énigme

Chapitre 11 : L’expression de l’angoisse façon Layton

2370 mots, Catégorie: K

Dernière mise à jour 10/11/2016 09:23

Le vent glacial, la lumière du soleil s’infiltrant à travers cette maudite fenêtre.

Maudite…

C’était le mot le plus approprié. Le ravisseur s’était certainement échappé par là, puisque le maître d’hôtel n’avait rien remarqué.

Le sol était maudit lui aussi, s’il s’était effondré sous les pieds de cet inconnu, il n’aurait jamais pu kidnapper Flora.

Le maître d’hôtel était maudit. Pourquoi n’a-t-il pas fait plus attention ?

À ce moment, tout semblait maudit ; tout et tout le monde étaient fautifs : les murs, les meubles, les hôtes, leurs valises ; rien n’était épargné, car une âme  désespérée n’écoute jamais la voix de la raison…

Hershel Layton agrippait entre les mains cette feuille (maudite, bien évidemment). Il ne pouvait plus penser. Et si le malheur de savoir sa fille adoptive en danger avait sa part dans cet état, c’était surtout un autre sentiment qui le consumait.

Il avait échoué à nouveau.

Le Layton sans haut-de-forme commençait à refaire face. Il était le seul et l’unique fautif, il était le seul être maudit.

Mais, comme notre cher professeur avait l’habitude maintenant, il n’eut aucune difficulté à dissimuler son état lamentable sous un masque… ou plutôt sous un haut-de-forme. Oui, tant qu’il porterait ce chapeau, il saurait toujours se comporter en bon gentleman. Et un bon gentleman ne panique pas et ne maudit pas : il agit.

L’instant de choc dépassé, Hershel put donc réagir avec son flegme habituel.

-Cela ne sert à rien de paniquer, dit-il à son apprenti, nous trouverons une solution.

En réalité, il s’adressait surtout à lui-même.

-Je suis sûr que celui qui a kidnappé Flora est l’assassin que nous recherchons ; s’exclama l’apprenti du professeur Layton d’un air à la fois choqué et alarmé, il l’a prise en otage pour nous faire du chantage car on représentait un danger pour lui !

-Il me semble que c’est le cas, acquiesça son mentor, mais je me demande pourquoi ne pas l’avoir précisé dans sa lettre ? Pourquoi n’a-t-il pas écrit que nous devions arrêter nos investigations ?

-C’est écrit qu’il ne faut pas tenter de le retrouver, non ?

-Certes, mais ce message fait référence au ravisseur, pas au meurtrier.

-C’est un message trop ambigu, soupira Luke en jetant un coup d’œil par la fenêtre, mais personnellement, je ne vois pas une autre raison pour que quelqu’un veuille enlever Flora ; surtout dans cet endroit où personne ne la connait !

Layton, à cet instant, était perdu dans ses pensées. Il était assis sur une chaise en bois et relisait attentivement le message. Il songeait : « C’est bizarre… Nous n’étions pas vraiment avancés dans l’enquête. Et-ce-que ce tueur –si c’est bien lui- à vraiment pu se sentir en danger ? Et si nous avions découvert, sans se rendre compte, un indice important… »

Il fut interrompu de ses réflexions par la dernière phrase de Luke. Il leva les yeux vers lui et le fixa un instant.

-Peux-tu répéter ce que tu viens de dire à l’instant, mon garçon ? demanda-t-il d’une voix presque sans expression.

-Heu… J’ai dit que je ne voyais pas d’autres raisons à l’enlèvement de Flora.

-Non, juste après.

-Surtout dans cet endroit où personne ne la connaît ? suggéra Luke sur un ton interrogatif.

-Exactement ! répondit Hershel en se levant.

Il sortit par la porte au couloir suivi du pauvre Luke qui ne comprenait plus rien.

-Qu’y a-t-il, professeur ? Qu’ai-je dit de si important ?

-Luke, répondit le gentleman sans s’arrêter, nous avons une piste à présent !

-Quoi ! S’étonna le jeune apprenti qui s’était arrêté net face à cette réplique. Il n’avait fait qu’une petite remarque et ne s’attendait clairement pas à ce qu’elle inspire au professeur toute une piste.

-C’est simple Luke, reprit le professeur en s’arrêtant à son tour. Nous allions retrouver l’inspecteur Darken, mais puisque notre priorité est maintenant de sauver Flora, nous devons changer de plan.

-Je ne comprends toujours pas…

-Eh bien, mon garçon, si l’assassin est le ravisseur –ce qui semble être le cas- alors le nombre de suspects est très limité. Pour qu’elle se soit sentie en danger, il faut que cette personne ait appris que nous allions mener l’enquête. Or, très peu de gens le savaient.

-Oui, il y a Vladimir, son majordome, Penelope et l’inspecteur Gramond, énuméra Luke en comptant sur ses doigts.

-Maintenant réfléchissons, le kidnappeur devait au moins savoir que nous connaissons Flora pour la prendre en otage, n’est-ce pas ?

-Je suppose…

-Vladimir et Nigel ne connaissent pas Flora. Le seul moment où ils auraient pu savoir qu’elle est avec nous est avant que je ne la laisse à l’hôtel le jour de notre arrivée. Mais ils étaient au palais ce jour là.

-Ils auraient bien pu aller en ville par le passage secret le jour de votre arrivée, vous espionner, puis revenir au palais et faire semblant d’être surpris de notre venue. Ensuite, le lendemain matin, l’un d’eux, me coupable, reprend le même passage, va à l’hôtel et kidnappe Flora, remarqua Luke qui ne croyait pas du tout en la culpabilité de Vladimir ou de Nigel mais qui voulait simplement imiter son mentor en explorant toutes les probabilités.

-Oui, mais pourquoi seraient-ils allés en ville ce jour-là ? Vladimir fait tout pour s’isoler du monde et eux deux ne pouvaient pas savoir que j’allais venir.

Luke était surpris, le professeur l’avait encore dépassé !

-Il ne reste plus que Penelope et l’inspecteur, conclut-il finalement.

-Marc Gramond aurait bien pu me voir avec Flora, mais à ce moment, il ne savait pas encore que nous enquêtions sur la mort de Katia. Après qu’il l’ait appris, nous ne l’avons pas quitté avant notre départ pour l’hôtel ; il avait un interrogatoire à mener, et même si on suppose qu’il nous ait suivis, il n’aurait jamais pu arriver à l’hôtel, kidnapper Flora, laisser un message et prendre la fuite avant notre arrivée.

-C’est juste. Le dernier suspect est Penelope, qui pouvait aisément savoir que vous alliez venir puisque c’est elle qui vous a envoyé les lettres et qui semblait avoir peur d’être vue par Vladimir.

Luke fit une légère pause avant d’ajouter :

-Et, de plus, elle connaît l’emplacement du château, elle aurait pu s’y rendre pour commettre son crime !

Cette fois-ci, ce n’était pas seulement pour explorer toutes les probabilités que l’apprenti de Layton disait ça. Il ne pouvait s’empêcher de considérer Penelope comme une méchante ; elle lui avait paru suspecte dès le premier abord.

-N’oublies pas qu’elle nous a aidés à enquêter, et qu’elle nous a même ramenés ici dans le but d’arrêter le criminel.

-Oh non ! S’exclama Luke, je n’ai pas envie de revivre l’histoire du méchant qui cherche « inconsciemment » quelqu’un pour le sauver de sa folie !

-Ha ha, avant de considérer ce genre de possibilités, nous avons encore une autre hypothèse : ce n’est peut-être pas Penelope Koldwin.

-Mais qui d’autre ?

-Quelqu’un qui nous espionne depuis le début, suggéra Layton, par ailleurs, je vois mal comment une jeune fille comme Penelope pourrait commettre un kidnapping.

-C’est vrai qu’elle ne doit pas être plus âgées ni plus forte que Flora…

Layton et Luke, qui discutaient à voix basse dans le couloir, virent alors l’un des hôtes monter les escaliers et avancer vers eux. Celui-ci les salua poliment avant de se diriger vers sa chambre. Les deux Londoniens se rendirent compte que ce n’était pas l’endroit idéal pour exposer leurs hypothèses. Ils sortirent alors de l’hôtel.

-Qu’allons-nous faire, à présent ?

Luke avait l’impression d’avoir posé cette question des milliers de fois.

-Nous devons nous assurer que ce n’est pas Penelope avant tout. Si on la raye de la liste des suspects, on devra chercher dans d’autres pistes.

-Et comment comptez-vous faire ?

-En demandant à la personne la mieux placée pour nous informer sur elle.

-Vous ne pensez tout de même pas… à Vladimir ?

-Si. Rappelle-toi qu’il semblait la connaître et qu’il l’a même accusée à un moment  donné ; il faut lui demander pourquoi. Et je suis sure qu’il nous aidera cette fois-ci puisque cela continuera à l’enquête.

Luke, cependant, semblait perplexe.

-Oui, professeur, vous avez raison. Mais… en quoi cela va-t-il aider à sauver Flora ? Votre plan est logique, mais il nous servira uniquement à traquer le meurtrier. Et puis le message était bien clair qu’il ne fallait pas pourchasser le coupable.

-Souviens-toi, Luke, que cette personne a essentiellement commis l’enlèvement pour couvrir  son meurtre. Si elle découvre que nous utilisons sa seconde faute pour démasquer la première, elle ne va surement pas faire du mal à Flora pour confirmer nos soupçons. Je pense qu’elle choisirait plutôt soit de la relâcher et de prendre la fuite, soit se nous envoyer un second message dans lequel elle justifierait l’enlèvement (en demandant une rançon, par exemple) afin de faire croire que les deux délits ne sont pas liés et que le meurtrier et le ravisseur ne sont pas la même personne. Et dans ce cas, les choses se simplifieraient.

-Ouah, professeur, vous avez vraiment pensé à tout ! S’extasia Luke, plein d’admiration.

Lui et Layton devaient donc revenir au palais, ce qui rassurait le jeune garçon qui n’avait pas trop envie de voir l’inspecteur Darken. Il avait également oublié sa faim avec tous ces nouveaux événements.

Hershel, lui, essayait au mieux de cacher son angoisse. Il jouait un rôle bien difficile, appelé par son devoir de gentleman, et jonglait avec deux états aussi différents que le noir et le blanc. D’ailleurs, ce jeu de rôles avait eu beaucoup d’impact sur son raisonnement…

Il avait commis une grave erreur.

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Il ouvrit lentement les yeux, et déplaça un regard angoissé à droite et à gauche sans bouger. Sa tête lui faisait terriblement mal… Il ne se souvenait plus de rien… son esprit n’était pas plus éclairé que la pièce dans laquelle il se trouvait.

Doucement, il se redressa sur le lit sur lequel il était allongé. La pièce était noire ; seuls quelques rayons de soleil s’infiltraient à travers cette petite fissure dans le bois des persiennes.

Avait-il peur ? Certainement. Il ne se souvenait plus comment il avait atterri là, mais le devinait. Lorsque, plus tard, il découvrit que la porte était fermée à clé, ses doutes furent confirmés.

Il se souvenait seulement de la dernière parole qu’on lui avait adressée…

« Vous n’apprenez jamais de vos erreurs ! Une fois de plus vous allez avoir des ennuis car vous vous mêlez de ce qui ne vous concerne pas. »

 

 

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