Professeur Layton et l'ultime énigme

Chapitre 10 : Les premiers pas vers la vérité

4409 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:22

Par un beau matin de printemps, un homme, un jeune garçon et une jeune fille étaient en train de traverser un tunnel sombre et humide, éclairés par une simple lampe de poche. La jeune fille les devançait toujours et ne semblait pas prêter attention aux regards perplexes de ses accompagnateurs.

C’était une jeune adolescente qui devait avoir à peu près quinze ans. Elle avait la peau très claire et même un peu pâle. Ses cheveux d’un châtain très clair, lui arrivaient jusqu’aux épaules et une légère frange tombait sur son front. Quant à son visage, il manquait cruellement d’expression ; elle ne riait jamais et ne souriait que par ironie. Il était donc très difficile de connaitre ses arrière-pensées. Et pourtant, il y avait en elle un indice qui ne mentait jamais : ses yeux.

Le professeur l’avait remarqué dès l’instant où elle l’avait regardé avec cet air qu’il ne comprenait pas. Certes, il n’avait pas compris le sens de ce regard, mais il avait compris autre chose : C’était que les grands yeux bleu turquoise de Penelope sont un livre ouvert sur ses sentiments et qu’elle ne pouvait s’empêcher de cacher ce qu’elle ressentait puisque son regard la trahissait. Il avait deviné également que c’était la raison pour laquelle elle ne se retournait presque jamais lorsqu’elle leur parlait : elle devait connaitre ce point faible chez elle.

Le professeur Layton et Luke marchaient lentement derrière elle, hésitants et quelque peu inquiets. Ce qu’elle venait de leur dire était à peine croyable ; et ses mots résonnaient encore dans leurs têtes :

« -Pourquoi nous aides-tu ?

-D’accord. Je vais vous le dire. En réalité, je… je sais sur quoi vous enquêtez, et j’aimerais que le tueur soit révélé au grand jour… car il le mérite.

-Ah ! Mais comment le sais-tu ?

-Ceci est une autre histoire… 

Pourquoi fallait-il que la personne qui possède autant d’informations soit si peu coopérative ?

-Je t’en prie, dis le nous, nous avons besoin de chaque information disponible si nous voulons trouver cet assassin, avait tenté de la convaincre Luke.

-Je te rappelle que vous enquêtez sur le meurtre de Katia Anderson, et non pas sur moi, avait-elle répondu. »

 

En marchant derrière elle, les deux Londoniens ignoraient s’ils avaient fait une erreur. Mais ils lui avaient fait confiance la  veille, et elle les avait aidés.

Le silence n’était brisé que par l’écho de leurs pas dans ce passage dont ils ne voyaient toujours pas le bout. Luke, quelque peu effrayé, se demandait si prendre le labyrinthe n’aurait pas été une meilleure solution. Afin de se changer les idées, il s’adressa au professeur :

-C’est quand même très étrange, le meurtre de Katia. Je veux dire, quand on lui a dit au revoir à la gare… je n’aurais jamais cru que ça serait la dernière fois qu’on la voit…

-La vie est ainsi, Luke, pleine d’événements inattendus. On ne sait jamais quand une personne peut nous quitter…

Le professeur Layton était bien placé pour le dire.

-Mais c’est si triste. Katia était une personne si gentille, nous ne l’avons connue que pour quelque temps, mais c’est largement suffisant pour savoir qu’elle ne ferait de mal à personne. Qui aurait pu la tuer ?

-Eh bien …

Le professeur fut interrompu par un bruit sec. C’était Penelope qui avait fait tomber sa torche.

-Excusez-moi, elle m’a échappé, dit-elle d’une voix confuse tandis qu’elle la ramassait.

Et elle continua d’avancer comme si de rien n’était.  Mais ce geste ne manqua pas de plonger le professeur dans le doute. Pourquoi avait-elle eu cette réaction lorsqu’ils commencèrent à parler de l’assassinat, ou plutôt de la victime.

Sur ce dernier incident, la traversée se termina en silence. Comme prévu, après une vingtaine de minutes de marche, ils arrivèrent au bout du tunnel. Il y avait, là  aussi, des escaliers, mais des escaliers qui montent. Les trois personnes les prirent et arrivèrent à un mur, que Penelope fit coulisser tout comme le premier. Ils passèrent et elle le renferma aussitôt. Ils se trouvaient dans une petite cabane où étaient rangés râteaux, faux et autres outils de jardinage. Leur guide se saisit d’une échelle en bois qui se trouvait dans le même endroit et la cala contre le mur, sans doute pour le dissimuler encore plus.

-Cette cabane n’est qu’un camouflage, expliqua-t-elle tandis qu’ils sortaient, vous pouvez passer tout Folsense au peigne fin, vous ne lui trouverez pas de propriétaire.

-Et personne ne soupçonnerait une vieille cabane de contenir autre chose que de vieux outils de jardinage, conclut Luke.

Ils inspectèrent brièvement les alentours. Ils étaient bien à Folsense.

-Bon, eh bien, je pense qu’il est temps pour moi de vous quitter.

-Encore ?

-Je n’ai pas envie de répéter ce que je vous ai dit hier aux portes du château. Moi, j’ai rempli ma part, et c’est votre tour à présent. Et qui sait ? Peut-être que si je vois que vous avez besoin d’aide, je réapparaîtrai…

-Attends, j’ai une dernière question, l’apostropha le professeur tandis qu’elle s’apprêtait à partir.

-Je trouve que vous poser trop de questions…

Il ignora sa remarque et retira les coupures de presse qu’il gardait encore dans sa poche.

-Est-ce que ces articles te disent quelque chose ?

Elle esquissa un sourire en coin.

-C’est toi qui les as envoyés à Luke, n’est ce pas ? Continua Hershel.

-Peut-être que oui, peut-être que non, répondit-elle en gardant le même sourire.

-J’irai même jusqu’à dire que c’est toi qui les as fabriqués. Jamais aucun journal n’a parlé de Folsense et celui-là spécialement n’existe même pas. Ces articles ne contiennent quasiment aucune information, il est clair que leur but soit de nous faire venir ici. Seules trois personnes sont au courant à la fois du secret de Folsense et de l’assassinat : Vladimir, Nigel et toi. Vladimir et Nigel semblaient surpris par notre arrivée, ce n’est donc probablement pas eux.  Il ne reste donc qu’une seule probabilité…

-Et pourquoi aurais-je fait cela, à votre avis ?

-La réponse me paraît simple, tu as dit toi-même que tu souhaitais que l’assassin soit arrêté. En voyant que la police de Folsense n’avançait pas, tu as cherché à intervenir en me faisant appel. Est-ce le cas ?

Un instant de silence fut rompu par la jeune fille.

-J’aurais bien pu vous l’envoyer à vous, mais je me suis dit que le professeur Layton ne croirait jamais une lettre qui raconte une idée aussi saugrenue, une lettre anonyme qui plus est. Alors, je l’ai envoyée à votre apprenti, en espérant que, venant de lui, l’information semblerait plus crédible. J’étais sure que lui croirait tout et voudrait résoudre le mystère et vous solliciterait pour l’aider. Eh oui, un enfant est beaucoup moins méfiant et plus naïf qu’un adulte.

-Je ne suis pas un enfant et je ne suis pas si naïf que ça ! S’énerva Luke.

-Et pourquoi as-tu veillé à garder l’anonymat dans ta lettre ? demanda le professeur.

-C’est beaucoup plus drôle, vous ne trouvez pas ?

Mais répondant aux regards sceptiques de ses « amis », elle rajouta :

-C’était juste une mesure de précaution, au cas où quelqu’un vérifierait le courrier.

-Qui ferait une chose pareille ?

-Une personne qui aurait des secrets et qui n’aimerait pas qu’ils soient divulgués, dit-elle en fixant le bout de ses doigts, comme un meurtrier qui n’aimerait pas voir son crime révélé au grand jour…

-Hmm… je vois.

-Mais rien de ceci n’est arrivé, termina-t-elle, et, sur ce, je vous laisse.

Et ils se séparèrent à nouveau.

-Je crois que nous avons tellement de mystères à résoudre qu’on devrait les écrire pour ne pas les oublier, se plaignit Luke une fois Penelope partie.

-Cette affaire est assez complexe, je dois avouer, et pourtant, je suis sûr que tout est intimement lié.

-Professeur, interrogea le jeune garçon, qui soupçonnez-vous pour l’instant ?

- Pour l’instant… Je pense qu’il serait impossible de porter un jugement sans être injuste, nous n’avons presque aucun indice.

Ils décidèrent alors de se rendre au poste de police ; ils étaient venus pour cela, après tout, et le reste de la ville ne leur serait d’aucune utilité. Du moins, c’était ce qu’ils croyaient.

Le seul problème, c’était qu’ils ignoraient complètement où le trouver. Ils commencèrent donc par chercher leur destination en espérant que cette fois, les habitants soient mieux informés. Ils venaient justement d’ailleurs de poser leur question à un passant.

-Hé ! Mais vous êtes pas le type qui racontait des bêtises tout à l’heure ? Franchement… Un duc à Folsense ! Qu’est-ce que vous aller nous sortir maintenant ? Y aurait pas aussi des fées et des lutins par hasard ?

-En réalité, nous cherchons le poste de police, répondit fermement le professeur.

-Le poste de police, hein ? Vous êtes tout le temps en train de fouiner, vous !

-Je vous en prie, monsieur, continua Luke, nous avons vraiment besoin de nous y rendre.

-Bon bah, si vous insistez comme ça, j’vais vous montrer le chemin. Prenez cette route à l’ouest et tournez à droite à la première intersection, là vous devriez l’remarquer, c’est un grand bâtiment avec une enseigne que vous pouvez pas rater, OK ?

-Oui, merci beaucoup.

-Bah, de rien.

Et en effet, ils retrouvèrent assez facilement le lieu. Le poste de police était une construction plutôt imposante en pierre. Il y a avait bel et bien une plaque indiquant qu’il s’agissait du domaine de la sécurité de la ville.

Ils rentrèrent dans un grand hall et se dirigèrent vers le réceptionniste.

-Bonjour, messieurs, salua ce dernier.

-Bonjour, je m’appelle Hershel Layton, et j’aimerais parler à un inspecteur de police.

Le professeur avait longuement réfléchi depuis leur départ du palais  à ce qu’il allait dire. En effet, la seule information qu’il avait était que quelques inspecteurs avaient enquêté sur cette affaire ; il ne savait ni leurs noms, ni même leur nombre. Et il ne pouvait même pas dire qu’il cherchait les inspecteurs qui ont enquêté sur le meurtre de Katia Anderson, car il ne faut pas oublier que personne n’était au courant ni de meurtre, ni de l’existence de cette personne.

Oui, le fait que tout le monde ignorât tout concernant cette histoire compliquait terriblement les choses.

Il avait donc choisi de commencer par chercher un inspecteur quelconque puis d’essayer d’avoir des informations de sa part.

-Puis-je savoir pour quelle raison ? lui demanda l’agent réceptionniste.

-C’est une affaire urgente et je dois parler à un inspecteur, insista Hershel.

-Et à quel inspecteur souhaiteriez-vous parler ? Est-il au courant que vous êtes là ?

S’il avait été à Londres, il aurait demandé à voir l’un des officiers qu’il connaissait ; mais le problème était qu’il ne connaissait personne en ces lieux.

-En réalité, je ne cherche pas quelqu’un de précis. J’aimerais voir n’importe quel inspecteur.

-Je suis désolé, monsieur, mais ceci est impossible.

-Mais, s’opposa Luke, nous devons…

Le professeur lui fit signe d’arrêter.

-Bien sûr, je comprends, veuillez m’excuser.

Ils sortirent du poste abattus et désespérés ; leur unique piste était inaccessible. Layton se blâmait au fond de lui-même d’avoir été aussi naïf ; on ne peut pas parler à un inspecteur et accéder à des informations confidentielles comme ça, sans la moindre recommandation. Mais une recommandation de la part de qui ? De Vladimir ? Quel pouvoir un duc a-t-il si personne ne le connaît ?

-Qu’allons-nous faire, maintenant ? S’inquiéta le jeune disciple.

-Je réfléchis…

Ils entendirent soudain quelqu’un crier de loin.

-Monsieur !

C’était un homme d’une quarantaine d’années. Il venait de la direction du commissariat. Comme ils avaient arrêté de marcher, il les atteignit bientôt.

-Excusez-moi, dit-il en s’adressant au professeur, j’ai entendu votre conversation avec cet agent.  Vous cherchiez un inspecteur de police, c’est bien cela ?

-Oui, en effet, mais il semblerait que ce soit impossible d’avoir la moindre entrevue avec l’un d’entre eux.

-Je crois pouvoir vous aider.

-Vraiment ?

-Je me présente : Marc Gramond, inspecteur de police au commissariat de Folsense.

-Ravi de vous rencontrer je suis Hershel Layton.

-Hershel Layton ? J’ai entendu parler de vous, vous êtes professeur d’archéologie à Londres, n’est-ce pas ?

-Oui.

-En quoi puis-je vous être utile, monsieur Layton ?

Le professeur hésitait sur quoi dire à l’inspecteur. Et si lui aussi ne savait rien à propos de cette histoire ? Il décida donc de poser une question plutôt vague.

-Est-ce que vous avez enquêté  sur un meurtre  ces derniers temps ?

L’inspecteur réfléchit un instant avant de répondre :

-Oui, il ya ce meurtre dont tout le monde parle, cette riche vieille dame tuée par son neveu…

-Non, il ne s’agit pas de cela, mais d’un meurtre qui a eu lieu il y a environ dix jours.

-Ma foi, professeur, je ne vois pas du tout de quoi vous parlez.

-Ne vous en faites pas, inspecteur, je chercherai ailleurs.

Ils s’apprêtaient à partir lorsque Marc Gramond s’écria :

-Attendez ! Vous ne voulez tout de même pas parler de cette affaire ?

-Quelle affaire ? demanda Luke.

-Heu… Non rien, oubliez ce que j’ai dit.

-Au contraire inspecteur, il est très important que nous le sachions.

-Non, nous ne parlons probablement pas de la même chose, reprit Gramond, l’air confus, lorsque j’ai vu votre hésitation à me donner trop de détails, j’ai cru un instant que vous parliez d’une certaine affaire, mais c’est tout simplement impossible… Vous ne pouvez pas le savoir…

-Et pourquoi donc ?

-Je vous rappelle que, dans mon métier, certaines informations sont confidentielles.

 À ce stade-là, il semblait clair que l’inspecteur était sur la même longueur d’onde qu’eux. Aussi le professeur se décida-t-il à lui en dire plus.

-Une certaine Katia Anderson ne serait-elle pas mêlée à cette histoire ?

-Ah !

L’instant de surprise dépassé, l’inspecteur fronça les sourcils.

-Mais comment le savez-vous ?

-Il se trouve que le grand-père de la victime nous en a parlé, et il nous a demandé d’enquêter là-dessus.

-Hum… je vois, fit l’inspecteur d’une voix mi-audible.

-Je présume que vous êtes parmi les inspecteurs chargés de l’enquête ?

-Oui, enfin, « chargés de l’enquête » c’est un peu exagéré, moi et les autres inspecteurs ne faisons presque rien !

-Réellement ?

-Oui, c’est notre supérieur qui se charge de tout.

- Étrange…

-Pas si étrange que ça, il y a si peu d’indices qu’il n’a plus besoin de notre aide. Cette fois si, le criminel a su échapper à la justice.

« Cela reste à vérifier, songea le professeur, le crime parfait n’existe pas, et le manque d’indices pourrait être un indice en soi… »

-Et vous, reprit-il à voix haute, pourriez-vous nous raconter ce que vous savez ?

-Puisque c’est Vladimir Van Herzen lui-même qui vous a confié l’enquête, je me dois de vous aider, mais cet endroit est mal choisi pour parler d’un tel sujet. Allons dans mon bureau, si vous le voulez bien.

-Bien sûr.

Le professeur et Luke rebroussèrent chemin vers le poste de police et suivirent l’inspecteur Gramond jusqu’à son bureau. Ils rentrèrent et ce dernier referma la porte. Il prit une chaise et s’assit, ce que firent Luke et son mentor également.

-Je n’ai pas grand-chose à vous dire avoua Marc Gramond, et je présume que monsieur Van Herzen vous a déjà tout raconté.

-Ce n’est pas bien grave, dites nous ce que vous savez.

-Eh bien, il y dix jours, on nous a appris qu’il y avait eu un meurtre et que la victime faisait partie d’une famille des plus riches de Folsense. On nous a chargés de mener l’enquête, dirigés par notre supérieur : M. Darken.

-Par « nous », vous voulez parler de vous et des autres inspecteurs ?

-Oui. On a reçu une consigne catégorique : il faut travailler en toute discrétion, aucune information ne doit être divulguée sous peine de graves punitions.

-Mais pourquoi tout cela ? S’étonna Luke.

-Je ne sais pas, c’est le désir du grand-père de la victime. Et c’est pour cela que je vous demanderai de faire attention.

Soudain, on frappa à la porte. L’inspecteur s’empressa d’aller ouvrir tout en marmonnant :

-J’espère qu’on n’a pas entendu notre discussion.

Fort heureusement, ce n’était qu’un agent.

-Inspecteur, dit ce dernier, les documents sont prêts pour l’interrogatoire.

-Oui, je viens. Veuillez m’excuser, monsieur Layton, je dois interroger l’un des suspects dans une autre affaire. N’hésitez pas à repasser plus tard si vous avez besoin d’aide.

Et c’est ainsi que l’entretien avec l’inspecteur s’acheva. Luke et Layton sortirent du poste à nouveau. Le pauvre garçon semblait abattu.

-Finalement, nous n’avons rien appris…

-Au contraire, Luke, l’inspecteur nous a beaucoup aidés.

-Vraiment ?

-Oui. Vois-tu, je trouve cela anormal que Vladimir fasse tant d’efforts pour étouffer le meurtre. Cela ne fait que compliquer l’enquête et permet à l’assassin de fuir plus aisément.

-Mais alors pourquoi l’a-t-il fait ?

-Je ne peux pas en juger pour l’instant. Mais il y a un autre élément très intéressant dans les propos de l’inspecteur Gramond, as-tu remarqué qu’il n’a pas mentionné ne serait-ce qu’une fois que Vladimir est duc.

-Il doit l’ignorer.

-Sans doute, je pense que les informations les plus importantes sont entre les mains de l’inspecteur en chef.

-Monsieur Darken ?

Le professeur hocha la tête.

-Il va falloir qu’on aille le voir.

Luke ne répondit pas, mais son ventre gargouilla.

En effet, la grande horloge du commissariat indiquait quatorze heures et ils n’avaient toujours rien mangé. Le temps passe vraiment vite lorsqu’on est occupé et préoccupé.

-Ne devrions-nous pas prendre une pose pour manger ? suggéra-t-il, quelque peu gêné.

-Ah ! Ah ! Bien sûr, mais d’abord, nous devons passer à l’hôtel, j’y ai laissé Flora hier. Pourvu qu’elle ne soit pas inquiète.

-Flora est venue avec vous ?

-Oui, elle a refusé de rester à Londres, mais comme elle était fatiguée à notre arrivée, je l’ai laissée à l’hôtel. Je ne savais pas que j’allais m’attarder autant.

-Pauvre Flora, elle doit s’inquiéter.

-Pourvu qu’elle n’ait pas commis d’imprudences…

Ils arrivèrent bientôt à l’hôtel et montèrent l’escalier menant à l’étage où se trouvaient les chambres. Le professeur frappa à la porte de la chambre de la jeune fille, mais elle ne répondit pas. Il frappa encore plus fort. Toujours pas de réponse. Il fut pris d’une grande crainte qu’il lui soit arrivé quelque chose, mais chassa vite cette idée de son esprit. Elle devait dormir ; ou alors elle était sortie faire un tour.

Ils redescendirent à la réception et parlèrent au maître d’hôtel. Celui-ci affirma ne pas l’avoir vue depuis le matin. Il leur proposa de leur ouvrir la porte grâce au double des clés qu’il possédait et ils acceptèrent.

La porte s’ouvrit et ils rentrèrent d’un pas hésitant, criants à plusieurs reprises le nom de leur amie. La pièce était froide et le vent secouait violemment les rideaux de la fenêtre ouverte. Mais, plus important encore, la pièce était vide.

Luke aperçut tout à coup une feuille scotchée sur le mur. Il avança et l’arracha, la regarda quelques secondes puis poussa un cri de terreur.

-P… Professeur… regardez, parvint-il à articuler en tendant la feuille à son mentor.

Le professeur la saisit et lut ce qui était écrit. Ses yeux s’écarquillèrent et il recula de quelques pas sous l’effet du choc.

Sur cette feuille, une personne inconnue avait griffonné ces mots : « Votre amie est avec moi. Ne tentez pas de me retrouver et ne prévenez surtout pas la police ! »

Flora avait été kidnappée !

Laisser un commentaire ?