Village

Chapitre 2 : Mauvais débuts

1545 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/09/2022 13:40

-         T’es vraiment sûr que c’est par ici ? Dis-je à l’intention de Chris, un peu sur la défensive.

Devant nous se dresse un mur de près de deux mètres, dont les portes métalliques sont scellées par une lourde chaine maintenue par un cadenas.

-         Si tu tiens à retrouver Moreau il va falloir passer par ici. Ou sinon tu peux toujours chercher ton chemin toute seule. Me répond l’homme d’un ton sec.

Il s’approche du mur et joint ses deux mains en entrelaçant ses doigts.  

-         Grimpe.

Je n’ai pas le choix. Malgré ma réticence, je pose mon pied sur la marche de fortune et agrippe le haut du mur. Mon corps se balance par-dessus, puis sans réaliser ce qui se passe, une main dotée de griffes attrape mon bras et me tire contre le sol. Je chute face contre terre, le visage enterré dans la neige, je n’ai pas le temps de voir ce qui se passe. Des grognements surgissent au-dessus de ma tête. La neige recouvre mes cils, j’ouvre difficilement les yeux, et toujours à terre, vise devant la masse poilue devant moi.

Encore un putain de Lycan.

Alerté par le bruit de chute, Chris escalade le mur avec une aisance déconcertante et me rejoint de l’autre côté. Il colle une balle en pleine tête à la bête qui s’échoue au sol, son sang commençant à colorer la neige tout autour de moi.

Je me relève et range mon flingue.

-         Merci. Dis-je d’une voix à peine audible, un peu honteuse de mettre fait surprendre aussi facilement.

-         C’est à se demander comment tu as fait pour tenir en vie jusqu’ici.

Je n’aime pas son air condescendent, aussi je choisi de ne pas lui répondre.

Devant nous se dresse un moulin aux ailes déchirées par des années de délabrement. La structure n’est pas en meilleur état non plus. Malgré le vent qui soulève la neige au sol, le moulin ne bouche pas d’un cheveu, gardant sa position identique, immobile.

-         Tu rentres ?

La voix de Chris perce le vent qui continu de souffler de plus en plus fort. J’aperçois sa silhouette à travers la porte du moulin. Sans poser de question je le suis et pénètre à mon tour, laissant derrière moi la neige fraichement tombée et l’air glacial. Une fois à l’intérieur, nous empruntons un monte-charge vétuste mais qui, malgré tout, remplit très bien son rôle. La descente est interminable. Mal à l’aise dans cet espace confiné je me loge au plus près du mur afin d’éviter tout contact avec mon nouveau partenaire.

Le regard fixé sur le canon de son arme, la respiration lente ; Chris semble absorbé par je ne sais quelles pensées qui accaparent toute son attention. Ses traits sont tirés, ses yeux fatigués. Une colère sourde assombrit son visage.

Je me demande à quoi il ressemble lorsqu’il ne fait pas la gueule…

Ses yeux se lèvent alors dans ma direction. Je redirige mon regard loin du sien, en direction du mur.

-         Pourquoi Moreau est si important pour vous ? Me demande alors Chris.

-         Je te l’ai dit, il détient des informations capitales qui n’auraient pas dû sortir du territoire.

Chris soupire.

-         J’ai du mal à imaginer Moreau dans ce scénario, désolé.

-         C’est pourtant le cas. Moreau n’a rien inventé ou découvert. Il a juste mis la main sur des années de recherches menées par d’autres et il s’est barré avec.

-         Là je comprends mieux.

Nous touchons le sol. La descente est enfin terminée. Après avoir parcouru un réseau de galerie souterraine, nous émergeons de nouveau à la surface. L’air frais me fouette les joues. Pas de doute, nous sommes toujours dans ce satané village. Mais cette fois-ci ce ne sont ni des maisons en ruines, ni des églises de fortunes qui se dressent devant moi, mais bien un lac artificiel, ou plutôt un réservoir. Je ne peux m’empêcher de sourire. Chris lance un clin d’œil dans ma direction.

-         Je te l’avais bien dit.


Nous avançons prudemment tout en longeant cette vaste étendue d’eau dégageant une forte odeur peu ragoutante. Concentrée sur mes pas pour ne pas glisser sur le sol humide, mon attention est vite détournée par une masse surgissant de l’eau. Je n’ai pas le temps de voir sa tête, seulement une immense queue de poisson éclaboussant lors de sa plongée dans les eaux troubles du lac.

-         Qu’est-ce que c’était ? M’exclamé-je en pointant mon arme sur la source du bruit.

Je crois voir sourire Chris.

-         L’homme que tu cherches.

Incrédule, je baisse mon arme. Je scrute attentivement la surface redevenue lisse à la recherche de réponses. Mais rien. Je ne comprends rien.

-         C’est pas ici qu’on l’aura. On a établi une base pas loin avec mes hommes, on va les rejoindre et de là-bas on devrait avoir une meilleure marge de manœuvres.

J’accélère le pas pour me mettre à son niveau.

-         Tu n’es pas venu seul ?

-         Il faut être fou pour mettre les pieds ici seul.


Chris n’avait pas menti. Deux hommes nous accueillent dans un camp de fortune dressé au cœur de la roche humide. Un abri fait de tôle et de planches récupérées ici et là. L’endroit est sommaire, mais bien fourni en armes et munitions. Nous en profitons Chris et moi pour refaire le stock et mieux nous armer. Les deux hommes se présentent ainsi : Lobo et Canine. Je n’ai pas vu leur visage, caché sous leurs masques et lunettes mais qu’importe. Ils sont dans le bon camps. En pleine discussion avec Chris qu’ils nomment « Alpha », je me retire et avance sur les planches grinçantes.

 L’abri nous donne une vue imprenable sur le lac. De ce côté, nous pouvons voir l’étendu complète du réservoir. Parsemé de moulins hors d’usage il s’étire au cœur de la vallée cernée entre une chaine de montagnes enneigée. Dans d’autres circonstances, l’endroit aurait été magnifique.

-         Attention, recule-toi ! Hurle une voix derrière moi.

Les mains de Chris me percutent et me projette violement au sol. Mon visage et mon corps se retrouvent trempés, immergés l’espace de quelques secondes par une eau glacée. Chris se tient debout alors qu’un de ses hommes se débat dans l’eau, qui jusqu’à présent se trouvait bien cachée sous le sol de fortune. Le second homme parvient à le sortir de l’eau, in extremis alors qu’une mâchoire surgit du fond du lac. Puis disparait à nouveau.

Mouillée de la tête aux pieds, l’esprit confus je me relève et vide mon chargeur dans l’eau. De rage je continu de rafaler juste qu’à ce qu’une main vienne se poser sur mon canon et l’abaisse.

-         Ça ne sert à rien, calme-toi et ressaisis-toi. Murmure Chris à mon intention.

Je stoppe mes tirs, la colère me remontant dans la gorge. Je me suis faite surprendre, encore une fois.

La planque est partiellement détruite, forte heureusement les armes et munitions sont indemnes.

Alors que je tente de me sécher, Chris fini par me rejoindre.

-         D’après les gars on peut vider le réservoir grâce à un panneau de commande. On le vide, on trouve Moreau et on le descend. Ça te parait faisable ?

La rage dans les yeux, je souris.

-         C’est quand tu veux. 


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