Moi Siegfried, chevalier d'Asgard

Chapitre 2 : Ma mère

546 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/04/2020 23:11

En cachette, ma mère tentait de me réconforter, de me faire manger, de me faire parler. Mais jamais elle n’intercéda auprès de mon père, ce qui redoublait mon incompréhension et mon désespoir. Nous deux qui étions auparavant si proches et si tendres l’un envers l’autre étions presque des étrangers maintenant. Depuis notre arrivée ici, ma mère m’avait laissé entre les mains du seigneur Sieghur, mon père, sans discuter. Et malgré les larmes que je devinais parfois sur son visage, jamais elle n’ajouta un mot à cette sentence.

Je me mis à repousser sa sollicitude et ses dons avec dureté. J’aurais sûrement commencé à la détester si elle n’était pas tombée gravement malade cet hiver-là. Cette saison était ici pire qu’en tout autre point du globe. La nuit durait le double du jour, et les vents marins hurlaient pendant 6 longs mois, chargés de cristaux de glace coupants, comme s’ils haïssaient toute vie terrestre et voulaient la voir disparaître. Nous étions terrés dans le château avec nos réserves, comme des rats.


Une nuit, la tempête fit rage comme jamais. Les vitres du château éclataient les unes après les autres, les lourdes portes de bois sortaient de leurs gonds, et les murs mêmes tremblaient. La mort m’était indifférente, et pourtant je pris peur devant cette fureur incommensurable des éléments. Je regardai mon Maître, avec ses épaules solides, ses bras croisés, et une pensée me vint : nous n’étions rien du tout. Il ne comptait pas plus que moi devant cette nature déchaînée. Lui aussi serait balayé comme un fétu de paille si les murs du château venaient à exploser. Déjà ils vibraient furieusement et menaçaient de céder. Je me couvris les oreilles de mes mains, pour ne plus entendre le hurlement surpuissant de la tornade, pour oublier ma mère qui criait de douleur et de peur, pour ne plus rien sentir.


Au matin

Après que le cauchemar ait duré toute une éternité, revint le soleil auquel je n’osais plus croire. J’étais recroquevillé sur le sol, hagard. Tout autour de moi, des éclats de verre jonchaient le sol, la neige avait pénétré partout. Dehors, la forêt était ravagée ; des arbres immenses étaient déracinés, jetés au sol, emmêlés les uns aux autres. Notre château était à moitié rasé comme sous l’effet d’une bombe. Ma mère n’avait pas survécu. Son cœur trop affaibli avait cédé. Je n’avais plus rien, j’étais englouti dans le néant, je ne pouvais même pas pleurer.

Mais une poigne solide me souleva de terre et me poussa dehors sans ménagement. Mon maître commençait l’entraînement. Je le regardai d’un œil ahuri. Tout cela n’avait aucun sens ! Il me criait de me redresser, de rester digne… Tous ses mots semblaient creux, il parlait mais rien ne sortait, de toute façon plus rien n’existait réellement, il valait mieux fermer les yeux et oublier ce cauchemar.



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